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Transcription
00:00 L'exposition "Prehistomania" va, à travers le relevé, parcourir l'histoire de la préhistoire
00:29 surtout et comment la préhistoire s'est institutionnalisée durant le XXe siècle.
00:34 Aujourd'hui, on parle de préhistorien, mais au début du XXe siècle, quand la préhistoire
00:40 est encore dans un tâtonnement, les titres qu'on donne aux gens qui vont faire ces relevés
00:45 diffèrent selon notamment les objectifs avec lesquels ils relèvent.
00:49 Là où on avait finalement des personnes qui étaient notamment, pour ceux qui faisaient
00:53 le relevé, connus pour leur qualité de dessinateur, de dessinatrice, leurs compétences artistiques,
01:01 ce sont petit à petit des compétences scientifiques, des qualités de connaissance du point de
01:06 vue des contextes archéologiques qui vont être également mobilisées pour aller chercher
01:11 encore un peu plus d'informations au travers de ces images.
01:13 Je pense que Léo Frobenius se voit plus comme un explorateur, releveur et un voyageur aussi
01:21 insatiable.
01:22 Alors que l'abbé Breuil a bien évidemment le titre de scientifique et fait partie des
01:28 premiers préhistoriens.
01:29 Gérard Bayou, de la même manière, dans les années 60, quand la préhistoire a encore
01:35 avancé et s'est assise comme science, il est néolithicien, préhistorien et il va
01:42 pratiquer le relevé.
01:43 Je pense qu'on peut également leur donner le titre d'archéologue.
01:46 Au début du XXe siècle, le relevé qui va être fait par Léo Frobenius et ses équipes
01:51 est un relevé fait sur le terrain, à l'échelle, en couleur, qui représente la paroi telle
01:58 qu'il la voit.
01:59 Avec l'abbé Breuil, on a plutôt des collections qui sont des documents archivistiques et qui
02:05 témoignent d'un travail qui va être analytique plutôt et qui se fait en deux temps.
02:11 Le premier temps étant le temps du terrain avec des croquis, des photos et un autre temps
02:16 qui est celui en laboratoire, hors de la grotte, où on travaille à partir de ces documents
02:22 pris sur place et on va aller vers une réflexion menée autour de ces ensembles.
02:28 Ce sont eux qui vont constituer une base de connaissances et de travail pour les préhistoriens
02:33 qui vont le suivre.
02:34 Ce qui va le lier et ce qui reste inévitable de la recherche, c'est le contact au terrain.
02:40 Quoi que l'on fasse aujourd'hui, malgré un certain nombre d'obligations en termes
02:44 de préservation des sites qui est tout à fait essentiel, on a toujours le besoin, j'irais
02:48 même l'impérieuse nécessité d'aller se confronter à ces terrains, à ces sites,
02:52 qu'il s'agisse de grottes ou de sites en plein air, pour pouvoir justement comprendre
02:56 au mieux quelles sont les caractéristiques de ces images, mais aussi celles de leur environnement.
03:00 Donc ce lien, il est toujours étroit et quelque part, une partie de nos outils n'ont pas
03:05 changé non plus.
03:06 On utilise toujours des crayons, du papier, c'est le point de départ et l'œil étant
03:10 aussi le premier outil indispensable pour décrypter ces images.
03:13 Effectivement, ce qui a évolué, c'est toute la palette des moyens techniques dont
03:18 on peut disposer par ailleurs, notamment les outils numériques, puisque l'une des
03:22 principales et majeures différences, c'est que pour la préservation des sites, on ne
03:26 fait plus aucun relevé à même la paroi.
03:29 On le sait, que ce soit une partie des relevés, notamment ceux d'Henri Lotte ou même ceux
03:33 de l'abbé Breuil au début du XXe siècle, dont lui-même parle, il relate un peu ses
03:36 premières expériences, quand il allait poser au moyen des fois de quelques boulettes d'argile
03:41 les calques à même la paroi et dont il s'est rendu compte très vite des problèmes que
03:45 cela pouvait poser.
03:46 Ce type d'approche, il est exclu depuis déjà de très nombreuses années, plusieurs
03:51 décennies dans les grottes et on va utiliser prioritairement les supports photographiques.
03:56 La photographie, c'est un outil absolument essentiel pour faire les relevés.
03:59 On fait les relevés sur ces supports photos, sur des outils numériques aussi, à partir
04:03 de la 3D aujourd'hui, bien sûr, la photogrammétrie, on peut disposer même d'outils aujourd'hui
04:08 d'ordinateurs, de tablettes numériques qu'on peut effectivement employer, mais ce
04:12 qui ne change pas, c'est qu'on a besoin de le faire devant les œuvres, devant les
04:15 parois pour le contrôler.
04:17 L'exposition nous a permis de mettre au jour et de montrer pour la première fois
04:24 la malle d'Henri Lotte qu'il a suivie lors de toutes ses expéditions.
04:27 C'est un grand trésor qu'on a pu ouvrir et qui n'avait pas été ouvert depuis
04:32 et on trouve en fait tout le nécessaire qui permet de relever.
04:36 Les relevés d'Henri Lotte sont faits sur des grands laits de papier canson et à la
04:42 gouache et à l'aquarelle, on a tous ses pinceaux, ses couleurs, ses crayons, puisqu'en
04:48 fait, lui va calquer les figures qu'il voit, les figures peintes ou les gravures,
04:54 pour ensuite les reporter sur papier.
04:57 Ce qui est très important, c'est que la mise en teinte des formes décalquées sur
05:02 papier se fait bien sûr toujours devant la paroi pour être au plus proche de la réalité.
05:07 Ce que l'on sait du rythme des journées dans les expéditions, notamment de Henri
05:14 Lotte, c'est qu'il y avait un rythme très soutenu.
05:16 Ce sont des expéditions qui se font dans des conditions assez compliquées, notamment
05:20 parce que la logistique n'est pas forcément adaptée à ce type de voyage et d'expédition.
05:26 Les sites sont dans des endroits parfois très inaccessibles.
05:30 On est dans le Sahara, donc il fait très chaud, il fait très froid la nuit.
05:34 On sait qu'Henri Lotte, qui a eu du mal à financer déjà ses expéditions, va souffrir
05:42 ainsi que ses équipes d'un certain manque de moyens qui va amener un manque de confort
05:46 certain, notamment au niveau des vêtements et de la nourriture, et qui ne sera pas forcément
05:53 à la hauteur de l'effort fourni.
05:56 On sait aussi qu'il se fait parachuter sa nourriture.
06:01 Quand les livraisons ne se font pas à temps, il y a des moments où ils sont un peu dans
06:06 la tente de victuailles.
06:08 Certains de ses équipiers seront d'ailleurs évacués à force d'épuisement, notamment
06:15 lors de la première expédition.
06:17 Là où ce travail était peut-être essentiellement un travail de documentation, pour faire connaître
06:22 cette richesse de manière incroyable et la faire découvrir au monde, aujourd'hui, et
06:27 depuis déjà quelques années, c'est aussi un travail d'analyse.
06:30 Pour nous, c'est un outil d'étude absolument indispensable sur les comportements, sur les
06:37 modes de fonctionnement de ces sociétés, sur leur organisation sociale, et sur ce que
06:40 ces images, à travers tous ces contextes, pouvaient représenter, figurer ou transposer
06:45 en termes de messages, de pensées symboliques, de dynamique sociale.
06:52 C'est ce qui va être effectivement la source de nos volontés, de nos recherches.
06:56 C'est donc quelque part d'aller essayer de toucher un peu ce que sont les gestes et les
07:00 comportements de ces artistes, de ces femmes et de ces hommes qui ont réalisé ces œuvres,
07:05 il y a parfois plusieurs millénaires, voire plusieurs dizaines de millénaires selon
07:08 les contextes.
07:08 [Musique]
07:20 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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