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00:00 La presse va mal à La Réunion, je crois que c'est un constat que nous dans le milieu
00:07 on connaissait depuis très longtemps mais qui maintenant est apparu au grand jour avec
00:11 d'abord la mise en liquidation du quotidien et l'annonce par le PDG du GIR que la situation
00:19 du GIR n'était pas meilleure et que très probablement il devait lui aussi déposer
00:24 son bilan dans les jours qui viennent.
00:26 On parle du début janvier.
00:30 Face à cette situation on ne pouvait pas rester les bras croisés.
00:33 La presse est un élément et un pilier essentiel de la démocratie et Alfred Schoenpan a l'habitude
00:43 de dire et je suis tout à fait d'accord avec lui que si on a les moyens de faire quelque
00:48 chose et qu'on ne le fait pas on est coupable, on est responsable.
00:50 Donc nous avions les moyens de pouvoir sauver la presse à La Réunion et nous nous sommes
00:56 réunis de façon à ce que chacun apporte sa pierre à l'édifice.
01:01 C'est ainsi que lui de son côté il a réuni une quinzaine d'investisseurs qui, alors
01:09 aujourd'hui on est un peu plus de 15 peut-être qu'on arrivera même à 20, qui ont chacun
01:17 apporté une somme identique de 100 000 euros, ce qui fait qu'on aussi ira entre 1,5 et
01:23 2 millions au final.
01:24 Et moi de mon côté je me suis attaché à essayer d'abord d'imaginer comment pourrait
01:32 se passer cette reprise et ensuite de trouver les journalistes pour pouvoir mettre en œuvre
01:37 ce projet.
01:38 Et puis est arrivé le dépôt de bilan et l'alquilation du quotidien, on a pensé
01:44 à ce moment là déposer un projet de reprise du quotidien.
01:48 On y a finalement renoncé mais dans les dernières minutes avant le dépôt parce qu'on a découvert
01:54 un certain nombre de choses dans le dossier qui rendait cette reprise impossible.
01:58 Et j'irai jusqu'à dire impossible pour nous mais impossible pour quelqu'un d'investisseur
02:03 que ce soit.
02:04 Il y a ce qu'on appelle la clause de cession, c'est-à-dire que les journalistes ont un
02:07 statut particulier qui fait qu'ils touchent une indemnité.
02:11 En cas de reprise du journal par un nouvel investisseur ou des investisseurs.
02:16 Nous avions essayé de voir Carol Schenkishun avant et au final on n'avait pu la rencontrer
02:22 que le dernier jour avant le dépôt de l'offre de reprise.
02:26 Et là lors de la réunion on lui a posé la question mais quel serait le risque maximal
02:32 si jamais l'ensemble des journalistes faisait jouer la clause de cession.
02:35 Et là elle nous a répondu, on l'a fait, on l'a estimé 5 millions d'euros.
02:40 5 millions c'était impossible.
02:41 Quand vous démarrez avec un capital d'un million cinq, c'est pas possible d'avoir
02:46 une...
02:47 Alors il faut savoir aussi que les journalistes peuvent faire jouer cette clause pendant trois
02:49 ans, c'est ce que dit la jurisprudence, après la reprise.
02:53 C'est-à-dire qu'un investisseur vivrait avec cette épée de Damoclès au-dessus de
02:58 la tête pendant trois ans sans savoir qui et combien ça va lui coûter.
03:03 Alors bien évidemment jamais la totalité des 36 journalistes ne feraient jouer la clause
03:11 de conscience.
03:12 Mais même si on n'avait que 4, même si on n'avait que 5, même si il n'y avait que
03:15 6, nous le million cinq qu'on apporte c'est pour sauver le journal.
03:21 Et on en a besoin pour sauver le journal.
03:23 Nous n'avons pas les moyens de mettre 500, 600, 700 000 euros en clause de conscience.
03:28 Ça veut dire que si on le faisait on irait droit dans le mur.
03:31 Et que 6 mois ou un an après nous aussi nous déposerions le bilan.
03:34 Ça c'est le premier point.
03:36 Le deuxième point c'est que le quotidien perd beaucoup d'argent.
03:39 Il perd 2 millions 5.
03:41 Donc 2 millions 5 par an.
03:44 Caro Schoentischuhn, la PDG du groupe, elle-même a dit que depuis que sa famille a repris...
03:49 Sur les dernières années, ça lui a coûté...
03:53 Ça leur a coûté 12 millions d'euros.
03:54 Qui aujourd'hui peut supporter une telle charge ? C'est impossible.
03:59 Même un millionnaire ne le pourrait pas.
04:01 Il faudrait un milliardaire.
04:02 Et je ne pense pas que les Réunionnais aient envie de voir un milliardaire parisien débarquer
04:09 ici pour acheter un journal réunionnais.
04:11 Troisièmement, nous assistons à une très grande démotivation des journalistes travaillant
04:17 actuellement au quotidien.
04:18 Donc je pense qu'il y a besoin de redémarrer une nouvelle aventure.
04:22 Et de repartir de zéro.
04:24 Avec une nouvelle société, nous reprendrions beaucoup de journalistes présents actuellement
04:30 au quotidien, mais en espérant qu'ils seraient remotivés en partant dans un nouveau projet.
04:36 Très clairement, nous ne déposerons pas de nouvelles offres de reprise.
04:39 Comme je vous l'ai dit, ni nous, ni personne, à part un milliardaire, ne pourrait reprendre
04:44 le quotidien dans l'état où il est aujourd'hui.
04:45 La seule solution qui existe, c'est d'attendre la liquidation du journal, et ensuite derrière
04:51 dans la foulée, de redémarrer une nouvelle société avec un nouveau journal qui repartirait
04:56 avec beaucoup, beaucoup de journalistes qui sont présents.
04:59 Alors ça me permet de mettre quelque chose de clair, parce que beaucoup de rumeurs ont
05:07 circulé sur notre projet.
05:08 D'abord, il a été dit que nous ne reprendrions pas de journalistes, que nous travaillerions
05:16 avec de l'intelligence artificielle, chaque JPT, etc. et que nous voulions faire un journal
05:21 sans journaliste.
05:22 Dans mon analyse actuelle, mais qui nous demande encore à être affiné, parce que tant qu'on
05:27 n'a pas mis la main dans le cambouis, on a du mal à savoir exactement, mais dans ma
05:34 projection actuelle, nous serions au minimum avec une trentaine de journalistes.
05:38 Il faut savoir qu'au GIR, qui font plus de pages locales, et beaucoup plus, ils sont
05:44 je crois 27.
05:45 Donc je veux dire, il n'est pas question pour nous de faire un journal sans journaliste.
05:50 Concernant chaque JPT, ou d'une façon plus générale, ce qu'on appelle l'intelligence
05:55 artificielle, ceux qui ne prendront pas ce virage aujourd'hui sont condamnés à disparaître.
06:01 Simplement, ce qu'il faut, c'est que cette intelligence artificielle vienne faciliter
06:07 le travail des journalistes, qu'ils ne viennent pas à la plaince des journalistes, mais qu'ils
06:11 viennent faciliter, quand un expert comptable se sert d'Excel, ça ne remplace pas l'expert
06:16 comptable.
06:17 Simplement, ça l'aide, ça va beaucoup plus vite, c'est plus facile.
06:21 C'est dans ce sens là qu'il faut prendre l'intelligence artificielle.
06:24 La même chose, on a dit que nous souhaitions, les quelques journalistes que nous prendrions,
06:32 les payer avec le Pinette.
06:34 Tous les journalistes que j'ai contactés, et à qui j'ai proposé de les embaucher,
06:39 tous, je leur ai dit, je vous reprends au même salaire que ceux que vous aviez.
06:44 Le quotidien a été mal géré jusqu'à maintenant, et le reprendre en l'état est
06:49 quelque chose d'impossible.
06:50 Donc, il faut repartir sur une nouvelle structure, une nouvelle société, et si possible, je
06:56 dis bien si possible, reprendre ensuite le titre du quotidien, parce que ça fera partie
07:01 des choses qui seront mises aux enchères quand le journal sera liquidé, mais en l'état
07:08 c'est pas possible de le reprendre tel quel.
07:10 Je précise également que notre projet prévoit la reprise des deux journaux.
07:16 Puisque le GIR a annoncé officiellement qu'il était en état de cessation de paiement,
07:21 que les salaires n'ont pas pu être faits pour le mois de décembre, notre projet prévoit
07:25 la reprise des deux journaux parce que les deux journaux sont viables, et ça je l'affirme
07:31 avec force, les deux journaux sont viables à condition qu'on mutualise un certain nombre
07:37 de choses, notamment l'impression et la distribution.
07:40 C'est quelque chose que le gouvernement demande depuis des années, que Bercy, le
07:45 ministère des finances, demande depuis des années, et pour une raison que j'ignore,
07:50 ni Carole Chenquichu ni Jacques Thillier n'ont jamais réussi à se mettre d'accord entre
07:53 eux, et ça n'a jamais existé jusqu'à aujourd'hui, et c'est ce qui plombe les
07:57 comptes des deux entreprises.
07:58 Il faut savoir que par exemple, je vous donne un seul exemple, je vous l'ai dit, la dette
08:03 du quotidien de 2 millions 5 par an, la perte du quotidien de 2 millions 5 par an, 2 millions
08:09 5 c'est à peu près la somme que l'on économiserait en changeant simplement d'imprimeur.
08:12 Donc vous voyez que c'est faisable, mais dans le cadre d'une entreprise bien gérée.
08:19 Nous sommes totalement indépendants des politiques, nous avons bien évidemment rencontré les
08:24 politiques parce que c'est normal, comme je l'ai dit nous avons rencontré les ministres
08:27 sur Paris, mais nous sommes totalement indépendants des politiques.
08:31 Et à ce sujet là, il y a deux choses que je crois importantes de dire.
08:33 1.
08:34 Il est important, il est vital de garder les deux titres, je vous l'ai dit pour des raisons
08:40 économiques, mais aussi pour des raisons je dirais plus politiques.
08:44 Aujourd'hui le quotidien est plutôt marqué à gauche, le gilet est plutôt marqué à
08:48 droite.
08:49 Nous tenons à ce que les deux journaux continuent et avec cette même couleur politique.
08:53 Ça c'est le premier point.
08:55 Il faut un équilibre et il faut que les deux journaux existent.
08:58 Et ils existeront en étant totalement indépendants l'un de l'autre, avec peut-être même des
09:04 actionnaires légèrement différents, avec une rédaction et un rédacteur en chef séparés.
09:11 Chacun sera dans des locaux différents et il n'y aura aucun lien entre les deux, ils
09:17 seront même en totale concurrence.
09:18 Et ça je crois que c'est important de le dire, deux journaux avec les mêmes orientations
09:24 qu'aujourd'hui.
09:25 On fait un duo qui je dirais est très complémentaire et d'après les projections que nous faisons,
09:34 tous les business plans que nous avons regardés, et encore une fois en mutualisant les frais,
09:40 oui nous devrions pouvoir rendre les deux journaux rentables.
09:44 Alors il n'est pas question de gagner de l'argent, on a bien dit aux actionnaires,
09:48 l'argent que vous mettez dedans, vous pouvez déjà faire une croix dessus et considérez-le
09:52 comme perdu, mais on peut au moins les rendre rentables et faire en sorte qu'ils ne perdent
09:56 plus d'argent.
09:57 Notre business plan est fait sans les aides, maintenant s'il y a des aides, elles seront
10:01 toujours les bienvenues parce que nous permettrons d'améliorer le contenu.
10:03 Je vous l'ai dit, on gagnera les deux journaux avec leur coloration actuelle, le GIR plutôt
10:10 à droite, plutôt fait d'hiver, le quotidien plutôt à gauche et avec je dirais des dossiers,
10:19 des analyses, des interviews, etc.
10:24 En ce qui concerne le quotidien, nous souhaiterions, nous envisageons de ne sortir que 5 jours
10:35 sur 7 en version quotidien et le week-end faire comme à Maurice avec le journal week-end,
10:42 faire un seul journal pour le samedi et le dimanche, mais un journal plus épais sur
10:47 un format magazine.
10:48 Donc, nous rencontrons actuellement une difficulté, c'est que les journalistes que je contacte,
10:56 qui sont prêts à venir travailler avec nous, ne seront disponibles.
10:59 Pour le moment, ils ont tenu 3 mois de plus, on s'amène la fin au mois de mars, début
11:05 mars.
11:06 Si jamais le journal est repris, notre projet à nous, il n'y en a plus question et on
11:11 passe à autre chose.
11:12 Si jamais le journal devait être liquidé, à ce moment-là les journalistes seraient
11:17 disponibles et simplement, il faut d'abord que le mandataire fasse un licenciement économique
11:27 de tout le personnel, que les agences de la justice prennent le relais, ça prend en général
11:32 au minimum 2 mois, 2 mois et demi, 3 mois.
11:34 Donc ça nous amène à la fin du premier semestre pour que l'ensemble des journalistes soient
11:38 disponibles.
11:39 Ça pose un problème.
11:41 Pour assurer une continuité, nous sommes en train de travailler actuellement sur un
11:46 hebdomadaire, un magazine, qui serait l'embryon de ce que sera ce futur magazine du week-end,
11:55 mais qui aurait l'avantage de pouvoir démarrer beaucoup plus vite, qui demanderait moins
11:58 de personnel au départ et qui permet aussi surtout une montée en puissance, c'est-à-dire
12:03 que nous pourrions démarrer avec 5-6 journalistes, puis après plus au fur et à mesure que nous
12:09 pourrions en embaucher.
12:10 Ça, ça pourrait aller relativement vite.
12:12 Je pense, en étant un peu optimiste, que ça peut se faire dans un délai de 3 mois.
12:20 Mais je ne sais pas si vous imaginez la tâche que ça représente, c'est qu'il faut trouver
12:24 des locaux, il faut embaucher des journalistes, il faut se former sur les logiciels qu'on
12:29 va utiliser, acheter le matériel, enfin bon, c'est une tâche colossale, mais raisonnablement
12:35 on peut espérer sortir dans un délai de 3 mois, ce qui correspondrait à peu près
12:41 à la fin de la période de salvation qu'a obtenue le quotidien en plus, donc on pourrait
12:46 espérer pouvoir démarrer dans la continuité du quotidien.
12:48 Parallèlement, nous travaillons également sur un site internet, qui arriverait lui un
12:54 petit peu après, et qui lui aussi aurait l'avantage de pouvoir permettre une montée en puissance,
13:00 et ensuite le journal quotidien lui apparaîtrait le plus vite possible, à mon avis, fin du
13:07 premier semestre, début du deuxième semestre 2024.
13:10 Les journalistes sont inquiets concernant quelque chose qui avait été évoqué à un
13:15 moment donné par Alfred Schoenpan concernant des agences de presse.
13:19 Je tiens à les rassurer, les journalistes que nous allons embaucher seront embauchés
13:28 sur les journaux, pas dans des agences de presse séparées.
13:32 Nous travaillerons avec des agences de presse comme font tous les journaux du monde, mais
13:38 nos journalistes seront basés dans les journaux, JIR d'un côté, quotidien de l'autre.
13:45 Moi je suis patron des infos, propriétaire des infos, mais que Zinfo restera totalement
13:54 à l'écart et totalement indépendant par rapport aux JIR et au quotidien, ce seront
13:59 des structures totalement différentes.
14:00 Je reste patron des infos, je reste propriétaire des infos, j'irai aux JIR et au quotidien
14:06 si l'opération se fait en tant que directeur général délégué, mais je ne serai pas
14:10 actionnaire de la structure, et les deux opérations sont totalement distinctes, Zinfo n'aura
14:16 rien à voir là-dedans, et vous resterez, je tiens à rassurer les journalistes, aux
14:19 infos totalement indépendants.
14:20 Je me suis retrouvé embringué dans cette opération à l'insu de mon plein gré,
14:24 comme dirait l'autre.
14:25 Je suis ami avec Alfred Schenpan, et quand il a commencé à s'intéresser à ce dossier,
14:32 naturellement il est venu vers moi pour me mender conseil, chose que j'ai fait, je
14:36 dirais, bien volontiers et tout à fait bénévolement.
14:39 Et de fil en aiguille, le projet a évolué, a commencé à prendre corps, jusqu'à
14:44 ce qu'il finisse par m'annoncer qu'il souhaitait que je prenne la direction générale
14:48 déléguée de la totalité.
14:50 Je vous avoue que j'ai un peu hésité, parce que j'ai pensé à Zinfo.
14:57 Aujourd'hui Zinfo est adulte, et je sais que c'est une entreprise aujourd'hui qui
15:02 marche, qui fonctionne bien.
15:03 Je sais que je peux m'appuyer sur des cadres de qualité, sur des journalistes de qualité,
15:07 mais pas que des journalistes, il n'y a pas que des journalistes à Zinfo.
15:11 Tout le personnel se donne vraiment à fond, je pense que nos lecteurs peuvent le voir
15:15 tous les jours, et je sais que même si je suis moins présent, si je serai moins présent,
15:21 Zinfo continuera à fonctionner et à bien fonctionner.
15:23 Je me suis dit, encore une fois, si la presse est en danger de disparition, il faut vraiment
15:29 dire les choses telles qu'elles sont, si j'ai moi la possibilité de donner un coup
15:35 de main et d'aider à la sauver, si je refusais, je ne pourrais pas me regarder dans une glace
15:40 après.
15:41 Donc, c'est les deux raisons pour lesquelles j'ai accepté.
15:45 Un, par rapport à la responsabilité que j'avais d'essayer de sauver la presse.
15:53 [Musique]
15:55 Sous-titrage Société Radio-Canada

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