Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge des transports
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00:00 - Victor Moinecart, les usagers du TER sont en colère, les galères se multiplient sur leur trajet.
00:05 Grèves, comme par exemple encore une fois ce matin, aujourd'hui.
00:07 Mais aussi retard, trains supprimés, rames surchargées.
00:11 On en parle ce matin avec le vice-président de la région de Nouvelle-Aquitaine en charge des transports.
00:15 - Bonjour Renaud Lagrave. - Bonjour.
00:17 - Ce problème sur les TER, ça a été évoqué hier en session en plénière du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine.
00:22 Est-ce qu'il faut renverser la table avec la SNCF comme un élu du Rassemblement National l'a réclamé hier ?
00:28 - Renverser la table, c'est peut-être un petit peu excessif.
00:30 Il faut continuer à mettre la pression sur la SNCF comme on le fait depuis très longtemps.
00:35 - Sans résultat a priori, ou est-ce que les situations se dégradent un petit peu ?
00:39 - Alors écoutez, il y a des choses qui sont imputables à la SNCF et notamment au réseau, on pourra y revenir.
00:43 Enfin, il y a des choses qui... Les trois tempêtes successives qu'on vient de vivre,
00:47 chacun comprendra que c'est pas forcément la SNCF qui en est responsable.
00:52 Je les avais dans mon bureau pas plus tard qu'hier.
00:56 Ce qu'ils me disent, c'est que les trois tempêtes successives, c'est grosso modo pire pour le réseau ferroviaire
01:03 que la tempête de 99, que chacun a encore en tête pour celles et ceux qui étaient dans la région.
01:09 Ce qui veut dire qu'on est sur de l'inédit.
01:11 Sur 194 rames qui circulent tous les jours, 750 trains, il y en a 57 qui sont en ce moment même en train d'être réparés.
01:19 Ça veut dire que quel que soit le cas de figure, même avec un précédé législateur, vous n'arrivez pas à faire circuler tous les trains.
01:27 Et on a aujourd'hui, par rapport à ce qui s'est passé, un rattrapage de ces phénomènes de tempête qui est en train d'être effectué par les cheminots.
01:36 Bon, ça prend plus de temps que prévu parce qu'en plus, comme ça vous n'allez n'échapper à personne, il pleut comme jamais dans cette région.
01:44 Et le résultat, c'est que les arbres tombent, y compris après la tempête.
01:49 Donc vous avez des chocs.
01:51 Ce qui explique aujourd'hui les deux mois de galère que sont en train de vivre les usagers,
01:55 sur lequel, oui, on met une très forte pression, mais que chacun sache qu'aujourd'hui, les SNCF sont en train de bosser.
02:03 Ça c'est des explications conjoncturelles.
02:05 Il y a ces tempêtes, les auditeurs qu'on a pu solliciter sur nos réseaux sociaux, notamment, témoignent de problèmes depuis la rentrée et depuis bien plus longtemps.
02:13 Qu'est-ce qui fait que depuis des mois, voire pour certains des années, sur certaines lignes, il y a de gros problèmes à la SNCF ?
02:18 Alors écoutez, il y a plusieurs sujets.
02:20 Le premier, c'est qu'effectivement, premièrement, on a depuis 2019 30% de fréquentation supplémentaire.
02:26 On est passé de 63 000 à 95 000, ce qui veut dire que oui, il y a des trains surchargés.
02:30 C'est pour ça qu'on a commandé des rames.
02:31 Il y en a 18 qui arrivent dans les années qui viennent.
02:35 On essaye de faire des compositions de trains avec la SNCF pour essayer de pallier à tout ça.
02:39 Deuxième chose, c'est le réseau.
02:40 Le réseau, il est dans un état catastrophique.
02:42 Ça fait des années, des années, des années qu'on dit.
02:45 Aujourd'hui, il y a nécessité d'avoir un investissement sur le réseau.
02:48 Force est de constater que l'État et SNCF Réseau, aujourd'hui, n'ont pas pris des décisions pour que ce soit le cas.
02:54 On répare ce qui est possible.
02:56 Il y a la signalisation qui est en train de tomber, les passages à niveau qui tombent.
02:59 Résultat des courses, vous avez des messages incompréhensibles pour les usagers.
03:02 Et on se bat avec la SNCF d'ailleurs pour qu'il y ait une meilleure compréhension de la part du Kidam qui prend le train,
03:08 pour qu'ils comprennent de quoi il s'agit.
03:09 Mais la vérité, c'est qu'aujourd'hui, on a un défaut du réseau qui fait que,
03:13 oui, il y a des suppressions de trains, oui, il y a des retards.
03:17 Il y a nécessité d'avoir des travaux d'entretien et puis des travaux de modernisation,
03:21 notamment sur la signalisation.
03:22 Non, effectivement, le manque d'informations voyageurs, c'est quelque chose que les usagers pointent beaucoup du doigt.
03:27 On est au 18e siècle.
03:28 On va écouter Nasrin qui nous raconte son quotidien dans le TVR.
03:32 Bon, la SNCF, l'année dernière, c'était un petit peu la galère, je vous ment pas.
03:35 Mais bon, cette année, ça dépend des jours.
03:37 En semaine, c'est vrai que c'est un petit peu blindé, mais sinon, les week-ends, non, ça va.
03:41 Franchement, les trajets, ils se passent plutôt bien.
03:43 Mais bon, là, du coup, j'ai pris un appart sur Bordeaux, donc c'est vachement plus facile.
03:47 Mais avant, je faisais les retours à Libourne, Bordeaux tous les jours.
03:50 C'était un petit peu compliqué, mais bon, on s'y fait et ça va.
03:53 Il y en a d'ailleurs, Julie, qui réagit sur notre page Facebook, en laissant un commentaire,
03:57 qui me dit "La ligne 43 Bordeaux-Saint-Mariens, c'est un enfer au quotidien depuis le mois de septembre.
04:02 Tous les jours, tous les jours, des trains sont retardés ou supprimés,
04:05 parfois au dernier moment et sans motif valable, impactant gravement notre vie professionnelle et familiale, forcément."
04:10 Puis, il y en a Sandra, qui dit également "La ligne 43 Bordeaux-Saint-Mariens,
04:14 c'est un calvaire depuis la rentrée, des retards, annulations, temps de trajet rallongés
04:18 qui ne garantissent plus le service payé.
04:20 Les conditions de circulation en mode bétaillère sont choquantes."
04:23 Justement, vous disiez, on ne va peut-être pas aller jusqu'à renverser la table,
04:26 mais vous pouvez peut-être taper du poing quand même sur la table avec la SNCF,
04:28 quand on entend ces conditions de circulation.
04:30 Ah non, mais c'est ce qu'on fait.
04:32 D'ailleurs, si on prend cette ligne-là, on peut en prendre d'autres.
04:35 On a fait en sorte d'abord d'avoir de l'offre supplémentaire.
04:38 Donc, il y a quatre à six trains par jour supplémentaires depuis quelques années.
04:42 Ça ne suffit pas et c'est la raison pour laquelle, aujourd'hui,
04:45 il va y avoir des travaux, notamment sur la gare de Cubzac pour allonger les quais,
04:48 puisque c'est pas simple, parce que vous ne pouvez pas arrêter deux TER sur le quai
04:54 parce qu'il n'est pas assez long.
04:55 Donc là, les travaux sont en cours de finalisation,
04:57 ce qui fait que là où effectivement il y a beaucoup de monde sur cette ligne,
05:00 comme sur beaucoup d'autres, on va pouvoir faire des compositions doubles
05:03 permettant justement de desserrer un petit peu les taux.
05:06 Après, je le dis très simplement, aujourd'hui, on met de l'offre supplémentaire.
05:11 On a quasiment rajouté 15% d'offres et il va y en avoir à cette là depuis hier.
05:16 Il y a encore de l'offre supplémentaire, notamment en exploit tout charrenté, en limousin.
05:19 Ce qui fait qu'on rajoute des trains. On est conscient de tout ça.
05:23 Ça veut dire aujourd'hui que par rapport à toute l'offre qu'on rajoute,
05:27 nos concitoyens prennent plus le train. J'ai tendance à vous dire, tant mieux.
05:31 Maintenant, il faut trouver les conditions dans lesquelles on circule le mieux possible.
05:35 - Renaud Lagras, vice-président du conseil régional de Novel-Aquitaine en charge des transports.
05:39 Jusqu'où vous pouvez aller dans le bras de fer avec la SNCF pour mettre la pression sur la SNCF ?
05:44 - D'abord, on a une convention avec SNCF Voyageurs, c'est-à-dire ceux qui font rouler les TER.
05:50 Et là, on a une convention qui prévoit un taux de régularité jusqu'au 30 décembre,
05:55 au alentour de 93%. Là, on vient d'atteindre impéniblement un même pas 80%.
06:01 Donc on est en dehors du temps et de l'espace. C'est le moins qu'on puisse dire.
06:05 Le phénomène des tempêtes que j'expliquais tout à l'heure, c'est là pour expliquer en grande partie.
06:10 On était sur des taux qu'avoisinaient les 91 avant les tempêtes.
06:14 Donc, ce n'est pas encore suffisant. Dans la prochaine convention qu'on a votée en juin, c'est 95%.
06:19 Ça veut dire qu'à chaque fois qu'ils ne respecteront pas les 95, il y aura des pénalités.
06:22 Il y aura des pénalités cette année comme il y en aura s'ils n'atteignent pas les 95.
06:25 Ça, c'est la partie TER. Sur la partie réseau, aujourd'hui, soit il y a véritablement une prise de conscience
06:34 au niveau national qu'il faut un travail sur le réseau, parce que ce que vit la Nouvelle-Aquitaine,
06:38 je vous signale juste que toutes les régions françaises sont dans le même état.
06:41 On a des taux de régularité, vous le disiez, à 79. C'est la même punition pour tout le monde.
06:45 Ce qui veut dire qu'il y a un problème structurel aujourd'hui sur le territoire national,
06:49 où on dit aux gens "prenez le train", on dit aux régions "mettez des trains supplémentaires",
06:53 sans moyens d'ailleurs, entre parenthèses, parce que nous on n'a pas de moyens supplémentaires,
06:56 "mettez des trains supplémentaires parce que les gens veulent prendre le train,
06:59 mais par contre on ne fait rien pour le réseau".
07:01 Ça veut dire qu'aujourd'hui, cette prise de conscience, c'est à l'échelle de l'État
07:05 de prendre les dispositions, notamment en mettant fin à ce contrat de performance qu'il y a avec SNCF Réseau
07:12 qui prévoit un retour à l'équilibre, ce qui fait que SNCF Réseau vous dit
07:15 "on n'a pas les moyens de faire les travaux".
07:17 Est-ce que l'ouverture à la concurrence est de nature à venir solutionner ce genre de problème, Renaud Lagrave ?
07:22 Vous savez, l'ouverture à la concurrence, c'est pour faire rouler les trains.
07:26 Si le réseau est pourri, excusez-moi de vous dire que même si vous avez n'importe qui
07:31 qui vous fait le café, que vous avez le wifi ou je ne sais pas quoi,
07:33 ça ne servira à rien parce qu'il roulera toujours dans les conditions catastrophiques.
07:37 Aujourd'hui, pourquoi il y a les retards qui agacent tout le monde, nous comme tous les usagers ?
07:41 On cite la 43, la 44, mais je peux vous citer toutes les lignes de la Nouvelle Aquitaine
07:45 qu'on a aujourd'hui, nos concitoyens, à juste titre.
07:48 Qui en plus se disent "aujourd'hui je vais prendre le train".
07:52 On les pousse à prendre les transports publics, nous les premiers, et puis ce n'est pas régulier.
07:57 Mais qu'est-ce qui se passe aujourd'hui pour qu'on puisse avoir finalement en tête
08:02 d'avoir un réseau qui soit structuré et sur lequel on puisse envoyer beaucoup plus de trains ?
08:08 Quand on travaille aujourd'hui sur la question des mobilités,
08:13 l'idée c'est qu'à chaque fois qu'on met plus d'offres, nos concitoyens répondent.
08:16 Vous vous rendez compte ? 10% d'offres supplémentaires, un petit peu plus, 30% de fréquentation.
08:21 Moi je n'ai pas fait polytechnique, mais je comprends juste que plus vous mettez d'offres,
08:24 plus les gens prennent le train.
08:26 Merci beaucoup Renaud Lagrave d'avoir été avec nous ce matin.
08:29 Je rappelle que vous êtes le vice-président de la région Nouvelle Aquitaine en charge des transports.
08:32 Bonne journée à vous.