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Philippe Astruc, procureur de la République de Rennes, invité de France Bleu Armorique, mardi 12 décembre.

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Transcription
00:00 - 8h moins le quart, on en vient Valentin à ce pôle spécialisé que vont devoir mettre en place tous les tribunaux d'offrance
00:06 à compter du 1er janvier prochain. - Un pôle spécialisé dans les affaires de violences intrafamiliales. Aujourd'hui les dossiers de ces affaires doivent passer
00:13 par de nombreuses mains d'acteurs de la justice. On en parle ce matin avec le procureur de la République de Rennes. Bonjour Philippe Astruc. - Bonjour.
00:19 - Ces pôles spécialisés se sont inspirés d'une pratique rennaise puisque le tribunal judiciaire de Rennes a été précurseur en la matière.
00:27 Vous parlez d'ADN breton.
00:29 - Oui depuis 2019 vous le savez on est très en pointe sur ce sujet là. Il y a une grosse volonté d'agir.
00:34 Et c'est vrai que notamment madame Rome que lorsqu'elle était ministre est venue plusieurs fois et nous a demandé un petit peu des
00:41 comment travailler, comment on était organisé pour essayer d'être plus efficace.
00:44 Et je crois qu'effectivement il y a un peu d'ADN breton dans ce pôle spécialisé qui maintenant est généralisé sur toute la France.
00:50 - Pourquoi avoir créé ça à Rennes ? Quel a été le constat de base ? Il y avait un dysfonctionnement dans la gestion des affaires de violences intrafamiliales ?
00:55 - Non je crois qu'on partait de très loin et partout et c'est vrai que petit à petit on progresse. Il reste encore beaucoup à faire.
01:01 Mais là c'est une étape importante. Là on parle d'organisation du travail et c'est vrai que c'est bien d'avoir des lois, c'est bien d'avoir
01:07 des textes, de la réglementation il en faut mais aussi il faut bien s'organiser.
01:10 Voilà et ça c'est ça l'objectif. - Pour bien les appliquer justement ces lois alors comment ça fonctionne ces pôles spécialisés ? Qu'est ce qui a changé depuis 3-4 ans à Rennes ?
01:17 - Il s'agit de ne plus travailler en silo.
01:19 C'est à dire que par exemple une situation elle peut concerner bien sûr le parquet, le procureur et publique mais elle peut concerner aussi un juge des
01:26 enfants s'il y a un mineur, un juge d'affaires familiales, si un divorce, un juge d'application des peines, si le mis en cause est déjà suivi.
01:32 Jusqu'alors tout le monde travaillait de son côté. Donc là l'idée c'est
01:35 d'avoir plutôt une analyse globale de la situation, un peu systémique et aussi d'avoir une attention
01:41 particulière aux victimes à tous les stades de la procédure.
01:44 Il faut protéger les victimes et avoir sans cesse cela en tête. Le pôle sert à ça. - Qu'est ce qu'il faut mettre en place pour faire
01:50 fonctionner un tel pôle ? Ça implique davantage de moyens, davantage de bras, une organisation différente ?
01:53 - Oui c'est ça alors évidemment on a tous les magistrats du tribunal judiciaire de Rennes, de ces spécialités là, mais bien on a été
02:01 renforcés depuis quelques temps. On a été parmi les premiers à avoir des juristes assistants, on en a deux et
02:07 au 1er janvier on aura aussi une élève avocate qui viendra nous rejoindre pour renforcer l'équipe
02:11 parce qu'effectivement il a fallu un petit peu plus de moyens. - Ça a été un coût supplémentaire également, il y a un budget qui a été
02:16 dégagé par le ministère de la justice pour vous ? - Oui exactement, nous avons été accompagnés et c'est vrai qu'on a pu obtenir
02:21 des créations de postes selon ce dont je viens de vous parler. - Ça coûte combien ?
02:26 - J'ai pas idée je dirais du coût réel mais
02:29 c'est vrai que là dessus je crois qu'il y a eu une cohérence dans l'action de l'état et dans le département on retrouve cette cohérence
02:36 puisqu'avec le préfet nous animons la politique publique avec l'ensemble des acteurs, ils sont importants et là on parle de la politique judiciaire
02:43 et à l'intérieur de laquelle j'anime une politique pénale dont vous savez qu'elle est incisive.
02:47 - Philippe Astruc, procureur de la République de Rennes, depuis trois ans donc ce pôle est en place à Rennes, est-ce qu'on peut mesurer son utilité ?
02:53 Est-ce qu'il y a réellement bénéficié au justiciable ?
02:57 - C'est compliqué, moi je crois qu'il faut être humble.
03:00 Je n'ai pas la prétention de dire que l'on pèse sur le phénomène, c'est-à-dire dire il y a moins de violence conjugale qu'il y a deux ou trois ans, non je crois pas.
03:07 Je crois par contre qu'on a amélioré la prise en charge des victimes, il y en avait un peu moins de
03:13 800 en 2019, aujourd'hui elle va être standée un peu moins de 3000 à cet effet de connaître. Donc on voit bien qu'on a
03:20 réussi à créer autour d'elle un environnement plus favorable, voilà donc meilleur accueil, meilleure prise en compte,
03:25 plus grande répression, il y a près de
03:30 37% des détenus aujourd'hui à Rennes le sont pour violence conjugale. Donc tout ça fait que
03:35 il faudra poursuivre l'effort pendant une génération,
03:38 voilà, il faudra être opiniâtre et continuer. - Poursuivre l'effort parce qu'il y a encore des trous dans la requête, autant dans les services de police que de la justice,
03:46 il y a des drames parfois, le parc Edren recense combien de féminicides pour cette année ? - Alors cette année je dirais on est dans
03:52 les chiffres malheureusement courants, c'est-à-dire qu'il y en a eu un
03:57 en début d'année, au mois de janvier, l'année dernière avait été terrible, je l'avais dit,
04:02 il y avait eu quatre féminicides qui ont fait cinq victimes, voilà c'était un bilan absolument terrible.
04:07 Là cette année on est revenu à une situation malheureusement plus classique,
04:12 ça ne peut pas être le seul indicateur mais ça en est un bien sûr,
04:15 à terme essayer de limiter le nombre des féminicides, mais quand je vous parle de 3000 victimes, vous voyez bien que
04:22 les féminicides sont fort heureusement qu'une très faible part de ces victimes.
04:25 - Merci beaucoup Philippe Astruc, vous qui êtes procureur de la République de Rennes d'être venu ce matin sur France Bleu Amérique, bonne journée à vous.

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