Comme chaque semaine dans "À l'épreuve des faits", notre journaliste Céline Pitelet tente de démêler le vrai du faux dans l'actualité de la semaine.
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00:00 Écoutez Michel-Edouard Leclerc sur notre antenne, c'était dimanche.
00:03 Je vous annonce quand même que pour l'année prochaine, d'une manière générale, l'inflation va être divisée par deux.
00:10 On s'arrête d'abord sur les mots. Une inflation divisée par deux, concrètement, ça veut dire quoi pour notre porte-monnaie ?
00:15 Écoutez les explications de l'économiste Mathieu Plann.
00:18 Oui, effectivement, les mots ont un sens. Et quand on parle d'inflation, on parle de variation des prix.
00:24 Donc quand on dit l'inflation va baisser, ça veut dire que les prix en réalité vont augmenter moins vite.
00:31 Ça ne veut pas dire que les prix vont baisser. Ça veut dire qu'effectivement, l'inflation est divisée par deux,
00:36 le rythme de hausse des prix est divisé par deux, mais les prix continuent à augmenter d'une année sur l'autre.
00:40 Donc on a un ralentissement de la hausse des prix, mais malgré tout, il faut bien avoir ça en tête,
00:45 c'est qu'on n'a pas une baisse des prix d'une année sur l'autre.
00:48 Alors avant de voir si la prédiction de Michel-Edouard Leclerc d'une inflation divisée par deux est réalisable,
00:53 on va regarder les chiffres de l'augmentation des prix. C'est avec vous, Fanny.
00:56 Oui, regardez les chiffres donnés hier par l'INSEE, justement, sur cette inflation et son évolution.
01:02 Ce que l'on constate, c'est qu'au mois de novembre, cette inflation a baissé.
01:08 On a atteint 3,5 % d'augmentation des prix sur un an. Et vous allez le voir au niveau de l'évolution
01:14 par rapport au mois de septembre et d'octobre. C'est bien moindre parce qu'au mois de septembre,
01:20 on va le voir tout de suite, voilà ici, au mois de septembre, l'inflation était quasiment à 5 % sur un an.
01:28 Elle avait baissé déjà au mois d'octobre à 4 %, et donc, vous le voyez, au mois de novembre,
01:34 on est au plus bas pour l'instant, donc du ralentissement de cette hausse des prix sur un an, 3,5 %.
01:40 Et les prix d'alimentaire, comment évoluent-ils ?
01:42 Alors là, c'est plus compliqué, malheureusement. Vous allez le voir avec ces données qui nous montrent
01:46 que sur le mois de novembre, selon l'INSEE, cette augmentation des prix de l'alimentation,
01:51 elle est quasiment le double, plus du double de l'augmentation des prix général, de l'inflation générale,
01:58 puisqu'on a atteint les +7,7 % d'augmentation sur un an. Alors même si c'est là aussi une tendance à la baisse
02:06 que l'on observe sur l'augmentation des prix de l'alimentation, il reste quand même beaucoup plus fort
02:11 que l'inflation générale.
02:13 Merci beaucoup Fanny. À l'approche de Noël, des cadeaux à faire, c'est compliqué,
02:17 et c'est compliqué notamment pour les jeunes.
02:19 C'est compliqué parce que c'est de plus en plus cher et on a du mal à trouver des cadeaux à notre budget.
02:26 Ce ne sont pas les grands cadeaux, mais les petits, parce que je n'ai pas le moyen d'acheter
02:34 beaucoup de cadeaux maintenant parce que le taux est très élevé.
02:39 Alors est-ce que l'inflation va être divisée par deux l'an prochain, comme le dit Michel-Edouard Leclerc ?
02:43 Écoutez la réponse de l'économiste Mathieu Plane.
02:46 Oui, c'est à peu près dans les prévisions de la plupart des organismes.
02:50 C'est qu'on est dans un épisode de désinflation, en tout cas de reflux de l'inflation.
02:55 Le pic est derrière nous. On avait une inflation qui était autour de 6 % pendant un moment,
02:59 et puis on voit que depuis cet été, on a un reflux de cette inflation qui devrait se poursuivre
03:05 pour des raisons assez simples.
03:07 C'est que les deux principales composantes de l'inflation de ces deux dernières années
03:12 étaient l'énergie et l'alimentaire.
03:14 Or, on a un reflux des prix de l'énergie.
03:17 Premièrement, on le voit d'ailleurs particulièrement sur les prix du pétrole.
03:21 Et puis deuxièmement sur la question de l'alimentaire.
03:23 C'est-à-dire que les prix de l'alimentaire ont beaucoup augmenté, mais ils arrêtent d'augmenter.
03:27 Alors voilà pour l'inflation générale.
03:28 Quid de l'inflation sur les produits alimentaires peut-elle aussi être divisée par deux ?
03:35 Écoutez Mathieu Plane.
03:37 Ça peut se décliner.
03:39 Ça va être même beaucoup plus marqué sur l'alimentaire où l'énergie, c'était déjà le cas sur 2023.
03:44 L'alimentaire, il faut savoir que les prix de l'alimentaire depuis deux ans ont augmenté de plus de 20 %.
03:51 Et sur la seule année 2023, on est à plus de 10 % bien sûr de hausse des prix de l'alimentaire.
03:56 Donc là, on devrait avoir une hausse, mais assez modérée sur 2024.
04:00 Donc on va avoir une division de l'inflation par 4 ou 5 certainement pour 2024 sur l'alimentaire.
04:07 Mais ça ne veut pas dire pour autant que les prix de l'alimentaire vont refluer de 20 %.
04:11 C'est-à-dire qu'on ne va pas retrouver les niveaux des prix de l'alimentaire en crise.
04:14 Mais le fait qu'ils arrêtent d'augmenter, forcément, limite la hausse de l'inflation pour 2024.
04:20 Alors Amandine, justement, une loi a été prise sur ces prix de l'alimentaire.
04:25 Avancez les négociations entre les distributeurs et les fournisseurs.
04:28 En fait, elles vont commencer très rapidement.
04:30 Oui, elles devraient commencer dès le début de l'année.
04:33 Et l'idée, c'est qu'il y ait des effets les plus rapides possibles.
04:36 Puisque Bruno Le Maire s'était un peu avancé sur l'année écoulée en disant sans cesse que l'inflation allait baisser.
04:42 Elle ne baissait pas. Bon, les bonnes nouvelles sont enfin en train d'arriver.
04:46 Mais là, l'idée, c'est que tout le monde top pour des résultats effectifs assez rapides.
04:50 Et le même Bruno Le Maire a aussi promis que les références de 500 produits, de 500 prix, 5000 prix, allaient être bloqués.
04:59 Donc voilà autant de raisons d'espérer pour les consommateurs en ce début d'année.
05:04 Comment les Français justement vivent-ils ça ? Quel est leur état d'esprit face à l'inflation ?
05:08 Écoutez, Laurent Landel, président de Bonihal, il a fondé l'Opinion avec l'institut Opinion Way.
05:14 Malheureusement, les Français, ils ne sont globalement pas très optimistes.
05:19 Quand vous leur posez la question de est-ce que leur pouvoir d'achat va se dégrader en 2024 par rapport à 2023,
05:24 vous en avez 65% qui vous disent oui, il va se dégrader.
05:28 Alors dans cette mauvaise nouvelle, il faut quand même voir une bonne nouvelle par rapport à la période précédente,
05:34 donc décembre 2022 où on avait posé la même question, on est à 15 points de moins, on était à 80% l'année dernière.
05:42 Donc voilà, un sentiment très négatif, des prévisions qui ne sont franchement pas optimistes, mais ça s'arrange.
05:53 Et face à l'augmentation des prix, les Français continuent de s'adapter à faire des arbitrages,
05:57 par exemple acheter de la seconde main, mais pas que.
06:00 81% des Français ont l'intention de faire évoluer leur comportement d'achat.
06:04 C'est en croissance de 2 points par rapport à la même question posée en août, donc ça progresse assez vite.
06:09 D'abord, grand champion de ce classement, l'attention portée au prix.
06:14 Les Français vont être beaucoup plus attentifs au prix, ils sont 39% à le faire,
06:18 ils vont aussi rechercher davantage de promotions.
06:21 Et puis malheureusement, il y a des stratégies beaucoup plus radicales.
06:24 Vous avez malheureusement 20% des Français qui vous disent qu'ils vont acheter moins de produits frais,
06:32 de viande et de poisson, notamment, c'est pas 20%, c'est 18%.
06:36 Ça, c'est franchement pas une bonne nouvelle.
06:38 Et ce qui en plus, malheureusement, sont souvent des produits qui sont bons pour la santé.
06:42 – Une question de Nordin, Nordin qui nous demande,
06:45 reviendrons-nous un jour au prix d'avant inflation, au prix d'avant crise ?
06:51 Eh bien, la réponse de Mathieu Plann.
06:54 – Non, clairement non, pour plusieurs raisons.
06:57 La première, c'est que même si on a des reflux, y compris sur les prix de l'énergie,
07:01 on ne retrouve pas les niveaux d'avant crise, donc avant la crise énergétique.
07:05 Et puis deuxièmement, on a un effet de diffusion de l'inflation
07:09 à l'ensemble des composantes de l'économie,
07:11 et notamment les salaires aussi ont réagi quand même à l'inflation.
07:14 Les salaires sur deux ans ont augmenté en moyenne de l'ordre de 8%.
07:18 Les loyers aussi, les revenus, l'ensemble des revenus et les loyers notamment ont augmenté.
07:22 Donc tout a augmenté en réalité.
07:24 Donc ça voudrait dire pour revenir au niveau des prix d'avant crise,
07:27 il faudrait retrouver le contexte économique d'avant crise,
07:30 mais aussi du coup baisser d'autant les salaires, les loyers
07:33 et l'ensemble des composantes des coûts de production.
07:35 Donc ne nous attendons pas à retrouver les prix d'avant crise,
07:38 mais l'objectif c'est de retrouver des tendances d'évolution de prix
07:42 qui soient plus modérées et qui soient effectivement plus contrôlées.