CINQ MINUTES AVEC les travailleurs sociaux du Conseil départemental de Haute-GAronne

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Les travailleurs sociaux sont en grève ce 12 décembre 2023
en Haute-Garonne. Ils se mobilisent à l'appel de l'intersyndicale du Conseil départemental de Haute-Garonne. Les syndicats SUD, CGT, FO, CFDT et UNSA dénoncent des conditions de travail qui se dégradent dans la protection de l'enfance. La représentante du syndicat SUD Marina Lergenmuller est notre invitée.
Transcription
00:00 Ici, c'est le 6/9 France Bloc, c'est Tannay.
00:03 Soyez les bienvenus, nous sommes le mardi 12 décembre 2023.
00:06 Il est 8h15, les travailleurs sociaux sont en grève aujourd'hui en Haute-Garonne.
00:10 Ils dénoncent des conditions de travail qui se dégradent dans la protection de l'enfance,
00:14 un manque de moyens et d'effectifs.
00:15 Aussi pour en parler ce matin, la représentante du syndicat Sud au Conseil départemental
00:20 est votre invitée, Léa Dubost.
00:21 Bonjour Marina Allerguen-Muller.
00:23 Bonjour.
00:23 Merci d'être avec nous ce matin.
00:25 Les travailleurs sociaux dénoncent donc un manque de moyens pour la protection de l'enfance.
00:29 C'est quoi la situation chez nous ?
00:30 La situation, c'est un manque d'anticipation depuis des années sur l'augmentation de
00:35 la population en Haute-Garonne et à Toulouse, mais sur le département puisque nos missions
00:40 sont exercées sur l'ensemble du département.
00:42 Donc un nombre de places manquantes pour accueillir les enfants placés, du personnel pas assez
00:47 en nombre.
00:48 Et voilà, il y a un manque d'anticipation qui met les travailleurs sociaux dans une
00:53 difficulté terrible aujourd'hui.
00:55 Les conséquences, c'est justement ces enfants qui en pâtissent ?
00:58 Les conséquences, c'est des mesures de placement décidées par le juge qui ne sont pas exercées
01:03 avec des enfants qui restent à domicile alors qu'ils ont besoin d'être protégés.
01:07 C'est des mesures d'aide à domicile, c'est-à-dire qu'on va apporter un soutien éducatif dans
01:11 les familles pour éviter justement des placements qui ne sont pas exercés.
01:15 C'est aussi des évaluations enfants sans danger qui ne sont pas faites dans les temps
01:19 avec des listes d'attente faute de moyens.
01:21 Est-ce que vous arrivez quand même à suivre tout le monde, à faire votre travail comme
01:25 vous devriez le faire si on peut dire ?
01:27 Non, nos collègues sont vraiment en difficulté.
01:29 C'est une vraie souffrance pour eux parce qu'il faut savoir que l'ensemble des travailleurs
01:32 sociaux a à cœur d'exercer sa mission correctement.
01:35 La protection de l'enfance notamment, même si le reste de l'action sociale est aussi
01:39 impacté, mais la protection de l'enfance, c'est un dossier sensible et les collègues
01:45 ont à cœur de bien le faire et là ils n'ont pas les moyens de le faire.
01:47 Ça fait des années que la protection de l'enfance dit manquer de moyens.
01:51 Qu'est-ce qui a changé dernièrement ?
01:53 Il y a une prise de conscience, il y a une prise de conscience là en tout cas de notre
01:58 collectivité en Haute-Garonne.
01:59 Maintenant il faut voir les moyens qu'ils vont mettre.
02:02 Ils vont engager en effet une nouvelle réorganisation.
02:06 Il y en a une en 2019 qui a mis beaucoup de difficultés en plus avec des territoires d'intervention
02:12 qui sont très très grands et des équipes pas assez dotées en personnel.
02:15 Maintenant on attend de voir mais là les collègues ont voulu marquer le coup en disant
02:19 "attention nous là on ne peut plus exercer la mission, ce n'est pas possible".
02:23 Vous savez souvent dans la presse on dit "mais que font les services sociaux ? Que fait la
02:28 protection de l'enfance ?" Elle fait avec les moyens qu'elle a et elle n'en a pas assez.
02:32 Oui vous avez de nouveaux territoires à couvrir mais vous n'avez pas eu plus de moyens en
02:36 face pour le faire ?
02:37 Alors ce n'est pas des nouveaux territoires parce que la Haute-Garonne elle ne s'est
02:41 pas agrandie.
02:42 Par contre la population a augmenté et du coup il y a des besoins en plus nécessairement
02:48 qui sont apparus.
02:49 Ça se dégrade en tout cas de plus en plus, c'est ce que vous dénoncez aujourd'hui ?
02:52 Oui ça se dégrade aussi parce qu'il y a de plus en plus de précarité.
02:56 Il y a eu le Covid mais il n'y a pas que le Covid, il y a une précarité économique,
03:00 il y a une précarité médicale et donc il y a de plus en plus de demandes et il y a
03:04 de plus en plus d'endroits où les autres services publics ne sont plus là.
03:07 Donc on est le réceptacle de toutes les demandes sociales du territoire.
03:11 Est-ce que vous devez faire face aussi peut-être à des arrêts d'agents qui n'en peuvent
03:15 plus tout simplement de ces conditions de travail ?
03:17 Bien sûr, bien sûr.
03:18 Il y a un turnover, il y a beaucoup d'arrêts, il y a des accidents de service aussi parce
03:23 que les collègues s'épuisent.
03:24 Quand on ne vous donne pas les moyens pour travailler correctement, pour exercer une
03:28 mission aussi importante, vous vous épuisez.
03:30 Il y a des collègues qui font énormément de kilomètres, qui suivent beaucoup de situations
03:34 avec une très forte responsabilité.
03:36 Donc oui il y a de l'épuisement.
03:37 C'est quoi les moyens pour travailler correctement justement ? Qu'est-ce que vous réclamez
03:40 concrètement ?
03:41 On réclame des territoires d'intervention plus petits, notamment dans le périurbain
03:46 ou le rural.
03:48 On demande plus de personnel pour pouvoir exercer correctement la mission et on demande
03:53 des créations de places pour accueillir les enfants qui devraient être placés.
03:57 Pour ça il faut des moyens financiers ?
03:58 Oui, oui, oui.
03:59 Mais c'est un choix.
04:00 La protection de l'enfance est le cœur des missions du Conseil départemental.
04:04 Donc il faut faire des choix financiers et les mettre sur la protection de l'enfance
04:10 et le reste de l'action sociale, je tiens à dire, qui est aussi impactée aujourd'hui.
04:13 L'intersyndicale dénonce aussi une montée des violences envers les agents.
04:17 Un de vos collègues, un éducateur spécialisé a d'ailleurs été agressé à Muray.
04:21 C'était en juin dernier pendant une visite médiatisée.
04:24 Cette agressivité c'est quelque chose que vous ressentez de plus en plus également ?
04:28 L'agressivité c'est un peu le reflet de l'état de la société aujourd'hui.
04:33 Les gens ne vont pas bien, c'est une évidence.
04:36 Après nous on peut faire front et face dans une certaine mesure à partir du moment où
04:40 on a les moyens et notamment on demande des agents de prévention dans tous les sites
04:45 des Maisons des Solidarités puisqu'il y a des endroits où il n'y en a pas.
04:48 Et puis il y a aussi la violence qu'on peut susciter du fait de notre mauvaise organisation
04:53 ou du fait de faute de moyens.
04:55 Quand quelqu'un appelle ou va dans une Maison des Solidarités parce qu'il a un problème
04:59 urgent et qu'on lui donne un rendez-vous à trois semaines, un mois, un mois et demi,
05:04 ça peut susciter à minima un certain énervement voire du passage à l'acte.
05:08 C'est en tout cas quelque chose que vous ressentez de plus en plus sur le territoire.
05:12 Merci Marina Lerguen-Muller, représentante du syndicat Sud au Conseil départemental
05:16 de Haute-Garonne d'avoir répondu à nos questions ce matin.
05:18 Bonne journée.
05:19 Aurevoir.

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