La catastrophe annoncée n'a pas eu lieu, selon Jean-Pierre Petit, président des Cahiers verts de l'économie. L'économie américaine en particulier a résistés aux différents chocs subis depuis la crise du Covid. Croissance surprenante, créations d'emplois... les États-Unis creusent de plus en plus l'écart économique avec l'Europe.
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00:00 [Générique]
00:05 Donc on démarre Jean-Pierre Petit, salut Jean-Pierre.
00:08 Salut Stéphane.
00:09 Je le dis c'est toujours un risque, donc pour que vous le sachiez, dans nos cuisines on enregistre à peu près 3-4 jours avant que cette émission soit diffusée.
00:15 Donc quand on parle des marchés c'est toujours un truc un tout petit peu risqué.
00:19 Mais bon, c'est pour ça que j'ai mis une économie en mode résistance.
00:23 Ce que valident là les marchés, c'est finalement que la catastrophe annoncée n'a pas eu lieu une fois de plus.
00:28 Et de l'extraordinaire résistance américaine, puisque c'est elle qui domine le monde de l'économie et des marchés.
00:34 Donc fondamentalement l'économie américaine vous voyez fait 2,5 cette année, elle faisait 1,9 l'an dernier, elle va vers 1,6, 1,7 l'année prochaine.
00:43 Tu parles de taux de croissance là ?
00:44 De taux de croissance, donc elle fait 2 malgré l'accumulation des chocs négatifs.
00:47 Enfin je veux dire, le choc inflationniste le plus important depuis 40 ans, le resserrement monétaire le plus important depuis 40 ans,
00:52 une guerre en Europe, zéro Covid en Chine, une mini crise bancaire au printemps dernier.
00:58 Et voilà, elle est capable de faire 2.
01:00 2 000 milliards de... Enfin si on agrège le plan infrastructure et ce qui est en train de devenir l'Iraq...
01:07 Oui mais je rajoute 2 000 milliards déversés sur 3 ans là.
01:11 Oui mais ça, ça augmente la croissance potentielle future, les infras.
01:14 Ah mais ça montre.
01:15 L'intelligence, enfin la tech on va dire, la tech et la transition énergétique.
01:20 Enfin la transition énergétique c'est un peu plus compliqué mais disons que ça ajoute du potentiel de croissance.
01:25 Voilà, et donc ils ont raison de le faire.
01:27 T'es d'accord avec moi, le truc le plus important de la semaine c'est cette étude, ah je sais plus quel cabinet de conseil,
01:34 sur les investissements industriels dans le monde.
01:37 Et l'Amérique qui creuse l'écart mais de manière phénoménale, gigantesque, la rénovation du capital c'est exceptionnel par rapport à l'Europe et à la Chine.
01:47 Oui, si je peux me permettre une remarque Stéphane, lorsque tu étais à BFM, j'étais déjà intervenu il y a plusieurs années pour dire que
01:53 depuis Lehman très clairement, depuis la grande crise financière, il y avait un différentiel d'efforts d'investissement entre l'Europe et les Etats-Unis
02:00 qui était à l'origine du différentiel de productivité et qui s'est renforcé au cours des dernières années.
02:05 C'est clair.
02:07 Et la productivité c'est la clé pour le développement, c'est la clé pour le niveau de vie, c'est la clé pour les capacités de financement des chocs futurs
02:15 ou des défis futurs.
02:17 Que ça soit dans la transition numérique, dans la transition énergétique mais aussi dans les infras, y compris traditionnelles, l'eau par exemple, etc.
02:24 les infras de transport etc. ou que ça soit l'économie de défense.
02:28 Et à l'arrivée, à l'arrivée ce qui se creuse, alors j'ai pas prévu le graphe mais on pourra vous le remettre je pense.
02:34 Alors on me dit "ouah faut se méfier de cet indicateur, c'est le pipe par tête".
02:38 C'est l'économiste Étienne Wassmer qui était venu, je sais pas si vous vous en souvenez l'année dernière,
02:42 nous parler, mais c'est un effondrement en fait auquel on assiste en Europe par rapport à la croissance permanente des Etats-Unis sur le pipe par tête.
02:50 Alors ok, je sais pas ce que t'en penses toi en tant qu'économiste, c'est un indicateur un peu compliqué,
02:54 mais enfin bon quand tu te retrouves sur un tel différentiel, c'est vraiment...
02:58 Mais c'est ça, test à test depuis très longtemps Jean-Pierre, toi tu y mets l'euro là-dedans.
03:02 Toi tu penses que la création de l'euro en fait est le vert dans le fruit de l'ensemble du recul européen depuis 20 ans ?
03:12 Oh y'a pas que ça hein, faut être honnête.
03:14 Mais c'est une racine en fait quand même.
03:16 Ça nous a empêchés de nous ajuster, ça nous a permis de faire des conneries en fait.
03:18 Ouais c'est ça, ça nous a protégés.
03:20 Les défis publics, les créances éternelles de toutes les minorités, enfin bref, notre recul, notre recul économique et même un peu démocratique
03:28 qu'on a constaté depuis tant d'années.
03:30 Y'a pas que ça, y'a toute une série d'autres facteurs.
03:33 Mais c'est vrai que l'Europe a joué plutôt un rôle défavorable dans la...
03:39 Tu te souviens toi tu disais "japonisation de l'Europe".
03:42 Oui, mais c'est ce qu'on a vu, c'est ce qu'on a vu.
03:44 Mais t'ajoutais "européanisation des Etats-Unis" et là-dessus ils ont finalement résisté.
03:48 Ça, y'avait une menace, et ça c'est vrai, et je m'excuse de le dire si jamais je te choque ou je choque à ce moment des auditeurs,
03:56 je trouve que Trump...
03:58 Oh non...
03:59 Il est désagréable, je suis d'accord qu'il est vulgaire, il est violent...
04:02 Non, non, non, il est pas violent, il est dangereux.
04:04 J'étais pas si sûr que ça.
04:06 Bon alors, on parle de Trump et puis ensuite on parlera de comment t'explique la...
04:11 Tu as lu là tout ce qui s'écrit, y compris dans des journaux qui sont pas... y compris Wall Street Journal,
04:16 sur la façon dont il est en train de préparer son retour.
04:19 On verra.
04:20 Non, on verra pas, on verra pas.
04:22 Ils sont en train de faire des listes très claires, donc le "spoil system", vous connaissez,
04:26 remplacement de 10, 20, 30, 40 000 fonctionnaires, c'est possible, pourquoi pas, c'est très bien.
04:31 Sauf qu'en gros son truc c'est "je me suis fait avoir la première fois".
04:34 Je me suis fait avoir parce qu'il a appelé le fameux "état profond".
04:37 Cette fois-ci, cette fois-ci ça ne marchera pas.
04:40 Cette fois-ci tous les mecs qui seront autour de moi seront des Trumpistes absolus.
04:45 Ce sera Steve Bannon puissance 10.
04:47 L'esprit de revanche pour gérer la première puissance du monde, ça va être chaud.
04:52 C'est pas nécessairement l'esprit de revanche, c'est la nécessité de l'efficacité.
04:57 Les démocraties reculent parce qu'elles sont impuissantes.
05:00 Je suis désolé d'avoir à le dire.
05:02 Pour résoudre toute une série de challenges qui se présentent à elles pour aujourd'hui et pour les prochaines années.
05:09 Y compris l'Europe vertueuse, soit disant démocratique, libérale,
05:12 qui ne remplit même pas ses objectifs en termes de réduction des émissions de CO2.
05:17 Et qui nous rajoute "bureaucratie" après "normes bureaucratiques" après "normes bureaucratiques".
05:24 Qui est impuissante à gérer un problème aussi basique mais challenging qu'est l'immigration.
05:29 Pendant 40 ans elle a menti sur l'immigration.
05:32 Trump aussi hein ?
05:33 Totalement impuissant.
05:35 Il dit à ses supporters "j'ai construit le mur".
05:38 Mais tu parles, c'est une passoire son mur et il le sait.
05:40 Donc là maintenant le sujet c'est ?
05:42 Je vais plus Stéphane parce que j'ai bien regardé le bilan de Trump.
05:45 Ah bah moi aussi j'ai bien regardé.
05:46 Non il y avait quand même une inflexion du nombre d'immigrants.
05:49 C'est rien.
05:51 C'est rien, c'est comme les relations avec la Chine, il n'a rien changé.
05:55 L'écart de commerce extérieur est le plus important que jamais.
05:58 Faudrait savoir.
05:59 Les économistes, une bonne partie des économistes nous annonçaient avec Trump en 2016
06:04 mais ça va être la cata le retour du protectionnisme.
06:06 Et maintenant on dit que ça n'a pas changé grand chose.
06:08 Alors so what ? Il est dangereux ou pas dangereux ? Faudrait quand même savoir.
06:12 Non.
06:13 C'est pas le sujet, c'est qu'il fait n'importe quoi.
06:15 Moi c'est ça, j'ai pas une question de dangereux ou pas dangereux.
06:18 C'est que le gars est incontrôlable.
06:20 Là il va être incontrôlable.
06:22 Il l'était en 2016.
06:24 Et je me souviens très bien.
06:25 Attends je veux raconter un truc parce que comment s'appelait le tsar de l'économie qu'il avait nommé ?
06:30 Il avait nommé un espèce de tsar de l'économie, Kohn, quelque chose comme ça.
06:34 Et Carlos Ghosn qui à l'époque était Carlos Ghosn impérateur avait été voir ce gars-là et il m'avait raconté.
06:40 Et donc ce gars-là lui avait raconté qu'il lui avait dit en gros avec l'élection le tremblement de terre a eu lieu.
06:46 Et que maintenant on allait maîtriser la bête.
06:48 Voilà.
06:49 Il n'y aura plus personne.
06:50 Il y avait aussi James Mattis au ministère de la Défense.
06:53 Il n'y aura plus personne pour maîtriser la bête.
06:55 Je vais te dire une chose.
06:56 Il a réveillé le monde sur le mercantilisme chinois.
07:00 Il a secoué l'Europe qui avait bien besoin d'être secouée.
07:03 Et qui depuis voit sa faiblesse évidente au niveau mondial.
07:09 Son manque de souveraineté énergétique, son manque de souveraineté même alimentaire, sanitaire.
07:14 Lui revenir en pleine tronche si je puis me permettre cette expression.
07:18 Le manque de souveraineté militaire.
07:20 Qu'est-ce qu'il dit Trump aux européens à partir de 2017-2018 ?
07:23 Mais comment se fait-il que vous l'Union Européenne, on va dire à 28 avec le Royaume-Uni,
07:27 vous avez 525 millions d'habitants, moi j'ai 330 millions d'habitants.
07:31 Et je dépense, vous dépensez vous en termes militaires que un tiers de ce que je dépense.
07:37 Soyez un peu responsable avant de nous critiquer.
07:40 Et sur tout le reste, ils sont où les...
07:43 Tu vas inviter quelqu'un tout à l'heure sur l'intelligence artificielle.
07:47 Ils sont où les concepteurs de l'intelligence artificielle ?
07:49 Ils sont où les utilisateurs de l'intelligence artificielle ?
07:52 Ils sont aux Etats-Unis.
07:53 Pourquoi on est des gros losers depuis tant de décennies ?
07:56 Pourquoi l'Europe qui soit disant...
07:58 Tu peux rajouter Moderna et le Covid.
08:01 Oui, bien sûr.
08:02 Non, parce que là, pour le coup, c'est vraiment la méthode Trump qui a sauvé le monde.
08:05 Mais qu'est-ce qu'elles disaient les élites européennes au moment de l'acte unique, au moment de Maastricht ?
08:11 Que ça allait nous permettre justement de construire des géants européens
08:16 qui allaient contester le monopole américain sur toute une série d'industries.
08:20 On n'a pas arrêté de reculer.
08:22 Et les démocraties européennes n'arrivent pas à résoudre des problèmes basiques
08:26 sur les fonctions régaliennes.
08:28 Mais il veut...
08:30 Le Spoil System existe depuis très longtemps.
08:32 Non, non, non, mais j'ai aucun problème avec ça.
08:34 J'expliquais ce qui allait se passer.
08:36 Il pense qu'il y a des forces de résistance.
08:38 Mais il n'y a pas des forces de résistance dans l'administration française, par exemple,
08:41 sur la sécurité et le syndicat de la magistrature dans la justice.
08:44 Mais comment veux-tu que...
08:46 Non, mais moi, je ne jette pas le bébé avec le haut du bain.
08:48 Le concept d'Etat profond est un concept très intéressant.
08:50 Et sans doute, par exemple, Mitterrand et la gauche a-t-il dû l'affronter en 81 ?
08:57 En l'occurrence, tant mieux.
08:59 Mais là, c'est l'inverse.
09:01 Le système éducatif en France, la justice en France,
09:04 le secteur public ultra-syndicalisé,
09:08 est-ce que ce n'est pas la principale force qui se heurte à toutes les vérités de réforme structurelle
09:13 depuis 40 ans en France ?
09:14 Nicolas Sarkozy sort de ce corps, sans doute.
09:16 Oui, oui, mais voilà.
09:17 Je vais ajouter un truc qui va te faire plaisir, parce que tu parlais à un moment du CO2.
09:21 J'ai vu ça.
09:22 Donc le truc aussi, c'est Trump climato-sceptique.
09:25 Donc ça, pour le coup, c'est vrai.
09:26 Son dernier discours, il dit "c'est un marché de dupes".
09:28 Sauf que j'ai vu ce chiffre qui est, je le trouvais très intéressant quand même,
09:32 sous Biden, les Américains ont battu leur record de production de pétrole.
09:37 Oui, donc...
09:38 J'ai pas besoin.
09:40 Ce fameux picoil, là, on court derrière le picoil depuis au moins deux ou trois décennies.
09:46 Bon, ben là, c'était 2019 et cet été, ils ont battu le record de production de 2019.
09:50 Je reviens sur le mercantilisme chinois, parce que je m'en souviens très bien.
09:52 En 2016, moi, je contestais ça.
09:54 Je suis pourtant admiratif du développement chinois sur 40 ans, mais je disais aux gens
09:59 mais il a raison d'attaquer le mercantilisme chinois.
10:02 Et qu'est-ce qu'a fait Biden, que je sache ?
10:04 Il a renforcé avec Chips les mesures protectionnistes.
10:07 Pour des raisons de sécurité, c'était pas...
10:09 La présentation est pas la même.
10:11 Non, mais d'accord.
10:12 Qu'est-ce que fait la Commission européenne, si ce n'est de, pour une fois, un petit coup sur Trump ?
10:15 Il est temps.
10:16 Ah ben, il serait temps, une fois qu'on a des industrialisations, qu'on a perdu énormément...
10:20 Mais elle le fait tellement mal, qu'en fait, ça va nous porter préjudice.
10:24 Oui, oui, elle le fait très mal au plan diplomatique, elle le fait très mal au plan technique.
10:27 Oui, mais une fois de plus.
10:29 Et après, c'est toi qui me dis que je me suis opposé à l'Europe.
10:33 Je te dis... Non, non, non.
10:35 Oui, oui, oui, non, non, mais là-dessus, moi, tu sais, tu m'as convaincu, Jean-Pierre, sur le...
10:40 C'est compliqué, mais le sujet de l'Europe...
10:42 C'est compliqué de revenir en arrière, c'est ça.
10:44 C'est compliqué de revenir en arrière, et surtout, le problème, ça, c'est un problème qui m'intéresse beaucoup,
10:50 c'est que certains sujets te mettent dans un camp auquel tu ne veux pas appartenir.
10:54 Et le sujet de l'euro et de la contestation de l'euro, aujourd'hui, te met dans un camp auquel je refuse absolument d'appartenir.
11:00 Donc, voilà, c'est un peu ça, le truc.
11:02 Non, non, mais on parlait de Trump, au départ, aucun... Enfin, je suis comme toi, moi, en 2016, j'avais envie de voir.
11:10 Simplement, là, je t'assure, ça risque d'être quand même...
11:16 Les démocraties sont menacées, de toute façon, qu'on le veuille ou non.
11:19 Oui, mais par lui aussi.
11:20 Non, elles sont... Trump est le résultat de l'incapacité démocratique.
11:24 Il a quand même essayé de faire un coup d'État pour rester au pouvoir, qu'on le veuille ou non.
11:26 Alors, coup d'État me semble un petit peu excessif.
11:28 Il a essayé de profiter des trucs. Est-ce que c'est lui qui a organisé les trucs ?
11:31 Parce qu'un coup d'État, c'est quoi ? Si tu prends les coups d'État en Afrique ou en Amérique du Sud,
11:35 c'est vraiment une coalition qui se met en place en complicité avec les forces armées.
11:38 Quand tu veux obliger le vice-président à refuser le résultat du scrutin électoral, t'es pas loin, quand même.
11:46 Écoute, il va y avoir... Il n'a pas que des amis, Trump, aux États-Unis d'Amérique.
11:49 Tu sais, et dans le pouvoir judiciaire, l'État profond, tu vois qu'il y en a qui veulent sa peau.
11:54 On va voir le résultat. Et comment se fait-il qu'à partir d'un discours rationnel,
11:57 comme on vient d'avoir à propos de Trump, il est dangereux, etc.,
12:00 comment se fait-il qu'une majorité d'Américains s'apprête à voter pour lui ?
12:04 C'est tous des dingues ?
12:05 Je ne sais pas, il y a on va dire 70 millions d'Américains dingues qui ne réfléchissent pas, qui sont irrationnels.
12:11 En fait, c'est ça le sujet, Jean-Pierre. Le sujet, c'est que face à Trump,
12:19 il y ait un gars qui, récemment, ne soit plus capable de faire la différence entre des millions et des milliards.
12:24 Mais c'est ça, en fait, le sujet. Normalement, tu as l'expression d'une colère absolue.
12:32 On l'a raconté cent fois de l'Amérique industrielle.
12:36 En face, il devrait y avoir l'expression de ce que tu viens de raconter,
12:40 c'est-à-dire de cet espoir, de cette croissance, de cette vitalité extraordinaire.
12:44 Et il n'y a pas. Alors qu'il a un bon bilan, Biden.
12:47 Objectivement, ce n'est pas mal. Il n'y a pas.
12:49 Et la régulation du Parti démocrate ne fonctionne pas.
12:52 Manifestement, il y a des effets de seuil dans la vie.
12:55 À partir de 81, 82, 83 ans, on perd une partie de ses capacités.
12:59 C'est pas de sa faute. Il y a un problème sur Biden.
13:02 Le Parti démocrate américain ne fonctionne pas en tant que structure démocratique.
13:06 Il est incapable de suggérer un autre candidat.
13:08 En l'état actuel des choses, dans le discours dominant, sauf s'il y avait un accident,
13:12 on se fait l'idée qu'il y a une fatalité Biden versus Trump.
13:16 Ce n'est pas normal. La démocratie ne fonctionne pas.
13:20 - Revenons, parce qu'une économie en mode résistance. Comment expliques-tu qu'un tel resserrement monétaire,
13:28 une telle violence, n'ait pas provoqué la récession qui semblait inscrite ?
13:34 La récession mondiale qui semblait inscrite ?
13:37 - Les taux, certes, ont monté très fortement.
13:40 Mais ce qui compte pour les taux d'intérêt des particuliers, des entreprises et des administrations publiques,
13:47 c'est le taux moyen de refinancement.
13:49 Or, n'oublie pas que les entreprises, administrations et ménages bénéficient encore des taux bas empruntés antérieurement.
13:56 Donc, il ne faut pas raisonner hausse des taux instantanés de marché, dégradation immédiate des conditions de refinancement.
14:04 Ça va être lissé dans le temps, car la maturité des prêts dans l'ensemble a beaucoup augmenté.
14:09 J'ajouterais que le niveau de dette n'est pas élevé aux États-Unis.
14:12 Le niveau de dette des ménages est bien en deçà des niveaux records de 2007.
14:16 Il n'y a pas eu de bulle de dette corporate, il n'y a pas eu de bulle de dette des ménages au cours des dernières années.
14:22 Quand on regarde le ratio de couverture des intérêts, ça veut dire quoi ?
14:25 Grosso modo, les profits des boîtes sur la charge d'intérêt.
14:30 On est parti d'un niveau très élevé.
14:32 Donc, on a de quoi absorber la hausse progressive des taux de marché.
14:35 Sachant que l'économie américaine se régule bien,
14:37 parce que finalement, à la faveur de la désinflation et d'un discours pludoviche de la Banque centrale,
14:43 les taux longs depuis deux mois baissent très fortement.
14:48 Discours de viches, c'est plus cool.
14:52 La désinflation est extraordinaire aux États-Unis.
14:56 Tu es à trois à peu près d'inflation.
14:58 Tu étais à neuf en juin 2022.
15:00 Il n'y a pas un effet de base d'énergie qui va nous rattraper à un moment, on le dit, pour l'Europe.
15:03 On a bien calculé ça.
15:04 A moins que tu prévoies des prix du baril à 150 dollars.
15:07 Mais franchement, ce n'est pas vraiment réaliste.
15:10 Même si tu prévois 80 dollars l'année prochaine en moyenne à peu près,
15:15 l'inflation va revenir vers 2,5 et va tangenter un peu plus de 2 en fin 2024.
15:20 À combien est l'inflation, d'après toi, hors loyer,
15:24 parce que les loyers perturbent un peu l'indice des prix à la consommation aux États-Unis,
15:27 et l'inflation sous-jacente, hors loyer ?
15:28 Mais je n'en sais rien.
15:29 Elle est à deux.
15:30 Les coûts unitaires du travail.
15:32 Les coûts unitaires du travail, c'est les coûts par unité produites.
15:34 C'est ça qui débouche sur l'inflation sous-jacente, historiquement.
15:37 C'est la principale variable.
15:38 D'après toi, ils évoluent comment ?
15:40 Ils ont baissé.
15:41 Ils ont baissé au T3, pourquoi ?
15:42 Parce que la productivité remonte.
15:43 Donc eux, ils sont tirés d'affaires, nous aussi, sur l'inflation ?
15:46 Oui, on est tirés d'affaires, mais avec une croissance quasi nulle,
15:49 alors qu'eux, ils ont une croissance et des créations d'emplois très élevées
15:52 qui leur donnent des capacités de financement de l'économie du futur.
15:55 Pas nous.
15:56 Ou moins nous.
15:57 Et pour finir, la Chine ?
15:59 La Chine, c'est Xi Jinping et Li Kang, ils ont compris,
16:03 enfin, surtout Xi Jinping,
16:04 il a compris que dès qu'il y a un problème systémique sur le marché immobilier,
16:08 sur la confiance des ménages, il cède.
16:11 Il cède parce que dictateur, là, dictateur.
16:13 Moi, j'ai d'autres échos là-dessus.
16:15 Ici, on a eu d'autres échos là-dessus, quand même d'un pouvoir
16:20 qui devient de plus en plus idéologique,
16:22 qui n'hésite pas à casser ses entreprises
16:25 s'il faut casser les entreprises, si elles ne rentrent pas dans la ligne.
16:28 Bref, on n'est plus justement dans le...
16:31 Je conteste ce point.
16:32 Le communisme de marché.
16:33 Tu contestes ce point ?
16:34 Je conteste ça.
16:35 Xi Jinping a changé d'avis à 180 degrés en 24 heures sur le zéro Covid.
16:42 Pourquoi ? Parce que tu as quelques centaines de mecs, c'est tout,
16:44 à l'échelle chinoise, c'est rien,
16:46 qui dans les villes ont manifesté en 24 heures.
16:50 Sur l'immobilier, il cède.
16:52 Pourquoi sur l'immobilier, il cède ?
16:53 C'est-à-dire qu'il a dit en 2018...
16:54 Ça veut dire quoi, il cède sur l'immobilier ?
16:56 Ça veut dire qu'à chaque fois que ça baisse...
16:57 Les banques régionales ont l'autorisation de refinancer les canards voiteux promoteurs.
17:00 Voilà, pour sauver les promoteurs et pour sauver la situation du marché.
17:04 Parce que les collectivités territoriales,
17:05 les provinces chinoises et les grandes municipalités,
17:07 elles dépendent de quoi ?
17:08 Des recettes fiscales qui viennent d'où ?
17:09 De l'immobilier.
17:10 Il n'est pas tout seul dans le comité central.
17:12 Les gens pensent à un dictateur, etc.
17:14 Mais c'est comme pour Taïwan.
17:15 Les gens pensent qu'il peut décider sur Taïwan sans risque.
17:18 Il peut envahir Taïwan, il n'y aura pas de problème.
17:20 S'il échoue sur Taïwan, il va sauter.
17:22 Comme les 25 membres du bureau politique vont tous sauter.
17:25 Comme Khrouchchev a sauté en 1964 après l'échec des vies des Tuba.
17:28 Oui, enfin il n'a pas échappé à la dernière scène.
17:30 C'était printemps dernier.
17:32 Il a eu tort là-dessus.
17:33 L'arrestation en public, au plénum de son prédécesseur.
17:37 Enfin, c'était très spectaculaire.
17:39 Oui, enfin bon bref, on a vu la scène quoi.
17:42 On a vu la scène qui marquait clairement.
17:45 Il est excessif.
17:46 On change d'époque et de dimension.
17:49 Il en fait des erreurs en termes de com', ça c'est clair.
17:51 Et en termes d'action en 2021, quand il régule n'importe comment.
17:54 Quand il élimine Jack Pa, quand il régule l'éducation.
17:58 C'est ça, c'est pas fini.
18:00 Ces dernières interventions en mer de Chine contre les Philippines, c'est ridicule.
18:04 C'est pas efficace quoi, tu vois.
18:06 Zéro Covid c'était excessif.
18:08 Mais il est régulé à l'intérieur.
18:10 Même Mao était régulé.
18:12 N'oublie pas que Mao a dû, pour survivre politiquement,
18:15 il a dû éliminer Yu Shaoqi, Lin Biao.
18:17 Non mais on pense que Mao décidait tout.
18:19 Bon, non mais ça nous emmène trop loin là.
18:21 On le compare souvent à Mao, c'est pour ça.
18:24 Il nous reste deux minutes pour donner un peu de perspective.
18:27 Là, les entreprises, elles peuvent s'appuyer sur ce qui semble quand même un socle assez solide.
18:34 On va pas se réveiller avec de mauvaises surprises dans six mois.
18:38 Non mais on est dans notre stagnation nous.
18:42 Ah non, on aura plus.
18:44 On est à zéro.
18:46 Ça bouge pas d'ailleurs, ça s'aggrave pas.
18:48 Y a pas la vraie grosse récession qu'on pouvait anticiper.
18:51 Non, sauf un nouveau choc exogène.
18:54 Une nouvelle force extérieure.
18:56 Mais endogènement parlant, c'est-à-dire les forces purement macro,
19:00 ne poussent pas à une forte récession à mon avis en Europe.
19:04 Et pas aux Etats-Unis non plus.
19:06 Et donc le record de la bourse est justifié.
19:10 Mais tu sais, il y a plein de records.
19:13 Le PIB mondial n'a jamais été aussi élevé.
19:15 Tu m'as toujours dit ça, structurellement les actions montent.
19:18 Bien sûr, elles montent dans l'histoire.
19:21 Ce qu'il faut, c'est pas trop se gourer sur le market timing.
19:23 Pas rentrer au moment où tout le monde rentre.
19:25 C'est ça le problème.
19:27 Pour les particuliers, c'est un peu difficile, c'est tout.
19:29 Sauf si vous avez 20 ans.
19:31 Normalement, mais sauf que même à 20 ans, t'as des besoins de liquidité.
19:35 T'as un petit passif.
19:37 T'as des projets immédiats.
19:39 C'est ça le problème.
19:41 Bon, merci Jean-Pierre.
19:43 Joyeux Noël.
19:45 On va pas s'ennuyer l'année prochaine.
19:47 Et puis on reparlera de Trump.
19:49 Ce sera probablement l'événement le plus important.
19:51 Sans aucun doute.
19:53 Et pour moi, la menace systémique, même si tu partages pas ce pessimisme.
19:57 J'en suis ravi.
19:59 On aura l'occasion d'en reparler.
20:01 L'intelligence artificielle, donc.
20:03 Tout ce qu'on peut faire, c'est l'intégrer dans les boîtes.
20:05 À des fois de l'inventer.
20:07 C'est parti, c'est la suite de Bismarck.
20:09 Et la réglementer.