Dictionnaire digital : La gestion de l'eau à l'ère numérique

  • l’année dernière
Dans ce nouvel épisode du dictionnaire digital, nous revenons sur la gestion de l'eau - dans le domaine agricole - et ce à l'ère numérique, via les éclairages d'Amine Zarouk, CEO et Fondateur du Green OpenLab.
Transcription
00:00 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode du Dictionnaire Digital.
00:08 Aujourd'hui, nous allons aborder un sujet essentiel au Maroc, le lien entre le digital
00:15 et la gestion de l'eau dans l'agriculture marocaine. Pour en parler, nous recevons Amine
00:20 Zarok, CEO et fondateur du Green Open Lab et précédent président de l'APB. Merci,
00:28 M. Zarok, d'avoir accepté notre invitation. Bonjour, merci Malik de m'avoir invité.
00:33 Alors pour commencer, est-ce que vous pouvez rapidement pour nos auditeurs,
00:38 nous présenter le lien qui unit le digital à l'agriculture ?
00:44 Alors déjà, je pense qu'on n'aura pas assez de temps pour décrire d'une manière exhaustive
00:51 tout le lien, mais d'une manière générale, les vraies problématiques de l'agriculture,
00:56 c'est comment arriver à produire plus avec moins. Produire plus parce qu'il y a un développement
01:04 démographique qui est important, ça veut dire qu'il faut nourrir les gens. Il y a une question
01:10 de sécurité alimentaire, mais il y a aussi une notion de souveraineté alimentaire. Et de l'autre
01:14 côté, on a le changement climatique avec une raréfaction des ressources naturelles, notamment
01:21 l'eau. Mais bien sûr, il y a d'autres ressources naturelles qui sont de plus en plus rares. Et
01:29 donc, il faut produire plus avec moins, avec le minimum de ressources.
01:32 La ressource hydrique est quelque chose d'essentiel. Comment le digital vient aider,
01:39 vient optimiser cette gestion de l'eau ? Écoutez, on peut parler de trois catégories
01:47 essentielles où le digital peut aider sur cette question de l'eau. D'abord, le digital pour
01:54 pouvoir "créer de l'eau". Quand on dit créer de l'eau, il y a des technologies qui permettent
02:00 de récupérer l'eau de l'humidité, qui permet de travailler sur le dessalement de l'eau de mer,
02:08 ou le traitement des eaux sommatres. Ça permet de nous aider à "produire" de l'eau.
02:21 Il y a la deuxième catégorie, c'est comment on va utiliser le minimum d'eau. Ça veut dire juste
02:31 ce qu'il faut. Et puisqu'on dit d'une manière plus entre 80 et 90 % de l'eau va vers l'agriculture,
02:40 même si ce ne sont pas des chiffres réellement maîtrisés, manque de moyens. Et d'ailleurs,
02:49 justement, ces moyens peuvent être des moyens technologiques qui permettent de bien monitorer
02:55 la consommation de l'eau et de savoir quel est le... avec des capteurs, avec de l'IoT,
03:04 avec de l'intelligence artificielle, qui permet justement de déterminer et bien communiquer
03:09 avec la plante pour pouvoir savoir avec une certaine exactitude les besoins en eau.
03:17 Et la troisième catégorie, c'est le rôle du digital. Et quand je parle du digital d'une
03:23 manière globale, c'est de l'IoT, les capteurs, la connectivité qui permettent de minimiser les
03:30 gaspillages, ça veut dire les fuites. Et on sait que les fuites, c'est une véritable source de
03:36 gaspillage. Actuellement, nous, on travaille avec une startup marocaine, la startup Aroa,
03:41 qui travaille sur un système IoT. Alors IoT, pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec le jargon,
03:47 c'est Internet of Things, ça veut dire c'est des capteurs connectés qui sont placés dans des
03:55 endroits stratégiques. Et là, on traite quatre familles de paramètres. Donc, avec la version
04:04 Aroa Feedback, elle nous permet d'avoir des données qui nous permettent de calculer la
04:11 quantité d'eau dont la plante a besoin. Alors, cette information, on a une source de données qui
04:18 est importante, qui est les données météorologiques. Alors, les données météorologiques, soit on a
04:22 la possibilité de la récupérer à travers des stations météo, ou bien on va utiliser de l'IoT
04:33 qui nous permet de prendre quelques paramètres, comme la température, l'humidité, le rayonnement,
04:39 et ce sont des données qui nous permettent de calculer l'évapotranspiration, parce que la
04:45 plante perd de l'eau à travers l'évaporation et la transpiration. Donc, on est capable de calculer,
04:52 selon des formules qui sont des formules scientifiques faites par des agronomes,
04:57 de calculer l'évapotranspiration et déterminer quelle est la quantité qu'il faut donner à la
05:06 plante pour pouvoir remplacer cette eau qui est perdue et lui donner l'eau qui est nécessaire à
05:12 sa croissance. Donc, déjà, un, on a une famille de capteurs de météo. Deux, on a des capteurs du sol.
05:22 Ça veut dire qu'au niveau du système racinaire, on peut placer des capteurs qui nous permettent
05:27 de déterminer le niveau d'humidité du sol, très très important pour savoir la réserve utile d'eau
05:33 au niveau du sol. Nous avons également des capteurs de température au niveau du sol,
05:38 et c'est aussi important pour pouvoir gérer les opérations et le temps de l'irrigation pour
05:46 qu'il soit le plus optimal possible. Et puis, on a aussi une famille de capteurs qui se placent au
05:51 niveau du système d'irrigation. Alors, ce système-là, il permet, grâce à des données liées
05:56 à la pression ou des compteurs, déjà d'avoir un bon monitoring des opérations d'irrigation.
06:02 Parce qu'on sait que des fois, les opérateurs qui vont gérer l'irrigation vont peut-être,
06:09 par ignorance ou malveillance, ne pas être vigilants sur les quantités d'eau qui sont
06:15 données. Alors, ce système permet à ses superviseurs ou ses managers de monitorer et de savoir quelle
06:23 heure l'irrigation a démarré et à quelle heure l'irrigation est terminée, sachant que quand on
06:29 donne trop d'eau, souvent on nuit à la plante. Et donc, ce sont des systèmes qui nous permettent
06:34 de bien gérer les périodes d'irrigation. Et ça nous permet également, à travers les capteurs
06:40 de pression, de déterminer s'il y a des fuites ou s'il y a des bouchages, encore une fois,
06:47 pour pouvoir veiller à ce que la plante puisse épanouir en mettant le minimum d'eau possible.
06:53 Donc là, on a un use case, une solution qui va permettre à un agriculteur, même s'il n'est pas
07:00 sur place, de monitorer tous ces éléments-là et d'être un véritable outil d'aide à la décision,
07:06 contrairement à des cas où on n'a pas le moyen d'avoir ces paramètres-là. Des fois,
07:11 on prend des décisions un peu d'une manière arbitraire et on se dit qu'on va donner le
07:19 maximum pour ne pas donner trop peu. Et donc, on va être dans l'excès d'irrigation. Et des fois,
07:28 ça, et c'est souvent le cas, on a un impact négatif sur la réserve de la ressource hydrique,
07:36 mais également sur la qualité de la production quand on donne trop d'eau.
07:40 Effectivement, quand on est amateur, on constate qu'il y a quand même un bagage technique,
07:46 barrière à l'entrée pour un individu qui ne maîtriserait pas tous ces concepts. Est-ce
07:51 que ce genre de technologie est accessible aux agriculteurs marocains, aux petits agriculteurs ?
07:57 Est-ce que ce genre de solution peut être diffusée au sein du Maroc de manière homogène ?
08:02 C'est une excellente question. Et d'ailleurs, c'est quelque part la raison d'être de Green
08:13 Open Lab. Notre entité, notre écosystème est là pour défendre, pour créer une passerelle
08:21 entre l'agriculteur moyen et petit. Et quand on dit moyen et petit, on parle de la superficie,
08:30 mais également, on parle de la maturité technique. Et de l'autre côté, des producteurs,
08:38 des fournisseurs de technologies. En fait, nous avons fait le constat qu'on a d'un côté un
08:45 agriculteur qui, des fois par méconnaissance ou par une certaine crainte de la technologie,
08:50 va se dire "non, la technologie, c'est pour les grands, c'est quelque chose qui est inaccessible
08:56 pour moi". Et de l'autre côté, on va trouver des fournisseurs de technologies. Soit ce sont
09:02 des fournisseurs étrangers qui vont nous exporter leurs technologies qui sont adaptées à leurs
09:09 problématiques, qui ne sont pas forcément les nôtres au Maroc, ou bien on a des start-upeurs
09:16 ou des entreprises technologiques qui n'arrivent pas à bien accéder à ces agriculteurs. Et donc,
09:24 Green Open Lab est là pour créer cette passerelle entre les deux mondes. Et d'ailleurs, notre
09:29 approche s'appuie sur quatre piliers majeurs. D'abord, la proximité, parce que nous avons
09:35 établi un centre d'innovation dans une zone rurale, Asfro, et nous sommes en train de dupliquer ce
09:41 modèle un peu partout au Maroc. Nous avons le pilier de la pédagogie, ça veut dire qu'on a
09:49 un guichet pour accueillir les agriculteurs, on a une académie de smart farming, on essaie de
09:54 simplifier les concepts pour justement éliminer cette barrière psychologique qui empêche l'agriculteur
10:01 à faire le pas. Mais aussi, de l'autre côté, on accompagne les acteurs de la technologie à adapter
10:07 leurs solutions grâce à une meilleure compréhension de l'agriculteur et des spécificités marocaines de
10:15 l'agriculture. Nous avons une approche, et ça c'est le troisième pilier, qui est celui de la
10:21 démonstration, parce que nous avons dans notre centre d'innovation une ferme modèle, une ferme
10:25 de démonstration, où nous allons permettre à des agriculteurs de vivre une expérience immersive au
10:33 milieu d'une ferme modèle et pratiquer, essayer, toucher. On sait que l'agriculteur, c'est quelqu'un
10:39 de pragmatique, il ne va pas forcément adhérer juste parce qu'il a vu des PowerPoint ou des
10:46 documents. Et le quatrième pilier, c'est l'open innovation. L'open innovation, ça veut dire
10:52 quoi ? Ça veut dire qu'on va toujours travailler avec des fournisseurs de technologies pour les
10:58 provoquer des rencontres ou des compétitions ou des programmes qui permettent, qui proposent des
11:03 solutions adaptées à l'agriculteur. Nous, on appelle ça chez nous, on est très fan de ça,
11:09 c'est la sobriété technologique, ou on peut l'appeler la frugalité, parce que nous n'allons
11:14 pas justement nous contenter de consommer des technologies qui viennent d'ailleurs et qui ne
11:20 sont pas forcément adaptées ni aux besoins spécifiques de notre climat et environnement,
11:28 ni à la simplicité requise pour notre niveau de maturité technique moyen. On a des solutions,
11:36 des fois, qui sont surdimensionnées et des fois, ça refroidit l'agriculteur parce qu'il est un peu,
11:46 dans certains cas, court-termiste et il va avoir un gros investissement. Donc nous, ce qu'on a fait,
11:53 c'est que nous travaillons sur des solutions locales, des solutions faites par nos ingénieurs
12:00 et qui sont accessibles. Là, par exemple, sur la solution AROA, nous sommes capables de proposer
12:07 des solutions avec une moyenne de 2 à 3 000 dirhams par hectare. Nous allons être capables
12:14 de proposer des solutions certes adaptées à l'usager marocain, mais c'est aussi à son marché.
12:21 Merci beaucoup, monsieur Zalor pour tous vos éclairages.
12:24 Merci à vous.
12:26 Merci à toutes et à tous d'avoir suivi ce nouvel épisode du Dictionnaire Digital. À bientôt.
12:32 !

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