• l’année dernière

Category

📺
TV
Transcription
00:00 Cette histoire est née sur une route de campagne entre Saint-Etienne et Mont-Brizon, dans un
00:14 département qui a pris le nom du fleuve qui le borde, la Loire.
00:20 Cette histoire, dont j'ignorais qu'un jour j'aurais à la relater, raconte celle
00:27 d'un homme que j'avais bien connu dans une autre vie et qui s'appelait Simon Feldman,
00:35 un nom qui signifiait dans la langue de ses ancêtres l'homme des champs.
00:41 Pourtant, Simon Feldman préférait le goût des routes à celui des champs.
00:48 Bien qu'il ne fût ni de Saint-Etienne ni de Mont-Brizon, il se sentait là comme chez
00:55 lui, porté par la complicité qui le liait au grand fleuve, son vieux frère imprévisible.
01:03 Cette histoire, dont j'extrais de mes souvenirs les premiers fils, remonte au Paris des années
01:15 80.
01:16 Elle commence par trois personnages et un décor qui leur était commun.
01:22 D'abord, il y avait donc Simon Feldman, celui que l'on découvre ici et celui de
01:31 sa propre jeunesse.
01:34 Il y avait ensuite une cour, dans un vieux quartier de Paris, qui imprégna mon enfance,
01:44 10 rue René-Boulanger, dans le dixième arrondissement.
01:49 Au quatrième étage de cette cour, il y avait un fantôme.
01:56 Il se nommait Joseph, Joseph Feldman, originaire d'un village juif de Pologne, inconnu des
02:07 voisins de cet immeuble où il demeurait pourtant depuis 1942.
02:14 Il était l'oncle de notre Simon Feldman et Simon vivait chez lui depuis la mort de
02:23 ses parents.
02:24 Enfin, il y avait Ellie, Ellie Cagan, un photographe de presse très indépendant que Simon aimait
02:35 beaucoup.
02:37 Ellie habitait dans cette cour depuis des lustres et il en connaissait tous les fantômes,
02:44 particulièrement celui du quatrième étage.
02:49 Le 16 juillet 1942, la police française est venue, elle a ramassé tout le monde.
02:54 Moi, je n'étais pas là, j'étais avec moi à quelques kilomètres de la Sarthe.
02:57 Et tous les gamins et les filles de mon âge, comme dit la chanson, ils ont été ramassés,
03:04 il n'y en a aucun qui est revenu.
03:05 Et dans cette cour, il reste M.
03:07 Feldman.
03:08 Je l'appelle, si vous voulez.
03:09 Feldman ! C'est pour la Sète ! Il sourde, le pauvre, 89 ans.
03:16 Il a le cancer, on lui a coupé une patte.
03:18 Il se planque, il a peur.
03:21 À la mort de son vieil oncle, Simon quitta Paris et s'en alla rejoindre Francine, sa
03:30 fiancée, à Saint-Étienne dans le département de la Loire.
03:38 Simon voulait devenir photographe de presse comme Elie.
03:46 Il débuta comme coursier au courrier de la Loire, puis devint journaliste spécialisé
03:56 dans les faits divers, poste où il officia durant trois décennies.
04:02 On lui décerna le titre de meilleur enquêteur de la rédaction, mais au journal, chacun
04:10 se demandait quelle vertu secrète le rhum et le cognac pouvaient bien ajouter à son
04:17 talent.
04:18 J'avais revu Simon Feldman à propos d'une étrange affaire dont il souhaitait me parler,
04:29 une affaire qu'il était le seul à avoir remuée, mais sur laquelle il ne publia aucune
04:36 ligne.
04:37 Pourtant, il y avait consacré de nombreuses pages qui restèrent longtemps secrètes.
04:44 Depuis, le temps a passé et à présent, Simon a disparu.
04:52 On dit que le rhum et le cognac ont sans doute eu raison de lui.
04:59 J'ai donc décidé de livrer ici tout ce qu'il me confia et qu'il avait accumulé
05:06 au sujet de cette fameuse et ténébreuse affaire.
05:11 Au début de cette histoire, j'étais en train d'enquêter sur l'affaire Venail,
05:35 près de Saint-Médard en forêt.
05:38 Je croise deux SDF que j'interroge pour savoir s'ils étaient au courant de ces faits.
05:44 Mais là, ils se mettent à me raconter qu'ils avaient vu ou cru apercevoir un objet volant,
05:55 transparent et lumineux, plat, long, qui survolait le château de Saint-Médard en forêt.
06:04 Mais ça ne durait que quelques secondes et l'engin a disparu.
06:11 Mais il y a un deuxième fait curieux.
06:14 Ils reprennent leur marche et là, ils se cassenaient sur trois individus qui marchaient.
06:21 Alors l'un d'eux portait une caméra, le deuxième une espèce de trépied d'appareil
06:29 photo et le troisième de lourd bagage.
06:33 Et le groupe continue leur marche et traverse une petite ferme voisine près du château.
06:41 Le lendemain, j'ai voulu en avoir le cœur net, je me suis rendu directement sur l'exploitation
06:49 de cet agriculteur.
06:51 Il s'est avéré que ces trois hommes étaient une équipe de télévision qui sont allés
06:58 à sa rencontre et qui lui ont demandé la permission de faire des images.
07:02 Ils ont installé leur matériel et ils l'ont interrogé.
07:07 Le chef d'équipe avait l'air bizarre, distant, froid.
07:18 Ils lui ont déclaré qu'ils étaient l'équipe de télé TV7.
07:26 Donc l'agriculteur leur a rétorqué TL7, parce qu'ici c'est TL7.
07:35 Et non, ils ont confirmé TV7.
07:40 Intrigant non ?
07:43 Dans les jours qui ont suivi l'épisode de Saint-Médard en forêt, la curieuse équipe
07:54 de télévision s'était rendue à 30 km de là, à Roche en forêt, chez un agriculteur
08:02 plutôt âgé, dont la solitude et le mode de vie les intriguaient particulièrement.
08:09 Évidemment, ils se présentèrent au nom de la chaîne TV7 et enregistrèrent avec lui
08:23 plusieurs séquences que leur chef d'équipe jugea très fructueuses.
08:29 Quelques jours avant de disparaître, Simon Feldman m'avait fait remettre une boîte
08:45 contenant diverses archives par son ami et bras droit, un certain Ninek Kemelienko, un
08:54 personnage insaisissable, ancien capitaine des forces spéciales soviétiques, devenu
09:02 soldat de fortune au Moyen-Orient et au sujet duquel je n'ai jamais cessé de me demander
09:11 comment Simon Feldman avait pu en faire son ami.
09:16 Lorsqu'il me remit la boîte, Kemelienko me déconseilla formellement de l'ouvrir
09:24 avant le 19 octobre 2017.
09:28 Le jour D, je découvris que la fameuse boîte contenait les éléments rassemblés par Simon
09:45 au cours de son enquête.
09:48 Des feuilles couvertes de notes, une série de photographies, des portraits ainsi qu'un
09:55 mystérieux cahier noir d'aspect artisanal.
10:00 Alors toujours pour les besoins de mon enquête sur l'agression de Venaille, je me suis rendu
10:15 à Rochamphoret pour y rencontrer un vieux paysan qui était au courant de cette agression.
10:22 Bonjour Monsieur, bonjour Monsieur Rondel, comment allez-vous ? Simon Feldman, je suis
10:32 journaliste.
10:33 Mais lui aussi va me dire des choses plus qu'intrigantes.
10:36 Il était dans la forêt à la recherche de plantes médicinales.
10:41 J'étais dans la nature, je me promenais, j'ai tombé sur une vieille maison qui est
10:46 abandonnée.
10:48 Une bâtisse qu'il connaît bien mais qui tombe en ruine et qui sert de refuge de chasse.
10:53 Et là il s'approche et il s'aperçoit qu'il y avait un individu allongé sur le sol.
11:02 Ce gars était plutôt jeune, plutôt vieux.
11:06 Entre 35 et 40 ans, on aurait dit qu'il était mourant.
11:10 Puis soudainement, il s'est levé.
11:15 Il a peint un carnet, il a feuilleté, tourné des pages.
11:22 Il se met à faire des gestes étranges.
11:34 Il a fait des drôles de gestes là.
11:39 Est-ce qu'il vous a vu ?
11:42 Moi j'étais sur un coin de mur, alors je voyais à peine, je suis certain qu'il ne
11:49 m'ait pas vu.
11:50 À ce moment-là, je suis reparti chez moi.
11:52 C'est la première fois que je voyais un homme dans cet état, dans nos champs, par
11:59 les montagnes.
12:00 Mais vous n'avez pas eu envie d'y retourner ?
12:02 Si, bien sûr que si, ça m'a intrigué.
12:05 Et deux jours après, je suis retourné voir.
12:08 À leur surprise, j'ai trouvé une pochette avec un objectif photo, un tissu comme du
12:16 cuir, et puis le carnet noir.
12:18 Je me suis emparé de ça, je l'ai emporté.
12:20 Voilà, je vous laisse voir.
12:23 Alors je vous y laisse, parce que je n'en ai pas besoin.
12:27 Vous me laissez ?
12:28 Oui, oui.
12:29 Le cahier noir a été pour moi une pièce à conviction essentielle.
12:44 Pour ne pas attirer l'attention, il avait été fabriqué pour ressembler à un album
12:50 de photos tout à fait banal.
12:51 Des notes manuscrites accompagnaient les images.
12:55 On y trouvait également diverses figures géométriques qui auraient pu faire penser
13:01 à de petits dessins décoratifs et dont je n'ai pas tout de suite compris la fonction.
13:07 C'est en me souvenant des propos du vieux paysan que j'ai pu résoudre cette énigme.
13:13 Il a fait de drôles de gestes là.
13:15 Chaque figure géométrique correspondait en effet à un geste de la main.
13:20 Il suffisait alors de reproduire les lignes de ces figures avec la main.
13:25 Et j'obtenais ainsi la clé de l'énigme.
13:28 L'ensemble de ces photographies décrivait en détail et selon des modalités techniques
13:33 inconnues l'objectif d'une mission d'exploration et de collecte d'informations à mener dans
13:39 notre région.
13:40 Notre département y était désigné, non sous le terme de Loire, mais de Périmètre
13:47 S.
13:48 [Musique]
13:56 [Musique]
14:02 [Musique]
14:05 [Musique]
14:11 [Musique]
14:17 [Musique]
14:23 [Musique]
14:30 [Musique]
14:33 [Musique]
14:39 [Musique]
14:45 Dans cette même boîte laissée par Simon Feldman, il y avait aussi un petit carnet de
14:58 notes manuscrites, son journal intime.
15:02 Le jeudi 28 mars, il écrivait ceci.
15:11 « Quelle étrange affaire ! Je ne peux rien en dire à quiconque qui pourrait me croire.
15:19 La seule qui m'aurait écouté sans rire, c'est Francine.
15:24 Je pense souvent à elle.
15:28 À l'époque où je l'avais connue, rue René Boulanger à Paris, je n'avais jamais
15:34 renoncé à la retrouver. »
15:38 Ma fiancée, c'était Francine.
15:41 C'était la nièce de la concierge de l'immeuble.
15:47 La concierge ridée, méchante, qui détestait les youpins.
15:55 Dans cette cour, il en restait quelques-uns et la concierge, pas celle-là qui était
15:59 espagnole, mais la concierge française, une bonne française.
16:02 Je me rappelle, j'avais huit ans, en 36, je les ai vus défiler, ils étaient communistes,
16:05 ils défilaient avec des balais et puis ils criaient « Front populaire, front populaire ! »
16:09 Et puis en 39-40, je ne sais pas ce qu'ils étaient, mais enfin ils commençaient déjà
16:12 à être poivreaux et puis surtout ils dénonçaient pour 20 francs par tête de pipe, 20 francs
16:16 à l'époque, les derniers juifs qui étaient planqués.
16:18 « C'est le même ! »
16:20 « Salut ! »
16:22 Francine, elle était douce, fragile, pure comme un oiseau, un oiseau de cristal.
16:39 Dans la fameuse boîte d'archives de Simon, il y avait aussi un petit disque dur externe
16:47 qui contenait une foule de données enregistrées par l'équipe de télévision fantôme, celle
16:55 dont tout le monde pensait qu'elle appartenait à TL7.
17:04 Ces images, mises bout à bout, traçaient un portrait hétéroclite de ce qu'il nommait
17:13 le Périmètre S.
17:31 La cour de la ferme de mon enfance, c'était une ferme typique des monts du Lyonnais.
17:36 Les fermes des monts du Lyonnais, c'était une cour de ferme avec une entrée principale
17:43 et c'était bâti tout autour.
17:45 C'était des cours fermées, l'entrée principale donnait toujours sous un hangar
17:51 qui était ouvert sur la cour de la ferme.
17:54 Cet hangar, on a gardé cette expression, on rentrait sous le chapitre du mot chapeau.
17:59 Donc tout autour, c'était les tables, c'était un hangar, c'était le poulailler,
18:05 c'était la maison d'habitation, c'était aussi le local, ce qu'on appelait en vulgarnant
18:10 chez nous, le fournit, où on faisait cuire pour les cochons, c'était la porcherie.
18:17 [Musique]
18:41 Alors actuel, c'est un lieu, une maison de famille, vraiment tout à fait typique,
18:46 grande, où beaucoup, beaucoup de gens passent, où les enfants sont heureux, etc.
18:52 C'était une exploitation, au temps de mon beau-père, une exploitation agricole,
18:59 où il y avait des vaches laitières, etc.
19:01 Puis quand mon beau-père était plus âgé, il a loué les terres et les cotas laitiers
19:06 pour que ça continue à vivre et qu'il y ait toujours sur cette terre de l'agriculture.
19:12 [Musique]
19:41 Eh bien, il y avait, où on est, la cuisine, à côté une pièce, et puis trois chambres,
19:49 et puis un, comment j'appelle ça, le saloir pour faire saler le cochon,
19:57 une pièce où on mettait saler le cochon, on tuait le cochon, on le faisait saler.
20:02 Et puis le grenier où on mettait du grain, on stockait du grain pour les bêtes,
20:06 parce qu'on faisait concasser le grain pour les bêtes, ce que je fais toujours aujourd'hui,
20:12 pour les nourrir, pour avoir mieux de l'air.
20:16 Et on battait à la batteuse aussi à l'époque.
20:19 [Musique]
20:38 Je labourais, je fauchais, je faisais tout avec mes voeux.
20:42 Et après en 93, j'ai acheté un tracteur.
20:45 Un motoculteur d'abord en 86, et puis après un tracteur.
20:50 Les bulles, on n'en trouve plus, je n'en aurais peut-être toujours,
20:54 mais on n'en trouve plus, c'est fini.
20:57 C'est pour faire les fêtes, c'est tout.
20:59 [Musique]
21:17 Le matin, je me lève à 6 heures, je vais faire mon pansement, je trahire mes vaches.
21:22 Après je déjeune, et puis je vais changer ma clôture électrique.
21:27 Je lâche mes bêtes, je sors le fumier de la table,
21:31 et puis je fais ce qu'il y a à faire, ou des labous.
21:34 Quand c'est l'époque, je fais les travaux qu'il y a à faire.
21:37 Et puis le soir, vers les 6h30, 7h, moi ce n'est pas fixé,
21:42 je rentre mes bêtes pour recommencer la traite,
21:45 enfin de la traite, quoi.
21:48 Et après je mange, et puis je vais me coucher.
21:52 [Musique]
21:58 [Bruit de moteur]
22:16 [Musique]
22:40 Aujourd'hui, nous nous trouvons dans la petite commune de Saint-Julien-Molin-Molette,
22:43 une commune située dans la Loire, au sud du département,
22:46 donc limite off avec l'Ardèche,
22:48 mais surtout au sein du parc naturel régional du Pilin.
22:51 Et c'est une petite commune de 1200 habitants quand même.
22:55 Qu'est-ce qui fait la particularité de Saint-Julien-Molin-Molette ?
22:58 Ce sont quand même ces grands bâtiments, ces friches industrielles,
23:01 comme on dit aujourd'hui, et qui étaient des usines de tissage
23:04 pendant de nombreuses années.
23:06 [Musique]
23:14 Donc effectivement, des gros bâtiments, surtout quand on est comme ça,
23:17 voilà, elle fait 40 mètres de long par 9 de large,
23:20 celle d'à côté, elle fait 80 mètres de long par 11 de large,
23:23 sur trois étages, c'est déjà des énormes proportions.
23:26 [Bruit de tir]
23:29 [Bruit de vent]
23:36 Je m'appelle Maria.
23:39 [Bruit de tir]
23:42 Je suis moi-même.
23:44 Mais pour les besoins de cette mission,
23:47 j'ai emprunté les traits et la personnalité d'une autre.
23:51 J'avais effectué cette imprégnation dans un temps passé,
23:55 à l'époque de la jeunesse de cette autre,
23:59 dans laquelle je m'étais glissée.
24:02 Cette autre, je la voulais jeune,
24:05 réservée, solitaire et plutôt silencieuse,
24:10 mais aussi téméraire.
24:13 Mon choix s'était porté sur une jeune femme
24:16 qui venait du périmètre S.
24:19 Elle l'avait quittée enfant, puis y était revenue.
24:22 [Bruit de vent]
24:27 Après le bac, Fancine, elle est retournée chez ses parents à Saint-Etienne.
24:32 C'était comme si elle n'allait d'ailleurs nulle part.
24:36 Ça ne lui importait peu.
24:39 À cause de sa personnalité et de son caractère,
24:43 je savais que sa disparition n'inquièterait pas grand monde,
24:47 ni sa famille, ni son amant du moment.
24:51 [Bruit de vent]
24:55 Alors là, ça a été terrible pour moi.
24:59 Francine, elle a disparu du jour au lendemain.
25:04 Donc, bien sûr, il y a eu une enquête de voisinage
25:09 qui la décrivait comme une fille très repliée, très mystérieuse.
25:17 D'ailleurs, le capitaine de gendarmerie de l'époque, Hortus,
25:22 a déclaré à ses parents que les asociaux étaient toujours des gens dans la lune,
25:29 mais qu'ils n'avaient pas s'inquiéter, qu'ils revenaient toujours sur Terre.
25:34 Par contre, elle n'est jamais revenue.
25:38 [Bruit de photo]
25:58 Le cahier noir contenait une série de photographies et de notes
26:04 que j'avais collectées et établies à distance depuis mon sas de commandement à Zérof.
26:10 [Bruit de photo]
26:14 Branoch, c'était le chef d'équipe de la mission exploratoire que je supervisais
26:20 et qui se déroulait à l'intérieur du Périmètre S.
26:24 Dans cette affaire, il y avait donc une équipe de télévision chanteau
26:30 constituée de trois mutants, des extraterrestres.
26:35 [Bruit de photo]
26:38 Branoch, c'était un pur exécutant, une sorte de mercenaire désincarné
26:45 dont le seul réflexe vital était l'obéissance.
26:51 Leur mission était de collecter des informations sur notre territoire,
26:57 sur le Périmètre S, qu'ils transmettaient aussitôt à leur planète.
27:02 [Bruit de photo]
27:07 Ça fait effectivement, je connais, comme vous dites, chaque recoin
27:11 puisque ça fait depuis 94 que je suis à Saint-Martin, donc bientôt 30 ans.
27:19 [Musique]
27:32 [Bruit de photo]
27:36 Donc là, vous voyez, c'était l'ancien presbytère, ici, qui est devenu la mairie
27:41 avec trois logements au-dessus, trois logements locatifs.
27:45 Et puis là, c'était la ferme du curé.
27:48 Et là, donc, ce bâtiment, c'était l'ancienne salle des fêtes.
27:52 Il y avait aussi des ateliers de couture à l'étage.
27:55 Et au deuxième étage, c'est l'association de danse.
27:59 Évidemment, si je pousse, il peut tirer. Ça ne va pas faire.
28:04 Voilà notre nouvelle salle qui est opérationnelle depuis, on va dire, une semaine.
28:11 Alors, nous sommes à Saint-Martin-l'Estra, donc commune des Monts-du-Lyonnet,
28:17 située dans le département de la Loire, en limite avec le département du Rhône.
28:21 [Bruit de photo]
28:22 Ça, ce sont des lotissements, donc qui ont pas loin de 20 ans, maintenant.
28:27 [Bruit de photo]
28:31 [Musique]
28:38 [Bruit de photo]
28:40 Bonjour.
28:41 Bonjour.
28:42 [Bruit de photo]
28:46 Viens, ma fille. Viens.
28:49 [Bruit de photo]
28:51 Viens.
28:52 [Bruit de photo]
28:57 [Musique]
29:04 On est agriculteurs. On a installé depuis 2001 sur la ferme familiale d'Yvan.
29:09 Après, on a repris l'installation, la ferme familiale de mes parents en 2009.
29:14 On a créé un gaec et on travaille tous les deux sur l'exploitation agricole en élevage vache à l'étante.
29:21 Voilà, il n'y a pas de tract.
29:23 On a à peu près une centaine d'hectares.
29:25 Nos bêtes, elles sont à l'herbe, elles mangent uniquement de l'herbe, quoi.
29:29 Elles ne mangent pas autre chose.
29:31 Parce qu'on a une exploitation, en fait, qui est très étagère d'altitude.
29:35 On va de 900 m à 1300 m d'altitude.
29:38 [Bruit de pas]
29:42 Pour les pères, une relation avec une bête, c'est inné.
29:45 Soit tu l'as ou tu la prends.
29:47 Allez les filles, vous venez ?
29:49 [Bruit de bête]
29:51 Viens, fille, viens !
29:53 Après, on améliore les choses.
29:56 Et ce qui compte, c'est aller voir ces bêtes tous les jours.
30:00 Viens, mon gros, viens.
30:02 [Bruit de pas]
30:04 Allez, viens.
30:05 [Musique]
30:13 Quand on va au pré, la bête s'approche.
30:15 Donc on a plus d'affinités avec l'une que l'autre.
30:17 Tout à l'heure, en changeant les bêtes de pré,
30:19 il y en a plus qui sont venues vers nous et d'autres qui ne sont pas venues.
30:22 Viens.
30:24 Tiens, mon gros.
30:26 [Bruit de pas]
30:28 [Musique]
30:37 Dans la boîte de Simon, on trouvait également cet étrange cahier noir
30:43 qui semblait récapituler les personnages enregistrés par l'équipe fantôme.
30:50 Curieusement, les anciens mineurs et les mines de charbon
30:55 y occupaient une place importante.
30:59 [Bruit de pas]
31:01 [Musique]
31:15 Alors j'ai décidé d'être mineur dans les années 1957.
31:20 J'étais jeune, je n'avais pas 18 ans.
31:23 Pourquoi ? Tout simplement parce que mon père était à la mine,
31:28 il est décédé à la mine d'ailleurs.
31:30 Toute ma famille était mineure, mes oncles, cousins,
31:33 tout ça, tous des mineurs de fond.
31:35 [Bruit de pas]
31:39 [Bruit de téléphone]
31:49 Quand j'étais enfant, je voyais partir mon père à la mine,
31:53 et moi j'allais à l'école, et pour moi, dans ma tête,
31:57 c'était le métier de mineur qui était le plus beau.
32:00 Je pensais qu'à ça.
32:02 Je disais, tu feras comme ton père, tu deviendras mineur.
32:06 Lorsque je suis descendu à la mine, le premier jour bien sûr,
32:10 je ne brillais pas, je voulais dire, j'avais un peu,
32:14 un peu comme on dit, les chocottes.
32:16 Bon, ça a été, la descente a été impressionnante,
32:19 parce que nous, on était 35 mineurs par étage, sur deux étages,
32:23 et la vitesse était quand même de 12 mètres à la seconde.
32:26 Ça va très, très vite.
32:28 [Bruit de moteur]
32:42 Et puis arrivé au fond, bien sûr, il fallait prendre,
32:47 dans les bennes, des petits trains pour se diriger dans les chantiers,
32:51 qui étaient à 2, 3 kilomètres.
32:53 [Bruit de moteur]
33:04 La taille, c'est la veine de charbon,
33:07 qui peut faire 100 mètres de long.
33:09 Là, je vous dis bien, on va trouver un mineur tous les 15 mètres,
33:13 pour qu'il abatte ses 15 tonnes de charbon.
33:16 Lorsqu'on arrive dans la taille, on a son emplacement, bien sûr,
33:19 mais là, on va commencer à regarder d'ailleurs son marteau-piqueur,
33:23 s'il est bien graissé, parce que sinon, s'il tombe en panne,
33:27 on ne peut pas faire sa journée.
33:29 Dans la taille, on devait être peut-être une dizaine,
33:32 et quand tous les marteaux-piqueurs marchaient,
33:34 eh bien, ça faisait du bruit.
33:36 Donc, lorsqu'on avance dans la veine, il faut boiser,
33:39 sinon, ça risque l'éboulement, tout ça.
33:41 Il y avait tellement de poids, du moment que les bois,
33:44 ils craquaient, ils s'aplataient.
33:46 Ça, pfff...
33:49 [Bruit de moteur]
33:58 Bon, des moments où le charbon tombait facilement.
34:02 Le copain qui était derrière, qui venait d'autres rencontres,
34:05 le charbon était plus dur.
34:07 Alors, comme nous, on avait fini avant, des moments,
34:09 eh bien, on se tournait, on se regardait, on était trois.
34:12 On se regardait, on se tournait de l'autre côté,
34:14 et on partait à ses rencontres pour lui donner la main
34:17 pour qu'il puisse faire son total de chantier.
34:21 [Bruit de moteur]
34:31 Les relations entre les mineurs, c'était une grande solidarité,
34:35 que j'ai d'ailleurs jamais retrouvée au jour.
34:38 Ah, les relations, c'était extraordinaire,
34:41 parce qu'on était tous main dans la main.
34:43 On partait du principe à la mine, on était tous noirs.
34:46 [Bruit de moteur]
34:55 [Bruit de téléphone]
34:58 Sur Zérof, le clan des Érudits avait pris la décision
35:03 du lancement de cette mission.
35:06 Ce qui les intéressait, c'était cette roche organique sédimentaire,
35:11 l'anthracite, que l'on trouvait dans les sous-sols du périmètre S.
35:16 Un charbon rare et précieux, d'une excellente qualité.
35:20 [Bruit de téléphone]
35:26 Les Érudits avaient établi qu'en maîtrisant le code interne de cette ressource,
35:31 ils pourraient alors créer des cohortes d'êtres vivants,
35:35 dont le système neuronal serait uniformisé et limité.
35:41 Leur objectif, fabriquer des êtres domestiques.
35:46 Ils les rendraient souriants, bienveillants et dociles
35:51 pour coloniser les planètes qu'ils voulaient investir.
35:55 Les Érudits appelaient cela le projet Stapante,
36:00 qui signifie stabilité et pacification neuronale totale des vivants.
36:08 [Bruit de téléphone]
36:11 [Bruit de téléphone]
36:16 [Bruit de téléphone]
36:19 [Bruit de téléphone]
36:26 [Musique]
36:35 Alors aujourd'hui nous sommes sur une tourbière,
36:37 alors pourquoi une tourbière ?
36:39 Simplement parce que ce qui constitue la tourbière, c'est de la tourbe,
36:45 et la tourbe c'est de l'accumulation de matières organiques.
36:48 Au même titre que le charbon initial.
36:51 [Bruit de téléphone]
36:57 [Musique]
37:04 [Bruit de téléphone]
37:06 Alors lorsque j'arrive sur la tourbière, j'ai mon carottier,
37:09 on appelle ça un carottier russe,
37:11 puis une fois qu'on a enfoncé le carottier,
37:14 on va tourner ce carottier là, qui va venir découper un demi-cylindre de tourbe,
37:19 et une fois qu'il est emprisonné dans le carottier,
37:22 on va forcer pour relever ensuite le carottier, le sortir du sol,
37:27 et ensuite pouvoir observer en ouvrant à nouveau le volet,
37:31 et observer cette carotte de tourbe qui est devant nous.
37:35 Pour la mise en place du charbon, il y a un contexte déjà essentiel,
37:40 donc on peut imaginer des grands espaces forestiers,
37:43 puis ensuite derrière, il a fallu que ces forêts-là soient recouvertes,
37:48 alors recouvertes par des sédiments,
37:50 il va y avoir des phénomènes de pression, de température,
37:53 qui vont favoriser justement la mise en place, l'induration, la formation d'une roche,
37:58 et cette pression, cette compaction, ces températures importantes
38:03 vont avec le temps mettre en place, fabriquer le charbon.
38:09 Alors du coup, il y a une relation directe entre la tourbe et le charbon,
38:12 puisqu'on est sur un matériel organique à la base,
38:16 simplement la différence est qu'il s'est passé 300 millions d'années
38:20 entre le charbon et la tourbe.
38:23 J'avais accepté de superviser cette mission,
38:33 mais en vérité je n'avais pas eu le choix.
38:38 Comme tous ceux qui n'étaient pas de la caste des érudits,
38:42 j'avais subi à l'âge de ma maturation
38:45 l'implantation d'un code neuronal à l'intérieur de mon cortex cérébral.
38:52 Avant sa mise en fonction,
38:54 j'avais tenté de perturber son circuit d'activation,
38:59 et j'y étais parvenue.
39:02 Mais je devais feindre constamment de suivre les inductions du codage,
39:07 et leur paraître soumise.
39:10 Je pense, mais je n'en ai pas la preuve absolue,
39:14 que leur superviseur était une femme.
39:17 C'est elle qui contrôlait toute la mission.
39:22 Mais, fait étrange,
39:27 elle était invisible à leurs yeux,
39:30 et à nos yeux.
39:35 Je n'ai pas pu établir à qui elle avait emprunté son apparence,
39:39 mais ce dont je suis sûr,
39:41 c'est qu'elle se faisait appeler Maria.
39:44 [Musique]
39:48 [Musique]
39:52 [Musique]
39:55 [Musique]
40:04 [Musique]
40:12 [Musique]
40:20 Souvent, je m'interrogeais sur cette femme, Maria.
40:24 J'aurais aimé en savoir plus.
40:27 Mais il y avait comme un mur qui m'empêchait d'atteindre ce qu'elle était vraiment.
40:32 [Musique]
40:35 [Musique]
40:41 [Musique]
40:49 [Musique]
40:52 [Musique]
41:02 C'est dans cette ville industrielle
41:08 que s'est construite la famille de Félix Thiolier,
41:12 un arrière-grand-père cabartier.
41:15 [Musique]
41:18 Assez habile pour s'attirer la clientèle du beau linge
41:27 et s'assurer ainsi une réputation honnête.
41:31 Puis un grand-père officier d'artillerie,
41:34 unis par le mariage à une famille qu'on qualifie d'excellente,
41:38 ce qui signifie bourrée des culs et proche de l'aristocratie.
41:42 [Musique]
41:45 On ne devient pas écrivain par un coup de baguette magique, un beau matin.
41:57 Je crois simplement que c'est une façon pour moi de me débrouiller avec la vie,
42:01 en jouant avec les mots.
42:03 Donc ça serait plutôt du côté de la petite enfance
42:06 qu'il faudrait chercher pourquoi j'ai eu besoin de me défendre avec des mots.
42:12 [Musique]
42:15 Ce qui me fascine dans les masques,
42:21 c'est que ça part toujours d'un élément qui est extrêmement simple,
42:25 c'est le visage humain.
42:27 Il y a deux yeux, un nez et une bouche.
42:29 Et on a des variations absolument extraordinaires.
42:32 [Musique]
42:37 [Bruit de pas]
42:39 [Bruit de pas]
42:44 [Bruit de pas]
42:48 Des passants que l'on croise et qu'est-ce que c'est ?
42:52 Tisane, ongans, pommade, l'odeur des terres dans cette boutique
42:56 où l'on ne sait quelle fleur choisir.
42:59 Des roses, bien sûr.
43:01 L'état intérieur d'écrivain, pour moi en tout cas,
43:05 c'est être dans ma tête,
43:07 ça veut dire être avec l'ensemble de ma vie finalement,
43:13 de ma mémoire, de mes aspirations, de mes rêves,
43:18 de mes hantises, de mes angoisses,
43:21 tout ça avec une espèce de rumeur, des mots.
43:32 [Musique]
43:35 Je pense que la jonction entre le fictif et le réel
43:48 a lieu dans l'écriture elle-même.
43:51 C'est ça le lieu géométrique où tout se passe, c'est l'écriture.
43:56 C'est le langage.
43:59 [Musique]
44:02 Revenons à présent sur la disparition de Simon Feldman.
44:14 Elle n'a résulté ni d'un accident, ni d'une agression, ni d'un suicide.
44:21 Simon Feldman a purement et simplement disparu
44:26 sans laisser la moindre trace.
44:30 La dernière fois qu'il avait été vu,
44:36 c'était par le coursier à vélo du courrier de la Loire,
44:40 Arnaud Gorbinsky, dit Nono.
44:44 Il indiqua avoir croisé Simon dans sa Renault Safran,
44:50 boulevard Fredot-Krumenhof, à Saint-Étienne.
44:56 Je roulais tranquillement, je roulais vite, comme à mon habitude.
45:01 Je suis sur mon vélo, je devais amener un truc à l'imprimerie.
45:05 Et j'entends le "tac, tac, tac" de la voiture de Simon Feldman.
45:10 Je connais le son de sa voiture, je reconnais le son de sa voiture,
45:15 donc je savais que c'était lui.
45:18 Et donc au moment de me doubler, je veux lui faire signe
45:22 et je vois côté passager une femme hyper cool, relaxe.
45:29 Et puis le Simon, il avait le sourire des bons jours.
45:34 Précisons à ce stade de l'affaire
45:39 qu'au départ, Arnaud vivait dans la même cour que Simon, à Paris 10e,
45:45 et qu'il avait bien connu Elie, notre photographe du début.
45:51 - Salut ! - Ça va Arnaud ?
45:54 - Oui. - Bon appétit !
45:56 - Merci !
45:57 D'ailleurs, notons également que c'est Simon Feldman
46:03 qui s'était chargé de faire venir Arnaud à Saint-Étienne
46:08 à l'âge de 18 ans, où il lui trouva un job au journal.
46:17 Par la suite, un deuxième témoignage fit cependant état d'une autre piste.
46:25 Il émanait de la fille de Simon, Rachel, Rachel Feldman.
46:33 La nuit du 16 octobre 2017, mon père m'a appelée.
46:39 Il était, comment dire, à la fois fébrile et très tendu.
46:44 Il me parlait, mais c'est comme s'il n'arrivait pas à me dire ce qu'il avait à me dire.
46:50 Sauf à un moment, il m'a parlé d'un train, d'un train qui ne devait absolument pas rater.
46:56 Il m'a dit au revoir et il a raccroché.
47:01 Et la nuit du 16 octobre, j'ai rêvé de lui dans un wagon TGV.
47:13 Chose bizarre, il était là, mais je n'arrivais pas vraiment à distinguer sa présence.
47:19 Le train roulait très vite, je ne voyais rien, ni lui, ni le paysage.
47:25 Après ça, mon père a disparu. Je ne l'ai plus jamais revu.
47:37 Quant au chef de l'équipe fantôme, le fameux Branox,
47:43 on exigea de lui qu'il demeurât encore un certain temps sur le périmètre S.
47:51 Comme il connaissait fort bien le château de La Pra,
48:04 il décida d'y retourner et d'y proposer ses services en tant qu'homme à tout faire.
48:11 Bien qu'elle le trouvait un peu étrange,
48:16 la châtelaine, qui était une femme confiante et avenante,
48:21 accepta de l'engager.
48:24 Elle ignorait que désormais, Branox ferait de son domaine sa base d'implantation.
48:34 [Bruit de la chasse]
48:37 [Bruit de la chasse]
48:42 [Bruit de la chasse]
48:47 [Bruit de la chasse]
48:50 [Bruit de la chasse]
48:55 [Bruit de la chasse]
49:02 Concernant les autres membres de l'équipe fantôme,
49:07 ils furent discrètement exfiltrés vers Zeroth, leur planète d'origine.
49:15 [Bruit de la chasse]
49:16 Ce même jour, trois témoins signalèrent avoir vu, au-dessus d'une plage de Bretagne,
49:26 un objet volant non identifié stationnant un bref instant à basse altitude.
49:35 [Bruit de la chasse]
49:36 [Bruit de la chasse]
49:41 Peu de temps après, la petite Ninou reçut une carte postale de son père.
49:49 Au dos, il avait écrit ces quelques mots.
49:53 "Ma petite Ninou chérie, une affaire urgente à régler sur la côte atlantique.
49:58 Je reviens au plus vite.
50:00 Bon baiser de l'Armor Plage, ton père qui t'aime plein, Simon F."
50:05 [Bruit de la chasse]
50:07 [Musique]
50:15 [Musique]
50:16 Alors que cette histoire s'achevait, sans que j'aie pu en savoir la fin,
50:31 j'eus connaissance de trois faits troublants.
50:35 D'abord, la Direction nationale du renseignement militaire
50:40 appela le courrier de la Loire pour savoir si Simon Feldman avait réapparu.
50:48 La question intrigua la rédaction, mais sans plus.
50:55 Ensuite, à peu près deux heures plus tard,
51:00 un bombardier radar C-60, suivi de quatre avions de chasse,
51:07 survola à basse altitude la ville de Saint-Etienne,
51:11 en direction des massifs du forêt.
51:15 Enfin, à 18 heures, la gendarmerie régionale publia un avis de recherche d'un inconnu,
51:25 sans motif précis, mais avec photo.
51:30 Plusieurs témoins avaient fait état d'un personnage à l'allure inquiétante,
51:36 agité et menaçant, qui recherchait un journaliste du nom de Feldman.
51:45 [Musique]
52:09 Quant à moi, le soir du même jour, j'ouvris le cahier noir à la page
52:16 qui montrait la photographie de Simon Feldman,
52:20 et je fis avec mes mains les gestes qui correspondaient au schéma géométrique qui s'y trouvait.
52:32 Je découvris alors que pour les deux principaux protagonistes de cette histoire,
52:39 dont j'avais jusque-là perdu toute trace, la vie était ailleurs.
52:47 Je ne saurais dire où, mais c'était sans doute très loin, et depuis longtemps déjà.
53:01 Francine, c'était tout le contraire.
53:04 Elle était douce, fragile et pure, comme un oiseau, un oiseau de cristal.
53:10 Elle ne parlait pas beaucoup, et j'aimais bien le côté...
53:13 [Musique]
53:42 [Musique]