Loi immigration : un jeu d'échec politique ?

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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la loi immigration et du fiasco pour le gouvernement avec la motion de rejet adoptée hier à l'Assemblée Nationale.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:00 Nous sommes en plateau ici avec Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1.
00:03 Bonsoir Louis.
00:03 Bonsoir Laurence.
00:04 Avec Rachel Khan, essayiste et spécialiste culture.
00:06 Bonsoir Rachel.
00:07 Bonsoir Laurence.
00:07 Avec Florian Tardif, journaliste politique CNews.
00:10 Bonsoir Laurence.
00:10 Sabrina Medjeber, essayiste et sociologue.
00:13 Bonsoir Laurence.
00:13 Bonsoir et Jean-Sébastien Ferjeux, directeur du site Atlantico.
00:16 Bonsoir Rachel.
00:16 Bonsoir Laurence.
00:17 Alors est-ce que quand je dis que rien ne va changer dans la vie des Français, je me trompe ?
00:20 Je ne crois pas.
00:21 Ils ont bien compris que ce qui se passait à l'Assemblée nationale
00:23 était un peu de cinéma, la comédie à l'élargité peut-être un petit peu. Néanmoins on va s'y intéresser parce que c'est toujours important de savoir ce qui se passe dans nos institutions.
00:31 On va rejoindre Thomas Bonnet qui se trouve avec Bamba Gueye à l'Elysée.
00:35 Parce que évidemment l'Elysée est sur le pied de guerre, il y a un grand dîner de travail qui a été organisé.
00:39 C'est bien cela Thomas pour tenter de résoudre cette situation un peu kafkaïenne ?
00:42 Oui, dîner de travail à 20h ce soir autour du chef de l'État, de la Première ministre, plusieurs membres du gouvernement
00:51 ainsi que les chefs de file des parties de la majorité, que ce soit à l'Assemblée ou au Sénat.
00:56 Rendez-vous compte, en moins de 24h c'est déjà le troisième dîner de travail, réunion de crise, appelez-la comme vous le souhaitez.
01:02 Cela montre une forme de fébrilité de la part de l'exécutif, cela montre aussi la gravité de la situation
01:07 parce que, disons-le, cette situation n'avait pas été anticipée par le gouvernement.
01:12 Il ne pensait pas que cette motion de rejet serait votée lundi soir.
01:15 Alors on sait maintenant que la décision a été prise de convoquer une commission mixte paritaire composée de 7 sénateurs et de 7 députés.
01:22 La question maintenant c'est de savoir déjà de fixer le calendrier et puis de fixer aussi la stratégie à adopter,
01:27 sur quel point la négociation va pouvoir s'articuler lors de cette commission mixte paritaire.
01:31 C'est de cela dont il va être question ce soir pour lever ce blocage.
01:36 C'est le mot qui a été employé par le président de la République lui-même.
01:40 Et ça c'est pour le court terme, pour le projet de loi immigration.
01:42 Mais ce que l'on entend aussi au sein de la majorité, c'est que ce blocage il est tenace
01:46 et que pour les 3 ans à venir, cette majorité relative à l'Assemblée nationale,
01:50 ça devient de plus en plus compliqué et c'est pour cette raison que certaines voix s'élèvent maintenant
01:55 et demandent une dissolution de l'Assemblée nationale.
01:57 C'est ce que l'on entend dans la voix de certains parlementaires, y compris au sein de la majorité.
02:01 Merci beaucoup Tom Abonnet.
02:04 Vous êtes à l'Elysée avec bande baguette.
02:06 C'est vrai que le mot dissolution revient.
02:08 Il y a peu de chance que le président Macron ne décide d'une dissolution, Louis de Ragnel.
02:11 On est tranquille, il faut dormir tranquille.
02:13 En fait il y a beaucoup de chance pour que rien ne change.
02:18 Donc on voit que Jordan Bardella voit bien l'opportunité d'une dissolution
02:22 parce qu'il est persuadé que lui, ça peut lui permettre d'arriver à Matignon
02:25 et donc de provoquer une cohabitation.
02:27 Mais encore une fois, vous savez, ça fait pas mal de temps qu'on a espéré certaines choses d'Emmanuel Macron.
02:34 Souvenez-vous, si on peut rappeler 2-3 épisodes, il y a eu le grand débat.
02:40 Après les Gilets jaunes.
02:43 Il y a eu les 100 jours qui ont accouché d'une souris.
02:46 Il y a eu l'initiative politique d'Ampleur.
02:50 C'était les rencontres de Saint-Denis.
02:53 Et donc là Emmanuel Macron promet quelque chose à un peu...
02:56 On ne sait pas très bien.
02:57 Les Français le savent.
02:58 Ils savent qu'il y a une campagne.
02:59 Le seul rendez-vous prochain qu'on connaît, ce sont les élections européennes.
03:02 Et là pour le coup, je pense qu'Emmanuel Macron devrait anticiper ce scrutin
03:06 parce que sinon il risque de se prendre les pieds dans le dappier.
03:08 Il risque de faire progresser le Rassemblement national.
03:11 Peut-être pour ça qu'ils font des réunions sur réunion, sur dîner, sur réunion de crise.
03:15 Le paradoxe de cette histoire, c'est qu'à l'Élysée, tout le monde minimise la crise.
03:19 Tout le monde dit "mais non, c'est une situation politique rare à l'Assemblée nationale
03:23 et pourtant il y a 5 réunions de crise".
03:25 Et tout le monde fait des réunions de crise à l'Élysée, au ministère de l'Intérieur.
03:29 Mais non, il n'y a pas de crise.
03:31 Mais oui, tout va bien.
03:32 C'est ce qu'ils nous ont dit ce matin à l'Élysée.
03:34 Plusieurs conseillers, alors même que le président de la République expliquait à ses ministres
03:38 que c'était terrible ce qui était en train de se passer,
03:40 que les opposants politiques, maintenant, s'y s'alliaient,
03:43 et ils ont montré qu'ils étaient enclins à s'allier pour tenter d'empêcher le gouvernement,
03:48 à ce moment-là le pays était paralysé,
03:50 alors même que le président de la République expliquait ça,
03:52 des conseillers en communication expliquaient aux journalistes présents
03:57 que finalement tout allait plutôt bien,
03:59 que le président de la République, dans son avion retour entre Toulouse et Paris,
04:02 parce qu'il était en déplacement lorsqu'il a appris la nouvelle,
04:04 il a continué sa conversation comme si de rien n'était.
04:07 Oui, ça comprend pas grand-chose.
04:09 - C'est une crise politique. - Oui, c'est une crise politique.
04:12 C'est d'ailleurs en creux une forme de désaveu du ministre de l'Intérieur,
04:16 puisque Gérald Darmanin, lui, n'avait cessé, à l'inverse,
04:18 de dramatiser l'enjeu sur la loi immigration.
04:21 Mais je crois qu'ils auraient pu jouer justement la carte de
04:24 "là, ça n'est pas si grave que ça,
04:26 et finalement c'est un épisode, parmi d'autres, de la vie parlementaire,
04:29 ça n'est pas la fin du texte, il va y avoir une CMP,
04:31 et puis derrière, une loi pourra être probablement votée".
04:35 Une commission de mix paritaire, Jean-Sébastien,
04:37 arrêtez avec votre jargon de techno.
04:39 Je sais pas si ça paraît beaucoup plus clair quand on le dit en entier.
04:42 Si, c'est beaucoup plus clair.
04:44 Mais oui, ce que je voulais dire par ailleurs,
04:47 c'est que c'est la crise fondamentale du Macronisme,
04:50 c'est la fin du "en même temps".
04:51 En réalité, ce qui se joue là, c'est la méthode Macron de dire
04:54 "la politique, ça n'existe pas, le clivage gauche-droite, ça n'existe pas".
04:57 Finalement, toutes les décisions qu'une société peut être amenée à prendre
05:00 sont des décisions que vous demandez à McKinsey ou à la Cour des comptes,
05:04 ou à McKinsey que vous payez pour pomper les rapports de la Cour des comptes,
05:07 de vous faire des propositions, et puis finalement, tout ira bien.
05:11 Eh bien non, ça ne marche pas comme ça,
05:13 parce que le sujet véritable, ce n'est pas LR, ce n'est même pas LFI,
05:16 ou ce n'est même pas les calculs politiques des uns et des autres.
05:18 - Non, le sujet... Oui, je suis d'accord avec vous.
05:19 - C'est un peu l'immigration, mais...
05:20 - On est d'accord là-dessus, c'est une évidence.
05:22 - Personne s'en occupe en réalité.
05:23 - Ce que je voulais vous dire, c'est que le sujet premier
05:26 qui se pose à Emmanuel Macron, c'est qu'il n'a pas de majorité cohérente,
05:29 et pour cause, il n'a rien construit.
05:32 Il n'a rien construit politiquement.
05:34 - OK, j'entends. Sabrina.
05:35 - Oui, mais juste d'un mot,
05:36 Jordan Bardella peut imaginer qu'il serait Premier ministre.
05:39 Quand vous regardez le détail des 577 circonscriptions,
05:44 il n'y a pas de cas où il y a eu de majorité pour l'instant.
05:46 - On va parler de Bardella dans un instant. Sabrina.
05:47 - Alors, si on analyse le macronisme,
05:49 on peut dire qu'effectivement, c'est très subtil en termes de tactique politique
05:53 et très pervers en termes d'action politique.
05:57 Là où je suis complètement ahuri, en réalité, de ce débat,
06:00 qui n'a finalement même pas eu lieu,
06:02 c'est que, effectivement, comme vous disiez, cher Laurence,
06:06 est-ce qu'ils savent, est-ce qu'ils sont informés
06:09 des problèmes liés à l'immigration
06:12 et quelles réponses apporter aux conséquences culturelles,
06:15 puisqu'il s'agit évidemment de cela, liées à l'immigration ?
06:19 La question de l'assimilation, par exemple,
06:22 a-t-elle été mise au cœur du projet de la loi immigration ?
06:25 La question du regroupement familial, qui est une question cruciale.
06:29 Pourquoi je dis ça ?
06:30 Parce que le regroupement familial, c'est quoi ?
06:32 C'est l'agrégation de la logique clannique de cette culture,
06:37 avec ses lois patriarcales, de la polygamie,
06:40 de l'excision, des mariages forcés,
06:43 de l'endogamie par la structure de la parenté
06:45 qui se fait par les mariages communautaires.
06:48 C'est l'ethnicisation des rapports sociaux,
06:51 c'est tout cela, le regroupement familial.
06:53 C'est évidemment une question d'insécurité
06:55 et normalement le gouvernement devrait se saisir prioritairement
06:59 de cette question et le supprimer pour au moins deux générations.
07:03 Et je dis bien au moins deux générations.
07:05 La question de la nationalité, qui est une question,
07:07 il me semble, cruciale lorsqu'on parle d'immigration.
07:10 Pourquoi n'y a-t-il pas un moratoire sur l'acquisition de la nationalité
07:13 qui, je le rappelle, est corroboré à l'article 21-24 du Code civil,
07:18 qui oblige à l'assimilation.
07:21 Si on fait venir des gens sur notre territoire
07:24 que l'on n'assimile pas, que les élites administratives
07:26 n'imposent pas comme étant une règle obligatoire,
07:30 qu'est-ce qu'elles comprennent ?
07:31 Elles comprennent qu'elles arrivent dans un pays
07:33 qui finalement, qu'elles n'ont pas choisi comme patrie,
07:35 auquel, eh bien, il n'est pas une évidence,
07:38 une obligation de s'y affilier culturellement.
07:41 Et donc, les élites politiques savent
07:44 que ces populations qui comprennent
07:45 qu'elles ne sont pas obligées de s'assimiler,
07:47 elles vont cultiver le vote communautaire.
07:49 Donc, on assiste encore une fois
07:50 et on va continuer à assister à cette politique clientéliste.
07:53 La question de l'excuse de minorité
07:55 qui devrait faire partie, justement,
07:57 de ce projet de loi sur l'immigration,
07:59 elle n'est pas du tout abordée.
08:01 Nous n'avons que des mesurettes
08:03 sur la régularisation des sans-papiers.
08:05 Donc, des personnes qui sont déjà hors la loi
08:08 sur le territoire français, qu'on tend à régulariser
08:11 et qu'on minimise par un chiffre de 7000.
08:13 Mais ça, c'est déjà complètement hors la loi
08:16 et c'est complètement epsilonesque
08:18 par rapport aux problèmes et aux conséquences culturelles
08:21 de cette immigration.
08:22 Je suis désolée, le fléau de cette société,
08:25 c'est l'insécurité et le communautarisme.
08:28 Et les deux sont liés.
08:30 Il y a des chercheurs qui ont passé des années
08:32 à établir ce lien entre délinquance et immigration,
08:35 entre communautarisme et immigration.
08:37 Pourquoi ne s'en servent-ils pas ?
08:39 Pourquoi ils ne sont pas informés ?
08:41 Ou en tout cas, pourquoi est-ce qu'ils ne défendent pas ces paradigmes ?
08:44 Très juste. Sabrina Medjéber, Rachel Gann.
08:46 Sur ce qui se passe...
08:48 Ce flou, le décryptage après, c'est vrai que franchement,
08:52 il faut véritablement le souligner
08:54 par rapport à ce qu'on a pu vivre ces dernières semaines
08:56 avec la NUPES, en gros, et les écologistes
08:59 qui ne voulaient pas, dans cet enjeu majeur républicain,
09:03 un enjeu républicain, universaliste, humaniste,
09:05 de lutte contre l'antisémitisme,
09:07 qui ne voulaient surtout pas défiler avec le RN
09:10 et qui se voient voter cette motion de rejet,
09:15 avec une Sandrine Rousseau
09:17 qui envoie un tweet cher pour Darmanin.
09:21 Franchement, on aurait voulu...
09:23 - Ça veut dire quoi, Azur Mohach ? - Bien fait en arabe.
09:25 - Bien fait en arabe. - Ah oui, bon.
09:27 - Bien fait. - Bien fait en arabe.
09:29 Bien fait en arabe. En plus, on aurait pu lui répondre,
09:31 c'est une appropriation culturelle.
09:33 Absolument. C'est presque raciste.
09:34 Et Arsidia, il a dit que ça sentait le sang.
09:36 - Bon, OK. - OK.
09:37 - Après, après... - C'est un prénom électoral.
09:40 Après, véritablement...
09:42 Vous parliez de sursaut tout à l'heure.
09:45 - Oui, c'est pas l'heure. - C'est pas l'heure,
09:46 mais on a tellement besoin aujourd'hui
09:49 de sincérité, d'incarnation
09:51 pour prendre à bras-le-corps les problématiques,
09:53 parce que l'état des lieux,
09:55 on le partage tous,
09:56 qu'à 80 % des Français, en tout cas, qu'ils partagent.
09:59 Vous avez raison. Aline, petite pause.
10:00 On retourne dans un instant.
10:01 Dans "Punchline", sur CNBC sur Europe 1,
10:03 on va parler de Jordan Bardella,
10:04 parce que pour la première fois,
10:05 dans le baromètre des personnalités préférées des Français,
10:07 Paris Match pour IFOP,
10:10 eh bien Jordan Bardella dépasse Marine Le Pen.
10:13 Il est désormais en sixième position
10:15 des personnalités politiques françaises préférées.
10:18 On en débattra dans un instant.
10:19 A tout de suite dans "Punchline".
10:21
10:22 Europe 1, 18h-19h.
10:25 "Punchline", Laurence Ferrari.

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