• l’année dernière
ll est devenu le champion du box-office français en cinq films, avec près de 10 millions d’entrées, mais son nom reste peu connu du grand public. Le réalisateur des "Trois Mousquetaires" Martin Bourboulon est ce matin l'invité de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-lundi-18-decembre-2023-4309410

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Transcription
00:00 face aux nouvelles têtes avec vous Mathilde Serrel, ce matin mousquetaire du cinéma français
00:05 qui ambitionne de ramener les grands films populaires en salles.
00:09 Martin Bourboulon est dans notre studio Portrait solo.
00:13 * Extrait de « Saôroma babo babo » de Martin Bourboulon *
00:22 D'une enfance cinéphile, il garde en mémoire ce choc esthétique, le temps dégitant d'Emir
00:28 K. 1989, mais sa vocation à lui est peut-être là.
00:32 * Extrait de « La fille de D'Artagnan » de Philippe Noiret *
00:55 La fille de D'Artagnan, Philippe Noiret, Sophie Marceau, dès 1994.
00:59 Il a alors 13-14 ans, fils du producteur historique de Bertrand Tavernier.
01:04 Il se retrouve sur le tournage et vite happé par le métier.
01:07 Bientôt, assistant réalisateur, les rivières pourpres de Kassovitz entre autres,
01:11 il tourne autour de la caméra et fait étape au guignol.
01:14 * Extrait de « La fille de D'Artagnan » de Philippe Noiret *
01:20 * Extrait de « La fille de D'Artagnan » de Philippe Noiret *
01:29 De 2017 à 2013, il fait partie du pool des réalisateurs des guignols de l'info sur Canal+,
01:35 où il tourne des sketchs et des fausses pubs.
01:37 Après cet entraînement intensif à la comédie pour son premier long métrage à 35 ans, il a toutes les bases.
01:42 * Extrait de « La fille de D'Artagnan » de Philippe Noiret *
01:49 * Extrait de « La fille de D'Artagnan » de Philippe Noiret *
01:57 Papa ou maman ? Avec Laurent Laffitte et Marina Feuille, c'est près de 3 millions d'entrées en salles
02:02 et le début d'une carrière au box-office en 5 films, une dizaine de millions de spectateurs
02:07 avec le 6ème, « Les 3 mousquetaires Milady ».
02:09 Ça grimpe encore, Martin Bourboulon, bonjour.
02:11 Bonjour.
02:12 Ça va ? Vous repensez à tout ce qui s'est passé depuis que vous êtes lancé ?
02:16 Oui, j'y repense avec grand plaisir, mais j'y repense souvent.
02:19 Je regarde plutôt vers l'avenir, mais c'est vrai que ça me touche beaucoup tout ça.
02:22 Votre mission, ce n'est pas de déjouer les complots contre le roi ou de ramener les férés de la reine,
02:26 c'est de ramener le monde en salle.
02:28 Je ne m'accorde pas cette mission.
02:30 Vous avez une cape de sauveur par rapport aux plateformes, entre autres ?
02:34 Non, je pense qu'on est dans un monde où la consommation des images est en vraie mutation,
02:38 donc ce sont des offres complètement complémentaires.
02:40 Après, il y a un plaisir assumé de réfléchir pour le spectateur et de lui proposer des événements pour la salle de cinéma.
02:47 Quand vous êtes arrivé avec les trois mousquetaires, centrés le premier volet sur le personnage d'Artagnan,
02:52 vous êtes post-Covid, ça fait quand même partie de la mission.
02:55 Vous faites plus de 3 millions, 3 n'ont rait.
02:57 C'est une mission déjà très collective, qui est portée par les producteurs, Dimitri Rassam, le groupe Pathé,
03:01 C'est comme c'est doué, Air d'Avance, AFAE.
03:03 Il y a une grande envie pour nous tous, et très collective, de vouloir continuer à se dire
03:08 qu'on a toutes les armes en France, les talents, les techniciens, les auteurs, les histoires.
03:13 C'est un territoire qui est souvent pris par les productions anglo-saxonnes.
03:17 En réalité, en France, on a aussi ce qu'il faut pour pouvoir se défendre.
03:21 Et à un moment donné, paradoxalement, où le Covid se pointait, où on annonçait la fin des salles de cinéma,
03:25 je trouve que la dynamique de continuer à proposer ces films-là, en complément d'autres grands films français,
03:30 dans des registres différents, nous séduisait beaucoup.
03:32 Donc voilà, on s'est lancé.
03:33 On va vivre avec Miss France, là. Miss France à terre, on va tous se tenir la main.
03:37 Donc là, ça se passe comment pour ce deuxième volet, M'Il est dit ? On est déjà à 600 000 entrées, quand même.
03:41 Oui, c'est très heureux. Le film est sorti mercredi dernier.
03:44 Donc c'est toujours un peu une appréhension. On a beau nous dire "mais ça va bien se passer, le vent va marcher et tout",
03:48 on n'en sait rien. Ça reste une industrie de prototype à chaque fois.
03:51 Et ce qui nous réjouit le plus, c'est que moi, j'ai une obsession du spectateur,
03:55 quand on fabrique une image tous les jours sur le tournage.
03:57 Et vous, particulièrement, vous y pensez tout le temps.
03:59 Tout le temps.
04:00 À chaque scène, à chaque direction d'acteur, chaque regard, vous dites toujours "qu'est-ce que je penserais, moi ?"
04:06 Vous êtes votre propre spectateur.
04:08 Je pense que c'est important de trouver le juste équilibre entre la sensation et la conviction "artistique"
04:16 et en même temps le résultat pour qui il est adressé.
04:18 C'est-à-dire qu'il n'y a rien de plus excitant et de plus créatif à se projeter dans l'œil du spectateur en se disant
04:23 "est-ce que cette scène d'action va le toucher ? Est-ce qu'il y a un moment d'émotion que je vais réussir ?
04:27 Est-ce qu'il va être surpris ? Est-ce que finalement c'est quelque chose qui va l'ennuyer ou pas ?"
04:31 Donc je trouve que c'est plutôt sain, et quel que soit le registre et la nature des films que l'on fait,
04:35 penser au spectateur me paraît important.
04:37 Alors à 44 ans, c'est vrai que vous pesez des millions d'entrées dans le métier depuis papa ou maman,
04:41 et c'est un peu votre particule. C'est comme ça que je vous présente.
04:44 Vous disparaissez derrière votre casting, en fait.
04:47 Marina Foys et Vagrin, Laurent Laffitte, Vincent Cassel, on ne vous connaît pas, Martin Ramboulon.
04:51 Eh ben je suis là.
04:53 Mais vous rentrez quand même dans vos avant-premières.
04:55 Vous existez, en fait.
04:56 J'existe, j'espère.
04:57 Non mais ça vous fait quoi, du coup ? À chaque film qui sort ?
05:00 De faire des entrées ?
05:01 Non mais oui, d'être un peu "Est-ce que je peux rentrer dans ma propre avant-première ? Est-ce que je montre ma carte d'identité ?"
05:07 La particularité, c'est que les metteurs en scène, par définition, ne sont pas à l'image.
05:11 Donc mon visage est évidemment moins identifié que celui de mes acteurs.
05:14 Mais ça me fait surtout du bien et du plaisir de voir qu'en renouvelant des genres de films différents,
05:20 entre papa ou maman, il est trop musculaire, il y a des natures de films qui sont très différentes.
05:23 Et moi, j'y vois un point commun très clair dans mon travail.
05:28 C'est la minute finale, c'est le temps d'antenne qui est à votre disposition.
05:33 Martin Bourboulon pour réaliser un mini-blockbuster d'une minute.
05:35 Vous avez choisi les entretiens entre Alfred Hitchcock et François Truffaut.
05:39 Vous êtes Alfred Hitchcock.
05:41 C'est une conversation entre Alfred Hitchcock et François Truffaut sur la différence entre le suspense et la surprise.
05:48 Je suis Alfred Hitchcock.
05:49 La surprise est très simple.
05:51 Les gens parlent très souvent.
05:52 Nous sommes en train de parler, il y a peut-être une bombe sous cette table.
05:55 Notre conversation est très ordinaire. Il ne se passe rien de spécial.
05:58 Et tout d'un coup, boum, explosion.
06:01 Le public est surpris, mais avant qu'il ne l'ait été, on lui a montré une scène absolument ordinaire, dénuée d'intérêt.
06:07 Maintenant, examinons le suspense.
06:10 La bombe est sous la table et le public le sait, probablement parce qu'il a vu l'anarchiste la déposer.
06:14 Le public sait que la bombe explosera à une heure et il sait qu'il est une heure moins le quart.
06:18 Il y a une horloge dans le décor.
06:19 La même conversation anodine devient tout d'un coup très intéressante parce que le public participe à la scène.
06:24 Il a envie de dire aux personnages qui sont sur l'écran
06:26 "Mais vous ne devriez pas raconter des choses aussi banales. Il y a une bombe sous la table et elle va bientôt exploser."
06:31 Dans le premier cas, on a offert au public 15 secondes de surprise au moment de l'explosion.
06:36 Dans le deuxième cas, nous lui offrons 15 minutes de suspense.
06:40 La conclusion de cela est qu'il faut informer le public chaque fois qu'on le peut, sauf quand la surprise est un twist.
06:45 C'est-à-dire que lorsque l'inattendu de la conclusion constitue le sel de l'anecdote.
06:50 Merci Alfred Hitchcock.
06:51 C'est bon ça !
06:52 Enfin, Martin Boboulon, les trois mousquetaires Milady, c'est déjà en salé pendant toutes les vacances.
06:57 Et puis bientôt, une série pour Apple TV avec Lina Koudri et Benjamin Voisin.
07:00 La série "Karem".
07:02 Merci beaucoup.
07:03 Bonne route et bonne crêpe après !
07:06 Merci Mathilde !

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