Paul Belmondo nous raconte son enfance de rêve avec les plateaux de cinéma comme terrain de jeu, et comment il a découvert petit à petit les risques immenses que prenait son père, ce héros, sur les tournages.
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00:00 Donc en fait, ça l'a propulsé et puis il est tombé en arrière et il s'est blessé.
00:04 C'était comme aller sur le lieu de travail de ses parents.
00:12 Donc, moi, j'allais sur les plateaux de tournage, que ça soit en vacances,
00:16 que ça soit à la sortie de l'école.
00:19 Souvent, je faisais mes devoirs dans sa loge, je me baladais dans les plateaux.
00:23 Et voilà, j'adorais y aller parce que justement, c'était un lieu de découverte et de jeu.
00:29 Bien sûr, il y avait le plateau où le film se tournait.
00:31 Souvent, il y avait d'autres films qui se tournaient en même temps aussi.
00:33 Et souvent, il y avait justement ces studios qui étaient complètement vides
00:38 avec des bouts de décors ou des décors en construction ou éteints.
00:42 Et donc, moi, j'aimais vraiment aller me balader au milieu de tout ça.
00:46 C'était un petit peu l'aventure.
00:47 Donc, d'être dans ces décors tout seul, un peu dans la pénombre,
00:51 c'est quelque chose que j'adorais faire.
00:53 Et bien sûr, j'adorais aller regarder mon père tourner,
00:58 être assis sur un cube et regarder ça et participer au tournage.
01:02 Mon premier souvenir de tournage dont je me souviens réellement, c'est le Cerveau.
01:07 Mon premier vrai souvenir, c'est justement au Havre, avec le France,
01:12 d'avoir été là, d'avoir passé deux jours sur le tournage
01:17 avec cette fausse statue de la liberté.
01:20 Je me rappelle d'avoir ramassé ces billets, de m'en mettre plein les poches
01:24 et de les ramener, de croiser Bourvil.
01:28 On parle du Cerveau.
01:30 Il était quand même accroché à cette statue qu'il emmenait comme ça.
01:34 Il a lâché et il tombait.
01:35 Donc, à l'époque, c'était des tombées dans les cartons.
01:38 Ça me paraissait normal.
01:39 J'ai mis très longtemps à avoir une certaine crainte par rapport à ce qu'il faisait.
01:43 Donc, il y avait toujours ce mélange du côté enfant, de le regarder faire.
01:48 Mais comme je l'ai souvent dit, dans la vie de tous les jours,
01:51 il faisait aussi beaucoup de conneries seul ou avec nous.
01:54 Donc, c'était un peu quelque chose de normal.
01:57 Et on ne se rend pas vraiment compte du danger quand on est jeune et qu'on est enfant.
02:02 La première fois où j'ai réellement eu peur,
02:07 où j'ai pris conscience du danger, c'est quand il avait fait une cascade
02:11 avec Rémi Julienne pour une émission de télé pour TF1,
02:14 où justement, il avait décidé de ne plus faire de cascade.
02:18 Il avait fait une...
02:20 Enfin, il devait faire une cascade justement pour cette émission
02:22 où il montait sur le toit d'une voiture.
02:24 La voiture roulait, l'avion passait, il attrapait la corde et l'emmenait comme ça.
02:29 Donc, ce jour-là, la piste n'était pas plate.
02:32 Il y avait beaucoup de bosses sur la piste, donc la voiture bougeait beaucoup.
02:36 Il était sur le toit de cette voiture.
02:38 Il n'arrivait pas à attraper.
02:40 La voiture n'arrivait pas à prendre suffisamment de vitesse par rapport à l'avion.
02:43 Et au moment où ils arrivent quasiment à faire la prise, où il attrape la corde,
02:48 c'est au moment où l'avion arrive en bout et est obligé de refaire une remise de gaz.
02:51 Donc, en fait, ça l'a propulsé et puis il est tombé en arrière.
02:55 Et il s'est blessé.
02:56 Il s'est fait très mal au dos.
02:58 Et ce jour-là, j'ai pris conscience qu'en fait, qu'il pouvait se faire mal.
03:00 Jusque là, je n'avais jamais eu cette notion-là.
03:04 Pourtant, c'est très tard.
03:05 Je dois avoir 16 ans ou 17 ans, je pense.
03:08 Peut-être plus, je ne me rappelle plus en quelle année c'était.
03:10 Et là, j'ai pris conscience que oui, il pouvait se faire mal.
03:15 C'est ça, c'est ça, c'est ça.
03:16 [SILENCE]