Place publique - Nos pompiers et ambulanciers, sont-ils en danger à Bruxelles ?

  • l’année dernière
Transcript
00:00 Vous écoutez Arabelle, il est 19h, place à l'info.
00:05 Merci beaucoup Sylvie Poffet, retour de l'info à 20h.
00:10 19h20, place publique sur Arabelle.
00:16 Bonsoir à toutes et à tous, Nicolas Dewellens avec vous, heureux de vous retrouver.
00:24 Soyez les bienvenus dans Place publique.
00:26 Chaque jeudi, entre 19h et 20h, nous nous intéressons aux grandes questions politiques et sociétales.
00:32 Vous appelez les secours et lorsqu'ils arrivent, des individus mal intentionnés les agressent.
00:37 Est-ce normal ? C'est le triste quotidien de nos pompiers et ambulanciers.
00:43 Sont-ils en danger ? C'est la question que je vous pose ce soir dans Place publique.
00:48 J'attends vos appels au 078 077 088 et je lis vos SMS au 0488 106
00:55 0800, nos pompiers et ambulanciers sont-ils en danger ?
00:59 C'est aussi la question que je pose ce soir à mes invités,
01:02 Vincent Dewolff, député Bruxellois-Hémer et Bourg-Mestre de la Commune d'Ettorbeck.
01:06 Bonsoir.
01:06 Bonsoir.
01:08 Jean-François Taillère, les Engagés, chefin à Wollu et Saint-Lambert.
01:11 Vous êtes aussi fondateur de Medimarket.
01:13 Bonsoir.
01:14 Bonsoir, mais je ne suis pas fondateur de Medimarket par contre.
01:16 C'est Yvan Verhoefstraat qui est notre tête de liste à l'Europe.
01:19 Voilà qui est noté.
01:21 Les autres parties étaient également invités, mais ils sont absents de ce studio,
01:25 sont également présents et bien présents ce soir.
01:27 Place publique, Mohamed Schell, pompier et ambulancier.
01:30 Bonsoir.
01:31 Bonsoir et je vous remercie pour l'invitation.
01:34 Et le colonel Pierre Menut, officier commandant en second du CIAMU,
01:38 le service d'incendie et d'aide médicale urgente de la région de Bruxelles-Capital.
01:43 Bonsoir.
01:44 Bonsoir et je vous remercie d'organiser ce débat sur le thème.
01:47 Soyez les bienvenus.
01:48 Place publique commence maintenant.
01:51 Jusqu'à 20h, place publique sur Arabelle.
01:55 De surprenantes fraises que sont apparues à Bruxelles.
02:01 Elles illustrent des histoires vécues par des pompiers,
02:04 ambulanciers de notre capitale.
02:07 Ces installations interpellent les passants de manière originale.
02:11 Elles attirent l'attention sur le rôle des secouristes dans des situations
02:15 d'urgence plus ou moins graves qui pourraient nous arriver un jour à nous
02:19 ou à nos proches et où leur intervention est cruciale.
02:22 Pourtant, chaque jour, ces héros risquent leur vie.
02:25 Quelques exemples, alors qu'ils intervenaient pour une chute mortelle.
02:29 À Bruxelles, des ambulanciers et des pompiers ont été la cible de projectiles
02:33 et de feux d'artifice.
02:34 On s'en souvient, c'était dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier dernier.
02:40 Une ambulance a été volée et des secouristes ont été menacés à Bruxelles.
02:44 C'était au mois d'octobre dernier.
02:45 Il n'y a pas si longtemps que ça, des pompiers ciblés par des tirs et feux
02:50 d'artifice à Bruxelles.
02:52 C'est arrivé il y a à peine deux semaines à Jette.
02:56 Trois pompiers sur dix se disent victimes d'une agression verbale chaque semaine.
03:00 Un sur sept dit subir une agression physique par mois.
03:04 Mohamed Chelle, vous êtes pompier ambulancier.
03:06 C'est la boule au ventre que vous vous rendez au travail tous les jours ?
03:11 La boule au ventre, je dirais pas, mais on a toujours une appréhension.
03:15 On se dit qu'est-ce qu'on va vivre aujourd'hui ?
03:17 Donc quand ça sonne pour une intervention, on ne réfléchit pas.
03:22 Donc on fait le plus rapide possible pour arriver sur place et secourir les
03:25 personnes le plus rapide possible.
03:27 Mais au fond de notre tête, surtout avec ce que j'ai vécu personnellement et ce
03:32 que les collègues ont vécu, il y a toujours cette appréhension.
03:35 Donc qu'est-ce qu'on va trouver sur place ?
03:37 Je sens que l'émotion est présente dans votre voix.
03:39 Vous le dites, surtout avec ce que j'ai vécu personnellement.
03:42 Qu'est-ce que vous avez vécu personnellement, justement ?
03:44 Vous entendez très bien.
03:46 Donc l'émotion est toujours présente quand il s'agit de cette affaire.
03:50 Donc personnellement, j'en ai souffert un peu intérieurement.
03:55 Donc il faut savoir que c'était la nuit du 31 décembre de l'année 2022,
04:02 donc il y a à peu près presque un an.
04:04 Et donc je me souviens très bien, il était minuit deux.
04:07 Donc deux minutes après minuit, on était encore en caserne en train de se
04:13 féliciter, de sauter l'un sur l'autre, faire un peu les fous.
04:17 Et puis cet appel qui rentre et le fax qui sort.
04:20 Et je me souviens comme si c'était hier.
04:23 Donc je lis vraiment sur le fax chute du quatrième étage.
04:26 Donc là, à ce moment là, on sait que c'est pas de la rigolade.
04:30 On lâche tout.
04:32 Vraiment, on était trois minutes après sur place.
04:35 Donc je crois minuit, minuit cinq, minuit six, on était déjà sur place
04:40 en tant que première ambulance, pas de police, personne.
04:42 Donc je vous laisse imaginer la scène du corps d'un jeune homme d'une
04:48 trentaine d'années qui a fait une chute accidentelle en plus.
04:51 Donc c'est pas qu'ils faisaient les fous ou quoi que ce soit.
04:52 Ils étaient tout simplement en train de regarder les feuilles d'artifice
04:56 en famille, entre amis.
04:58 Et donc la balustrade a cédé.
05:01 Donc c'est vraiment une chute accidentelle.
05:03 Il s'est retrouvé quatre étages plus bas au sol.
05:06 Donc on arrive. Vous imaginez bien les amis du jeune homme, les passants,
05:12 tout le monde autour, tout le monde en train de crier, le stress.
05:15 Nous, on arrive sur place en tant que secouriste.
05:18 On n'a pas de place pour mettre les émotions à ce moment là.
05:20 On les met de côté.
05:22 On commence la réanimation directement.
05:24 Moi et mon collègue, on rappelle bien à la radio qu'il faut absolument du renfort.
05:28 Donc le renfort d'un SMUR et éventuellement d'une deuxième ambulance,
05:32 car il y avait beaucoup de personnes, des amis présents de la victime.
05:38 Donc nous avons entamé la réanimation.
05:40 Donc imaginez vous la scène.
05:42 Donc on est en pleine rue à Saint-Gilles, la nuit du 31.
05:46 Donc beaucoup de monde qui rôde autour, beaucoup de curieux.
05:51 Une chute du quatrième étage, je vous laisse imaginer les dégâts.
05:54 Je vais passer les détails.
05:56 Donc nous avons fait ce que nous avons pu.
05:59 Nous avons travaillé presque une heure sur cette personne.
06:02 Donc imaginez vous une heure de réanimation avec les autres collègues, avec le SMUR.
06:08 Une fois la réanimation terminée, malheureusement,
06:12 le médecin a demandé de stopper, car après une heure, il était trop tard pour la personne.
06:19 Le corps de la personne était encore au sol.
06:21 Donc on n'avait même pas eu le temps, enfin le médecin n'avait même pas eu le temps
06:24 d'annoncer à la famille que c'était fini pour la personne.
06:29 Qu'on commence à entendre des bruits de pierre qui éclatent à côté de nous sur les véhicules stationnés,
06:34 des bouteilles de verre qui éclatent juste à côté de nous.
06:37 Et très rapidement, suivi de jets de tir de mortier.
06:41 Donc c'est les feux d'artifice au lieu de viser au-dessus, vers le ciel, c'était droit vers nous.
06:47 Et ça pétait vraiment à côté, à quelques centimètres de nous.
06:54 Donc à cet instant-là, imaginez-vous la scène, on a dû lâcher le corps et aller se réfugier derrière les véhicules.
07:02 Les amis de la victime également.
07:05 Donc imaginez-vous comment ils étaient déjà stressés, ce qu'ils vivaient à ce moment-là.
07:09 Et en plus de ça, de voir les pompiers courir et aller se cacher derrière des véhicules,
07:14 les membres du SMUR, le médecin, l'infirmier également, aller devoir se réfugier.
07:20 Et donc moi, personnellement, j'en ai souffert, mais pas pour moi.
07:23 Pas pour moi personnellement.
07:25 On va dire qu'on me jette des pierres ou une bouteille à côté.
07:29 Je veux pas dire que je peux vivre avec, mais on va dire que je peux mettre ça à côté de moi.
07:32 Mais ce jour-là, j'avais vraiment de la peine pour la famille.
07:37 Ils avaient pas besoin de ça.
07:38 En plus du drame qui venait de vivre à ce moment-là.
07:43 Merci de partager ce témoignage, cette histoire, ce souvenir avec nous ce soir.
07:48 On continue d'en parler dans un instant, juste après une courte pause.
07:53 Oui ou non, Angèle?
07:58 Nous, on dit oui, évidemment.
07:59 Soyez les bienvenus dans Place Publique.
08:03 Jusqu'à 20 heures, Place Publique sur Arabesque.
08:06 Nos pompiers et ambulanciers sont-ils en danger?
08:12 C'est la question que je vous pose ce soir et que je pose à mes invités.
08:16 Juste avant, Angèle Mohamedchel, pompier ambulancier à Bruxelles,
08:20 nous racontait cet triste épisode qui s'est déroulé dans la nuit du 31 décembre 2022.
08:26 Au 1er janvier 2023, avenue Jean-Volders à Saint-Gilles.
08:32 Ça laisse des traces, Mohamed?
08:34 Absolument, ça laisse des traces dans le sens où à chaque fois déjà que je passe par là,
08:40 j'ai ma tête déjà qui regarde vers cet immeuble.
08:44 Donc, il faut savoir que c'est mon secteur d'intervention.
08:47 Donc, je suis pompier à Anderlecht.
08:49 Donc, tout ce qui est Anderlecht, Saint-Gilles, dont fait partie l'avenue Jean-Volders,
08:55 fait partie de notre territoire.
08:56 Et donc, déjà, un simple exemple, à chaque fois que je passe par là,
08:59 j'ai toujours ce réflexe et l'image qui revient de ce corps au sol.
09:03 Donc, il faut savoir que voilà, là, je l'explique comme ça.
09:06 Les gens se l'imaginent, mais le voir en vrai et le vivre, c'est encore autre chose.
09:11 Donc ça, ça laisse des traces, comment dire, inexplicables.
09:16 Il vous a fallu combien de temps pour revenir un peu à la normale au niveau de vos sentiments
09:21 et de vous sentir à nouveau en sécurité dans l'exercice de votre travail ?
09:27 - Tout d'abord, il faut savoir que cette intervention, c'était la première de l'année 2023.
09:34 Donc, l'année a assez mal commencé pour moi.
09:39 Et donc, il faut savoir qu'après cette intervention, on est rentré, on s'est lavé.
09:44 On était rempli de sang, donc on s'est lavé, on s'est changé.
09:47 Mais il faut savoir qu'on a continué.
09:49 C'était pas fini.
09:51 Donc, j'ai fini mon service jusqu'à 8 heures du matin, donc non-stop ce soir-là.
09:57 Et donc, sur le moment même, j'ai pas vraiment réalisé.
10:00 Donc, c'était vraiment le lendemain, quand je suis rentré chez moi, donc vers 9 heures du matin,
10:05 quand je me suis mis dans mon lit, c'est vraiment à ce moment-là que j'ai dit, merde, quoi.
10:09 C'est pas normal ce que j'ai vécu.
10:12 Et c'est là que j'ai commencé à réaliser petit à petit ce qui m'était arrivé le lendemain
10:16 et les jours qui ont suivi.
10:19 Heureusement, j'ai pu compter sur l'aide des collègues, le soutien des collègues et du service, notamment.
10:26 Donc, directement, la garde d'après, donc quatre jours après, j'ai été convoqué à l'état-major,
10:32 chez nous, chez mon officier.
10:34 Donc là, on nous a proposé de l'aide psychologique, l'aide que le service peut apporter.
10:42 Donc, à ce moment-là, j'en avais pas directement besoin.
10:46 Comme je disais, ça m'a atteint, mais ça m'a atteint.
10:49 J'étais vraiment désolé pour les amis et la famille de la victime, en fait.
10:55 Donc, voilà.
10:56 Donc, à ce moment-là, je pensais plus à eux qu'à moi.
10:59 Après, moi, je suis rentré chez moi.
11:01 Je continue ma vie, mais je me dis, merde, ces gens-là, ce qu'ils ont vécu, c'est déjà dramatique.
11:07 Et en plus, ce qui s'est passé après, c'était vraiment l'événement de trop,
11:14 l'événement qu'ils n'avaient pas besoin.
11:16 – Vincent De Wolff, vous êtes député bruxellois et maire.
11:20 Comment expliquer que des secours soient accueillis par de la violence ?
11:25 – Je suis à la fois député et membre de la commission de l'intérieur,
11:29 donc assez actif par rapport aux pompiers.
11:32 J'ai fait énormément d'interpellations, notamment sur la violence que subissent les pompiers.
11:37 Mais je suis aussi bourgmestre le 2 janvier prochain pendant 32 ans.
11:42 C'est bien que, et je dis ça très sincèrement, et ils le savent,
11:46 moi j'ai vécu déjà beaucoup de choses assez terribles, des explosions, des incendies,
11:51 des noyades, des suicides, etc.
11:53 Et que ce soit les pompiers, les ambulanciers ou les policiers,
11:56 ils vivent des choses que les gens "normaux" ne vivent pas.
12:00 Ils voient des choses qui sont très dures à voir.
12:02 Quand vous avez quelqu'un qui se jette en dessous d'un métro,
12:05 je ne vais pas expliquer ce qui se passe quand des interventions ont lieu.
12:08 Je n'ai plus grand respect par rapport à ce genre de choses.
12:12 Et je n'ai pas d'explication à donner.
12:15 Si ce n'est que c'est tout à fait intolérable.
12:17 Je veux dire, ces hommes et ces femmes, non seulement risquent leur vie,
12:21 mais un certain nombre perdent la vie.
12:24 On a encore assisté, il n'y a pas si longtemps,
12:27 à un sous-officier qui a été écrasé par un escalator.
12:31 On a plusieurs cas de pompiers qui laissent leur vie en service ou qui sont blessés.
12:36 Et donc c'est tout à fait intolérable que qui que ce soit empêche ceux qui portent secours,
12:42 qu'ils soient les jaunes, les ambulanciers ou les rouges les pompiers.
12:46 Ça mérite pour moi une arrestation ou administrative ou judiciaire.
12:51 Si les faits sont violents, judiciaire certainement.
12:55 Et par la suite, une sanction juste avec un procès équitable.
13:02 Mais je crois qu'il faut faire de ces faits-là des faits prioritaires.
13:07 Que le parquet...
13:08 J'ai milité aussi par rapport à la drogue récemment, que le fédéral donne plus les moyens sur Bruxelles,
13:15 parce qu'on oublie aussi que les pompiers à Bruxelles sont peut-être les plus nombreux du pays,
13:20 mais ils sont confrontés à une situation qui est unique.
13:23 Il y a la Commission européenne, il y a les communautés,
13:26 il y a une densité de population considérable, le problème des gares, la drogue,
13:32 enfin il y a beaucoup de phénomènes, les véhicules électriques en plus grand nombre,
13:36 et j'en oublie, donc ils sont confrontés à des situations de danger, les immeubles élevés.
13:41 Donc tout ça n'existe pas dans une telle concentration.
13:44 Il faut faire de ça une priorité du point de vue de l'intérieur, du parquet, de la justice.
13:49 Et puis après, je crois qu'il faut faire aussi un travail avec les personnes qui ont commis ces faits.
13:54 Parce qu'il faut les sanctionner, mais après il faut les réinsérer pour que ça ne recommence pas.
13:59 Leur faire comprendre, c'est ce que j'avais dit il y a déjà de nombreuses années
14:02 quand la Molenbeek s'était arrivée par rapport à un entrepôt,
14:04 on avait empêché avec des caillassages des pompiers à intervenir.
14:09 Il fallait arrêter ces gens, mais il fallait aussi leur expliquer après
14:12 si c'était votre frère, votre soeur, vos parents qui étaient là et qui perdaient la vie,
14:16 et vous empêcher un pompier de risquer la sienne pour les sauver,
14:19 c'est intolérable, inacceptable évidemment.
14:22 - Nos pompiers et ambulanciers sont-ils en danger ?
14:24 On continue d'en parler juste après ces quelques messages.
14:27 A tout de suite.
14:29 - 19h20, Place publique sur Arabelle.
14:34 - Nos pompiers et ambulanciers sont-ils en danger ?
14:40 On en parle ensemble jusqu'à 20h.
14:42 Colonel Pierre Menud, vous êtes officier commandant en seconde du CIAMU,
14:46 le service d'incendie et d'aide médicale urgente de la région de Bruxelles-Capitale.
14:52 Que vous disent vos hommes par rapport à ces événements ?
14:56 - Nos hommes nous font régulièrement l'état des violences qu'ils subissent
15:00 et leur niveau de tolérance par rapport à ceux-ci est à zéro.
15:05 Et on partage leur sentiment.
15:07 Donc nous avons mis en place depuis plusieurs années des systèmes
15:12 qui permettent de faire remonter l'information de ce que nos hommes vivent.
15:16 Et bon, il faut bien reconnaître que ce phénomène augmente,
15:20 que nos hommes sont régulièrement victimes de violences,
15:23 verbales souvent, physiques un peu moins souvent heureusement,
15:27 d'intimidation, de choses qui sont tout à fait inacceptables.
15:32 Il faut savoir que nos hommes et nos femmes sont là pour aider les gens.
15:36 Alors si on peut comprendre que la personne qui est victime d'un incident
15:41 et qui appelle vit pour elle un moment de stress
15:45 qui peut parfois générer une agressivité que nous on peut aider à gérer,
15:50 que des témoins de la scène s'en prennent à nos secouristes
15:54 est totalement intolérable.
15:57 - Certains, certaines quittent les pompiers
16:00 à la suite de trop nombreux événements de ce type ?
16:05 - Je ne peux pas dire que nos équipiers quittent le service pour ce genre de phénomène.
16:12 Le nombre de départs du service chez nous est relativement faible.
16:15 Je pense que les gens se trouvent pas trop mal chez nous.
16:19 Mais la raison pour laquelle de temps en temps quelqu'un quitte
16:24 n'est pas identifiée à ce phénomène.
16:28 - Mohamed Chelle, vous êtes pompier ambulancier.
16:30 Je vois que vous vouliez réagir à ce que disait le colonel.
16:34 - Je voulais tout d'abord dire que devenir pompier à Bruxelles,
16:37 c'est pas facile déjà.
16:39 Donc ça demande un engagement énorme.
16:43 Je peux en parler parce que je peux vous dire que je viens de loin.
16:46 Vous savez, moi j'ai commencé ma carrière il y a huit ans ici à Mûs.
16:50 Pourtant, je ne suis pompier que depuis deux ans et demi.
16:53 Donc avant ça, j'ai été centraliste.
16:55 Donc j'ai été opérateur au sein de la centrale d'urgence 112 des pompiers de Bruxelles.
17:00 Donc je répondais aux appels d'urgence.
17:03 Donc moi, pour devenir pompier, personnellement,
17:05 je me suis préparé un an et demi intensivement, six jours par semaine.
17:10 - C'est l'engagement de votre vie ?
17:12 - Absolument, absolument. Vraiment l'engagement de ma vie.
17:15 Donc une fois qu'on y rentre et qu'on a notre place là,
17:18 on est tellement fier d'être arrivé.
17:20 C'est vraiment une fierté de devenir pompier à Bruxelles.
17:23 Il faut savoir que les pompiers de la Belgique entière nous envient.
17:27 Et une fois qu'on a cette place, on la tient avec nos deux mains,
17:29 non seulement avec nos deux mains, avec nos deux mains et nos deux pieds.
17:32 - Alors, même question, comment est-ce que vous vivez le fait
17:35 qu'on vienne vous agresser alors que vous êtes un sauveur ?
17:39 - Eh bien ça, je ne sais pas.
17:45 C'est inexplicable.
17:46 L'imprégnation alcoolique ne peut pas tout expliquer.
17:49 La drogue ne peut pas tout expliquer.
17:51 C'est vraiment inexplicable.
17:53 Moi, j'ai toujours l'image...
17:55 Vous savez, j'ai grandi à Bruxelles.
17:57 J'ai aussi été jeune.
17:59 Je ne veux pas dire que j'ai été le plus sage.
18:01 J'ai aussi été jeune, 16 ans, 15 ans.
18:03 On a aussi fait des conneries,
18:04 mais jamais ça ne m'est venu à l'esprit d'attaquer des pompiers.
18:09 Il faut savoir que les pompiers, quand on nous appelle,
18:10 c'est vraiment on intervient quand les gens ont besoin d'aide.
18:14 Donc, on ne fait pas de répression.
18:16 On ne met pas d'amende.
18:17 On vient uniquement pour aider les gens.
18:19 Si on n'a pas besoin de nous, on ne vient pas.
18:22 Donc, c'est vraiment incompréhensible qu'on puisse s'attaquer
18:25 à des gens qui viennent en aide à des personnes qui en ont besoin.
18:32 D'ailleurs, avec le service, on a mis un petit projet en place.
18:36 Donc, c'est vraiment comme les jeunes bruxellois ne viennent pas vers nous.
18:43 On essaie d'aller vers eux.
18:44 Donc, on prend contact avec les maisons de jeunes bruxelloises
18:47 dans les quartiers un peu chauds de Bruxelles.
18:50 Donc, dernièrement, j'ai été dans une maison de jeunes en plein étang noir.
18:54 Et donc, on a fait un rendez-vous avec les jeunes du quartier,
18:57 donc 16, 17 ans, 18 ans.
18:59 Et j'ai présenté les pompiers.
19:01 Donc, on se dit peut-être que ces gens-là ne savent pas ce que font les pompiers.
19:05 Donc, j'ai préparé tout un PowerPoint avec quelques collègues
19:09 où on explique ce qu'on fait, en fait.
19:12 Donc, on intervient pour les incendies, pour l'aide médicale urgente,
19:17 pour tout ce qui est problème de gaz, de fuite, de personnes bloquées, ascenseurs.
19:22 Donc, dans aucune de nos interventions,
19:25 nous faisons quelconque repression ou amende ou quoi que ce soit.
19:30 Et on espère qu'en présentant ce que font les pompiers,
19:35 essayer de faire comprendre à ces jeunes que quand on est là,
19:38 c'est uniquement pour aider et rien d'autre.
19:40 - Jean-François Taillère, les engagés, vous êtes échevins à Haut-Lueu-et-Saint-Lambert.
19:45 Comment est-ce que vous réagissez à tous ces événements ?
19:49 - D'abord, comme tout citoyen, je pense qu'avec une grande incompréhension.
19:53 Les pompiers et les ambulanciers aussi font tous un travail remarquable
19:58 au service de la population.
20:00 Vous l'avez dit, c'est un engagement, l'engagement d'une vie.
20:02 Et donc, voilà, comment peut-on s'en prendre à des personnes qui viennent vous aider,
20:06 qui viennent essayer de sauver la vie des autres ?
20:09 Il y a vraiment là-dessus une incompréhension et même une forme de colère.
20:15 Je pense que la démarche que vous faites d'aller, Mohamed,
20:18 avec vos collègues dans des maisons de jeunes est quelque chose d'important.
20:23 On pourrait parler de la prévention.
20:26 Et en prévention, je pense que je peux vous donner cinq à six points
20:29 qui vont directement vous concerner, mais qui également touchent d'autres politiques.
20:34 Il y a la politique de la santé mentale.
20:36 Parce qu'on parle ici de faits graves que vous avez vécus,
20:39 mais c'est quand même pour beaucoup de pompiers et d'ambulanciers,
20:42 tous les jours, qui se font agresser au moins verbalement, parfois par des drogués,
20:47 parfois par des personnes qui sont dans un état d'alcoolémie très élevé.
20:50 Il y a la problématique de la justice.
20:52 Monsieur le Bourgmestre, vous l'avez dit, il faut en effet,
20:54 et je pense que le parquet veut une tolérance zéro,
20:56 mais il faut aussi mettre des moyens parce qu'il faut que la justice soit rapide.
20:59 Il ne faut pas juger les gens dans trois ans.
21:02 Il faut là aussi mettre des moyens.
21:03 Il y a toute politique qu'on touche.
21:05 Mais c'est vrai que moi, je me souviens quand j'étais petit, j'avais des pompiers.
21:08 On avait une fois des pompiers qui venaient à l'école.
21:10 Alors ça remonte, j'ai 50 ans aujourd'hui.
21:12 Je sais que mon épouse qui est instructrice matinaire du côté de Gansowen,
21:16 elle a déjà fait des actions où ils allaient voir des pompiers.
21:18 Mais je pense qu'en effet, il faut revenir vers ce côté.
21:22 Les pompiers et les ambulanciers sont des héros.
21:25 Ils font le même métier.
21:26 Je crois que c'est important de le dire aux jeunes générations.
21:29 Et puis quand on a affaire à des adolescents et parfois dans les quartiers difficiles,
21:34 parce que les problèmes d'alcoolémie, de drogue, c'est dans tous les quartiers de Bruxelles.
21:38 Mais quand c'est dans des quartiers notamment plus difficiles,
21:40 il y a le projet qui a été porté par un de vos collègues, Pierre Compagny,
21:44 qui a aussi été bourgmestre à Gansowen,
21:46 qui est ce projet d'avoir des grands frères et des grandes sœurs
21:49 qui peuvent venir parler aux jeunes.
21:50 Je crois que vraiment, faire entendre ce message que vous dites,
21:54 quand vous vous attaquez à des pompiers, à des ambulanciers
21:57 qui sont en train de sauver peut-être la vie de votre maman,
22:00 de votre grand-mère, de votre tante, de votre sœur,
22:03 voilà c'est un message fort à aller porter.
22:06 Et puis je crois aussi qu'on doit de manière globale, pour toute la population,
22:10 et c'était d'ailleurs dans un rapport français du Sénat de 2019,
22:14 qui préconisait une grande campagne d'information média, je crois,
22:17 qu'il faut, comme on fait des publicités pour la cigarette,
22:20 comme on fait des publicités pour d'autres maladies,
22:22 il faut faire une publicité qui montre la réalité de votre métier,
22:26 des publicités en télévision,
22:27 qu'il soit fort émotionnellement parlant pour faire passer ce message.
22:32 Absolument.
22:34 D'ailleurs, là, on nous a lancé une campagne contre les agressions envers les pompiers,
22:39 mais là, je compte proposer un nouveau projet,
22:43 donc le colonel ici présent n'est pas encore au courant,
22:46 mais moi j'irai plus vers des capsules vidéo,
22:50 j'ai une idée comme ça de faire des petites vidéos
22:53 où on voit une ambulance en train de rouler,
22:55 qui rentre dans un quartier et qui se fait caillasser,
22:59 et qui ferait par exemple marche arrière et demi-tour,
23:03 car elle ne peut pas intervenir en toute sécurité,
23:05 et qu'au final, ça soit la mère du jeune homme qui était en train de caillasser,
23:10 qui meurt car l'ambulance n'a pas su intervenir.
23:13 C'est peut-être choquant, mais ça, ça parlerait vraiment…
23:16 C'est vraiment des vidéos qui vont tourner et qui vont faire réfléchir les jeunes.
23:21 La dernière fois que j'ai eu une discussion avec les jeunes,
23:24 je leur ai expliqué,
23:26 déjà 80% ne savaient pas que l'ambulance était les pompiers.
23:30 Donc il faut savoir que pour les jeunes,
23:32 les pompiers, c'est le feu et ça s'arrête là.
23:36 Donc là on explique que non, on fait bien plus que le feu,
23:38 d'ailleurs 80% de nos missions sont des missions d'aide médicale urgente, ambulances,
23:44 et donc je leur explique qu'avec l'exemple là maintenant,
23:48 qu'il y a quelques semaines, une ambulance,
23:51 donc des ambulanciers redescendent d'un bloc où ils interviennent,
23:54 ils ne trouvent plus leur ambulance.
23:56 Donc je leur explique que quelques temps après,
23:59 moi je suis intervenu dans la cité du Peterboss,
24:02 vous voyez les blocs, d'une vingtaine d'étages, même plus.
24:05 Donc on a été appelé pour une personne en grosse difficulté respiratoire,
24:09 donc on a été un monsieur qui était vraiment pas bien,
24:13 transpirant, vraiment, je vous…
24:15 je passe les détails, vraiment pas bien,
24:17 donc ça n'allait vraiment pas au niveau respiration.
24:20 Nous dans notre sac, on n'a qu'une seule bouteille d'oxygène,
24:23 donc en attendant le smur, on lui donne ce qu'on a,
24:26 15 litres par minute, donc la bouteille va se vider assez rapidement.
24:30 Je dis à mon collègue, je redescends chercher une deuxième et une troisième bonbonne,
24:35 au cas où, en attendant le smur,
24:37 vous imaginez à ce moment-là si je descends et que mon ambulance n'est plus là ?
24:41 Vous imaginez les conséquences que ça peut avoir ?
24:44 Et quand j'explique ça comme ça, c'est là qu'ils se disent « ah merde ».
24:48 Donc là déjà, ça les fait un peu tilter,
24:50 mais quand on leur dit « vous imaginez si ça aurait été votre père,
24:54 ou votre oncle, ou votre frère, ou votre mère ? »
24:58 Et c'est là qu'ils se rendent compte que « ah, là c'est plus marrant ».
25:00 Donc c'est bien marrant de prendre des vidéos,
25:03 mais quand ça touche la famille, là c'est autre.
25:07 - Merci pour ce partage, Mohamed Chech,
25:08 je rappelle que vous êtes pompier et ambulancier à Bruxelles.
25:11 Nos pompiers et ambulanciers sont-ils en danger ?
25:14 C'est la question que je vous pose ce soir.
25:16 Je lis vos SMS au 0488 106 800.
25:19 On revient juste après cette courte pause musicale.
25:22 « Inta, Bibi, c'était neige sur Arabelle ».
25:33 Trois pompiers sur dix se disent victimes d'une agression verbale chaque semaine.
25:46 Un sur sept disent subir une agression physique par mois.
25:50 Vincent De Wolff, MR, vous souhaitiez partager avec nous une anecdote ?
25:54 - Oui, je veux d'abord vous dire que, comme les autres membres du plateau,
25:58 je crois on était très émus et impressionnés par la profession de foi de Hamid,
26:03 qui dit « je suis pompier, je tiens vraiment à cette fonction, ça mérite le respect ».
26:12 Tout d'abord, par rapport à la question du débat, sont-ils en danger ?
26:14 Je pense que malheureusement la réponse est oui.
26:17 Le chiffre c'est qu'il y a eu 100 signalements d'agression ou d'incident en 2022
26:22 et qu'en 23 sur 6 mois on est déjà à ce chiffre-là.
26:25 Donc ça a doublé pratiquement.
26:27 Donc c'est très grave, me semble-t-il, évidemment.
26:30 Mais il faut se rendre compte du travail que font ces gens.
26:33 Donc moi sur ma commune j'ai les grandes casernes de l'ancienne gendarmerie,
26:38 police fédérale, avec un stade de tir qui avait pris feu.
26:42 Ça entraîne alors la poussière de balle qui brûle, une poussière, une fumée,
26:49 on ne peut même pas imaginer à quel point c'est noir.
26:51 Et vous avez alors des hommes ou des femmes pompiers qui descendent sans lumière,
26:55 avec simplement une bombe d'oxygène, et ils vont trouver quoi là en bas ?
26:59 Et ces gens affrontent ce genre de choses, des planchers qui s'effondrent, des toits qui s'effondrent.
27:05 Donc comment est-ce qu'on peut imaginer que quand ces gens font ça,
27:08 on vient les agresser ou les empêcher dans leur travail de faire l'exercice de leur fonction ?
27:13 Comme je l'ai dit, pas de zone de non-droit et pas d'impunité pour ceux qui font ça.
27:17 C'est vraiment capital.
27:19 – Colonel Pierre Menud, c'est vous qui dirigez ces hommes, ces femmes,
27:25 qui s'engagent pour sauver la vie des autres.
27:28 Comment vous les rassurez ?
27:29 – Comment on les rassure ?
27:35 C'est difficile parce qu'on sait surtout les accompagner
27:39 quand malheureusement il y a eu des événements,
27:43 je vais les qualifier d'anormaux, qui se sont passés.
27:45 Donc on a au sein du service une aide qui peut être apportée d'abord par des collègues,
27:50 ensuite par une aide plus professionnelle qu'on organise pour nos équipes.
27:57 Mais voilà, on aimerait autant ne jamais en arriver là bien entendu.
28:00 Alors comme le dit Mohamed, je pense qu'il faut plutôt prendre le problème en amont
28:05 et essayer le plus possible de travailler pour que ça n'arrive pas.
28:09 Et comme le dit M. De Wolff, une fois que ça arrive,
28:12 d'avoir un niveau de tolérance à zéro par rapport à cette problématique.
28:16 – Justement, Vincent De Wolff, votre collègue des engagés revendiquait
28:26 "prenez la prévention", c'est aussi d'abord ce que vous vous proposez ?
28:31 – Mais donc, il faut faire les deux, il faut la prévention, il faut la répression.
28:37 Par rapport à la prévention, j'entendais mon collègue qui parlait des initiatives,
28:41 moi à titre personnel, mais c'est vrai que j'ai de l'expérience et j'exerce depuis longtemps,
28:46 on a été les premiers à travailler avec les pompiers et les policiers et les jeunes,
28:51 à plusieurs reprises, on a organisé des visites dans les maisons de jeunes chez nous,
28:56 on a fait des vraies et fausses enquêtes avec un exemple d'enquête qui avait été réalisé,
29:03 les policiers dans les trois communes d'ailleurs, on refait l'enquête avec les jeunes,
29:07 et on a fait des rencontres de la protection civile et pompier
29:11 pendant toute la journée à l'hôtel communal,
29:13 entre les jeunes et les différents services de sécurité.
29:16 On a mélangé la prévention, la police, les gardiens de la paix, les pompiers,
29:22 on a fait aussi des matchs de football en mélangeant pompiers et policiers,
29:26 jeunes, hommes et femmes, et tout ça c'est bien parce que ça permet,
29:32 je dis toujours quand on se parle après c'est plus dur de se taper dessus,
29:35 et donc quand on comprend aussi le travail de l'autre, on le respecte plus,
29:40 et les paroles de Mohamed sont vales de l'or parce que lui le vit sur le terrain,
29:45 et ça force le respect.
29:47 Moi dans ma famille proche j'ai un beau-fils de mon ami d'enfance qui est pompier,
29:54 et quand il y a des réunions de famille et qu'il parle de ce qu'il vit,
29:57 tout le monde est à l'arrêt et il y a un silence terrible autour de la table,
30:01 donc ça force le respect évidemment.
30:03 – Pour m'appeler c'est au 078 077 088, un numéro que je vous répète,
30:08 078 077 088, nos pompiers et ambulanciers sont-ils en danger ?
30:15 On continue d'en parler ensemble dans "Place publique" ce soir,
30:18 sur Arabelle jusqu'à 20h.
30:20 [Générique]
30:33 – Nos pompiers et ambulanciers sont-ils en danger ?
30:36 Vous m'appelez au 078 077 088 et je lis évidemment tous vos SMS au 0488 106 800.
30:45 Jean-François Taillère les a engagés, vous êtes échevins à Woluwe-Saint-Lambert,
30:49 la prévention apparemment ça ne suffit pas.
30:52 – Non la prévention ça ne suffit pas et c'est pour ça que j'insistais,
30:54 je crois qu'il faut vraiment redonner des moyens qui manquent à la justice
30:58 pour agir très vite.
30:59 Ça ne sert à rien de condamner les gens, les laisser pendant 2-3 ans
31:04 avant d'attendre d'être éventuellement condamné.
31:07 La prévention c'est important pour éviter que ça continue à augmenter,
31:13 mais il faut condamner très vite, qu'on sache qu'il y a une sanction derrière.
31:17 Je pense aussi que ce phénomène, en fait finalement vous pâtissez,
31:22 je pense qu'il n'y a rien de personnel,
31:23 et c'est en ça que c'est important de communiquer sur de l'émotionnel
31:26 pour leur faire comprendre les conséquences de ces actes.
31:29 Vous pâtissez simplement du déditement de l'autorité de l'État,
31:32 qu'on voit s'instaurer depuis des années.
31:35 L'autorité de l'État se dédite,
31:37 et là aussi il y a des initiatives qui doivent être prises.
31:40 C'est de la prévention aussi, il faut aussi qu'on se rassemble tous,
31:43 que ce soit les politiques, peu importe les bords,
31:46 mais aussi les parents, les parents ont aussi un rôle à jouer.
31:49 C'est différent de laisser son enfant sur une tablette ou sur un GSM
31:54 que de prendre un bouquin, Sam le pompier,
31:56 et lire l'histoire avec son enfant, c'est important,
31:58 et c'est pas que pour les thés spysak c'est important.
32:00 Mais c'est véritablement, on doit en revenir à une forme
32:05 de rétablissement de l'autorité.
32:08 Et pour rétablir l'autorité, il faut des moyens,
32:11 des moyens pour la justice, qu'on sache,
32:13 "ah mon copain, il a volé une ambulance et il a été condamné,
32:17 et donc je ne vais pas le faire".
32:19 Et à côté de ça, il y a tout l'aspect préventif qu'on a déjà abordé.
32:23 Mais je pense aussi que faire comprendre par des vidéos sur des réseaux sociaux,
32:28 et je pense qu'on a un excellent communicant avec Mohamed,
32:30 en plus d'un excellent pompier, je pense que oui,
32:34 ça peut sembler dur, et je voyais votre regard tout à l'heure,
32:38 mais je pense que c'est un moment donné,
32:39 il faut peut-être passer par là pour faire réfléchir.
32:41 Ces jeunes savent réfléchir.
32:44 Parions sur leur intelligence, et sur leur intelligence émotionnelle.
32:48 - Mohamed Chelle, vous êtes pompier ambulancier,
32:50 je vous vois sensible à ce que dit Jean-François Taillère ?
32:55 - Absolument, absolument, il a raison.
32:56 Nous sommes tous concernés.
32:58 Par exemple, les parents.
33:02 Quand on a des gamins de 15-16 ans qui traînent jusqu'à 2-3 heures du matin dans la rue,
33:07 on se pose tous la question, est-ce que ces gamins ont des parents ?
33:11 Qu'est-ce qu'ils font ?
33:12 Moi, j'ai moi-même un fils, heureusement, il n'a que 5 ans,
33:15 mais je peux vous garantir que même à 15-16 ans,
33:18 je ferai en sorte qu'il n'ait rien à faire à 3 heures du matin,
33:22 sans bonne raison, à traîner dehors.
33:26 Après, d'un autre côté, il faut savoir,
33:29 comme je vous ai dit, j'ai aussi été jeune,
33:31 à la maison, on se montrait aussi beau, gentil,
33:34 et une fois qu'on claquait la porte de la maison,
33:37 on pouvait être quelqu'un d'autre.
33:38 Donc, ce n'est pas uniquement la faute des parents.
33:41 Donc, il y a une part de responsabilité, clairement, de la part des parents,
33:45 mais c'est une part de responsabilité collective.
33:48 Des éducateurs, des enseignants, de toute la communauté,
33:53 c'est vraiment, je ne veux pas dire une faute partagée,
33:58 mais on est ensemble, on doit résoudre le problème ensemble.
34:02 Ce sont plusieurs petits problèmes qu'il faut régler,
34:05 et pas seulement uniquement les parents,
34:07 ou uniquement à l'école, que ça ne va pas, ou uniquement là.
34:10 Donc, c'est vraiment un engagement communautaire, de toute la communauté.
34:16 – Ce soir, les jeunes de Bruxelles et d'ailleurs vous écoutent,
34:19 des parents aussi, évidemment.
34:21 Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?
34:24 – J'ai envie de leur dire tout simplement que,
34:28 voilà, il ne faut pas suivre toujours les réseaux sociaux.
34:31 On sait que là, maintenant, les réseaux sociaux, il faut faire très attention.
34:34 Ça perturbe les jeunes, ça les influence.
34:37 Tout le monde a envie de devenir influenceur en ce moment.
34:41 Tout le monde a envie de faire la meilleure vidéo, avec le plus de vues possible.
34:47 En parlant avec les jeunes, ils suivent beaucoup des influenceurs français.
34:51 Donc, toutes ces modes avec les feux d'artifice, à la base,
34:55 c'est assez nouveau ici, ça, chez nous.
34:57 Les feux d'artifice, ça vient, comme on m'a expliqué,
35:01 ça vient vraiment des cités en France.
35:04 Donc, moi, le conseil que je donnerais,
35:07 c'est de vraiment faire attention avec les réseaux sociaux.
35:09 Donc, on a un outil qui est Internet, qui est génial,
35:11 qui a révolutionné notre monde.
35:14 Mais malheureusement, il y a des dérives où il peut être utilisé
35:20 d'une manière très mauvaise.
35:23 – Jean-François Taillère, les engagés, je vois que vous souhaitez réagir.
35:26 – Oui, parce que je crois que là aussi, vous mettez sur le doigt,
35:28 et c'est aussi l'aspect un peu préventif,
35:30 par rapport à ce qu'on peut trouver sur Internet,
35:32 et ce qu'on peut acheter sur Internet.
35:35 Ça s'est posé notamment en France cet été.
35:37 Donc, les jeunes se fournissaient, on interdisait à un moment donné
35:39 les feux d'artifice du 14 juillet, mais on arrivait à se fournir
35:42 sur Internet, à l'étranger.
35:44 Donc là, il y a aussi quelque chose qui doit être pris en charge par nos pays,
35:49 pour limiter certains types de commerces,
35:52 ce qu'on peut acheter par Internet, et que ce soit à un moment donné
35:54 répréhensible quand on achète des feux d'artifice qui ne sont pas adaptés.
35:59 Il est très différent d'acheter des gros mourtiers sur Internet,
36:02 et d'acheter dans un palais d'Ecotillon ou autre,
36:06 ou dans un magasin de jouets, un petit feu d'artifice,
36:09 un petit pétard, pour fêter le 31.
36:12 – Vincent Devolff ?
36:14 – Oui, moi j'ai eu ça donc, au 31 décembre l'année passée,
36:20 à Étherbé, qui n'est pas a priori une commune particulièrement difficile,
36:25 mais en tout cas ce soir-là, ça a été un peu l'émeute,
36:28 parce qu'ils ont mis le feu à des palettes,
36:31 ils ont mis le feu à des trottinettes électriques,
36:33 ils ont mis le feu à des abribus, ils ont cassé des mobiliers urbains,
36:36 ils étaient nombreux, et ils étaient aussi munis effectivement
36:41 de feux d'artifice et de gros pétards,
36:44 et lorsque la police est arrivée, très rapidement,
36:47 ils ont dû battre en retraite,
36:49 parce que c'était vraiment un guet-apens qui était organisé
36:51 pour faire venir les forces de l'ordre, les pompiers,
36:54 et alors il y avait une sorte de deuxième vague,
36:56 avec des feux d'artifice qui n'étaient pas tirés en l'air,
36:59 mais qui étaient tirés vers les pompiers et vers les policiers.
37:02 Alors vous imaginez, si ça rentre dans l'œil ou sur le visage de quelqu'un,
37:07 les blessures, les dégâts que ça peut faire,
37:09 l'invalidité que ça peut générer, c'est scandaleux,
37:12 ce sont des actes d'agression graves,
37:14 on a vécu ça, on a su finalement dominer les choses
37:17 en faisant venir des renforts, mais voilà, ça nous est arrivé,
37:20 donc j'ai organisé, j'ai demandé à mon chef de code
37:23 d'organiser la semaine prochaine une réunion opérationnelle,
37:26 parce que c'est sous la responsabilité du Bourgmesque que ça se passe,
37:29 de façon à ce qu'on puisse mieux anticiper ce genre de phénomène,
37:32 qui évidemment ne devrait pas arriver,
37:35 la nouvelle année c'est la joie, c'est la fête,
37:37 Mohamed le disait, il faisait la fête dans leur caserne et puis c'était le drame.
37:41 - Colonel Pierre Menud, ça reste un gros problème
37:44 au moment des fêtes de fin d'année, les feux d'artifice ?
37:47 - C'est certain, il y a deux problèmes aux fêtes de fin d'année,
37:49 c'est qu'on a l'impression que pendant une soirée, une nuit,
37:53 je sais pas, il y a quelque chose qui se passe au niveau du cerveau,
37:56 dans la collectivité, qui fait que tout devient permis
37:59 et que ça devient n'importe quoi,
38:00 et puis bon, par rapport aux feux d'artifice en particulier,
38:03 comme vous le disiez tout à l'heure,
38:05 il fut un temps où on ne pouvait acheter ces feux d'artifice
38:07 que dans les commerces, dans la rue, au Palais des Cotillons ou ailleurs,
38:11 aujourd'hui tout est possible sur internet.
38:14 Alors il faut savoir que les artificiers qui eux se fournissent du même genre de pétards,
38:19 eux respectent des règles de sécurité hyper strictes quand ils tirent leurs feux d'artifice
38:23 et que le particulier peut se trouver en possession du même genre de matériel
38:28 et l'utiliser, bon c'est dangereux pour lui,
38:30 c'est aussi dangereux si c'est utilisé dans des mauvaises conditions.
38:34 Et quand on pense au recul qui est exigé d'un artificier professionnel
38:37 pour faire fonctionner ce genre de pétards
38:39 et qu'un particulier lui fait fonctionner ça dans son jardin
38:42 avec des voisins à gauche, à droite, devant, derrière,
38:44 ça peut provoquer des dégâts, bon,
38:47 au bien, bon, c'est encore quelque chose qui se répare,
38:50 mais aussi ça peut provoquer des dégâts physiques importants.
38:55 - Nos pompiers et ambulanciers sont-ils en danger ?
38:57 On continue d'en parler dans un instant juste après le docteur de Pierre de Marre.
39:01 Docteur, c'était Pierre de Marre dans Place Publique.
39:07 Nos pompiers et ambulanciers sont-ils en danger ?
39:18 Colonel Pierre Menut,
39:20 les violences à l'égard des pompiers, des ambulanciers,
39:24 c'est un phénomène qui dure, comment l'expliquer ?
39:28 - C'est pas à l'expliquer, c'est tout à fait inexplicable.
39:31 Les gens et les personnes qui font ça
39:34 se rendent certainement très bien compte
39:36 qu'elle faut quelque chose qu'elle ne devrait pas faire,
39:38 mais elles le font quand même.
39:40 Alors, bon, moi, j'ai pas d'explication à donner.
39:42 Je voudrais bien revenir 25 ans en arrière,
39:44 quand on fêtait le Nouvel An
39:46 et qu'on rentrait d'Intervention Boulevard en SPAC,
39:48 où les gens venaient prédire
39:50 "Les pompiers, les pompiers, on fait une photo",
39:52 et ça se passait en toute sympathie, en toute sympathie.
39:55 En toute simplicité,
39:57 et avec quelque chose de bon enfant là-derrière.
39:59 Moi, mon rêve, c'est de revenir à ce temps-là.
40:02 - Mohamed Chel, vous êtes pompier, ambulancier à Bruxelles,
40:07 à trois semaines des fêtes de fin d'année,
40:10 qui sont censées être des rendez-vous joyeux,
40:13 festifs, avec les amis et la famille.
40:16 Qu'est-ce que vous avez envie de dire à celles et ceux
40:18 qui nous écoutent, pour que tout se passe bien pour tout le monde ?
40:21 - Vraiment que chacun se pose la question,
40:25 et surtout que chaque parent parle à leurs enfants.
40:28 Donc chacun prend ses responsabilités,
40:30 chacun surveille un peu ses enfants,
40:33 éviter d'acheter les feux d'artifice illégalement sur Internet déjà,
40:38 pour éviter déjà les incendies involontaires.
40:41 Mais clairement, pourquoi ne pas faire la fête,
40:44 comme dans d'autres villes, tout simplement,
40:46 et prendre du plaisir ?
40:48 Au final, on ne demande que ça, que ça se passe bien,
40:50 et que tout le monde fasse la fête,
40:53 et qu'on commence une année autrement
40:56 que comme j'ai dû commencer moi, mon année, tout simplement.
41:00 - Jean-François Taillère, les engagés,
41:02 et Chefin Aouluet-Saint-Lambert,
41:05 quelles mesures concrètes on peut mettre en place
41:07 pour renforcer la sécurité des pompiers et des ambulanciers ?
41:11 - À très court terme, je pense que vraiment,
41:14 il faut en effet faire la seule chose à trois semaines des fêtes,
41:17 c'est en effet un travail de communication, et peut-être sur les réseaux,
41:20 pour rappeler que vous êtes là pour aider les autres.
41:24 Mais je pense qu'à moyen et à plus long terme,
41:28 il faudra dégager des moyens.
41:31 Je pense aussi, vous avez expliqué ce qui s'était passé,
41:34 vous avez été voir votre hiérarchie, vous avez vu votre hiérarchie,
41:36 vous avez été reçus par votre hiérarchie,
41:37 quatre jours après, je pense que là aussi,
41:39 on doit penser quelque chose en termes de soutien aux victimes
41:41 de manière globale dans la société,
41:44 et donc il faut repenser, il faut mettre des moyens.
41:46 On l'a dit, la justice, des moyens aussi pour être condamnés plus vite.
41:49 Et puis, j'ai cité toute une série de mesures préventives,
41:53 je pense qu'il faut très vite les mettre en place,
41:55 c'est la cohésion sociale,
41:57 on sait qu'à Bruxelles il y a des soucis financiers,
41:59 mais on n'épargnera pas, on est dans une ville qui bouillonne,
42:02 où aujourd'hui on voit même des fusillades sur une grande artère,
42:06 connue, je crois qu'il y a quelques années, personne n'aurait imaginé ça.
42:10 Il est temps vraiment de mettre des moyens, de réinvestir dans la sécurité,
42:13 mais aussi investir dans la prévention et la cohésion sociale,
42:15 notamment avec des projets comme les grands frères et les grandes sœurs
42:18 qui avaient été proposés par Pierre Campagny.
42:20 Voilà, la prévention c'est dit, mais il faut aussi punir quand même.
42:23 Quand on fait une bêtise, on doit être puni.
42:25 C'est pour ça que je vous dis, il faut vraiment mettre des moyens dans la justice,
42:27 qui manque crainement de moyens, pour punir plus vite.
42:31 Vraiment, je me répète,
42:34 mais attendre deux ans avant de pouvoir juger quelqu'un,
42:37 non, ça doit être une forme de comparution immédiate,
42:40 dans le respect des droits de l'homme et des procédures,
42:42 mais donc il faut revoir nos procédures en termes d'arsenal législatif.
42:46 Pour ce qui est en vente sur Internet,
42:48 est-ce que les mortiers, moi je pense qu'ils doivent être considérés comme des armes.
42:51 On ne se procure pas d'armes de manière, sur Internet en Belgique,
42:54 si ce n'est dans la totale illégalité.
42:56 Là aussi, il faut des sanctions.
42:58 Vous allez l'écrire au ministre de la Justice ?
43:00 Je vais l'écrire au ministre de la Justice et au ministre de l'Intérieur, oui,
43:05 si on peut prendre quelque chose assez vite là-dessus.
43:07 Mais je suis persuadé qu'il y a moyen dans les différents partis
43:09 de lutter et de se réunir tous.
43:11 Parce qu'aujourd'hui, on est sur une telle poudrière à Bruxelles,
43:13 sans mauvais jeu de mots, qu'il faut aujourd'hui s'unir tous.
43:16 Il faut arrêter de se fractionner, de se diviser.
43:19 On doit vraiment agir, notamment pour vous et pour notre population.
43:23 On doit le faire ensemble.
43:25 Mais oui, je vais écrire, tout à fait, demain, au ministre de la Justice,
43:28 au Premier ministre et à la ministre de l'Intérieur,
43:30 pour demander qu'on légifère en cette matière.
43:32 Vincent De Wolff, il faut des sanctions, évidemment.
43:35 Quelles sanctions ?
43:37 Voilà une vocation qui vient de naître.
43:39 Je vous dirais qu'en ce qui concerne le groupement le plus pertinent à Bruxelles
43:44 en matière de police, de justice, de prévention,
43:47 et aussi pour gérer les forces de sécurité,
43:51 c'est la conférence des Bourgmestres.
43:53 Et donc la conférence des Bourgmestres, à plusieurs reprises,
43:56 qui a un poids politique considérable,
43:58 a demandé qu'on donne plus de moyens du fédéral vers Bruxelles.
44:02 Et donc ce n'est pas tellement l'élément législatif qui compte,
44:05 c'est des membres de parquet.
44:07 Il en manque au moins une trentaine.
44:09 Il faut quand même dire les choses.
44:11 Quand on a créé la norme KUL pour Bruxelles,
44:14 il y avait 900 000 habitants à Bruxelles.
44:17 On n'a pas bougé cette norme d'encadrement des policiers
44:20 financée par le fédéral.
44:22 Aujourd'hui, on est plus d'un million deux cent mille,
44:24 33% de plus et rien n'a changé.
44:26 On n'a pas indexé non plus les moyens.
44:28 Donc c'est là qu'il faut le faire.
44:30 Et est-ce qu'il faut sanctionner ? Oui.
44:32 Alors cette fois-ci, vous avez vu que les forces de police
44:34 partiront en opération le soir.
44:36 C'est bien triste, mais c'est ça qu'il faut faire.
44:38 En opération avec les pompiers pour les protéger.
44:40 S'il devait encore, il y aurait des écarts.
44:42 Et dans ce cas-là, il faut arrêter sur le champ des auteurs.
44:45 Il faut le déférer au parquet.
44:47 Le parquet a des politiques qui peuvent être décidées
44:51 de faire des priorités comme pour les banques urbaines.
44:54 L'impunité est inacceptable parce que ça décourage
44:56 l'ensemble des auteurs, les victimes et les citoyens.
44:59 Moi, j'ai été élevé avec la carotte et le bâton.
45:02 On est bien hors soi des carottes, on n'est pas bien.
45:04 Je ne sais pas du quoi on fera du bâton,
45:06 mais il faut la sanction évidemment de l'autorité et de la justice.
45:09 C'était Place Publique, une émission à retrouver sur arabelle.fm
45:13 et sur les plateformes habituelles.
45:15 Merci d'avoir été avec nous.
45:17 Merci à tous mes invités.
45:18 Rendez-vous jeudi prochain à 19h.
45:20 Je vous souhaite une très belle fin de semaine.
45:22 *Musique*