Reçu à l’Elysée, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a allumé une bougie pour célébrer Hanoukka, au premier jour de la Fête des lumières célébrée par la communauté juive. La scène fait polémique. Emmanuel Macron est accusé d’avoir rompu avec le principe de laïcité.
Dans un entretien au Monde, Nicolas Cadène, ancien rapporteur de l’Observatoire de la laïcité, rappelle les règles de laïcité au nom de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, qui date de 1905.
Dans un entretien au Monde, Nicolas Cadène, ancien rapporteur de l’Observatoire de la laïcité, rappelle les règles de laïcité au nom de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, qui date de 1905.
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00:00 La nuance à faire, c'est qu'en revanche, il ne faut pas marquer d'adhésion au culte en question.
00:04 Bon, là, il n'y a pas eu de marque d'adhésion au culte en question.
00:06 Vous permettez, par exemple, qu'on chante un petit chant de la Marocque ?
00:28 Je ne peux pas.
00:30 Allez, je peux.
00:32 Ah non, c'est sûr que je peux.
00:34 À l'Élysée, j'ai accueilli des rabbins venant de l'Europe entière
00:44 qui ont remis à travers moi, à la France, un prix
00:47 célébrant le combat que mène la France contre l'antisémitisme.
00:50 Et à la fin de ce discours, moi, j'ai allumé la bougie du souvenir et de la mémoire de la chambre.
00:55 Et ensuite, le grand rabbin, lui, a allumé deux bougies liées à Ranoukka.
00:58 Le président de la République ne célèbre aucune fête religieuse.
01:02 Je ne l'ai pas plus fait hier que je ne le ferai demain.
01:04 La présence du président de la République à une manifestation religieuse
01:07 n'est pas un problème en soi pour des raisons de marque de considération,
01:12 de solidarité, d'une telle ou telle difficulté, d'épreuve.
01:16 Dès lors que ce représentant de l'administration publique, de l'État,
01:19 ne marque pas d'adhésion au culte en question.
01:22 En revanche, les manifestations religieuses, quelles qu'elles soient,
01:25 ne peuvent pas se tenir dans des bâtiments publics,
01:29 puisque les bâtiments publics sont astreints à la neutralité.
01:33 Et c'est sûr que les participants en question
01:35 n'auraient pas dû tenir cette cérémonie dans ce lieu.
01:38 Clairement, l'État n'aurait en aucun cas et l'Élysée n'aurait absolument pas pu
01:41 organiser une cérémonie religieuse dans ce bâtiment.
01:45 C'est interdit, c'est contraire au principe de séparation.
01:48 [Musique]
01:53 [Silence]
02:03 Le fait de manger avec des compatriotes d'une telle ou telle confession,
02:08 ce n'est pas une marque d'adhésion au culte.
02:09 J'ai participé à une prière collective, par exemple, au sein d'une mosquée,
02:14 mais ce n'est pas ce qui s'est passé.
02:15 En droit, le président de la République peut tout à fait participer à ce type d'événement,
02:21 parce que le pape n'était pas venu dans cette ville depuis très longtemps, je crois,
02:26 qu'il est aussi chef d'un État, etc.
02:28 Dès lors qu'il ne marque pas d'adhésion au culte,
02:29 et il ne l'a pas fait pendant cette messe.
02:31 [Musique]
02:36 Les élus ne sont pas toujours soumis au principe de neutralité.
02:39 Un élu, il est élu pour des convictions politiques,
02:42 pour des idées politiques qui ne sont pas neutres.
02:44 La nuance, c'est que quand le même élu est en position de représentation
02:48 d'une administration publique ou d'exercice d'un service public,
02:51 en tant qu'officier d'État civil pour un mariage,
02:54 là il délivre un service public, il délivre le service public du mariage.
02:57 Et donc là, il se doit d'être neutre.
02:59 Parce que ce service public, cette administration publique,
03:01 ça va bien au-delà de lui-même.
03:02 Il ne représente pas lui-même, en fait, dans ce cas-là,
03:05 il représente toute l'administration publique,
03:06 qui se doit d'être neutre et impartiale pour traiter
03:08 et considérer tous les concitoyens de la même manière.
03:11 [SILENCE]