Quelques jours après la grande présentation de l'équipe Decathlon AG2R La Mondiale, Cyclism'Actu a pu s'entretenir avec l'une des plus grandes figures de la formation savoyarde au 21e siècle : Christophe Riblon ! Membre historique de l'équipe dirigée par Vincent Lavenu, à laquelle il est resté fidèle durant toute sa carrière entre 2005 et 2017, le double vainqueur d'étape sur le Tour de France - à Ax 3 Domaines (2010) et la mythique Alpe d'Huez (2013) - a gardé des liens très étroits avec l'ambitieuse structure française, tout en se reconvertissant avec réussite au métier de consultant cyclisme sur La Chaîne L'Équipe depuis 2018. S'il est bien entendu longuement revenu sur l'avenir et les ambitions de son ancienne écurie, Christophe Riblon a ensuite passé en revue de nombreux sujets, s'eprimant sur l'évolution du cyclisme, les Jeux Olympiques de Paris 2024, ses activités et perspectives personnelles... Un tour d'horizon complet avec le Francilien de 42 ans.
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00:00 3, 2, 1...
00:02 Bonjour Christophe Riblon, bienvenue sur Cyclistes Mactus,
00:08 c'est un plaisir de vous avoir sur notre média.
00:11 Vu l'actualité, on va commencer avec AG2R d'Ecathlon, AG2R La Mondiale,
00:17 la présentation qui s'est faite il y a 10 jours dans le nord de la France.
00:21 En tant que coureur emblématique d'AG2R,
00:24 évidemment pendant votre carrière, vous avez fait toute votre carrière là-bas,
00:27 quel regard vous portez en tant qu'ancien de la maison sur cette présentation
00:32 et sur ce nouveau chapitre entamé par AG2R ?
00:36 Pour moi c'est une très bonne chose, c'est un nouveau chapitre qui s'ouvre,
00:42 un très beau chapitre je pense.
00:45 Le nouveau partenariat avec Decathlon, on l'a vu lors de la présentation
00:49 et d'après les infos qu'on a, donne déjà un contrat sur 5 ans,
00:54 on va s'engager pour les 5 prochaines années,
00:56 donc déjà on peut voir à long terme, le budget a été revu à la hausse,
01:00 on sait qu'aujourd'hui le modèle économique du vélo
01:03 tente à avoir des budgets qui augmentent,
01:06 donc si on veut rivaliser avec les meilleures équipes, on n'a pas le choix,
01:09 il faut trouver des partenaires qui sont prêts à mettre un peu plus d'argent.
01:12 Je trouve que ça va dans le bon sens,
01:15 en tout cas c'est mérité au vu de tout le travail qu'ils font depuis des années maintenant,
01:21 avec les équipes les plus anciennes du peloton,
01:24 et je trouve que ça va dans la suite logique des choses.
01:29 On avait appris au cours de l'année qu'ils avaient eu comme partenaire
01:33 les vélos Vendrizel, maintenant on apprend que le sponsor principal
01:36 avec G2 Air La Mondiale sera Decathlon, le co-sponsor,
01:40 donc je trouve que c'est une suite logique,
01:43 on est sur des marques françaises,
01:46 on est sur une équipe française, des marques françaises,
01:49 donc je trouve que ça c'est une très très belle symbolique et une belle histoire.
01:53 Vous étiez présent vous pendant la présentation dans le Nord ?
01:56 Non, non, non, non, j'étais pas là.
01:59 Quelle relation vous avez gardé vous avec la structure, avec Vincent Lavenu,
02:03 vous êtes resté pendant 13 ans là-bas, vous avez gagné deux étapes de Tour de France
02:06 avec ce maillot, avec ces couleurs, quelle relation vous avez gardé avec ?
02:11 J'ai une excellente relation avec eux, avec tout le monde, avec le staff,
02:14 avec Vincent Lavenu, même avec les personnes de G2 Air La Mondiale.
02:18 Aujourd'hui, là ça fait trois ans,
02:21 j'étais ambassadeur hospitalité relations publiques sur le Tour de France,
02:26 notamment avec eux, donc à gérer leurs invités.
02:30 J'étais notamment plus avec des invités de Citroën,
02:33 mais je faisais d'autres événements comme Paris-Roubaix,
02:36 j'ai été invité à différents événements,
02:39 donc aujourd'hui moi j'ai une excellente relation,
02:41 en tout cas pour moi c'était déjà une deuxième famille quand j'y étais,
02:46 quand j'étais coureur parce que j'ai fait très longtemps là-bas,
02:49 mais ça l'est resté depuis et honnêtement je suis très à l'aise
02:53 au sein de ce groupe, au sein de cette équipe,
02:57 et je me sens toujours bien intégré, j'y vais avec plaisir
03:03 et je retrouve les gens avec qui j'ai travaillé par le passé avec grand plaisir aussi.
03:07 Y'a pas un petit pincement au cœur à se dire,
03:10 j'aurais bien aimé faire partie d'un projet comme ça,
03:14 avec une telle perspective, avec des partenaires si puissants,
03:20 et avec un avenir si radieux, est-ce que c'est quelque chose
03:23 où on se dit, moi quand j'aurais été coureur,
03:25 j'aurais bien aimé avoir quelque chose de si énorme,
03:28 même si évidemment à G2R on n'était pas du tout petits à votre époque.
03:31 Ouais, ouais c'est ça, en fait il faut relativiser,
03:34 moi j'ai été pro entre 2005 et 2017,
03:37 honnêtement on faisait partie des équipes qui avaient un budget
03:42 plutôt dans les grosses équipes, honnêtement moi j'ai toujours estimé
03:47 qu'on a été très bien encadrés, l'équipe a progressé d'année en année,
03:52 bien sûr y'a toujours des choses à revoir,
03:55 on a vu que notamment avec l'arrivée de l'équipe Sky en 2010 si je ne me trompe pas,
04:01 ou 2009, dans ces années-là, y'a eu une grosse évolution,
04:05 y'a eu une grosse remise en question de l'entraînement, du matériel et autres.
04:10 L'équipe à G2R à l'époque avait certainement pris un petit peu le train en retard,
04:18 mais comme tout le monde je pense, mais depuis le gap a été largement rattrapé,
04:23 honnêtement moi j'ai pas de regrets, en tout cas sur ma carrière,
04:27 j'ai aucun regret sur le fait qu'on m'ait pas mis dans les meilleurs dispositions
04:33 pour que je puisse performer au maximum de ce que je pouvais faire.
04:37 Du coup si on se projette sur l'avenir pour AG2R,
04:41 Vincent Lavenu et Julien Jourdi ont parlé à terme de viser le top mondial,
04:46 le top 5 mondial, donc éventuellement concurrencer UAE, Jumbo, INEO, ces compagnies,
04:52 est-ce que c'est quelque chose d'envisageable, de crédible,
04:55 pour une équipe française avec ce budget et ces sponsors-là ?
05:00 Alors mon point de vue à moi c'est que, avec l'ambition est belle,
05:05 bien entendu le projet a l'air très très intéressant,
05:12 il y a des nouveaux sponsors qui sont là pour mettre beaucoup d'argent,
05:16 voilà de mon point de vue pour un top 5 mondial,
05:20 il va peut-être y avoir une limite au niveau des budgets,
05:23 on annonce 26 millions d'euros de budget,
05:25 aujourd'hui on n'a pas les budgets officiels, mais de Jumbo, UAE et autres,
05:31 on sait qu'on est plus à 45-50 millions d'euros,
05:34 ça ce n'est pas juste de l'argent, c'est aussi de la masse salariale dedans,
05:39 c'est aussi la qualité des coureurs qu'on est capable d'embaucher avec le budget qu'on a,
05:43 donc je pense qu'à ce niveau-là on sera peut-être limité,
05:47 après il y a toute une histoire derrière, il y a un staff,
05:50 il y a énormément de choses qui ont été mises en place,
05:52 depuis cet été ils ont un tout nouveau service course,
05:55 on sait qu'il y a pas mal de recrutement au niveau du staff,
05:58 on essaye vraiment de se remettre en question et d'essayer avec le budget qu'ils ont,
06:02 qui est déjà un budget énorme, 26 millions d'euros,
06:06 je n'ai pas en tête tous les budgets,
06:08 mais on est dans les 7-8 meilleurs, je pense, du World Tour,
06:13 en tout cas c'est le plus gros budget des équipes françaises,
06:16 notamment maintenant la structure U23, la structure U19,
06:20 tout ça va être intégré au service course qui est à la mode Servolex,
06:24 au nouveau service course,
06:25 donc je pense qu'avec tout ce travail qui est fait chez les jeunes,
06:28 on peut tout à fait aller chercher des nouveaux talents,
06:32 et en ayant en interne ces nouveaux talents,
06:36 essayer de contrer les grosses équipes qui elles,
06:38 sont en capacité de mettre beaucoup plus d'argent pour aller recruter ailleurs,
06:42 avec le travail qui est fait depuis plusieurs années,
06:44 et maintenant en ayant internalisé tout ça,
06:47 je pense qu'honnêtement il y a des belles choses à faire,
06:50 en tout cas moi ça fait quand même longtemps
06:52 que je n'ai pas entendu un discours aussi optimiste de Vincent Lavenieu,
06:56 de Julien Jordi,
06:57 on sait que c'est une équipe qui a du mal à gagner tous les ans,
07:00 donc on le sait, pour faire partie des meilleures équipes mondiales,
07:04 il faut gagner des courses, il faut mettre des points,
07:06 aujourd'hui le système est fait comme ça,
07:08 donc moi j'ai toute confiance en eux, dans le discours qu'ils tiennent,
07:12 on n'est pas juste là pour "gagner des étapes sur les grands tours",
07:17 et pour essayer de bien faire le meilleur classement au classement général,
07:20 quand on annonce vouloir être dans le top 5 des équipes mondiales à terme,
07:25 d'ici 3-4 ans, c'est vraiment qu'on a dû leur offrir des garanties,
07:29 et en tout cas je trouve que la perspective est belle.
07:33 Justement, vous parlez du système, du cyclisme qui évolue,
07:39 certains d'en consultant ont parlé du fait que le vélo se transforme un peu
07:44 comme la Formule 1, avec une course à l'armement,
07:46 des équiruits qui sont au-dessus des autres,
07:48 et qui dominent le cyclisme mondial,
07:50 est-ce que c'est quelque chose qui vous inquiète,
07:52 cette évolution du cyclisme, ou c'est sain sur le long terme ?
07:56 Je pense qu'à terme, il faudra trouver une limite,
08:02 moi pour l'instant je me situe encore du côté des coureurs,
08:05 je pense qu'à ce niveau-là c'est sain,
08:07 parce que ça fait monter tous les salaires,
08:09 on ne peut pas se voiler de face,
08:10 si les budgets augmentent c'est aussi pour donner plus d'argent aux coureurs.
08:14 Ce qui est aussi de mon point de vue pas trop mal,
08:18 c'est qu'on est aussi en train de faire beaucoup de formations,
08:23 on voit qu'il y a l'équipe U23 développement,
08:25 maintenant quasiment toutes les WorldTour ont leur équipe de développement,
08:29 leur équipe réserve, notamment l'équipe Décathlon AG2 à la mondiale,
08:35 mise aussi sur une équipe junior qui est internalisée,
08:38 je pense qu'à terme ce sera le modèle que toutes les équipes devront adopter.
08:44 À ce niveau-là, je trouve que c'est des bonnes choses d'avoir des budgets qui augmentent,
08:49 après il va falloir trouver un moyen pour qu'il y ait de mon point de vue une équité sportive,
08:55 c'est là où c'est le plus…
08:57 Peu importe les budgets, je ne connais pas la limite à laquelle il faudrait les mettre,
09:02 s'il faut en mettre une, je ne sais pas s'il faut aller vers un salary cap
09:05 comme ça se fait dans le rugby ou si on doit limiter les budgets.
09:10 Maintenant, ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui,
09:13 avoir des équipes qui sont à 50 millions voire plus d'euros
09:17 et des équipes qui sont à 26 millions d'euros,
09:20 comme peut l'être l'équipe Décathlon AG2 à la mondiale,
09:23 ce sera un frein à un moment donné, surtout qu'on le sait.
09:28 En plus, il y a aussi un autre problème, c'est que nous,
09:32 on est sur un modèle français avec des charges sociales françaises
09:36 et ça, ça implique que les salaires ne coûtent pas la même chose à une équipe française
09:41 qu'à une équipe étrangère.
09:42 On sait qu'à l'étranger, la plupart des cours et même le staff
09:45 sont déclarés en travailleurs indépendants.
09:47 Donc, il y a des choses comme ça qui font qu'il y a une inégalité.
09:51 Donc, il va falloir trouver un système.
09:54 Maintenant, ce serait bien que le CIS penche dessus avant que ce soit trop disproportionné
10:01 et qu'on ne puisse pas revenir en arrière.
10:03 Donc, il faut trouver un système, un modèle économique qui va à tout le monde
10:07 et surtout, on retrouve une certaine équité sportive parce qu'à terme,
10:11 il ne faudrait pas que le public se lasse, il ne faudrait pas que les organisateurs
10:14 se lassent de voir toujours les mêmes équipes et les mêmes coureurs à l'avant
10:18 et que certaines équipes, comme nos équipes françaises,
10:23 qui font du très beau travail, qui font tout ce qu'ils peuvent
10:27 et qui font surtout beaucoup de formations et qui apportent énormément
10:30 au cyclisme en général et surtout au cyclisme français,
10:33 que ces équipes-là se lassent et du mal à trouver de la motivation,
10:39 à trouver aussi des sponsors et des partenaires qui leur fassent confiance.
10:43 Vous parlez de lassitude.
10:45 On pense forcément, par exemple, au triplé de jumeau sur la Volta,
10:48 au fait qu'ils gagnent les trois grands tours sur la même année.
10:50 Évidemment, c'est quelque chose d'exceptionnel, d'historique.
10:53 Est-ce que c'est quelque chose qui est aussi inquiétant d'un point de vue spectateur,
10:56 d'un point de vue du vôtre, consultant, pour vendre des histoires, etc.,
10:59 avoir une surdomination ? On sait que c'est toujours quelque chose
11:02 qui ne plaît pas forcément au grand public.
11:04 Quel est votre regard sur cet aspect-là ?
11:08 Moi, ça ne me dérange pas. Moi, ça ne me dérange pas, très honnêtement.
11:13 Moi, ça ne me dérange pas quand on… alors même si on n'a pas toutes les infos,
11:17 mais quand on sait tout ce qu'ils mettent en place pour la performance.
11:21 Alors, si on occulte le fait qu'ils ont un budget énorme
11:25 et qu'ils arrivent à recruter les meilleurs coureurs, je pense qu'aussi…
11:28 Aujourd'hui, il y a quand même plusieurs équipes avec des gros budgets.
11:31 Si eux arrivent à recruter les meilleurs coureurs, à les faire courir ensemble,
11:34 comme ils les font courir tout au long de l'année,
11:38 c'est bien qu'il y a derrière un état d'esprit, un management
11:42 qui est quand même extrêmement bien fait.
11:44 Et moi, c'est surtout ça qui m'intéresse.
11:47 C'est aussi toute la recherche et développement qui est faite derrière.
11:50 C'est une équipe qui, sans arrêt, se rend en question.
11:53 Quand on voit les différentes interviews qu'ils ont faites,
11:55 notamment depuis la fin de saison, on voit bien qu'ils cherchent encore
11:58 comment l'année prochaine, ils vont pouvoir progresser,
12:01 comment ils vont pouvoir, avec les coureurs qu'ils ont et le staff qu'ils ont derrière,
12:05 comment ils vont pouvoir optimiser au maximum.
12:08 Mais je trouve que tout ça, mis bout à bout, toutes ces petites choses
12:12 mises bout à bout font qu'aujourd'hui, Jumbo est la meilleure équipe du monde,
12:17 et surtout sur les courses par étapes.
12:19 Pour moi, il ne faudrait pas que ça se reproduise pendant deux, trois ans
12:23 où ils remportent tout, mais de toute façon, ça ne se fera plus comme ça,
12:26 puisqu'on a vu que Roglic allait changer d'équipe.
12:29 On sait bien que Seppcus, cette année, il gagne la Vuelta,
12:33 mais parce que derrière, il avait deux de ses coéquipiers
12:35 qui l'ont "accompagné" pour qu'il puisse remporter cette Vuelta.
12:40 Je pense que si à un moment donné, on se retrouve avec tous les meilleurs coureurs
12:44 au départ d'un grand tour, ils auront beaucoup plus d'adversité,
12:47 ils auront beaucoup plus de mal.
12:50 En tout cas, ils auront plus de mal.
12:52 Ce triplet-là, je pense qu'on ne le reverra pas de sitôt,
12:55 mais honnêtement, pour moi, c'est juste le résultat de toutes les composantes
13:00 qu'ils ont mis et de tout le travail qu'ils ont fait depuis plusieurs années.
13:03 Ça marche. On va revenir un peu sur vous, Christophe Riblon,
13:06 consultant depuis 2018 sur la chaîne L'Équipe.
13:10 Comment ça se passe, l'évolution de votre activité en tant que consultant ?
13:13 Maintenant, vous connaissez un peu le métier, j'imagine.
13:16 Oui, j'adore ça, en fait. J'adore ça.
13:19 Ça a été une volonté. Quand j'ai arrêté fin 2017,
13:23 déjà, je regarde énormément le vélo à la télé depuis tout petit,
13:27 et j'avais toujours en tête de me dire un jour, j'aimerais bien en parler.
13:31 Ça ne voulait pas dire que je… Je ne savais pas si j'allais être bon,
13:37 mais en tout cas, c'était une vraie volonté de ma part.
13:40 J'ai fait savoir un petit peu avant que j'arrête,
13:43 deux ou trois mois avant que j'arrête, que ça me plairait,
13:45 notamment auprès d'Eurosport, de la chaîne L'Équipe aussi.
13:49 À ce moment-là, Jérôme Pinault qui arrêtait sur la chaîne L'Équipe,
13:52 et du coup, la chaîne L'Équipe m'a contacté via Claire Brécogne.
13:58 Et depuis, ça marche plutôt bien. En tout cas, moi, j'y prends énormément de plaisir.
14:03 On a une équipe, moi, je trouve géniale, où on s'entend hyper bien.
14:07 Je pense que tout ce qu'on ressent à l'antenne, c'est parce qu'on vit des vrais moments,
14:12 on prend beaucoup de plaisir à travailler ensemble,
14:14 et on passe aussi beaucoup de moments hors antenne ensemble.
14:17 Et je pense que c'est ça aussi qui fait que ça matche bien.
14:19 Donc voilà, moi, je le vois… J'essaye de…
14:24 Même si ça fait six ans que je suis sorti des pelotons et que je ne maîtrise pas tout,
14:27 notamment au niveau du matériel, j'essaie toujours d'avoir un point de vue le plus objectif possible.
14:33 Et surtout d'essayer de… Moi, je vois ça aussi comme un…
14:39 Pour moi, j'ai un rôle aussi d'ambassadeur du vélo,
14:42 et de le mettre en avant et d'en parler du mieux possible.
14:45 Alors oui, après, il y a des fois des…
14:48 On peut être un peu virulent vis-à-vis de certaines stratégies qu'on ne trouve pas bonnes et tout,
14:52 mais on est là pour ça, on est là pour donner notre avis,
14:54 on est aussi là pour rendre médiatiquement le plus beau produit, le plus beau vélo possible.
15:02 Et je pense qu'au niveau de la chaîne, on met quand même…
15:05 Il y a quand même beaucoup de moyens qui sont mis pour qu'on essaie d'encenser un petit peu le vélo
15:10 et d'en tirer le meilleur.
15:12 Oui, puis en plus, c'est gratuit, évidemment, sur la chaîne L'Équipe,
15:15 avec énormément de courses qui sont transmises.
15:17 En plus, on a la 2GCN au mois de décembre, là,
15:19 donc c'est évidemment des médias qui sont importants pour pouvoir suivre le vélo en direct à la télévision.
15:24 Bien sûr, c'est important, c'est important.
15:26 Et d'ailleurs, à propos de ça, je veux juste le rappeler,
15:28 je sais que régulièrement, on a des petites plaintes, on va dire,
15:32 sur les pages publicitaires, mais il ne faut pas se voler la face.
15:36 Si on veut du vélo à la télévision et qu'on veut qu'il soit gratuit,
15:39 il faut aussi des publicités.
15:41 Donc voilà, je crois que c'est important de le rappeler.
15:43 Et nous, on est les premiers à en bâtir.
15:47 On doit faire nous-mêmes les choix, des fois, de savoir à quel moment on passe une pub.
15:51 Et des fois, on passe une pub à un moment et on ne pensait pas que ça allait attaquer
15:54 ou que ça allait chuter, et malheureusement, on loupe un événement de course.
15:56 Mais sur la chaîne, on fait toujours en sorte de choisir le moment le plus important
16:00 pour mettre les pubs.
16:01 Et en tout cas, si on loupe un truc, on le repasse toujours quand on revient sur le live.
16:07 On a également ces critiques sur le Tour de France avec France Télévisions.
16:09 C'est forcément une rengaine qu'on retrouve partout.
16:12 C'est toujours frustrant de ne pas la voir en intégralité,
16:14 mais bon, c'est gratuit, ça paraît logique.
16:16 On a eu l'arrivée de Pierre Roland cette année dans votre équipe.
16:19 À quel point ça a été particulier d'accueillir un ancien collègue sur le vélo
16:24 dans ce nouveau métier ? À quel point vous l'avez épaulé ?
16:27 Comment la transition s'est passée pour lui ?
16:29 Ça s'est plutôt bien passé, on a eu l'impression.
16:32 Quel retour vous faites là-dessus ?
16:34 Pierre, il apprend très vite.
16:37 On se connaissait un petit peu, je vais dire, de quand on était coureurs.
16:41 Honnêtement, on ne se côtoyait pas hors vélo, mais on se connaissait un petit peu.
16:44 Cette année, on s'est découverts.
16:47 Honnêtement, on a des très bonnes relations.
16:51 Tout de suite, ça a vraiment matché entre nous deux.
16:55 Je dirais que la première course qu'on a faite ensemble, c'était l'Etoile de Bessèges.
17:00 Il y avait peut-être un tout petit peu de réserve.
17:03 Pierre avait un tout petit peu de réserve, il se mettait un tout petit peu en retrait,
17:06 mais très vite, il a pris sa place.
17:08 Honnêtement, moi, j'adore travailler avec Pierre.
17:11 Déjà, lui, il sort du peloton, donc il a d'autres choses que moi à apporter,
17:17 notamment au niveau du matériel, au niveau technique,
17:20 au niveau d'expliquer des méthodes de récupération et autres.
17:24 Honnêtement, je trouve qu'on est hyper complémentaires.
17:27 Moi, je me mets aussi souvent à la place du téléspectateur dans son canapé.
17:34 Moi, quand Pierre est avec moi à l'antenne, j'apprends des choses.
17:38 Donc, je me dis que pour le téléspectateur, il a des choses à prendre de ce que moi je dis,
17:43 mais il apprend aussi des choses de Pierre.
17:45 On est complètement complémentaires à ce niveau-là.
17:47 Moi, honnêtement, c'est un grand plaisir de travailler avec Pierre.
17:51 Ça va continuer l'année prochaine et j'en suis vraiment très content.
17:55 Je trouve qu'on fait un beau duo, même avec Patrick Chassé, Claire Wicong à la présentation,
18:01 Cyril Guimard quand il peut venir.
18:03 Je trouve que vraiment, on a une belle équipe et on s'entend tous très bien.
18:07 Vous voyez encore dans ce domaine-là, 5, 10 ans.
18:12 Est-ce qu'il y a d'autres perspectives d'avenir pour Christophe Riblon ?
18:15 Vous pensez à un directeur sportif, manager.
18:18 On a Thomas Vauclair qui est sélectionnaire de l'équipe de France.
18:20 Est-ce que vous pensez que vous avez aussi été directeur adjoint du WC Rouen ?
18:26 Je ne sais pas si c'est encore le cas.
18:28 Non, non, non.
18:29 En fait, j'ai passé mon diplôme d'État après ma carrière.
18:34 Il fallait être dans un club pour pratiquer un peu.
18:38 Moi, je suis licencié au WC Rouen depuis la fin de ma carrière.
18:41 Donc, logiquement, j'ai passé mon diplôme avec eux.
18:46 J'ai fait ma pratique avec eux.
18:48 J'ai fait quelques courses.
18:49 Je n'ai pas fait grand-chose avec eux, mais c'est vrai que depuis,
18:52 ça doit faire deux ans et demi, trois ans, que je n'ai rien refait avec eux.
18:56 Je suis juste licencié là-bas.
18:58 Moi, j'aime beaucoup ce que je fais dans les médias.
19:03 J'aime bien ça.
19:05 Je me sens à l'aise.
19:08 Je me sens légitime pour ça.
19:11 J'essaye de raconter des choses qui sont intéressantes et que les gens ne connaissent pas.
19:17 Je trouve que, en tout cas, moi, j'y prends du plaisir.
19:20 Et pour l'instant, j'ai envie de rester là.
19:23 En parallèle de ça, je fais beaucoup d'hospitalité et de relations publiques,
19:27 comme je disais tout à l'heure, à Cage des Déserts Citroën.
19:29 J'en fais aussi avec ASO, Amoree Sport Organisation.
19:33 Et là, dernièrement, parce que l'hiver, il n'y a plus trop grand-chose à faire,
19:37 je suis aussi coach au Vélodrome à 50 ans, en Yvelines.
19:40 On va encadrer les baptêmes et tous les différents groupes de niveaux qu'il y a à gérer.
19:46 Je fais ça sur les week-ends.
19:49 Pour l'instant, ma vie se résume en ces trois activités-là.
19:54 En parallèle de ça, j'avais passé mon diplôme universitaire au CDES de Limoges,
20:00 un diplôme de manager de groupe sportif professionnel.
20:03 Je suis quand même bien diplômé.
20:07 La question se pose de savoir ce que j'ai envie de faire dans les prochaines années.
20:12 En fait, mon constat à moi, alors là, ça va être un peu personnel,
20:17 mais je suis en garde alternée avec mes filles,
20:22 parce qu'on est séparés avec mon ex-femme depuis la fin de ma carrière.
20:25 En gros, on est depuis ce temps-là, ça fait maintenant 7 ans,
20:27 on est en garde alternée une semaine, une semaine.
20:30 Et ça nous va bien avec mes filles, on est très bien comme ça.
20:33 Pour moi, tant que je peux continuer comme ça,
20:36 et tant que mes filles ne sont pas majeures et autonomes,
20:39 je n'ai pas envie de leur imposer aujourd'hui une vie de directeur sportif ou de manager.
20:43 Donc, j'ai postulé nulle part.
20:46 J'ai passé mes diplômes, je continue à être actif dans le vélo,
20:49 mais pour l'instant, je n'ai pas postulé pour être directeur sportif
20:54 soit pour un autre poste dans une équipe,
20:56 parce qu'aujourd'hui, je ne me sens pas de partir beaucoup dans l'année.
21:00 On sait tous les sacrifices qu'il faut faire à ce niveau-là.
21:03 On en a fait beaucoup avant avec mes filles.
21:05 Et aujourd'hui, j'estime que je dois être un peu un papa à la maison
21:12 et profiter un peu d'elle et qu'elle profite aussi de moi.
21:15 Donc, pour l'instant, on est dans ce thème-là.
21:18 Alors, la grande va bientôt avoir 11 ans, la petite 12.
21:22 Elle commence à être grande et autonome, mais malgré tout, pour l'instant,
21:26 tant que moi, ça fonctionne comme ça et que j'ai du travail
21:29 et qu'on arrive à vivre de ma situation d'aujourd'hui, qui me plaît très bien,
21:34 pour l'instant, je reste dans cette situation-là.
21:38 Un bel équilibre a été trouvé pour le moment.
21:41 Oui, on essaye, on essaye.
21:42 C'est pas toujours simple parce que malgré tout, je suis salarié nulle part
21:46 et je suis prestataire et j'ai ma boîte à moi.
21:49 Et du coup, du jour au lendemain, ça peut s'arrêter.
21:52 Après, je suis avec des gens de confiance et je leur fais confiance pour que ça dure.
21:56 En tout cas, pour l'instant, j'ai des garanties pour l'avenir.
21:59 Et ça, c'est plutôt très bien.
22:03 Et nous, ça rassure tout le monde à la maison et moi le premier.
22:07 Vous avez parlé du Vélodrome 51 Nivelline tout à l'heure.
22:11 On sent que votre seule participation aux Jeux olympiques, c'est sur la piste.
22:14 Oui, 2008 à Pékin.
22:16 Il y a les Jeux de Paris 2024 qui arrivent l'année prochaine.
22:20 Qu'est-ce que vous pensez de cette édition en France ?
22:24 Est-ce que c'est un événement auquel vous auriez aimé participer ?
22:29 Est-ce que ça représente pour un coureur et même pour un ancien coureur
22:33 de pouvoir avoir cette opportunité-là de suivre à la maison ?
22:37 Moi, ce qui s'est passé en 2008 à Pékin, moi je faisais deux épreuves.
22:43 Je faisais la course par équipe et la course au point.
22:45 Honnêtement, ça reste le plus beau moment de ma carrière.
22:49 Certes, il y a eu l'Alpe d'Huez qui est un moment magique,
22:52 mais ça reste un moment ponctuel sur une journée.
22:55 Là, on avait passé 15 jours là-bas et honnêtement, pour moi,
22:57 ça reste la plus belle expérience que j'ai vécue de ma vie de sportif.
23:01 Être dans ce village olympique, en plus on n'avait plus assisté
23:04 à la cérémonie d'ouverture, être dans ce village olympique,
23:07 on était 16 000 athlètes, je pense que c'est toujours à peu près le cas aujourd'hui.
23:11 On croise tous les athlètes possibles et inimaginables dans le village à table.
23:20 Tout ce qui est mis en place pour les athlètes, tous ces sites olympiques
23:25 où tout est magique vraiment.
23:31 On est l'athlète, on est dans une bulle en fait.
23:35 On croise très peu de personnes, très peu de personnes à accès au village olympique.
23:40 Une fois les épreuves terminées, on avait eu l'occasion,
23:43 grâce au comité au CNOSF, de visiter plein de trucs.
23:47 On avait accès à plein de choses, notamment au Club France et à d'autres choses comme ça.
23:52 Franchement, moi, ça reste un très grand moment.
23:55 J'imagine ce qui va se passer à Paris, ça va être magique.
24:01 En tant qu'athlète français, ça va être un très grand moment.
24:05 En plus, moi, même si aujourd'hui j'habite à Beauvais dans l'Oise,
24:09 je suis à la base parisien et je suis né en Ile-de-France.
24:13 Je connais très bien Paris, je vois très bien où tout va se passer.
24:18 Rien que j'imagine la course sur route, par exemple, qui va passer dans les rues de Paris,
24:24 qui va aller à Montmartre et tout ça, ça va quand même être magique.
24:28 J'imagine toute la complexité pour organiser tout ça.
24:31 Mais en tout cas, je pense que c'est un bel événement.
24:34 Et après, ça, c'est un peu typiquement français, mais il faut aussi quand même se rendre compte de la chance qu'on a.
24:40 Et oui, bien sûr, il va y avoir des problèmes.
24:42 Bien sûr, ça va être le bordel à Paris.
24:45 Bien sûr qu'on va avoir du mal à circuler, que les places sont très chères pour aller voir des événements.
24:52 Moi, je n'ai aucune place pour aller voir aucun événement.
24:57 Mais voilà, après, il faut aussi se dire qu'on va accueillir le monde pour le plus bel événement sportif.
25:04 C'est tous les quatre ans.
25:05 Il faut aussi quand même mettre ça en avant et se réjouir de ça.
25:11 Christophe Riblon, si on doit vous souhaiter une chose pour l'année prochaine,
25:15 ou si vous avez une envie pour l'année prochaine,
25:17 soit en tant que consultant, en tant que suiveur du cyclisme, une victoire française,
25:22 une victoire, un événement qui se passe en particulier.
25:26 S'il y a un truc que vous souhaiteriez pour l'année prochaine ?
25:29 Je n'ai pas réfléchi à ça.
25:32 Moi, je vais dire tout simplement un truc perso, qu'il y ait toujours plus de vélos à la télévision.
25:39 Alors oui, moi, j'en commente, mais ce n'est pas ça le plus important.
25:42 Mais juste que le vélo est en train de se développer, en train de grandir,
25:47 que ça continue.
25:49 On voit aujourd'hui, il y a Netflix qui a investi dans le vélo.
25:52 On parlait tout à l'heure de la chaîne d'équipe qui diffuse du vélo gratuitement.
25:55 France Télévisions en fait aussi, qu'on ait toujours accès à plus de vélos
25:59 et que ce soit de plus en plus diffusé pour que les équipes continuent à en profiter
26:05 et que les coureurs aussi, et que les organisateurs puissent organiser
26:09 de plus en plus de courses et de plus en plus de belles courses.
26:12 C'est ce qu'on souhaite également en tout cas, en tant que Média Cyclisme.
26:15 Plus de vélos, ça nous fait évidemment plaisir.
26:17 Bien sûr, voilà.
26:18 Merci beaucoup Christophe Riblon.
26:20 Merci beaucoup Christophe Riblon pour cette interview sur Cycliste Mactu.
26:24 On vous retrouve sur la chaîne d'équipe de l'airprise, évidemment, dès janvier, je pense.
26:28 Janvier, février, on est là.
26:30 Oui, on reprend normalement tour de Nander.
26:32 Voilà, parfait. Le rendez-vous est donné.
26:34 Niveau Eudrome à 50 ans de liveline.
26:36 Si vous voulez venir faire des baptêmes ou ceux qui sont un peu expérimentés,
26:39 qui veulent venir participer, c'est avec grand plaisir que je vous coacherai les week-ends.
26:44 Voilà, le rendez-vous est donné. Merci beaucoup et bonne journée à vous.
26:48 Merci et bonne journée à vous.
26:50 Merci.