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00:00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans ce 24e webinaire "Forêt et changement climatique" organisé
00:00:08 par la DRAF Auvergne-Grenalpe dans le cadre du groupe de travail régional du même nom.
00:00:12 Je suis Abel Ménard, chef du pôle Territoire et Multifonctionnalité de la forêt à la
00:00:17 DRAF et j'animerai pour vous ce webinaire.
00:00:20 Ce soir, nous nous intéresserons au cèdre de l'Atlas.
00:00:24 Est-ce une essence d'avenir pour la région Auvergne-Grenalpe ?
00:00:28 Si le cèdre est actuellement peu représenté en Auvergne-Grenalpe par rapport à d'autres
00:00:34 résineux, de nombreux forestiers de la région ont misé sur cette essence dans le cadre
00:00:39 du plan de relance.
00:00:40 En effet, il est la deuxième essence plantée en essence principale, loin derrière le Douglas,
00:00:47 mais représentant quand même 252 hectares.
00:00:50 Il est par ailleurs la troisième essence plantée en essence secondaire, derrière
00:00:55 l'érable Sycomore et le Mélès d'Europe pour 203 hectares.
00:00:59 Donc il mérite bien qu'on lui consacre un webinaire.
00:01:02 Ce soir, nous allons nous interroger sur cette essence.
00:01:06 Quel intérêt le cèdre de l'Atlas présente-t-il ? Quelle est son eauthécologie ? Quelle
00:01:12 silviculture appliquée ? Quels sont les risques sanitaires notamment ?
00:01:16 L'association Forêt Méditerranéenne a réalisé un travail de synthèse sur ces
00:01:23 questions, je vous mettrai le lien dans le chat.
00:01:26 Ce webinaire se tient dans la suite de ce travail de synthèse.
00:01:29 J'ai le plaisir d'accueillir deux intervenants qui connaissent bien le cèdre de l'Atlas.
00:01:35 Monsieur Jean Ladier qui est responsable du pôle recherche, développement, innovation
00:01:39 à l'ONF à Avignon à la direction territoriale Midi-Méditerranée.
00:01:44 Et puis Monsieur Bernard Boutte qui est expert national au département santé des forêts
00:01:50 à Avignon également.
00:01:51 Le webinaire durera une heure, organisé en deux parties, chacune suivie par un temps
00:01:58 de réponse à vos questions.
00:01:59 Je vous invite donc à les poser dans le chat tout au long du webinaire et je les poserai
00:02:04 pour vous à nos intervenants.
00:02:06 Je vous informe que ce webinaire sera comme d'habitude enregistré et mis en ligne sur
00:02:11 le site internet de la DRAF.
00:02:13 Et je passe maintenant la parole à Bernard Boutte qui va débuter ce webinaire en présentant
00:02:18 l'intérêt du cèdre de l'Atlas.
00:02:20 Bon webinaire à tous.
00:02:21 Bonsoir à tous.
00:02:22 Donc une petite diapo introductive.
00:02:25 Le cèdre de l'Atlas est une essence séduisante dans le cadre du changement climatique.
00:02:29 Déjà pour sa production ligneuse, on estime une production de 5 à 15 m3 à 100 ans dans
00:02:35 le sud-est sur le Pacifique de l'Hydra.
00:02:37 Pour la qualité de son bois, nombreux usages.
00:02:40 C'est un bois qui est non résineux comme le sapin, sauf s'il y a des traumatismes,
00:02:44 on y reviendra.
00:02:45 Il peut être utilisé en usage extérieur sans traitement, pour bien qu'il ne soit
00:02:48 pas classé CAS4.
00:02:49 En menuiserie, en ébénisterie.
00:02:52 Alors, il peut être utilisé en charpente.
00:02:54 Je vous ai mis une photo d'un restaurant qui a cuisa dans l'Aude, qui est fait avec
00:02:59 du cèdre de Rialcès.
00:03:00 Donc il est utilisable en charpente, bien qu'il soit cassant.
00:03:04 Donc il est nécessaire de surdimensionner un peu les débits.
00:03:08 Pour son prix également, actuellement, le cèdre de l'Atlas dans le sud-est, notamment
00:03:13 dans la partie Rialcès, se vend au même prix que le Douglas, voire plus.
00:03:19 Et puis un autre intérêt, c'est qu'il a une belle régénération naturelle.
00:03:22 Donc il peut coloniser des zones de friches et autres.
00:03:27 Il a un couvert important, donc sa litière n'est pas inflammable.
00:03:31 Donc c'est intéressant pour le plan du risque d'incendie.
00:03:34 Et puis il a une esthétique assez particulière.
00:03:37 Donc pour l'accueil du public, ça peut être aussi intéressant.
00:03:40 Donc voilà pour une petite diapo introductive.
00:03:43 Et je passe la parole à Jean pour les aspects historiques du cèdre en Europe et en France.
00:03:50 Oui, on va remonter un petit peu loin.
00:03:54 Sur ce graphique, vous avez à gauche une échelle de temps, qui est en millions d'années.
00:04:03 Et puis ensuite, une courbe un petit peu compliquée qui montre la concentration en oxygène 18.
00:04:18 L'intérêt de cette courbe, c'est de voir les oscillations, sachant que ces oscillations
00:04:25 sont tolérées aux glaciations.
00:04:28 Donc dans la partie supérieure, vous voyez des amplitudes plus grandes qui correspondent
00:04:33 aux glaciations à partir de 800 000 ans à peu près.
00:04:36 Et toute la partie droite avec les colonnes qui sont entourées en rouge, ce sont des
00:04:42 représentations de profils polyniques dans des sondages qui ont été faits au Maroc,
00:04:47 une part, en Espagne, en France, en Italie et en Grèce.
00:04:51 Et les barres noires dans ces rectangles rouges montrent les proportions de polènes de cèdre.
00:04:57 C'est un cèdre qui n'est sans doute pas exactement le même que le cèdre actuel,
00:05:01 le cèdre de l'Atlas, mais en tout cas, approche par an.
00:05:04 Et on voit que jusque vers -800 000 ans, ce cèdre était largement présent en Italie,
00:05:13 était présent également en Grèce.
00:05:15 Et c'est ensuite, au moment des principales glaciations, qu'il a disparu d'Europe.
00:05:24 Avant d'être abondant en Afrique du Nord, où il était présent de toute façon un
00:05:30 petit peu moins fort auparavant.
00:05:31 Donc cette diapo pour dire que le cèdre, en tant que taxon, est une espèce, certes,
00:05:39 qui n'était pas présente à l'époque historique en Europe, mais qui avait quand même un passé
00:05:45 sur notre continent.
00:05:46 Et donc on peut considérer que l'utilisation du cèdre actuellement en Europe est un retour
00:05:55 de cette espèce, et que ce retour aurait pu se faire de façon spontanée s'il n'y
00:06:00 avait pas eu l'obstacle de la Méditerranée.
00:06:01 Voilà.
00:06:02 Et dans un passé plus récent donc, le cèdre de l'Atlas a été introduit principalement
00:06:15 au cours de sa première phase d'introduction, remonte aux périodes de la politique RTM.
00:06:22 Ici une illustration du versant nord du Mont Ventoux, où on voit ce versant avant les
00:06:30 reboisements et après.
00:06:32 Et le cèdre donc a été utilisé parmi bien d'autres essences, notamment des pains,
00:06:42 des chênes aussi, etc.
00:06:44 Dans ces reboisements RTM à partir des années 1860.
00:06:48 Et même s'il était très minoritaire, il a eu une certaine réussite dans certains
00:06:57 massifs.
00:06:59 Et c'est ce qui a été l'origine de sa première extension et de sa première représentation
00:07:09 en France, notamment dans la moitié sud.
00:07:11 Ici, une diapo qui vous montre en quatre photos une évolution de la dynamique de colonisation
00:07:20 spontanée du cèdre sur des milieux qui sont peu forestiers, entre 1939 et 1993.
00:07:26 Donc c'est une dynamique ici sur le petit léburon qui montre les capacités de colonisation
00:07:35 spontanée, même si le cèdre n'est pas une espèce aussi dynamique, invasive, que
00:07:42 l'aspect invasif, on y reviendra, mais aussi dynamique que le pain maritime ou d'autres
00:07:49 pains par exemple.
00:07:50 Mais c'est une qualité qui a contribué à son extension dans le sud de la France
00:07:58 à partir des premiers reboisements.
00:07:59 Et enfin, il y a eu l'époque plus récente, dans la deuxième moitié du XXe siècle, avec
00:08:11 les plantations qui ont été stimulées par le Fonds Forestier National notamment, et
00:08:18 puis les autres mesures de financement de l'État qui ont incité à implanter encore
00:08:26 le cèdre dans d'autres forêts et avec des modalités un petit peu différentes.
00:08:30 Vous voyez ici sur la droite une plantation en bande dans du Télitch N-Pubescent.
00:08:37 Et au final, actuellement, le cèdre occupe environ 20 000 hectares en France, dans des
00:08:47 départements qui sont essentiellement concentrés autour du...
00:08:51 Enfin, sur le pourtour méditerranéen, dans le sud-est, mais avec une surface qui est
00:08:56 non négligeable, donc en Ardèche et dans la Drôme, notamment parce que ces départements
00:09:04 ont une partie sous influence méditerranéenne.
00:09:06 Et puis on peut noter aussi une proportion significative de cèdre dans le Lot.
00:09:13 Au-delà de ça, sur cette diapo, on voit les principaux sites d'introduction.
00:09:21 Alors au tout début du XVIIIe siècle, le cèdre qui a été introduit, c'était un
00:09:25 cèdre du Liban, dans des parcs.
00:09:28 Et le cèdre de l'Atlas a été également utilisé en parc dans un premier temps, dans
00:09:34 les années 1840, amené par les militaires qui avaient participé à la campagne d'Algérie.
00:09:40 Et ensuite, les utilisations forestières ont été mises en œuvre dans les massifs
00:09:50 qui restent les plus connus actuellement, les cèdres les plus connues, la cèdre du
00:09:55 Ventoux, les Monts-Bauclus, le Liberon, et puis dans l'Aude, la cèdre du Rialces.
00:10:01 Je repasse la parole à Bernard pour la suite.
00:10:05 Merci.
00:10:06 Je poursuis par les aspects écologiques.
00:10:11 Il y a quatre choses importantes à retenir au niveau du cèdre.
00:10:14 C'est l'essence de climat méditerranéen, de moyenne montagne, d'air sec et lumineux,
00:10:20 et sensible au vent et à la neige lourde.
00:10:23 Quand on développe, j'ai mis en vert ce qui était plutôt positif pour nous, et ce
00:10:27 qui était en rouge, ce qui était plus négatif pour le forestier.
00:10:30 Le climat méditerranéen, ça veut dire qu'il tolère une irrégularité des précipitations
00:10:35 et une période de deux à quatre mois sec.
00:10:37 Avec une grosse réserve, un gros bémol, il faut que le sol soit profond et fissuré
00:10:43 pour que son système racinaire aille en profondeur.
00:10:46 C'est une essence méditerranéenne, mais une régulation stomatique très moyenne.
00:10:51 Ce n'est pas un pain à la lait et un chêne vert.
00:10:54 S'il n'y a pas cette possibilité d'aller en profondeur, il aura du mal à passer ces
00:10:59 périodes sèches.
00:11:00 Comme il est méditerranéen, la contrepartie, c'est qu'il craint les létardis.
00:11:04 J'y reviendrai.
00:11:05 L'essence de moyenne montagne, ça veut dire qu'en zone méditerranéenne, il faut au moins
00:11:10 800 mm d'eau.
00:11:11 C'est des plantations en altitude de 600 à 700 m jusqu'à 1.000 à 1.200 m.
00:11:17 On voit très nettement ici, autour d'Avignon, dans la plaine de l'Orient et du Rhône, tous
00:11:22 les cèdres en ornement ou ailleurs ont des gros problèmes de croissance.
00:11:26 Ailleurs, on peut monter jusqu'à 1.000 m d'altitude dans les Alpes, les Pyrénées,
00:11:31 Massif Central et un peu moins dans les Hauts-Jerusalem.
00:11:35 Étant de moyenne montagne, il tolère le froid hivernal.
00:11:37 Je n'ai pas mis les chiffres ici, mais en 1956, il a uniquement gelé dans l'Égole
00:11:43 où il a fait -25°C, mais il peut supporter -20°C en hiver.
00:11:48 Air sec et lumineux, c'est important, c'est proche du Mélèze.
00:11:53 Il faut qu'il ait un climat méditerranéen continental ou semi-continental.
00:11:57 Il ne tolère pas trop les climats humides atmosphériques.
00:12:04 C'est aussi peut-être pour ça que dans l'Égole, les tentations ont complètement disparu.
00:12:09 Et puis, il est sensible au vent et à la neige lourde, du fait de son port, notamment
00:12:14 au stade adulte.
00:12:15 Donc, les zones ventées et en altitude ne sont pas très favorables.
00:12:21 Donc, voilà au niveau du climat.
00:12:24 Si on fait une synthèse, en fait, ça correspond à l'étage bio-climatique du chêne pubescent
00:12:30 en zone méditerranéenne.
00:12:31 Donc, dans le document en force, je reparlerai tout à l'heure, il a été indiqué sur
00:12:36 cette carte les points où il y a du chêne pubescent en France.
00:12:40 Donc, ça peut être une première approche pour implanter le cèdre au niveau climatique.
00:12:44 Donc, au niveau du sol, j'ai dit tout à l'heure, il tolère la sécheresse s'il
00:12:51 peut puiser en profondeur.
00:12:52 Donc, il faut soit des sols assez profonds, plus de 60 cm de profondeur, ou alors si c'est
00:12:58 des sols moins profonds, des fissurations pour qu'il puisse passer son système racinaire.
00:13:02 Tous les sols aérés sont favorables, sauf certains cas.
00:13:08 Donc, j'y reviendrai tout à l'heure.
00:13:10 Des sables qui sont sur arène granitique avec des pH très bas, parce qu'on a des
00:13:16 problèmes de carence.
00:13:17 Et donc, en contrepartie, il n'aime pas du tout les sols compacts, massifs, avec de
00:13:21 l'argile.
00:13:22 Donc, dans quelques cas, quand l'argile a moins de 30 cm, il ne pousse pas, ils sont
00:13:26 jaunes.
00:13:27 Et puis, les dolomites sableuses qui sont à la fois un problème de carence et puis
00:13:30 de réserve utile.
00:13:31 Donc, il tolère une grande large de pH, une grande gamme de pH sans être trop acide.
00:13:38 Donc, ceci dit, il pousse beaucoup mieux sur les sols siliceux de tistes schistes.
00:13:45 Souvent, on dit le cèdre, c'est sur le calcaire.
00:13:48 Les plus grosses productions, c'est le rialcès, c'est sur les schistes et micachistes.
00:13:51 Voilà, et éviter les sols trop pauvres.
00:13:55 Voilà, donc en synthèse, l'essence méditerranéenne qui supporte une période de déficit hydrique
00:14:00 mais sensible au gel.
00:14:01 Donc, essence de moyenne montagne avec une plomitrée minimum de 800 mm, mais éviter
00:14:07 les zones à station humide et puis trop en altitude.
00:14:11 Sols profonds, fissurés et aérés pour les plus en profondeur et éviter donc les sols
00:14:17 trop compacts ou les trop filtrants et pauvres en éléments minéraux.
00:14:20 Donc, voilà pour les aspects écologiques.
00:14:25 Pour les problèmes sanitaires, j'ai fait une super synthèse parce qu'on pourrait y
00:14:28 passer deux heures.
00:14:29 Je vous présente simplement trois grands problèmes par famille, abiotiques, pathologiques
00:14:35 et entomologiques.
00:14:36 Donc, au niveau abiotique, les gels, le stress hydrique et la carence en bord.
00:14:40 Voilà, donc les gels, en fait, le cèdre est tout à fait adapté au gel hivernal.
00:14:46 Par contre, il y a un problème au niveau du gel de printemps, notamment au mois de
00:14:51 mars.
00:14:52 Il commence à débourrer.
00:14:53 S'il fait froid à cette période, on a des cimes qui ont ces aspects là.
00:14:58 Ça, c'est des photos d'une étude qui a été faite dans l'Ardèche par le CNPF où
00:15:02 il a été nettement mis en évidence l'impact du gel de mars sur ces formes de cimes.
00:15:08 Et donc, on peut avoir aussi le problème de gel hivernal exceptionnel comme en 2012.
00:15:13 Donc, ça se présente sur des distributions de pousses ou une altération des bourgeons
00:15:18 ou des rougissements d'aiguilles.
00:15:19 Je vous ai mis une petite diapo là.
00:15:21 Voilà, gel de 2012 autour de Gap, donc, pain sylvestre, pain noir, très bien supporté.
00:15:28 Les aiguilles ont rougi, elles sont tombées, mais le cèdre n'est pas mort.
00:15:33 Deuxième problème, la sécheresse.
00:15:36 Alors, le cèdre est dans une moyenne montagne méditerranéenne.
00:15:40 Mais en fait, si les sols sont vraiment à faible réserve utile ou non fissuré, on
00:15:46 a des apparitions de jaunissement, chute d'aiguilles, nanifications, souvent observées en fin de
00:15:51 l'hiver.
00:15:52 Et on se pose la question des écoulements de résine, des nécroses sur le tronc.
00:15:57 Je vais vous montrer une photo en lien avec cette sécheresse ou avec la chaleur.
00:16:02 Voilà, donc, c'est ces aspects-là, des photos que j'ai faites sur schiste très superficielle
00:16:08 en montagne noire, et qu'on peut observer un peu partout sur les cédrets dans le sud.
00:16:13 Voilà, donc, le sujet actuel chez nous, c'est les nécroses sur le tronc et les écoulements
00:16:21 de résine.
00:16:22 Alors, on a quelques hypothèses par rapport à ces apparitions, mais c'est que les hypothèses
00:16:27 à la fois, est-ce que c'est du stress hydrisque, est-ce que c'est un pathogène ? Donc, actuellement,
00:16:32 on est en train de mener une enquête qui est bientôt terminée, avec l'objectif de
00:16:38 quantifier ces problèmes d'écoulement et de nécroses et d'évaluer les causes probables.
00:16:42 Donc, la carte haut de cette enquête en Rhône-Alpes, on a 14 points qui ont été étudiés pendant
00:16:50 deux ans, à la fois dans la zone historique de Romardèche, mais aussi Loire, Allier,
00:16:56 Lisers, Le Rhone.
00:16:59 Au niveau abiotique, donc, chloroscalcaire, je passe.
00:17:04 Le deuxième problème, donc, au niveau abiotique, c'est les carences en bord, qui est aussi
00:17:09 visible en région ouverte de Rhône-Alpes.
00:17:13 Les premiers cas, c'était en Haute-Loire, dans le nord Ardèche.
00:17:17 Donc, ça se traduit par une magnification, des jaundissements des aiguilles, des nécroses
00:17:22 sur poudre et des séchements.
00:17:23 Donc, voilà, c'est ce style de symptômes qu'on peut voir en plantation, donc sur les
00:17:29 sols avec des carences en bord, qu'on met en évidence à la fois avec des analyses
00:17:34 foliaires et des analyses de sol.
00:17:36 Donc, je vous laisse rapidement, je vous ai mis les références, vous avez tout ce qu'il
00:17:40 faut dans les articles de l'ARFF, qui avait été fait à l'époque par Philippe Legrand,
00:17:45 quand il était responsable du DSF à Clermont-Ferrand.
00:17:48 Au niveau patho, donc, armillaire, fomesse, sphéropsis, sapinéa, donc les deux premiers
00:17:56 c'est des pourridiers, donc des pathogènes qui viennent des racines, que vous connaissez
00:18:00 certainement, qui sont usibles sur la plupart des céderets, mais en dehors de la zone méditerranéenne
00:18:09 parce qu'elle est trop sèche pour l'habilité de ces champignons.
00:18:12 Le fomesse, essentiellement derrière les pécières contaminées, on a ça sur les
00:18:17 contreforts du massif central et pour sphéropsis, j'y reviendrai.
00:18:21 Voilà, donc les symptômes d'armillière, des dépérissements classiques en rond, puisque
00:18:26 c'est une des maladies du rond, avec ce mycélium blanc en peau de chamois, qu'on peut avoir
00:18:31 très jeune dans les plantations également.
00:18:33 Le fomesse, vous le connaissez aussi, c'est le polypore qui entraîne la pourriture de
00:18:39 coeur sur les PCA et qui peut entraîner des dépérissements, des mortalités ou des colorations
00:18:45 de bois chez d'autres essences.
00:18:47 Donc là, sur le cèdre, en dehors de la zone méditerranéenne stricte, on a aussi des
00:18:54 mortalités et des dépérissements, notamment après ou à proximité des pécières contaminées.
00:19:00 Voilà, donc une plantation de 7-8 ans en Godet qui a été plantée de mauvaise manière
00:19:09 post-PCA et tous les cèdres crèvent avec ce carpeau fort au collet.
00:19:14 Je finirais par Spheropsis sapinea, donc un agent de rougissement et de mortalité des
00:19:19 pousses, thermophile, donc plus il sera chaud, plus il sera présent, donc il attaque au niveau
00:19:25 des nécroses, notamment causées par la grêle ou suite à des stress hydriques.
00:19:32 Je vais finir par les insectes.
00:19:35 Il y a plein d'insectes qui sont originaires de la classe, donc des défoliateurs, des
00:19:42 exilophages, des piqueurs-succeurs, que j'ai parlé tout à l'heure, qui ont été importés
00:19:47 en partie lors des plantations il y a 200 ans.
00:19:51 Il y a aussi les indigènes, les autochtones qui s'adaptent, donc la tordue du sapin qui
00:19:56 peut s'adapter sur le cèdre de la classe, la processière du pin qui colonise le cèdre
00:20:04 quand il y a des piques sur les pins.
00:20:05 Par contre, on n'a pas la processionnaire du cèdre présente à la classe chinoise.
00:20:11 Important, se sont adaptés en France les scolites du sapin, donc les Pythiopthaïnes.
00:20:20 Sur le plan phylogénique, le cèdre et les sapins sont très proches, ce qui fait que
00:20:26 la faune de l'un va sur l'autre.
00:20:28 Et quand on a des cèdres à proximité de sapinières, on a pas mal d'attaques de Pythiopthaïnes,
00:20:34 ce qu'on appelle le curvier denté, avec des sites biologiques complets.
00:20:37 Avant, on avait simplement des tentatives, maintenant depuis 2018, on a des sites complets
00:20:42 d'insectes sur le cèdre.
00:20:45 Je reviens rapidement sur notre nez en autochtone.
00:20:50 Le grand classique, c'est la tordue du cèdre qui attaque en ce moment, là qui actuellement
00:20:57 est dans les aiguilles et qui au printemps va sortir d'aiguilles et va défolier par
00:21:02 rosette le cèdre et on aboutit à ce symptôme là.
00:21:07 La rosette complètement consommée, le cèdre qui ressemble à un mélèze au mois d'avril-mai,
00:21:13 et là vous voyez les petites pousses vertes qui vont débourrer.
00:21:15 Donc c'est des sites de 8 à 12 ans et les grandes dernières attaques, c'était 2013-2014
00:21:23 chez nous.
00:21:24 Les piqueurs-suceurs, rapidement les pucerons, qui étaient une grosse inquiétude dans les
00:21:34 années 80, qui entraînaient des mortalités, donc deux espèces, Cynara laportei et Cynara
00:21:39 cédri, qui ont fait l'objet de gros travaux au niveau du gynéra de l'Avignon et qui
00:21:44 ont trouvé la solution à cette problématique en important un imédiat parasitoïde, Poesia
00:21:52 hydrobielli, donc après une étude de risque, Poesia a été introduite, ça a très bien
00:21:57 réussi et on ne parle plus trop de ces problématiques de pucerons dans la cèdrine.
00:22:03 Une cochnie, à titre informatif surtout, parce qu'il ne fait pas de gros dégâts,
00:22:09 mais vous pouvez l'avoir chez vous, qu'on a détectée en 2012 dans les Hautes-Alpes
00:22:14 et qui fait ces symptômes là, donc une cochnie classique sur les aiguilles et qui depuis
00:22:19 2012 a bien progressé, puisqu'elle est montée dans la Loire, dans le Rhône, elle
00:22:24 est déjà sur les contreforts de son éloi, donc pas de problème important, mais à connaître
00:22:31 notamment au niveau de son évolution géographique.
00:22:34 Je ne parle pas des deux insectes séminiphages, qui attaquent les cônes, mais c'est un sujet
00:22:41 important qui est aussi étudié par l'INRA d'Avignon, qui peut entraîner des problématiques
00:22:46 de régénération et puis des problématiques de verger à graines.
00:22:51 On a planté cette année deux vergers à graines en France et il y a des peuples rencassés,
00:22:56 donc il ne s'agirait pas que ces deux méga stigmus entraînent des problématiques de
00:23:01 manque de graines.
00:23:02 Je passe rapidement sur ce tableau pour le lire tranquillement.
00:23:07 C'est la synthèse que je viens de vous dire et puis les conseils en face en termes de
00:23:11 lutte ou de prévention, notamment la carence en mort qu'on peut corriger par une fertilisation
00:23:16 ou une fertilisation, le FOMES qu'on peut prévenir avec l'application du roadstop,
00:23:22 le champignon antagoniste, tout le reste étant plutôt de la civile culture ou de la station.
00:23:26 En synthèse, dans le Conseil du changement climatique, le CEDP est une assiette intéressante
00:23:35 en région en Alpes, notamment pour succéder à l'Hepicia, au Sapin ou au Douglas qui
00:23:40 montent leurs limites en fonction des épisodes de déficit hydrique.
00:23:44 C'est votre plan de relance, on en a parlé en introduction.
00:23:48 Ce qui est important c'est qu'il faut respecter les exigences stationnelles.
00:23:51 40% des problèmes sanitaires sont des problèmes abiotiques.
00:23:55 Choisir des plans de qualité, de provenance adaptée et de soignée à la plantation.
00:23:59 Vous avez vu que je vous ai fait avoir des photos de plans un peu tordus, le FOMES les
00:24:03 a attaqués.
00:24:04 Et de mener une civile culture adaptée, c'est ce que présentera Jean par la suite.
00:24:08 Donc être attentif aux pathogènes racinaires qu'on a découvert en dehors de la zone méditerranéenne,
00:24:15 notamment pour les plantations qui sont dans les massifs ou les peuplements où il y a
00:24:18 le FOMES.
00:24:19 Et donc surveiller l'apparition des dépérissements actuels, les écoulements de résine et puis
00:24:25 tous les insectes que je vous ai cités.
00:24:27 Et puis ceux qui pourraient être importés, étant donné que ce n'est pas une essence
00:24:32 autochtone, on peut aussi importer des invasifs qui pourraient être problématiques.
00:24:35 Et donc je finis simplement par deux conseils de lecture.
00:24:40 Donc à gauche, le site en France face au changement climatique, donc document à force
00:24:46 qui est téléchargeable, dont la synthèse avait été faite par François Courbet à
00:24:51 l'Inra d'Avignon.
00:24:52 Et puis les trois numéros de forêt méditerranéenne qui ont aussi été évoqués en introduction.
00:24:58 Et j'en ai terminé.
00:25:02 Merci beaucoup.
00:25:05 Alors on a une question, une remarque dans le chat.
00:25:11 Une remarque sur les aspects sanitaires.
00:25:15 De très fortes mortalités en parc ont été notées sur le cèdre de l'Atlas depuis 2019
00:25:21 en pleine, avec présence faible de scolites du sapin, mais aussi nécroscambiale, parfois
00:25:28 ancienne.
00:25:29 Ça va un peu dans le sens de ce que vous avez dit.
00:25:32 Alors, en fait, le cèdre en parc, il y a eu plein de cycles.
00:25:36 Moi, quand j'étais à l'école, les années 80, on parlait déjà des périssements
00:25:40 du cèdre dans les parcs.
00:25:41 Il y avait eu un travail de M.
00:25:45 Durand et puis aussi de l'Inra de Nancy.
00:25:48 C'est vrai que ce n'est pas très évident.
00:25:50 On n'a jamais trouvé de cause très, très nette.
00:25:53 On l'a mis sur les problèmes de stress hydrique, de temps en temps, de l'âge, de temps en
00:25:59 temps, sur les nécroses des racines, avec des travaux.
00:26:02 Mais il n'y a rien de très clair.
00:26:04 Donc, j'ai essayé de fouiller le sujet, mais on n'a pas trouvé de, disons, d'agents
00:26:11 biotiques très, très, très, très net.
00:26:13 Mais là, il y a une recrudescence.
00:26:14 Nous, on est souvent appelé dans les parcs, que ce soit sur du cèdre de l'Atlas ou du
00:26:20 bonbon, mais je ne peux pas aller plus loin dans le diagnostic.
00:26:25 Merci.
00:26:26 On a une question aussi pour avoir des précisions sur ce qu'est la carence en bord.
00:26:32 Donc, la carence en bord, dans les sols granitiques, donc les leucogranites, c'est un élément
00:26:38 minéral qui manque pour que le cèdre ait une croissance normale.
00:26:42 Donc, ça a été étudié dans les années 80 à l'Inra d'Avignon.
00:26:49 Ils avaient tapé notamment dans le nord Ardèche sur ces plantations qui jaunissaient, qui
00:26:55 ne poussaient pas, qui faisaient des espèces de buissons, comme s'ils étaient consommés
00:27:00 par du cerf.
00:27:01 Et ils ont mis en évidence par analyse foliaire cette carence, avec M.
00:27:07 Bonneau aussi de l'Inra de l'Ancien.
00:27:09 Ce qui est important, c'est que cette carence en bord, je suis passé un peu rapidement
00:27:14 dessus, elle est liée au stress hydrique, c'est-à-dire qu'elle ne se met pas en évidence
00:27:18 chaque année.
00:27:19 Exemple, moi j'étais allé en nord Ardèche en 2007, il y avait une carence en bord qui
00:27:23 était importante.
00:27:24 On a fait faire une correction avec un apport de solubor, donc avec un témoin.
00:27:30 Et l'année 2009, en fait, après 2008 qui a été très pluvieuse, on n'avait aucune
00:27:35 différence entre le témoin et le traité parce que la carence en bord ne s'était
00:27:39 pas exprimée.
00:27:40 Mais quand vous avez des cèdres en plantation qui sont des aspects boussailleux, il faut
00:27:45 vérifier que vous ne soyez pas sur des sols gravitiques, acides et assez filtrants.
00:27:50 Merci beaucoup pour ces précisions.
00:27:52 Donc j'invite tous ceux qui ont des questions à bien les poser dans le chat, s'il vous
00:27:56 plaît.
00:27:57 On n'a pour l'instant pas d'autres questions, donc ce que je vous propose, c'est qu'on
00:28:02 passe à la deuxième partie et puis on gardera un temps de questions réponses à la fin
00:28:07 du webinaire.
00:28:08 Donc s'il y avait des questions qui concernaient ces premiers aspects, notamment sur les questions
00:28:14 sanitaires, n'hésitez pas à les poser.
00:28:16 On pourra revenir dessus en fin de webinaire.
00:28:18 Donc je vais passer la parole à Jean Ladier.
00:28:23 Je vous donne la main pour le partage.
00:28:26 Alors, je vais vous présenter à la suite de l'exposé de Bernard quelques éléments
00:28:30 sur la gestion en revenant déjà sur plusieurs particularités du cèdre.
00:28:37 Alors déjà, son intérêt pour la productivité.
00:28:41 Bernard en a déjà parlé un petit peu et donc il y a des productions qui sont vraiment
00:28:48 très très variables en fonction des conditions écologiques.
00:28:51 Vous voyez que dans les massifs les plus méridionaux, là, du Beron, on a des productions qui sont
00:28:59 médiocres.
00:29:00 De l'ordre de 4 mécupar hectares par an, ça peut être même moins.
00:29:03 Ça reste moyen sur le Ventoux et puis comme le disait Bernard, c'est sur le bord du
00:29:07 sud du massif central ou plus à l'ouest dans le massif du Ries-Alsace qu'on a vraiment
00:29:14 des productions plus intéressantes, voire même assez spectaculaires jusqu'à 16 mécupar
00:29:20 hectares par an.
00:29:21 Et c'est ce qui a permis de définir quatre classes de productivité qui ont été bâties
00:29:27 en fonction des références qu'on a et qui restent des références méridionales.
00:29:31 Donc ça, ça ne tient pas compte des peuplements qui ont déjà été installés en région
00:29:37 hors région méditerranéenne, disons.
00:29:40 Donc on pourrait être amené à revoir le modèle de croissance du cèdre en fonction
00:29:45 d'autres références plus larges.
00:29:46 L'intérêt, ce n'est pas seulement le volume de bois, c'est aussi la qualité de ce bois.
00:29:55 Et cette qualité, elle est surtout liée au Duramen, donc le bois de classe 3 qu'évoquait
00:30:01 Bernard, qui résiste à l'humidité, qui peut être utilisé en extérieur.
00:30:05 C'est le bois de cœur.
00:30:07 Donc on a intérêt à avoir une proportion de cœur assez importante.
00:30:12 L'inconvénient, c'est que pour avoir une forte proportion de cœur, il vaut mieux
00:30:18 avoir des arbres très vieux.
00:30:19 En tout cas, c'est dans les arbres les plus âgés qu'on trouve la plus forte proportion.
00:30:24 Comme ici, en bas à droite, sur des cèdrumes du Maroc qui sont vraiment très anciens.
00:30:31 Et sur des arbres plus jeunes, forcément, on a un Duramen qui est moins important.
00:30:36 Des éléments plus chiffrés sur les caractéristiques du bois.
00:30:46 Les largeurs de cernes, ça dépend vraiment de la silviculture qui est appliquée.
00:30:53 Sinon, pour les autres critères, on voit que le cèdre se démarque souvent de la plupart
00:30:58 des autres conifères, avec une densité plus forte, un retrait qui est plus faible, un
00:31:05 module d'élasticité qui est plus faible également.
00:31:07 Donc ça, c'est lié à son caractère cassant.
00:31:11 Et donc, ce que disait Bernard, ça peut limiter son utilisation en structure.
00:31:22 Et donc, ça impose d'avoir des dimensions un petit peu plus fortes.
00:31:26 Une caractéristique de l'arbre, c'est vraiment la branchaison, qui est une branchaison forte.
00:31:37 Le cèdre a tendance à développer de grosses branches, surtout lorsqu'il est isolé en
00:31:44 pleine lumière.
00:31:45 Mais même en peuplement, il a du mal à… comment dire ? Il a du mal à… c'est une
00:31:53 espèce qui se lague mal.
00:31:54 Donc, il conserve ses branches assez longtemps.
00:31:57 Les branches mortes restent sur l'arbre, même dans les peuplements âgés.
00:32:03 Donc, ça peut être un souci.
00:32:05 Et donc, ça provoque forcément des défauts dans le bois, surtout lorsque les nœuds ne
00:32:17 sont pas adhérents.
00:32:18 Autre caractéristique des cèdres, c'est leur hétérogénéité.
00:32:23 Ce sont des peuplements qui sont presque toujours très hétérogènes.
00:32:27 C'est encore plus le cas sur calcaire.
00:32:29 Ici, vous voyez des arbres de dimensions très très diverses.
00:32:35 Pourtant, c'est une plantation, donc ils ont tous le même âge.
00:32:37 Et c'est un caractère qui est beaucoup plus marqué que d'autres conifères.
00:32:43 Ça s'oppose notamment aux pins qui ont souvent des implantations qui forment des
00:32:49 peuplements très homogènes avec des arbres de même taille.
00:32:52 C'est un arbre qui est relativement tolérant à l'ombre, qui supporte un certain abri,
00:33:02 mais qui a besoin de lumière pour se développer.
00:33:04 Donc, on n'est ni sur une espèce pirnière, comme la plupart des pins, ni sur une espèce
00:33:09 de riade comme le huet ou le sapin.
00:33:12 Il a la capacité à se régénérer sous un certain couvert, mais on ne peut pas conserver
00:33:24 non plus les semis longtemps sous couvert.
00:33:26 Il faut vraiment les mettre en lumière pour leur permettre de pousser.
00:33:29 C'est une espèce qui, d'expérience, réagit bien aux éclaircies.
00:33:35 Ici, un graphique qui ne s'étale pas sur beaucoup d'années, mais on voit plusieurs
00:33:40 modalités qui ont été mises en place dans un dispositif expérimental de l'INRA, avec
00:33:45 une éclaircie pratiquée en 1991 et des intensités d'éclaircies très diverses.
00:33:52 Et on voit que jusqu'en 1997, au moins, puisqu'on a les données qui ne sont pas indiquées
00:34:00 plus loin, on a une conservation de la différence de l'accroissement radial entre les modalités.
00:34:07 On peut noter aussi que dans l'éclaircie très forte, l'année 1994, qui était plus
00:34:13 sèche et qui a occasionné une réduction de la croissance, n'est même pas marquée.
00:34:18 L'éclaircie très forte, ça veut dire qu'il y a eu vraiment une compensation du déficit
00:34:25 hydrique par le fait que les arbres étaient vraiment espacés.
00:34:28 Et, comme l'a dit Bernard également, c'est une espèce qui se régénère bien naturellement.
00:34:36 Quel que soit le milieu, avec toutefois des difficultés un peu récurrentes sur les terrains
00:34:48 siliceux parce qu'il y a souvent plus de concurrence.
00:34:51 Et le cèdre est assez sensible, surtout dans le jeune âge, à la concurrence.
00:34:57 Concurrence herbacée et surtout concurrence ligneuse.
00:35:02 Alors, compte tenu de ces caractéristiques, le cèdre se prête pratiquement à tous les
00:35:12 types de gestion.
00:35:13 C'est un avantage, ça lui procure une certaine souplesse.
00:35:18 On peut avoir pas mal de choix dans les modalités de gestion.
00:35:23 Cependant, comme je l'indique là, on manque de recul puisque les premières cèdres réinstallées
00:35:30 datent des années 1860-1880, donc on est arrivé au bout de la première génération
00:35:38 avec assez peu d'expérience quand même sur ces itinéraires de gestion.
00:35:42 Et de fait, même le modèle de croissance n'est pas encore très bien calé.
00:35:48 On a été obligé de le reprendre et de le moduler parce que le premier modèle qui avait
00:35:56 été établi par Alinra semblait trop optimiste par rapport aux résultats, aux croissances
00:36:03 qui étaient constatées ces dernières décennies.
00:36:05 Donc, l'amphutée régulière d'abord.
00:36:10 Donc, le cèdre se prête bien à l'amphutée régulière.
00:36:15 On préconise une densité initiale relativement forte.
00:36:19 Alors, d'une part pour limiter la croissance des branches, puisque comme je vous le disais,
00:36:31 il a tendance à faire vraiment des grosses branches et à les conserver.
00:36:35 Et d'autre part, pour avoir plus de choix ensuite lors des éclaircies puisque, comme
00:36:42 je l'indiquais également, les mêmes implantations, le cèdre est souvent très hétérogène.
00:36:47 Ensuite, il s'agit de mener des éclaircies sélectives.
00:36:54 Autant dans les pins qui sont des peuplements homogènes, on peut se permettre de faire
00:37:04 une première éclaircie systématique.
00:37:06 Dans le cèdre, ce serait dommage puisque on a des peuplements qui sont hétérogènes.
00:37:14 Donc, autant d'emblée faire des éclaircies sélectives avec des densités décroissantes
00:37:21 évidemment et puis des rotations qui sont modulées et d'autant plus courtes qu'on
00:37:27 est en forte fertilité, en bonne fertilité.
00:37:29 Et on peut aller jusqu'à des rotations de 15-20 ans quand on est en faible fertilité.
00:37:37 On peut conseiller l'élagage pour compenser ce défaut de grosse branche qui reste longtemps.
00:37:52 Là, vous voyez plusieurs photos avec des élagages qui ont été menés très haut
00:37:59 dans une expérimentation linéaire jusqu'à enlever les branches et garder uniquement
00:38:06 le dernier tiers du haut-pied.
00:38:08 Et donc, ça occasionne forcément une perte de croissance mais qui reste assez fugace.
00:38:14 Donc, au bout de 3 ans, le cèdre récupère une croissance à peu près normale et il
00:38:20 supporte assez bien ses élagages, même assez fort.
00:38:23 Donc, en cas d'élagage, ce qu'on préconise, c'est de faire un premier élagage assez
00:38:30 tôt sur 300 tiges par hectare environ.
00:38:32 Et puis, au moment de la seconde éclaircie, sur des hauteurs de 15 mètres ou un petit
00:38:39 peu plus, faire un élagage plus haut jusqu'à 6 mètres sur 200 de ces 300 tiges qu'on
00:38:44 avait déjà sélectionnées, avec l'idée de les mener au bout et d'avoir des bois
00:38:50 de qualité avec un certificat de bois sans noeud.
00:38:56 Les critères d'exploitabilité, vous les voyez qui sont déclinés par classe de fertilité.
00:39:06 La croissance du cèdre étant bonne quand il est sur des bons sols, en fertilité 1,
00:39:13 on peut arriver à des critères d'exploitabilité, on peut obtenir des bois de 60 et plus à
00:39:21 moins de 100 ans.
00:39:22 Et forcément, en faible fertilité, comme on a dans le liberon, on prolongera les cycles
00:39:30 jusqu'à largement plus de 100 ans pour avoir des dimensions acceptables.
00:39:35 Donc là, les dimensions qui sont données en diamètre sont à moduler en fonction de
00:39:43 la qualité des bois.
00:39:45 Forcément, plus les bois sont beaux, plus on a de belles brumes, plus on aura tendance
00:39:49 à les faire grossir.
00:39:50 Et plus les bois sont de qualité médiocre, moins on aura intérêt à les mener longtemps.
00:39:56 Ici, sur ce graphique, trois exemples d'itinéraires sylvicoles qui montrent trois options qu'on
00:40:07 peut prendre.
00:40:08 Alors, je commencerai par la troisième dans l'ordre, celle qui est marquée intensive,
00:40:15 et qui mène les peuplements jusqu'à une hauteur dominante d'à peine plus de 30 mètres.
00:40:24 L'idée, c'est de faire grossir les bois vite, donc d'avoir de profiter des capacités
00:40:31 de croissance de l'arbre, du cèdre, avec des densités faibles.
00:40:38 Vous voyez que la première éclaircie à 13 mètres environ, on descend à 500 tiges
00:40:44 par hectare, et donc ça permet d'avoir des croissances fortes et d'avoir des arbres
00:40:49 avec de beaux volumes.
00:40:50 C'est des itinéraires qu'on peut mener jusqu'à 80 ans, voire moins, en très bonne fertilité.
00:41:00 En revanche, si on ne fait pas des lagages, on aura forcément des grosses branches, et
00:41:10 l'autre inconvénient, c'est qu'on aura une proportion de duramène relativement faible
00:41:14 par rapport à d'autres itinéraires plus longs.
00:41:20 Le second, qui est indiqué itinéraire de précision, alors là, on part d'une densité
00:41:25 plus forte, qu'on réduit à 800-900 tiges par hectare assez vite, en faisant un premier
00:41:37 élagage, puis un second élagage au moment de la première vraie éclaircie, qui est
00:41:44 hauteur dominante de 13 mètres.
00:41:46 Mais ça suppose donc d'avoir une intervention déjà coûteuse avant la première éclaircie.
00:41:50 Donc c'est l'inconvénient de cet itinéraire.
00:41:53 En revanche, après, ça permet d'avoir des bois de qualité, sachant qu'on les mène
00:42:00 donc assez longtemps, et avec à la fois une proportion de duramène satisfaisante, suffisamment
00:42:08 importante, et des bois sans noeud.
00:42:12 Et le troisième, qui est indiqué en haut en bleu, ONF, c'est le compromis qui a été
00:42:18 choisi dans le guide actuel, qui est assez récent.
00:42:21 Donc on part d'une densité de 1600, mais avec une première éclaircie qui est relativement
00:42:26 tardive.
00:42:27 Là, la justification, c'est d'une fois par garder les arbres suffisamment serrés
00:42:35 pour limiter le développement des branches, sachant que le choix, c'est une donne parfaire
00:42:40 d'élagage.
00:42:41 Et ensuite, on a des éclaircies assez rapprochées, pour diminuer progressivement les densités,
00:42:50 avec des prélèvements qui sont à chaque fois relativement modérés.
00:42:53 Et donc en classe de fertilité 1, ça nous permet quand même d'avoir des arbres de
00:42:59 60 à 80-85 ans.
00:43:01 Le cèdre se prête également à la futé irrégulière, bien qu'on ait peu de recul
00:43:11 sur ce type de traitement.
00:43:14 Par exemple, sur le Ventoux, il y a eu pendant plusieurs décennies des cèdres traités
00:43:21 en futé irrégulière, mais avec des règles de gestion qui n'étaient pas assez bien
00:43:24 calées et qui n'ont pas permis de maintenir l'irrégularité des peuplements.
00:43:31 Ce qui fait qu'on est revenu dans les derniers aménagements à la futé irrégulière.
00:43:35 Pour dire qu'on manque encore vraiment de recul et de repères sur les différents
00:43:41 types de traitement.
00:43:42 Mais il n'y a pas de raison que le cèdre ne se prête pas à la futé irrégulière.
00:43:46 Si c'est une futé irrégulière par bouquet, donc par petites unités de surface, les règles
00:43:55 dans chaque bouquet seront similaires à celles qui sont appliquées en futé irrégulière.
00:43:58 Et quand on choisit la futé irrégulière par pied d'arbre, donc là effectivement
00:44:05 ce sont des interventions mixtes qui intègrent à la fois les notions d'amélioration et
00:44:14 de renouvellement simultanés du peuplement.
00:44:16 Et le principe c'est de récolter les bois quand ils sont mûrs.
00:44:20 Donc c'est vraiment la récolte des bois mûrs en fonction de leur qualité qui dirige
00:44:27 la gestion et les interventions.
00:44:30 En essayant évidemment au maximum de préserver et de favoriser les semis et les cônes de
00:44:39 génération qui peuvent se mettre en place dans les trouées qui sont libérées par
00:44:43 l'exploitation de ces bois.
00:44:44 Les critères d'exploitabilité sont à peu près les mêmes, c'est les mêmes dimensions
00:44:51 qu'en futé irrégulière et avec des valeurs cibles de capital comme vous voyez qui sont
00:44:59 entre 20 et 30 m3 par hectare après intervention.
00:45:03 Il y a notamment dans le massif du Gliberon une grande placette qui est menée en subiculture
00:45:12 irrégulière par lafille avec des mesures très précises et qui permettra de caler
00:45:17 mieux ces itinéraires.
00:45:18 Le cèdre se prête bien aussi au mélange, donc le mélange avec les feuilles huiles,
00:45:25 enfin le cas typique, le plus typique c'est la cèdrée avec le taillis de chêne plus
00:45:31 décent ici dans le Ventoux.
00:45:35 Le cèdre arrive à s'installer spontanément dans le taillis et pour peu qu'il soit préservé
00:45:44 au moment des coupes de taillis, on arrive à avoir un peuplement mixte, futé sur taillis,
00:45:50 qui se conduit assez bien.
00:45:51 Il peut être mélangé aussi aux autres conifères, le mélange avec le pain noir marche assez
00:45:56 bien, le mélange avec le Douglas aussi est assez joli, c'est des croissances initiales
00:46:03 qui sont un peu différentes, c'est un peu délicat mais ça donne des choses très intéressantes.
00:46:07 Là encore on manque de références mais il y a pas mal d'essais qui sont actuellement
00:46:14 en cours pour des mélanges intégrant le cèdre.
00:46:17 Dans le cadre du changement climatique, on se pose pas mal de questions sur la place
00:46:31 des différentes essences.
00:46:32 Forcément, comme vous le disait Bernard, le cèdre, ses exigences et sa répartition
00:46:42 peuvent être à peu près assimilées à celles du chêne plus décent.
00:46:46 Donc c'est vraiment son contexte sous-climatique privilégié, c'est vraiment l'étage supraméditerranéen.
00:46:52 Donc là je vous donne des repères qui sont valables pour la partie provençale et à
00:47:01 but sud, il faudrait décaler en appliquant une décote de 200 mètres environ si on veut
00:47:10 l'utiliser en Haute-Alpes.
00:47:13 Et vous voyez en vert, la bande verte donne l'étage privilégié pour le cèdre.
00:47:27 Sachant que le cèdre a été utilisé notamment depuis les reboisements FFN à cette altitude
00:47:37 là mais aussi à plus basse altitude dans l'étage méso-méditerranéen avec des taux
00:47:48 de réussite très variables.
00:47:49 Avec le réchauffement qu'on constate actuellement, on a tendance à privilégier des altitudes
00:48:00 plus élevées et donc à exclure le cèdre en essence objectif en dessous de 500 mètres,
00:48:10 à être prudent même dans l'étage supraméditerranéen et à privilégier dans les nouveaux peuplements
00:48:17 dans l'étage montagnard, au moins le montagnonier inférieur voire l'étage montagnard moyen.
00:48:22 Il y a d'ailleurs des plantations qui ont été faites très récemment dans les Alpes
00:48:29 du Nord à des altitudes assez élevées, proches de 2000 mètres et jusqu'à présent sans
00:48:36 trop de soucis malgré les risques de gel qu'a évoqué Bernard tout à l'heure.
00:48:45 Je reviens sur un aspect qui est indépendant de la silviculture mais qui est un point assez
00:49:00 sensible, c'est le comportement vis-à-vis du feu et des incendies.
00:49:04 Alors on a des éléments objectifs scientifiques depuis plusieurs décennies dans des plaies
00:49:14 à la Société botanique de France, le cèdre est une espèce qui est moins inflammable
00:49:18 que bien d'autres, que la plupart des autres conifères et même moins inflammable que
00:49:26 les feuillus méditerranéens.
00:49:27 Vous voyez ici sur ce petit tableau le gradient d'inflammabilité de 0 à 5 des différentes
00:49:39 essences qui ont été testées par l'INRA et le cèdre est parmi les moins inflammables
00:49:45 contrairement aux autres qui ont été testées.
00:49:47 Ce test a été fait sur les rameaux de l'année mais la litière est également peu inflammable
00:49:56 et peu combustible et les peuplements lui-même, la cèdre est un écosystème qui est également
00:50:03 peu combustible.
00:50:04 Ici un exemple précis, sur cette photo vous voyez au milieu du versant un triangle qui
00:50:15 est une plantation de cèdre datant de 1975 au sein de laquelle on a installé il y a
00:50:21 quelques années un dispositif de comparaison de densité, un dispositif silicole.
00:50:28 Sur ce versant est intervenu un feu en février 2020, vous voyez là le départ du feu, à
00:50:42 proximité de cette plantation de cèdre et ce feu a parcouru une bonne partie du versant
00:50:49 brûlant les roussailles, les taillages très pubescents et il est rentré en deux endroits,
00:50:58 côté ouest et côté sud-est dans la plantation de cèdre que je vous ai montré tout à l'heure
00:51:02 et qu'on distingue derrière la fumée.
00:51:05 Voici le sous-bois un an après l'incendie, on voit d'une part que les arbres ont été
00:51:20 brûlés au pied, donc certains vraiment sur le pourtour, tout le tour du pied au niveau
00:51:29 du collet a été touché, c'est monté un petit peu sur les troncs mais les hauts pieds
00:51:35 n'ont pas été touchés et sur les deux faces de la plantation où le feu est rentré, il
00:51:43 n'est pas allé très loin et il s'est éteint spontanément au sein du papillon.
00:51:48 Si on regarde plus précisément le pied d'arbre, on voit que l'écorce est bien brûlée,
00:51:56 il y a des écoulements de résine, donc le cèdre a forcément été traumatisé, a développé
00:52:02 des canaux traumatiques et on voit un bourrelet de cicatrisation également.
00:52:06 Ce qui est frappant puisque c'est un dispositif expérimental qu'on mesure régulièrement,
00:52:12 c'est qu'on n'a pas constaté de différence de croissance entre les arbres brûlés et
00:52:17 ceux qui ne l'étaient pas.
00:52:18 On n'a pas constaté non plus de déficit foliaire particulier, de signe de dépérissement
00:52:24 ou de faiblesse particulière sur ces arbres alors qu'on a fait la mesure deux ans après
00:52:30 le passage du feu.
00:52:33 Un autre exemple dans le Gard, une photo suite à un incendie, vous voyez des bandes de plantations,
00:52:42 il y a eu une plantation en vert franc, ce sont des pins, et le vert un peu bleuté c'est
00:52:48 le cèdre, on voit clairement que le cèdre a été beaucoup moins touché par l'incendie
00:52:52 que le pin.
00:52:53 Voilà, j'en ai fini, je vous remercie.
00:53:00 Merci beaucoup pour cette présentation.
00:53:05 On a une question, comment explique-t-on l'hétérogénéité spontanée des peuplements
00:53:11 issus de plantations ?
00:53:12 Dont vous avez parlé tout à l'heure.
00:53:13 Alors, oui c'est une très bonne question, à la réponse.
00:53:23 Alors mon hypothèse, c'est que le cèdre développe très vite son pivot, il a un système
00:53:36 raticinaire pivotant très fort, il développe son pivot au départ bien plus que la tige,
00:53:44 et je pense, et comme l'a dit Bernard, il est très sensible au niveau compact dans
00:53:51 le sol, aux obstacles qu'il peut rencontrer.
00:53:54 Donc je suppose que l'hétérogénéité reflète les obstacles que peut rencontrer
00:54:04 le pivot du semis ou du plant de cèdre dans les premières années, et que cela peut perdure
00:54:14 un certain nombre de temps, et que du coup ça se concrétise vraiment par cette hétérogénéité
00:54:22 qui est d'autant plus forte effectivement, encore plus forte sur le substrat calcaire,
00:54:26 et les substrats de calcaire dur sont plus hétérogènes que les substrats schisteux
00:54:32 ou siliceux en général.
00:54:35 Mais on n'a pas d'observation expérimentale et de démonstration de ça.
00:54:43 J'en reste à cette hypothèse.
00:54:46 Ok, merci bien.
00:54:50 Alors plusieurs questions complémentaires dans le chat.
00:54:54 Est-ce qu'il existe plusieurs origines de plants, et dans ce cas, est-ce qu'il y en
00:54:59 a qui sont plus adaptés que d'autres, et on prend notamment l'exemple du pila ?
00:55:03 Alors on a un certain nombre de peuplements classés en France effectivement, sachant
00:55:12 que vous savez qu'il y a plusieurs catégories de peuplements classés, et donc il y a des
00:55:22 peuplements qui font partie de la catégorie testée, ça veut dire qu'il y a eu des tests
00:55:26 génétiques, leur supériorité génétique a été vraiment démontrée scientifiquement.
00:55:32 Donc sauf erreur, c'est ceux du Lybe-Rond, Lacosme-Enerbe.
00:55:39 On a d'autres peuplements classés qui n'ont pas été testés, mais qui effectivement
00:55:45 ont des qualités intéressantes.
00:55:47 Ces peuplements, ils ont fait l'objet de tests de comparaison de provenance dans plusieurs
00:55:55 plantations en France, en zone méditerranéenne, mais aussi dans d'autres régions, notamment
00:55:59 en Franche-Comté.
00:56:00 Et jusqu'à présent, on n'a pas démontré de différence de comportement en fait, entre
00:56:06 les sites du Lybe-Rond, du Ventoux, du Rialces, de Saumon, Pré-Digne, ou il y a aussi, je
00:56:16 ne suis plus en tête, mais il y a un peuplement classé aussi en Franche-Comté, oui.
00:56:24 On n'a pas trouvé de différence de comportement.
00:56:27 Donc pour l'instant, on en reste aux préconisations qui sont données dans les arrêtés préfectoraux,
00:56:34 qui sont d'utiliser si possible les provenances de la région dans laquelle on se trouve,
00:56:41 de préférence.
00:56:42 Je pourrais compléter ? Je veux juste compléter.
00:56:46 Il y avait peut-être une question au-delà des provenances et de la qualité des plants
00:56:51 et des pépinières.
00:56:52 Parce que là, ça a un gros sujet.
00:56:55 En fait, il y a le volume du godet, parce que nous, dans le sud-est, c'est 400 le volume
00:57:01 des godets.
00:57:02 Donc la tendance, c'est de faire des godets de 200, mais dans les conditions dans lesquelles
00:57:05 on pente le cèdre, je ne sais pas s'il y a des dérogations en Rhône-Alpes pour descendre
00:57:09 à 200, ça je ne sais pas, mais nous on préconise toujours du 400.
00:57:12 Et puis la deuxième chose, c'est la localisation de la pépinière.
00:57:15 Nous, on a de gros problèmes dans le nord-est avec des plantes, des grosses pépinières
00:57:20 dans le sud.
00:57:21 Les plants commencent à débourrer en janvier-février ici.
00:57:24 Vous les plantez dans le nord-est, il fait -15° et il n'y en a aucun qui prête.
00:57:29 Donc en termes de conseils, vérifiez bien d'où viennent les pépinières.
00:57:34 Si vous avez des pépinières locales, essayez de faire faire du cèdre.
00:57:37 Je pense qu'il y en a qui peuvent en faire dans le Massif central, Rhône-Alpes, Auvergne.
00:57:42 Il y a des grosses capacités de production en sud, mais méfiance.
00:57:46 À la période de plantation, soit on les plante très tard, en avril-mai, quand la
00:57:51 période de gel est passée, mais la période hivernale, attention de la provenance des
00:57:56 plants et qu'ils ne soient pas déjà turgescents parce que là, c'est la cata.
00:58:00 Je parle du nord-est, c'est un peu extrême par rapport à chez vous, mais en Franche-Comté,
00:58:04 en Meurthe-et-Moselle, dans nos plantations qu'on suit, nous en 2000, alors je ne sais
00:58:08 plus l'année du gel qui a eu très fort, à -15°, -20° en plein débournement, les
00:58:12 serres, ils ont tous crevé.
00:58:14 Donc il y a la partie provenance, la partie volume du godet et puis localisation des pépinières
00:58:21 à bien prendre en compte.
00:58:22 Effectivement, c'est important, merci.
00:58:25 On va prendre encore quelques questions, même si on arrive au bout du temps imparti.
00:58:31 On avait une question sur les gelées tardives, est-ce qu'il y a des conseils de plantation
00:58:34 versant nord, versant sud pour éviter ces problèmes de gelées tardives ?
00:58:38 En fait, la difficulté, c'est que le changement climatique, on a des débourdements très
00:58:47 tôt.
00:58:48 Il y a une étude en cours sur le Douglas en Rhône-Alpes, le projet Douglas, où on
00:58:52 se demande d'où vient ce rouge physiologique et en fait, c'est la grosse difficulté,
00:58:57 c'est qu'on a des périodes de chaud en janvier-février, les arbres débourent, ils
00:59:03 commencent à être purgescents puis au mois de mars, pouf, le gel.
00:59:06 Donc en fait, dans les conseils, ce n'est pas très évident.
00:59:09 Ce qui est certain, c'est que dans les versants nord, si vos cèdres sont dans des conditions
00:59:14 plus froides, ils vont débourrer moins tôt et du coup, ils ne vont pas geler.
00:59:18 C'est dans les expositions sud, ils vont commencer à débourrer et crac, ils risquent
00:59:22 d'être gelés.
00:59:24 Donc, c'est très compliqué, notamment avec ces aspects de ce qu'on appelle la déséquilimitation,
00:59:29 c'est à dire des journées chaudes de janvier-février, le cèdre est capable de débourrer et puis
00:59:34 après, il se prend un gel.
00:59:36 Même mars, on appelle ça un gel tardif alors qu'en fait, c'est un gel encore hivernal.
00:59:40 Et c'est les photos que je vous ai montrées dans l'Ardèche, vous voyez le gel du mois
00:59:47 de mars qui a fait avorter des bourgeons qui étaient prêts à partir.
00:59:52 Donc, on a des difficultés sur le sapin et sur d'autres espèces.
00:59:58 OK, parmi les reproches qui peuvent être faits à l'essence cèdre, notamment cèdre
01:00:06 de l'Atlas, vous avez évoqué tout à l'heure la question de l'inflammabilité, on entend
01:00:12 parfois parler du cèdre comme étant une espèce envahissante.
01:00:16 Est-ce qu'on peut avoir quelques précisions à ce sujet ?
01:00:20 Oui, alors, espèce envahissante, enfin, on a montré dans nos exposés que le cèdre
01:00:33 effectivement avait une certaine dynamique d'extension.
01:00:36 Donc ça, c'est indéniable.
01:00:38 Il arrive à s'étendre sur les terrains, sur les milieux ouverts, même s'il préfère
01:00:43 avoir un certain abri.
01:00:44 Il arrive à s'implanter dans les taillis qui ne sont pas trop denses.
01:00:48 Mais pour autant, il est assez facile à contenir.
01:00:55 Ce n'est pas une extension qui est incontrôlable.
01:01:01 On peut citer l'exemple sur le nassif du Luberon où la cèdrée occupe vraiment surtout
01:01:14 la crête et a tendance à s'étendre sur les versants.
01:01:17 Et dans le cadre de la gestion, on arrive à lui fixer la limite, c'est-à-dire à
01:01:23 ne pas le favoriser et puis à l'éliminer au fur et à mesure les quelques pieds qui
01:01:28 arrivent à s'installer dans les stations où le juge n'est pas à sa place.
01:01:33 Donc, je dirais que c'est une naissance dynamique, mais invasive, non.
01:01:40 Merci.
01:01:41 On va prendre une dernière question parce que l'heure tourne.
01:01:45 Une question intéressante par rapport aux dégâts de cervidés.
01:01:49 Est-ce qu'on connaît l'appétence du cèdre et son comportement face aux cervidés ?
01:01:56 Oui.
01:01:57 Alors ça, c'est un point qu'on aurait pu traiter.
01:02:01 Face aux cervidés, on peut dire que le cèdre est assez sensible.
01:02:11 Il est sensible, donc il est abruti par le chevreuil, le chevreuil, sachant que c'est
01:02:16 une espèce qui est à la fois gourmette et un peu curieuse.
01:02:21 Donc, s'il y a du cèdre au milieu de peuplement d'une autre espèce, il va aller goûter
01:02:27 ce que c'est.
01:02:28 Donc, il va consommer les rameaux, les bourgeons.
01:02:30 Il est sensible aux frottilles aussi.
01:02:34 Et il est sensible à l'écorchage du cerf aussi.
01:02:37 C'est peut-être ce qui est le plus gênant et le plus pénalisant, c'est les soucis
01:02:43 d'écorchage par le cerf.
01:02:44 Et là, pour ça, c'est vrai qu'on n'a pas trop de solutions simples.
01:02:54 D'accord.
01:02:55 Peut-être un dernier point quand même sur la prise en compte de la biodiversité.
01:03:02 Est-ce que vous auriez des conseils à donner pour bien prendre en compte les enjeux écologiques
01:03:09 dans le cadre de peuplement de cèdre ?
01:03:11 Pour privilégier la biodiversité, la première chose, c'est effectivement le mélange.
01:03:22 C'est-à-dire soit une plantation en mélange, soit dans une plantation pure, conserver,
01:03:29 favoriser les essences secondaires au fur et à mesure qu'elles s'installent, puisque
01:03:32 le cèdre n'a pas un couvert suffisamment dense pour vraiment empêcher l'installation
01:03:37 de toute autre espèce en général, s'il est mené de façon correcte, avec une silviculture
01:03:43 assez dynamique.
01:03:44 Donc, on n'est pas dans des situations comme des plantations serrées d'épicéa où on
01:03:52 n'a rien d'autre qui arrive à s'installer.
01:03:55 En général, avec le cèdre, il y a souvent des espèces secondaires feuillues qui arrivent
01:03:59 et qui vont venir.
01:04:00 Ça s'installe spontanément, avoir suffisamment de lumière pour se développer.
01:04:04 Donc, on peut avoir une silviculture qui favorise ses essences secondaires.
01:04:08 L'idée, c'est d'avoir une gestion relativement dynamique, sachant que comme spontanément
01:04:18 le cèdre produit des peuplements assez hétérogènes, ça favorise aussi une certaine biodiversité.
01:04:24 C'est plus favorable pour les oiseaux, c'est plus favorable pour bien d'autres taxons
01:04:30 aussi.
01:04:31 Mais bon, je n'ai pas de règle vraiment précise et de recette simple.
01:04:40 Mais je dirais que c'est une espèce qui se prête bien à une gestion dynamique assez
01:04:49 diverse.
01:04:50 Merci pour ces réponses et ces quelques pistes.
01:04:54 Je partage avec vous un commentaire de Charles de Rex, qui est président de l'association
01:04:58 Forêt Méditerranéenne dont je vous ai parlé en introduction, qui nous conseille de veiller
01:05:03 à constituer des peuplements qui seront appréciés par le public et pour cela poursuivre les
01:05:07 travaux de recherche pour mieux fixer les itinéraires techniques en irrégulier et
01:05:11 en mélanger.
01:05:12 Donc, ce sont des pistes qui ont été abordées lors du webinaire et qui semblent effectivement
01:05:17 intéressantes.
01:05:18 Je vous propose de conclure ce webinaire.
01:05:23 Je pense que par rapport à la question initiale qui était le cèdre de l'Atlas, est-il une
01:05:30 essence d'avenir pour la région au Verne-Grand-Alpes, on peut dire en conclusion que c'est effectivement
01:05:36 une essence qui peut être intéressante pour notre région dans le cadre du changement
01:05:39 climatique.
01:05:40 Mais attention, il ne s'agit pas d'une essence miracle et elle doit être implantée uniquement
01:05:45 en station et notamment dans son optimum de niche.
01:05:49 Un grand merci à nos deux intervenants de ce soir, Jean Ladier et Bernard Boutte, pour
01:05:55 toutes les informations riches qu'ils ont pu nous apporter.
01:06:00 Merci aussi à tous pour votre participation au webinaire et puis pour les questions, les
01:06:06 remarques et commentaires qu'il y a pu y avoir dans le chat.
01:06:09 Vous retrouverez comme d'habitude très prochainement ce webinaire sur le site internet de la DRAF
01:06:15 au Verne-Grand-Alpes à la rubrique forêt, bois et énergie, et ensuite changement climatique.
01:06:19 Attention, pour le prochain webinaire, du fait des vacances scolaires de Noël et du
01:06:26 Nouvel An, le prochain webinaire se tiendra le 9 janvier et il portera sur le guide de
01:06:32 gestion des crises sanitaires en forêt.
01:06:36 Merci à tous et puis passez une très bonne soirée.
01:06:40 Merci, au revoir.