Des stages pour quitter l'éducation nationale !
Voilà une initiative pour le moins originale, lancée par le SNALC, le syndicat national des lycées, colléges, écoles et supérieur.
Quitter le métier de prof, ou rester dans l'éducation mais changer de voie.
C'est devenu aujourd'hui une réalité criante.
A tel point sur le syndicat organise donc des demi-journées de stage pour les profs qui envisagent de le faire.
Et dans l'Hérault, hier jeudi, deux stages de ce type ont été organisés, à Béziers et à Montpellier.
Des stages qui apparemment, rencontrent un vif succès.
On en parle ce matin avec Jessica Boyer.
Elle est vice-présidente académique du SNALC, en charge du département de l'Hérault
Voilà une initiative pour le moins originale, lancée par le SNALC, le syndicat national des lycées, colléges, écoles et supérieur.
Quitter le métier de prof, ou rester dans l'éducation mais changer de voie.
C'est devenu aujourd'hui une réalité criante.
A tel point sur le syndicat organise donc des demi-journées de stage pour les profs qui envisagent de le faire.
Et dans l'Hérault, hier jeudi, deux stages de ce type ont été organisés, à Béziers et à Montpellier.
Des stages qui apparemment, rencontrent un vif succès.
On en parle ce matin avec Jessica Boyer.
Elle est vice-présidente académique du SNALC, en charge du département de l'Hérault
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00:00 organisée pour quitter l'éducation nationale.
00:02 Oui, oui, vous avez bien entendu, on en parle avec notre invité Guillaume.
00:05 Et avant ça, on rappelle la question du jour et pour laquelle vous pouvez appeler dès
00:08 maintenant au 04 67 58 6000.
00:11 Est-ce que vous aimeriez qu'aujourd'hui votre enfant vous dise "je veux devenir enseignant,
00:17 prof ou astute".
00:18 Et bien vous répondez non à 75%.
00:21 Ça serait parti de la manière suivante.
00:23 57% disent non mais je respecterais son choix parce que ce serait son choix.
00:28 17% disent non, surtout pas.
00:31 Et vous êtes donc seulement 1 sur 4 à répondre "oui j'aimerais bien que mon enfant devienne
00:36 enseignant".
00:37 Voilà, vous continuez à voter et on attend vos appels sans tarder au standard de France
00:41 Bureau.
00:42 On rappelle le numéro François ? Oui, 04 67 58 6000.
00:44 Vous nous appelez vite pour intervenir avant 8h.
00:46 Bonjour Jessica Boyer.
00:48 Bonjour Guillaume.
00:49 Bonjour François.
00:50 Vous êtes secrétaire départementale du SNALC dans l'héros, le syndicat national des
00:54 lycées, collèges, écoles et supérieures et c'est vous qui organisez ces stages qu'on
00:59 découvre un peu aujourd'hui pour accompagner ces enseignants qui veulent quitter le navire
01:03 pour reprendre l'expression que vous utilisez vous-même.
01:05 C'est des stages que vous avez lancés après le Covid ?
01:07 C'est ça.
01:08 En sortie de Covid, nous avons commencé ces stages sous le format visioconférence et
01:13 puis nous les faisons désormais en présentiel puisqu'ils sont largement plébiscités
01:18 par les collègues.
01:19 Et on en fait dans toute l'académie.
01:22 Depuis maintenant plusieurs semaines, on tourne dans l'académie et à chaque fois c'est
01:25 ça le comble et on a vraiment un gros malaise à soulager.
01:30 Il n'existait pas avant le Covid, on le sait, on va enfoncer une porte ouverte, mais il y
01:37 a eu clairement un changement avec le Covid ? La situation s'est aggravée ? Le mal-être
01:41 des enseignants s'est aggravé ?
01:42 Je pense que oui.
01:44 En fait le Covid a été un petit peu un catalyseur pour prendre conscience de la difficulté
01:49 de concilier la vie personnelle, le travail, et pas seulement pour les enseignants d'ailleurs,
01:53 pour tous les personnels de l'éducation nationale.
01:55 Et on s'est posé des bonnes questions sur nos pratiques quotidiennes et le bilan n'est
02:00 pas terrible.
02:01 On a une vraie morosité dans l'éducation nationale à l'heure actuelle.
02:05 Et notre formation ne vise pas seulement à accompagner les collègues qui veulent quitter,
02:09 elle vise surtout à soulager la peine, le poids qu'ils ont sur les épaules, à se
02:13 sentir coincés.
02:14 Leur ouvrir des perspectives, leur ouvrir le champ des possibles.
02:18 Vous vous parlez de morosité mais parfois on entend parler aussi de souffrance au travail
02:22 d'un enseignant.
02:23 C'est le cas véritablement ? Et la situation a tendance à s'aggraver aujourd'hui ?
02:27 Ah oui, clairement.
02:29 Pour vous donner un chiffre, dans notre académie en un an on a eu 35% d'augmentation des
02:33 signalements dans le registre santé et sécurité au travail.
02:36 C'est énorme.
02:37 Les collègues sont en souffrance et le font savoir.
02:40 Donc le succès de ces formations ça doit être aussi avant tout un signal d'alerte
02:45 pour l'administration pour qu'elle prenne la mesure de ce qui se passe et qu'elle
02:49 mette en place des moyens suffisants pour y remédier.
02:52 Et que les collègues de l'éducation nationale retrouvent la joie d'aller travailler.
02:55 Alors vous allez nous expliquer comment ça se passe.
02:57 Il y avait deux stages d'organisé hier dans le département de Léon.
03:00 Un à Abéziers hier matin, l'autre à Montpellier hier après-midi.
03:03 Et c'était, comme on dit, à guichet fermé.
03:06 Oui, on a fait sale comble dans les deux salles que nous avons réservées à cet effet.
03:13 Ça fut le cas dans tous les départements dans lesquels nous sommes passés.
03:16 Il y a énormément de demandes qu'on ne peut pas satisfaire parce qu'on ne peut pas multiplier
03:21 les dates indéfiniment et parce qu'il faut aussi que sur le terrain les enseignants soient
03:25 devant les élèves.
03:26 Donc les autorisations d'absence ne peuvent pas être délivrées non plus.
03:30 Ça s'entend en nombre suffisant.
03:31 Donc on le refera.
03:32 J'imagine.
03:33 Alors comment ça se passe très concrètement ? C'est quoi ces stages ? C'est des conseils
03:37 pour inciter ceux qui veulent partir à rester ou pour les accompagner vers la sortie, sachant
03:41 qu'il y en a aussi qui ne veulent pas forcément quitter l'éducation, mais peut-être changer
03:45 un petit peu de registre.
03:46 Expliquez-nous, quelle est la proportion entre ceux qui veulent partir ?
03:48 On a un peu de tous les profils, vous savez.
03:50 Il y a des gens effectivement qui sont là parce qu'ils en ont vraiment plein le dos.
03:54 C'est un ras-le-bol définitif et pas de retour possible.
03:57 Et il y en a d'autres qui sont là pour avoir une voie de sortie en tête.
04:02 En fait, quand on souffre au travail, ne serait-ce que le simple fait de savoir qu'on peut faire
04:06 autre chose et qu'on n'est pas coincé, ça soulage cette souffrance.
04:09 0467 586 000, on vous rappelle la question du jour.
04:12 Vous nous appelez tout de suite au Standard de France, Bleu Héro.
04:14 Aimeriez-vous que votre enfant devienne enseignant ? Témoignez aussi si vous avez déjà des
04:18 enfants qui exercent ce métier, Guillaume.
04:20 Ceux qui veulent partir, celles et ceux qui veulent partir, c'est la définition définitive.
04:25 Ils ne changeront pas d'avis et ils vous expliquent pourquoi.
04:27 Oui, il y a beaucoup de problématiques qui se sont exacerbées dernièrement, notamment
04:33 les relationnels avec les familles qui s'est dégradé, la sensation de mépris par l'institution
04:38 parfois, qu'elle soit voulue ou non, la perte de sens du métier, quel que soit le corps,
04:43 qu'on soit dans le corps des administratifs ou qu'on soit enseignant.
04:46 Et il y a vraiment une usure dans l'éducation nationale.
04:50 Donc ceux qui veulent partir, on leur explique comment faire, avec les moyens qui sont les
04:55 nôtres, puisque vous savez, par exemple, les ruptures conventionnelles, elles sont
04:57 très peu accordées et souvent la seule solution c'est la définition.
05:00 Parce que c'est la fonction publique.
05:01 C'est pour ça d'ailleurs qu'on propose des passerelles.
05:05 On développe quelque chose qu'on aimerait voir développé par l'administration.
05:08 C'est comment on passe d'une fonction publique à une autre parce qu'on est quand même
05:11 face à des personnes qui ont suivi des concours, des études longues et qui ont du mal à renoncer
05:16 à ces concours.
05:17 Ça s'entend.
05:18 Et pour ceux qui ne veulent pas complètement partir, quels sont les perspectives ? Parce
05:21 qu'on dit "c'est une grosse machine l'éducation nationale, on arrivera toujours à se recaser".
05:27 C'est peut-être pas aussi simple que ça en fait, d'après ce que j'ai compris.
05:29 Le principal frein c'est que les personnels pensent qu'ils ne savent faire que le métier
05:35 qu'ils sont en train de faire à l'heure actuelle.
05:37 Et c'est ce frein-là qu'on essaye de lever.
05:38 C'est de leur donner des options.
05:40 Que ce soit dans la piste du cumul d'activités, puis la création d'entreprises tout en gardant
05:46 un pied dans la fonction publique.
05:48 Que ce soit carrément changer de fonction publique, se faire employer par une collectivité
05:52 territoriale, c'est possible.
05:54 Changer, passer à la fonction hospitalière pour certains administratifs, c'est possible.
05:57 Il y a tout un tas de débouchés possibles et les collègues ne le savent pas.
06:02 Donc on est là pour leur apprendre ce qu'ils ont à leur portée.
06:05 - On peut rester dans l'éducation nationale, ne plus être prof, est-ce qu'il y a des débouchés
06:10 aujourd'hui ou c'est compliqué ?
06:11 - Oui, au sein de l'éducation nationale c'est une des parties que nous développons pour
06:17 faire d'autres métiers en fait, parce qu'il n'y a pas que des profs dans l'Assemblée.
06:20 Donc en fait on explique comment passer d'un métier à un autre.
06:23 Chef d'établissement, conseiller principal d'éducation.
06:26 - J'imagine que c'est encore plus compliqué quand on veut se libérer, s'alléger de cette
06:32 charge mentale qui accompagne le métier de prof, chef d'établissement.
06:35 - Ça développe des compétences différentes.
06:38 Un sacerdoce aussi, ce n'est pas idéal, mais il y a des personnels qui embrassent les fonctions
06:42 encadrantes avec plaisir.
06:44 On en a chaque année à peu près 150 dans le pays qui choisissent la voie du détachement.
06:48 Donc c'est une voie possible.
06:49 Après on peut devenir aussi conseiller en formation continue.
06:52 Il y a tout un tas de débouchés possibles.
06:54 - Mais il y a une histoire de mobilité aussi, c'est-à-dire qu'il faut investir là-dessus
06:57 aussi.
06:58 - Exactement.
06:59 Il faut être conscient en fait des conséquences de chaque choix, de chaque option.
07:03 Et c'est ça qu'on fait en trois heures de temps.
07:05 On matche le travail aux collègues parce que vous savez quand on souffre, on n'a pas le
07:08 temps d'aller chercher partout parce qu'il faut chercher énormément de textes différents.
07:12 Donc on leur facilite le travail pour qu'ils comprennent à chaque fois, chaque choix,
07:17 quelles conséquences, quels avantages, quels inconvénients.
07:19 - Et choisir c'est renoncer.
07:20 - Une dernière chose Jessica Boyer.
07:21 Évidemment ce qui se passe là avec ces stages, les succès que rencontrent ces stages ne
07:26 laissent pas l'administration indifférente.
07:28 Ça peut-être commence même à l'inquiéter.
07:30 Vous sentez que les choses sont peut-être en train de bouger ?
07:33 - Écoutez le SNALC oeuvre dans ce sens depuis très longtemps, dans le sens de prendre en
07:37 compte la mobilité possible des personnels.
07:40 On a d'ailleurs créé une plateforme qui s'appelle Mobisnalc à disposition des personnels.
07:45 Et on pousse sans arrêt l'administration.
07:47 Je pense qu'au niveau de la fonction publique, les choses sont en train de bouger.
07:51 Parce que dans l'éducation nationale, on est vraiment à des années-lumières en termes
07:54 de ressources humaines.
07:55 Non pas que les personnes ne fassent pas leur travail, mais on n'a pas assez de ressources
07:58 au regard de la masse salariale en fait.
08:00 - Mais au bout d'un moment, à force de voir tous ces profs quitter le métier, et que
08:04 l'administration peut aussi avoir du mal à remplacer, il va y avoir un vrai souci quand
08:07 même non ?
08:08 - C'est encore un autre problème effectivement.
08:11 Après peut-être il faudra réfléchir à un moment à la façon dont on rémunère,
08:16 dont on considère les profs.
08:17 Parce que la considération des profs, elle passe aussi par la rémunération.
08:21 Dans les années 80, on touchait 2,3 SMIC quand on commence.
08:24 Aujourd'hui c'est 1,2 SMIC.
08:26 Je pense que le résultat de votre sondage est parlant.
08:29 Ce n'est pas un métier qui est considéré dans l'opinion publique comme un métier porteur
08:32 en fait.
08:33 Et ça, on doit y travailler aussi.
08:34 - Merci Jessica Boyer, secrétaire départementale du SNALC, Syndicat National des lycées, collèges
08:40 et collèges supérieurs, d'être venue dans le 6/9 ce matin.
08:44 Merci à vous.
08:45 - Merci à vous.
08:46 de 8 heures, on évoquera les méga bassines qui divisent les défenseurs de l'environnement.