Clément Noël : «Il faut savoir prendre des risques» - Ski - CM (H) - Val-d'Isère

  • l’année dernière
Clément Noël était jeudi l'invité de « L'Équipe de choc ». Le champion olympique de slalom (2022) a évoqué ses attentes avant l'étape de Coupe du monde ce week-end à Val-d'Isère.

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Sport
Transcription
00:00 -Il est champion olympique de slalom
00:01 et s'apprête à disputer une épreuve de Coupe du Monde
00:03 chez nous en France ce week-end à Val d'Isère.
00:05 C'est Clément Noël.
00:06 Salut Clément, bienvenue dans l'équipe de choc.
00:07 Ah, je t'avais demandé de nous montrer la montagne derrière.
00:10 Qu'est-ce que je vois derrière la fenêtre ?
00:11 -Ouais, il y a un petit bout de montagne.
00:15 Salut à tous.
00:16 -Très sympa.
00:16 Bon alors ce week-end, tu vas skier à domicile.
00:18 C'est toujours quelque chose, une étape attendue.
00:21 Mais j'ai vu que c'était aussi un peu stressant pour toi,
00:23 ça te stresse d'évoluer à la maison ?
00:26 -Moi, je ne suis pas quelqu'un de particulièrement stressé à la base.
00:30 Mais oui, il y a toujours un tout petit peu plus de tension
00:33 quand on est à la maison,
00:35 quand on connaît les gens dans l'air d'arriver,
00:37 quand on a pas mal de gens autour qu'on n'a pas envie de décevoir.
00:41 Mais après, ça fait partie du métier, entre guillemets.
00:44 Ça fait un petit moment maintenant que je fais des courses,
00:45 donc je devrais à peu près m'y habituer normalement.
00:47 -Est-ce que tu peux nous décrire, Clément, pour ceux qui ne connaîtraient pas,
00:50 la face de Bellevarde, c'est le nom de la piste où se déroule le slalom,
00:53 que tu connais par cœur, j'imagine.
00:55 C'est comment quand on se retrouve tout là-haut au départ ?
00:57 -Au départ du slalom, on voit vraiment toute l'air d'arriver,
01:01 on voit tout le public, on voit la piste qui est très, très raide.
01:05 Donc c'est une piste qui est difficile.
01:06 C'est une des plus difficiles, je pense, de la saison.
01:09 Ce n'est pas extrêmement long,
01:10 mais par contre, on a vraiment une grosse pente
01:14 et généralement, c'est préparé de manière assez glacée.
01:17 Donc voilà, le commun des mortels, entre guillemets,
01:21 avec des skis qui ne sont pas vraiment faits,
01:23 ne pourraient pas tenir sur la piste.
01:24 Et nous, on doit préparer les skis parfaitement bien,
01:27 en tout cas notre technicien, pour qu'on puisse tenir.
01:30 Et oui, c'est une piste qui est assez impressionnante.
01:32 Les premières fois où on les fait,
01:34 moi, ça fait un petit moment que je la fais
01:35 et je commence à comprendre un petit peu la piste
01:37 et comment aller vite dessus.
01:39 Mais oui, c'est une piste qui n'est pas facile.
01:41 -D'ici samedi, c'est quoi le programme pour toi ?
01:43 Tu vas dessus tous les jours, tu t'entraînes,
01:45 tu la connais par cœur, les yeux fermés ?
01:47 Un peu de physique, un peu de kiné, un peu de quoi ?
01:49 -Non, non, non.
01:50 Oui, un peu de physique et de kiné, oui.
01:53 Demain, c'est jour de repos.
01:54 Je me suis entraîné les deux derniers jours,
01:56 donc demain, repos.
01:57 J'ai quelques petites sollicitations,
01:58 quelques petites obligations à faire demain.
02:00 Ensuite, samedi, un petit entraînement,
02:02 mais malheureusement, on ne peut pas s'entraîner sur la face
02:04 parce qu'une semaine avant les courses,
02:06 elles sont fermées aux entraînements pour tous les compétiteurs.
02:09 Donc, on s'est entraîné un jour dessus la semaine dernière.
02:12 C'est tout ce qu'on a pu faire cette année, malheureusement,
02:14 parce que c'était difficile d'être prêt à temps pour nous accueillir.
02:17 Mais on a fait un entraînement dessus, ce qui est déjà pas mal.
02:20 Et là, on va s'entraîner sur une piste d'échauffement à côté.
02:24 Ça devra aller.
02:25 -Bertrand Latour.
02:27 -Bonjour Clément.
02:29 En slalom, on sait qu'il y a une grande,
02:32 ou en tout cas, il y a une part d'aléatoire.
02:34 Vous êtes souvent sujet,
02:36 soit au fait d'enfourcher ou de faire une erreur,
02:39 davantage que dans les disciplines de vitesse.
02:44 Sur la première course de rentrée en Autriche,
02:46 tu avais fait une très bonne première manche.
02:47 Je sais que ça s'est moins bien passé sur la deuxième.
02:49 Je crois qu'à la fin, tu termines 12.
02:52 Au-delà, évidemment, de ce titre de champion olympique
02:53 et la consécration Le Graal pour un skieur,
02:56 est-ce que tu penses que ta matière encore a gagné en régularité ?
03:00 Est-ce que c'est un sujet pour toi ou pas ?
03:03 -Toc.
03:04 -Bah évidemment, c'est un sujet.
03:05 C'est pas une surprise de dire que je manque de régularité.
03:09 Ça a été un gros souci pour moi ces dernières années.
03:16 Ça l'est depuis que je suis arrivé en Coupe du Monde
03:18 et ça l'est presque encore plus ces deux dernières saisons.
03:21 Donc j'essaye de bosser là-dessus.
03:22 Mais j'ai pas forcément besoin de mettre le focus uniquement là-dessus
03:25 parce que le plus important, c'est quand même d'aller vite,
03:27 d'être capable de gagner des courses.
03:29 Et j'espère que la régularité,
03:32 si je skie mon ski de manière naturelle,
03:36 j'arrive à faire face à toutes les situations.
03:38 Alors après, il faut savoir prendre des risques.
03:40 Comme tu l'as dit, le slalom,
03:41 c'est une discipline qui a une petite part d'aléatoire.
03:44 Mais ouais, on va essayer de régler ça cette saison.
03:48 La première course, elle est pas forcément superbe en termes de résultat,
03:52 mais il y a des points encourageants.
03:53 Et en plus, c'est une course où j'ai franchi la ligne d'arrivée.
03:57 Donc voilà, je vais essayer de faire de mon mieux.
04:00 Mais c'est sûr que ça n'a jamais été mon point fort
04:02 et je pense pas que ça le sera un jour.
04:04 Mais j'essaye de bosser là-dessus, c'est clair.
04:07 Clément, fais attention, ton portable est en train de baisser petit à petit.
04:10 Voilà, merci. On rétablit la situation.
04:13 Ça glisse, c'est normal, c'est l'hiver.
04:14 Pierre-Boby ?
04:15 Non mais je suis arrivé un peu au dernier moment, je suis désolé.
04:18 J'ai eu du mal à me mettre en place.
04:19 Julien Dianne a une question pour toi.
04:21 Salut Clément.
04:22 Aujourd'hui, t'as 26 ans.
04:24 Les Jeux Olympiques de 2030 seront chez nous en France.
04:28 Est-ce que c'est un objectif pour toi ?
04:30 32 ans, il aura.
04:31 Oui.
04:32 C'est jouable ?
04:33 C'est dur.
04:34 C'est dur à dire que c'est un objectif maintenant.
04:37 On est vraiment tôt, c'est dans longtemps.
04:40 Mais c'est sûr que ça pourrait être un beau point de mire
04:43 si tout va bien pour moi, que je suis en forme,
04:45 que je suis performant sur l'eski,
04:46 que je me fais encore plaisir dans ce que je fais.
04:48 Ça peut être un point de mire en se disant
04:50 pourquoi pas aller finir sa carrière là-bas,
04:53 aux Jeux en France, ça serait assez magnifique.
04:55 En tout cas, c'est un événement qui me fait vibrer en avance.
05:01 Mais je ne sais pas de quel côté je serai au moment-là.
05:04 Je ne sais pas si je serai encore coureur ou pas,
05:07 parce qu'il y a énormément de choses qui peuvent se passer.
05:10 Mais j'espère en tout cas que j'aurai la motivation,
05:13 j'aurai les performances qui me permettront de continuer jusqu'à là,
05:15 parce que ça serait vraiment un événement magique.
05:17 Mais là, on est vraiment très tôt dans le processus
05:21 pour se projeter jusqu'à là-bas.
05:22 Oui, mais on en parle parce que justement,
05:23 Val d'Isère, là où tu es actuellement,
05:25 ton club, normalement, ils étaient sur la carte au départ
05:27 et je crois que c'est en train d'évoluer.
05:29 On est vraiment dans le cœur de l'actu, là, c'est bouillant.
05:31 On en est où ?
05:32 Et est-ce que tu peux faire quelque chose, toi, à ton niveau,
05:33 pour avoir les Jeux à la maison ?
05:37 J'espère, j'espère que je peux faire quelque chose.
05:39 Je ne pense pas que j'ai une influence énorme,
05:41 mais j'espère pouvoir m'engager aux côtés de Val d'Isère
05:44 pour défendre le projet,
05:48 parce que pour moi, c'est la station en France
05:51 qui a le plus d'histoire avec le ski de compétition.
05:54 Ils organisent le Critérium de la Première Neige depuis 1955, je crois.
05:59 Il y a eu les Championnats du monde en 2009,
06:01 il y a eu des épreuves des Jeux Olympiques d'Alberville en 92.
06:04 Il y a eu énormément de champions.
06:05 On pense forcément à Jean-Claude Killy,
06:07 mais Henri Aurélier, Mariel Guatchelle
06:10 et plus récent aussi.
06:12 Je pense que Val d'Isère a complètement sa place
06:14 dans l'organisation de ces Jeux Olympiques.
06:16 Et ce serait très triste pour moi de voir que,
06:20 même si les Championnats du monde à Courchevel
06:22 ont été une réussite l'année dernière,
06:23 j'enlève rien à ça,
06:24 mais de pouvoir partager les épreuves entre deux stations historiques,
06:28 pour les hommes, je trouve que ça ferait sens.
06:31 Et surtout Val d'Isère, parce que
06:33 je pense qu'on est tous d'accord,
06:35 les connaisseurs du ski et de l'histoire du ski,
06:37 pour dire que c'est la station qui a le plus fait
06:39 pour la compétition dans notre sport.
06:43 Ça serait pour moi une certaine logique.
06:45 Alors, j'ai été déçu ces derniers temps d'apprendre
06:49 qu'on voulait rayer Val d'Isère de la carte,
06:51 mais on va essayer en tout cas,
06:52 moi je n'ai pas une grande influence à mon avis,
06:54 mais de se battre pour montrer que le projet a du sens
06:57 et que ça ne serait que de la logique
06:59 que de pouvoir faire des compétitions
07:01 sur la mythique face de Bellevarde.
07:03 Et j'espère qu'on pourra montrer,
07:05 ne serait-ce que ce week-end,
07:07 à quel point cette piste est belle et permet de faire ça.
07:11 - Tu te sous-estimes quand on est champion olympique, Clément.
07:13 On a encore un petit peu d'influence j'ai l'impression.
07:15 Vertrois la tour.
07:15 - Clément, il y a un de tes concurrents
07:18 qui a annoncé arrêter sa carrière,
07:20 Bratten, je ne sais pas si la prononciation est bonne,
07:22 qui a 23 ans, qui était en pleine possession de ses moyens
07:26 parce que le contexte était trop compliqué selon lui.
07:29 Est-ce que c'est quelque chose qui t'a surpris ?
07:30 Parce que nous on l'entend beaucoup,
07:32 on est beaucoup spécialiste de foot
07:33 et parfois on parle de la pression des sportifs.
07:35 Est-ce que c'est quelque chose qui t'a étonné ?
07:37 Ou dont tu te sens totalement éloigné ?
07:39 - Non, ça m'a étonné clairement.
07:43 Quand on dit qu'il était en pleine possession de ses moyens,
07:46 c'est un euphémisme parce qu'il a quand même
07:49 gagné le Globe de Cristal l'année dernière,
07:51 c'était le meilleur slalomeur du monde.
07:53 Donc de le voir arrêter si jeune, si fort,
07:56 ça fait un choc, on ne s'y attendait pas.
07:59 Mais oui, en ce moment, on parle beaucoup du mal-être du sportif
08:03 ou certains sportifs qui sont dépressifs.
08:05 En fait, ça n'a rien à voir avec les résultats,
08:07 c'est simplement cette pression permanente, je pense,
08:10 cette envie de liberté.
08:11 Il était aussi un peu contraint par sa fédération
08:14 à des règles qu'il n'avait pas forcément envie de suivre.
08:17 Lui, c'est un personnage un peu excentrique,
08:20 il adore la mode, etc.
08:21 Et donc, il a plein d'autres centres d'intérêt avec le ski.
08:25 Et moi, je peux comprendre sa décision
08:27 s'il n'était pas heureux dans ce qu'il fait,
08:29 si ce n'est pas ça qui le rendait pleinement heureux.
08:31 Peu importe les résultats, au final,
08:34 je trouve ça courageux et je n'ai rien à dire là-dessus.
08:38 - Je peux avoir ton avis aussi ?
08:40 On te fait parler beaucoup des autres skieurs,
08:41 mais c'est important d'avoir ton avis, toi, le spécialiste,
08:43 sur la direction que va prendre Alexis Pinturot.
08:45 On en a parlé cette semaine, il était avec nous,
08:47 il va se lancer dans la descente.
08:48 Tu trouves ça inconscient, complètement fou, courageux ?
08:51 Ça te brancherait, toi aussi ?
08:54 - Non, moi, ça ne me brancherait pas.
08:55 Mais oui, je trouve ça courageux.
08:56 Je trouve ça très courageux parce que c'est un skieur
08:59 qui n'a rien à prouver
09:01 et qui se lance encore des nouveaux challenges à 32 ans,
09:03 alors qu'il fait partie des plus grands de tous les temps.
09:07 Et de voir qu'il arrive à changer complètement de cap
09:14 pour se diriger vers la vitesse,
09:16 alors il a toujours eu des prédispositions
09:18 que moi, je n'ai pas forcément.
09:19 Donc, c'est pour ça qu'on ne me verra pas forcément
09:21 sur des disciplines de vitesse,
09:22 mais il a toujours eu ses prédispositions.
09:24 Mais c'est quand même un gros challenge,
09:25 c'est quand même un autre monde.
09:26 Et de le voir faire ça, c'est courageux.
09:29 Et j'espère qu'il va réussir parce que c'est, comme je dis,
09:32 il n'a rien à prouver à personne.
09:33 Il fait son truc, il se fait plaisir.
09:34 Et c'est beau de le voir s'amuser dans une autre discipline,
09:38 essayer de changer, essayer de donner un nouveau départ à sa carrière.
09:42 - Et on vous retrouvera tous les deux, en tout cas,
09:43 avec grand plaisir en direct sur la chaîne équipe pour Val d'Isère.
09:47 Ce sera samedi et dimanche.
09:48 Pour finir, tu peux juste nous lever la caméra,
09:50 nous montrer un petit peu plus la montagne, parce qu'on aime bien.
09:52 Fais-nous. Nous, on est à Paris, dans les bouchons.
09:54 Fais un effort. Voilà, fais-nous plaisir.
09:57 - Là, on va même voir la face de Belvard,
09:59 normalement, là-bas au fond.
10:01 - Ah oui, on la voit entre deux poteaux, entre deux palissades.
10:04 - Oui, c'est top.
10:05 - Désolé, je ne peux pas aller sur le balcon parce qu'il fait un peu froid,
10:09 mais il y a la face là-bas.
10:11 Elle a l'air belle, elle est éclairée, elle est magnifique.
10:12 - C'est parfait. Merci Clément. Bonne chance pour ce week-end.
10:14 On te suivra en direct sur la chaîne équipe.

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