Découvrez l'entretien que l'entraîneur de tir des norvégiens, Siegfried Mazet, a accordé à la chaîne L'Équipe.
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00:00 Je ne coache pas du tout de la même façon les Norvégiens que ce que je coachais les Français.
00:05 S'adapter à la culture, c'était vraiment primordial.
00:09 Qu'est-ce qui est très différent dans l'approche du Biathlon entre les deux nations ?
00:14 En fait, ce n'est pas tant dans l'approche, mais c'est plutôt dans leur culture, leur façon d'être.
00:18 Les Norvégiens sont très libres. C'est le pays de l'enfant roi, on le sait.
00:24 Crier sur quelqu'un, ça ne se fait pas. Même si on a toutes les raisons de le faire,
00:30 il y a des choses qui ne se font pas. Et j'ai appris ça.
00:35 Une fois, j'étais vraiment colère contre Johannes sur un truc.
00:39 Je l'ai fait à la française, mais ça lui est passé dans une oreille, c'est ressorti par l'autre.
00:42 Ça ne l'a pas du tout atteint. Du coup, il m'a trouvé ridicule.
00:46 Tu avais une relation particulière avec Martin, qui s'est construite au fil du temps,
00:50 très particulière, presque fusionnelle d'une certaine manière.
00:54 Comment s'est construite ta relation avec Johannes et quelle relation vous avez ?
00:59 Avec Johannes, on a une relation proche. Peut-être pas comme Martin, mais c'est deux grands leaders.
01:08 Et pour mener des leaders, pour être à leur côté, il faut les connaître par cœur.
01:13 Il y a forcément une complicité qui s'installe. Et plus tu connais la personne, plus c'est facile.
01:23 Il n'y a même pas besoin de te parler, tu le regardes et tu sais ce qui se passe.
01:27 On les a souvent opposés, Martin et Johannes, dans leur approche du haut niveau, dans leur façon de fonctionner.
01:33 Est-ce qu'avec le temps, et toi qui est certainement celui qui connaît le mieux les deux,
01:38 tu leur trouves des points communs ? Ils sont très différents.
01:41 Est-ce qu'il y a des ressorts communs à ces deux grands champions ?
01:44 En commun, ils ont cette envie de gagner. C'est ce qui les anime.
01:52 Le parfum du match, le fait de se remettre en question, d'aller chercher une victoire de plus, de rien laisser,
02:02 d'avoir cette confiance d'être des joueurs. En tant que joueurs, ils sont différents, mais c'est deux grands joueurs.
02:10 Johannes aime un peu provoquer en tirant vite, en faisant des tirs rapides, en essayant de jouer cette partie-là.
02:21 C'est ce qu'il aime, il a envie de matcher comme ça.
02:24 Martin était plus le métronome qui distillait ses balles.
02:30 Le technicien, Johannes, c'est l'instinctif. Mais à la fin, c'est les mêmes ressorts.
02:35 Est-ce que pour être un grand champion, il faut être égoïste ?
02:37 Absolument. Sur la piste, il faut être égoïste. Il faut avoir envie de passer devant l'autre.
02:44 Il faut avoir envie de... Dans le respect, ce n'est pas irrespectueux, mais si tu es gentil, tu te laisses passer dessus.
02:53 Il ne faut pas être gentil tout le temps.
02:55 On les a vus, c'était le tir très rapide de Johannes à l'entraînement que tu as filmé.
03:05 La réponse d'Emilien, quelques jours après. Est-ce que tu as l'impression qu'on est en train de progressivement passer à un nouveau cap ?
03:14 Et d'observer un vrai changement dans la façon d'aborder le tir en biathlon ?
03:18 Je ne crois pas que le jeu envahisse la chandelle aujourd'hui.
03:23 Tirer en 10 ou 12 secondes comme l'a fait Johannes, en course, c'est possible de le réaliser à condition qu'on arrive en descente.
03:32 Que le gars se soit reposé toute la descente, qu'il ait skié tout doucement jusqu'à ce qu'il ne soit pas tiré.
03:37 Pour arriver à ce tir-là, il a dû faire 30 répétitions avant.
03:41 Ce jour-là, c'était que la deuxième répétition.
03:44 Je l'ai senti, j'ai pris le téléphone pour filmer, mais il y a eu plusieurs essais avant.
03:51 C'est quelque chose qui reste exceptionnel à ce niveau-là.
03:55 Mais après, est-ce qu'on va descendre vers en dessous de 18, 17, 16 secondes ?
04:02 Oui, on va y parvenir, je pense.