• l’année dernière
Transcription
00:00 *Musique*
00:30 -Eh ben, merci à vous tous d'être ici.
00:32 On est très, très contents.
00:34 C'est la 33e édition des "Rencontres de l'Arp",
00:38 et on veut vous remercier tous très chaleureusement
00:40 d'être parmi nous.
00:42 On remercie aussi, évidemment, la région Haute-France
00:47 et la ville du Touquet, qui nous accueille pour la 3e fois
00:50 pour notre plus grand bonheur, sous un soleil radieux.
00:53 (Applaudissements)
00:55 Si M. le maire veut venir justifier
00:58 pourquoi il a fait ce choix climatique contestable,
01:02 M. le maire, M. Daniel Fasquel.
01:05 (Applaudissements)
01:07 (...)
01:14 -Contrairement à ce que l'on peut raconter parfois,
01:16 le maire ne fait pas la pluie et le beau temps.
01:18 Donc ni le beau temps, ni la pluie, chère présidente.
01:22 Donc salut les coprésidents de l'ARP,
01:25 Jean-Henri et Olivier Nacache.
01:27 Les coprésidents des rencontres, Caroline Vignale et Dominique Molle.
01:30 Et puis je vous salue, évidemment, les membres de l'ARP,
01:32 les amis du cinéma, les Touquetois qui sont ici présents,
01:36 les élus qui m'accompagnent, donc Franck Lemaitre,
01:38 qui est en charge ici, la culture.
01:41 Michel Bundot, que je salue également.
01:44 Je crois qu'il y a Marie, qui est également là.
01:47 Et Anne-Sophie Bancard,
01:49 qui est en charge notamment du handicap à mes côtés.
01:52 Nous sommes ravis de vous accueillir au Touquet Paris-Plage.
01:54 On n'en passe sous un soleil radieux, malheureusement.
01:56 Je sais que c'était compliqué pour vous de nous rejoindre,
01:59 mais je veux avoir en introduction une pensée
02:01 pour tous ceux qui sont en train de se battre
02:04 contre les éléments.
02:05 On a eu une tempête qui a fait que pendant 5 jours,
02:10 plusieurs foyers de la ville, 800 foyers,
02:12 ont été privés d'électricité.
02:14 On est en train de réparer les dégâts de la tempête.
02:17 Il y a plusieurs bâtiments qui ont été abîmés.
02:18 Heureusement, personne.
02:20 On a eu une 2e vague
02:24 avec des inondations dans les villages.
02:26 J'étais ce matin aux côtés des maires
02:28 avec de nombreuses maisons qui ont été littéralement dévastées,
02:34 des habitants qui ne peuvent pas loger chez eux,
02:36 pour lesquels on est en train de chercher des solutions.
02:38 C'est pour ça que je ne resterai pas très longtemps avec vous
02:40 cet après-midi.
02:41 Et puis là, malheureusement, on a un fleuve côtier
02:43 qui s'appelle la Canche.
02:45 Vous avez peut-être entendu ça ce matin à la radio
02:49 ou vu à la télé, qui est en train de déborder.
02:52 J'étais avec les maires de ces communes
02:54 il y a quelques instants au téléphone
02:55 pour voir avec eux ce qu'il était possible de faire
02:58 pour essayer de contenir l'eau.
02:59 Mais vous savez, l'eau nous vint tous.
03:02 Et malheureusement, ce sera difficile d'éviter
03:05 que des maisons soient sous l'eau cette nuit.
03:08 Voilà, une petite pensée pour eux en ce début d'après-midi.
03:12 Mais ce qui m'a réconforté, c'est que Claude Lelouch m'a dit
03:14 "Mais vous avez une ville très belle tout à l'heure,
03:17 "même sous la pluie, même sous la tempête, elle est belle."
03:19 Et c'est vrai, il a parfaitement raison,
03:21 parce que la Côte d'Opale, elle est magnifique.
03:24 Et on a ici des paysages, des couleurs
03:27 qui sont absolument incroyables
03:29 et qui ont attiré ici des grands peintres français,
03:31 mais également anglais, américains.
03:35 L'École des peintres d'État,
03:36 pour ceux qui s'intéressent à la peinture,
03:38 qui est ici une colonie de peintres
03:40 qui ont laissé des traces absolument magnifiques
03:42 et des tableaux superbes de cette plage, de cette mer,
03:46 parfois très calme, mais parfois également très ombrageuse.
03:51 Et c'est à souligner.
03:53 Donc bienvenue au Touquet-Paris-Plage.
03:55 Bienvenue également dans la région des Hauts-de-France,
03:56 puisque j'ai la chance d'être conseiller régional
03:58 et je préside le comité régional du tourisme et le cinéma.
04:02 Évidemment, c'est un facteur d'attractivité pour la région.
04:06 Vous savez qu'à travers notamment Pic d'Anneau-Vaux,
04:09 Xavier Bertrand souhaite que l'on aide
04:11 la création cinématographique.
04:13 On souhaite aussi, évidemment, vous accueillir
04:15 le plus souvent possible et les plus nombreux possibles
04:18 pour ici des reportages, des films, des documentaires,
04:23 de façon à montrer tout ce que la région est capable de montrer.
04:27 Certains s'y sont essayés d'ailleurs avec succès
04:29 pour ce qui est du Touquet.
04:31 Je pense à Michel Blanc, par exemple,
04:32 avec "Embrassez qui vous voudrait",
04:34 Patrick Timsit avec "Quelqu'un de bien"
04:36 ou encore Tristan Seguela,
04:37 qui récemment a pris ses quartiers
04:39 sur ce beau territoire pour la réalisation d'un homme heureux.
04:42 Donc n'hésitez pas à prendre contact avec nous.
04:45 On sera toujours ravis de vous accueillir ici au Touquet.
04:48 Dans les Hauts-de-France, dans le Montreuil-Oie
04:50 pour vos réalisations.
04:54 La région Hauts-de-France est région européenne de la gastronomie.
04:59 Donc vous avez goûté de la moutarde de Dijon
05:02 pendant de nombreuses années.
05:04 Maintenant, vous allez pouvoir profiter
05:05 de tout ce que la région est capable de vous offrir,
05:07 surtout les plans, à commencer par la rate du Touquet.
05:10 Mais nous sommes une grande région de gastronomie,
05:12 une grande région également de culture.
05:16 Et en ce sens, voilà, il était logique
05:18 que l'on vous accueille dans ce palais des congrès
05:21 qui a été complètement agrandi, rénové.
05:24 Cette salle n'existait pas il y a encore 4 ans, 5 ans.
05:27 Vous avez quasiment inauguré cette salle
05:29 et on est heureux, évidemment, de la mettre à votre disposition.
05:32 Une salle Ravel, puisque Ravel a séjourné dans la station
05:35 dans les années 30.
05:38 Et c'est vous dire que si le Touquet est connu
05:40 comme étant le paradis des sports,
05:41 c'est une ville qui s'est toujours aussi consacrée,
05:44 ouverte à l'art, à la culture, sous toutes ses formes.
05:47 Et s'agissant de la création cinématographique,
05:49 eh bien, le Touquet et la région de Haute-France
05:51 soutiennent évidemment la création cinématographique.
05:55 Et je vois que s'agissant des sujets
05:57 que vous avez définis pour vos débats,
06:01 il y a comment réaffirmer la place centrale
06:03 de l'auteur dans la création.
06:04 Je pense que c'est effectivement un sujet majeur aujourd'hui.
06:09 Il y a certes l'intelligence artificielle.
06:11 Vous avez vu qu'on a le droit à une nouvelle chanson,
06:12 on dit "Beatles", par exemple.
06:13 Bon, alors, je pense qu'il ne faut pas avoir peur
06:15 de l'intelligence artificielle.
06:16 Par contre, il ne faut pas se laisser dominer
06:18 par l'intelligence artificielle.
06:21 Mais comme toutes les technologies nouvelles,
06:22 si on veut les fuir, elles nous rattraperont
06:24 et nous domineront.
06:26 Je pense qu'il faut, au contraire, voilà,
06:27 s'emparer du sujet et voir quelle place la création peut conserver.
06:32 S'agissant de l'intelligence artificielle,
06:35 vous allez parler des grèves à Hollywood,
06:37 donc c'est heureux.
06:38 Il n'y a pas qu'en France qu'il y a des grèves.
06:40 Donc il y en a aussi aux Etats-Unis.
06:42 C'est une bonne nouvelle.
06:43 Et les déclarations des cinéastes.
06:45 Mais je pense que vous avez eu raison de choisir ce sujet.
06:49 Moi, je ne suis pas que maire du Touquet,
06:50 je suis professeur de droit, voilà.
06:52 Et ces sujets m'intéressent également
06:54 en enseignant notamment le droit européen
06:58 à la faculté de droit de Boulogne-sur-Mer,
07:01 à côté d'ici.
07:02 Et puis, vous avez choisi également le thème de l'Europe.
07:04 Comment l'Europe doit-elle réconcilier souveraineté
07:06 et attractivité culturelle et économique ?
07:08 Je pense que c'est un sujet effectivement essentiel.
07:12 La France est toujours battue pour l'exception culturelle.
07:15 La culture n'est pas une marchandise comme les autres,
07:17 n'est pas un bien comme les autres,
07:19 même si ça ne fait pas plaisir à nos amis américains
07:22 quand on peut le dire,
07:23 ou à d'autres qui pensent la même chose qu'en Europe.
07:27 C'est essentiel qu'on conserve la règle de l'unanimité
07:30 sur ces questions.
07:31 Il s'agisse de prendre des décisions
07:33 au sein de l'Union européenne.
07:34 Certains voudraient qu'on vote à la majorité qualifiée.
07:36 Et là, la France pourrait être mise en difficulté.
07:39 Il faut qu'on conserve nos systèmes d'aide
07:41 à la création artistique, culturelle, cinématographique.
07:44 C'est extrêmement important.
07:46 Mais je pense qu'à un moment où on s'interroge beaucoup
07:48 sur l'Europe et sur l'avenir de l'Europe,
07:52 un moment où elle est souvent caricaturée
07:56 et dénoncée un peu facilement,
08:00 je crois qu'au contraire, on a un vrai défi
08:02 quand on voit les désordres qui existent
08:05 à travers aujourd'hui le monde, notre avenir.
08:08 Il est forcément européen.
08:10 Alors, ça ne veut pas dire que l'Europe doit écraser
08:11 les nationalités, les souverainetés, les Etats.
08:14 Je pense qu'on peut trouver un équilibre
08:16 entre l'Europe d'un côté et les Etats
08:19 et dans le respect des peuples et de ce qu'ils souhaitent.
08:22 Mais on a besoin de l'Europe.
08:23 Mais je pense, et c'est ce qui me fait réagir
08:27 quand je vois le thème que vous avez choisi pour demain,
08:29 c'est qu'on a peut-être commis une erreur
08:31 en voulant construire d'abord l'Europe économique,
08:34 la communauté économique européenne en 57,
08:37 plutôt que de faire l'Europe de la culture.
08:38 Et je crois que si on veut durablement réconcilier
08:41 les Européens et les Français avec l'Europe,
08:43 il faut justement construire l'Europe de la culture.
08:45 Et en ce sens, vous avez un rôle majeur, essentiel à jouer.
08:49 J'en suis absolument convaincu.
08:52 Voilà ce que je vais vous dire très modestement,
08:55 librement en introduction,
08:56 mais c'est un vrai bonheur pour nous.
08:58 C'est vrai qu'il ne peut pas y avoir
09:01 de grande station touristique sans un événement
09:03 autour du cinéma.
09:05 Donc on pense à Cannes, à Deauville.
09:07 Et on a longtemps cherché au Touquet un rendez-vous majeur.
09:10 On l'a grâce à vous.
09:12 Et on est vraiment très, très heureux de vous accueillir.
09:14 Et on vous souhaite un plein succès
09:15 à l'occasion de ces rencontres de l'Arbre.
09:18 C'est la 3e édition, jamais 2 sans 3.
09:20 J'espère pour ma part qu'il y en aura une 4e.
09:22 En tous les cas, bonne rencontre de l'Arbre.
09:25 Et bienvenue au Touquet Paris-Plage.
09:27 (Applaudissements)
09:32 (Générique)
09:35 ---
09:59 (Sifflement)
10:02 (Cris d'encouragement)
10:05 ---
10:07 -Paris !
10:08 -On va commencer plus simplement.
10:10 -Tant que je serai ici, on fera le travail comme il faut.
10:13 -Qu'est-ce que tu crois ? Que le ciel va nous tomber dessus ?
10:16 ---
10:18 -Faut pas croire ce qu'on raconte à Paris.
10:20 Les gens vivent très bien ici.
10:23 ---
10:27 -Imaginez dans Paris qu'on apprenne une telle folie.
10:29 ---
10:32 -Ça va surtout filer la pétoche à tout le monde.
10:34 ---
10:36 -Jamais je ne m'habituerai à la beauté de ce paysage.
10:39 ---
10:56 -Vous avez quelque chose encore que je m'attarde ?
10:58 ---
11:28 ---
11:42 -Nous avons atteint les objectifs fixés.
11:44 ---
11:47 (Applaudissements)
11:50 ---
11:52 (Applaudissements)
11:56 ---
12:00 -Très beau clip.
12:01 Merci beaucoup à M. le maire pour son discours et son accueil.
12:06 Vraiment, on est super heureux d'être ici.
12:09 On a aussi un autre motif d'immense satisfaction.
12:13 Ce sont nos 2 coprésidents de ces 33e rencontres,
12:18 à titre personnel, à titre collectif.
12:20 On est très honorés, très fiers et très, très heureux
12:24 que Caroline Vignal et Dominique Molle
12:26 aient accepté de coprésider ces rencontres.
12:29 (Applaudissements)
12:35 -Merci, Jeanne.
12:38 Alors, je vais parler en premier,
12:41 parce que le discours de Caroline est beaucoup mieux que le mien,
12:44 donc il vaut mieux finir sur une bonne note.
12:48 (Rires)
12:54 Donc, alors...
12:58 Après avoir cédé à la pression exercée doucement,
13:01 mais fermement par Jeanne Hery pour me pousser
13:03 à accepter la coprésidence des rencontres de l'ARP
13:07 avec Caroline Vignal,
13:08 j'ai passé quelques nuits blanches en me disant, crotte de bique,
13:11 qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire d'intéressant
13:13 lors du discours d'ouverture.
13:15 En dernier recours, j'ai décidé de prendre connaissance
13:18 de ce qu'avaient bien pu dire nos illustres prédécesseurs
13:21 à cette fonction,
13:22 au moins pour éviter de redire la même chose,
13:25 ou alors pour redire la même chose,
13:26 mais de façon à ce que personne ne s'en aperçoive.
13:30 Et là, en visionnant le discours de l'ami Cédric Clapiche
13:33 lors de l'édition 2019 des rencontres,
13:35 je tombe sur un passage dont je me dis,
13:38 tiens, ça vaut peut-être le coup de le citer
13:41 et de bricoler quelque chose à partir de là.
13:43 Voilà ce que disait Cédric en 2019.
13:48 "Quand Gérald Darmanin, ministre de l'Economie,
13:51 "évoque la possibilité de mettre fin à la redevance audiovisuelle,
13:55 "même si nous savons que c'est une provocation,
13:58 "le simple fait qu'il l'évoque
14:00 "met le doigt sur l'incompréhension de notre gouvernement
14:03 "sur ce qu'est la culture et la notion de service public."
14:07 C'était donc il y a 4 ans.
14:09 Entre-temps, la provocation est devenue réalité,
14:12 ce qui montre qu'on a tout intérêt
14:13 à être plutôt attentif à certaines petites musiques.
14:17 Cela me conduit à revenir sur la prise de position de Justine Trier
14:21 au moment de la remise de la Palme d'Or.
14:24 On lui a reproché d'avoir été ingrate et excessive,
14:26 une enfant gâtée et j'en passe.
14:29 Qu'a-t-elle dit ?
14:30 Elle a dit, "La marchandisation de la culture
14:33 "que le gouvernement néolibéral défend
14:35 "est en train de casser l'exception culturelle française,
14:38 "cette même exception culturelle
14:40 "sans laquelle je ne serais pas là aujourd'hui."
14:43 Déjà, je ne vois pas d'ingratitude,
14:45 puisqu'elle rend hommage à l'exception culturelle
14:47 qui lui a permis de faire des films.
14:49 Quant au fait d'accuser le gouvernement
14:51 de casser cette même exception culturelle,
14:53 les mots ont pu effectivement paraître possiblement injustes.
14:57 Après tout, le gouvernement avait soutenu
14:59 l'industrie cinématographique pendant l'épidémie de la Covid,
15:01 c'est indéniable.
15:03 Mais depuis, il y a non seulement eu la suppression de la redevance,
15:07 mais aussi la montée de cette petite musique
15:09 sur la nécessité de rentabilité et de performance des films.
15:13 Et comme on l'a vu, il faut se méfier des petites musiques.
15:17 La prise de parole de Justine a eu le mérite de faire sortir du bois
15:20 un tas de joyeux dris poussant de grands cris d'indignation.
15:23 Je ne citerai à titre d'exemple que le député renaissance
15:26 Guillaume Casbarian, qui reproche à Justine, je cite,
15:29 "de cracher dans la soupe", alors que son film,
15:31 à l'image du cinéma français,
15:33 est biberonné aux subventions publiques comme jamais,
15:36 et qu'il serait peut-être temps d'arrêter de distribuer
15:38 autant d'aides à ceux qui n'ont aucune conscience
15:41 de ce qu'ils coûtent aux contribuables.
15:43 Ce genre de déclaration montre déjà
15:46 que leurs auteurs ne comprennent pas grand-chose
15:48 au financement et à l'économie du cinéma français,
15:51 et surtout que cette méconnaissance et les préjugés qui vont avec
15:54 les poussent donc bien à vouloir tordre le cou
15:57 à l'exception culturelle française qui ne correspond pas
16:00 à leur vision néolibérale.
16:02 À moins qu'il ne s'agissait là que de provocation,
16:05 mais on a vu où ça mène.
16:07 Une autre petite musique qui va de pair
16:10 avec la question de la rentabilité
16:11 est celle du trop grand nombre de films.
16:14 Est-ce qu'on produit trop de films en France ?
16:17 Il faut dire que la question est légitime.
16:19 Oui, objectivement, il y a trop de films.
16:21 Le public ne peut pas tous les absorber.
16:23 Beaucoup disparaissent des écrans au bout d'une semaine.
16:26 Mais comment y remédier ?
16:28 La bonne nouvelle, c'est que j'ai la solution.
16:31 En plus, elle est très simple. Voilà.
16:34 Il suffirait que je devienne dictateur.
16:36 Un dictateur éclairé, bien sûr, c'est très important,
16:39 mais dictateur quand même.
16:42 Ça serait moi qui choisirais qui aurait le droit
16:44 de continuer à faire des films ou non.
16:46 Je serais assis sur un trône et je convoquerais les gens,
16:48 les réalisateurs, les producteurs.
16:50 Je dirais, "Toi, là, bien, approche.
16:52 Tes films, c'est pas bien. C'est quoi ce casting ?
16:54 C'est quoi cette mise en scène ? A partir de maintenant,
16:57 tu vas faire un métier utile pour la société.
16:59 Tu vas aller nettoyer les plages du Touquet."
17:01 Le concept de dictateur éclairé m'a toujours plu.
17:05 Mais seulement si c'est moi le dictateur.
17:07 Mes choix et mes arbitrages seraient justes et judicieux,
17:10 bien que parfaitement subjectifs.
17:12 Bon, peut-être que les autres cinéastes ne seraient pas trop d'accord.
17:16 Surtout ceux que j'aurais envoyés nettoyer la plage du Touquet.
17:19 Donc, finalement, ce n'est peut-être pas la solution du siècle.
17:24 Surtout si Laurent Wauquiez avait la même idée que moi
17:26 et réussissait à devenir dictateur avant moi.
17:30 En plus, je ne suis pas sûr qu'il saisisse bien
17:32 le concept de dictateur éclairé.
17:35 Donc, tant pis.
17:37 Il vaut peut-être mieux vivre avec le fait qu'il y ait trop de films.
17:41 Et puis, ce n'est peut-être pas si problématique.
17:43 C'est peut-être même bien.
17:44 Il y a presque 30 ans, mon premier film, "Intimité",
17:47 a fait 8000 entrées France.
17:49 Si à l'époque, Laurent Wauquiez avait été dictateur,
17:52 il m'aurait convoqué, je me serais approché de son trône,
17:55 il m'aurait dit "Gare, ton film ne sert à rien.
17:58 Rentabilité zéro, il est de trop, ta carrière est finie."
18:02 Et je serais tombé à genoux en le suppliant.
18:04 "Monseigneur Wauquiez, ne faites pas ça, soyez clément.
18:07 Je vous jure, je me rattraperai.
18:09 J'ai déjà un super titre pour mon prochain film,
18:11 ça s'appellera "Harry, un ami qui vous veut du bien".
18:13 Ça marchera à coup sûr, il fera 2 millions d'entrées,
18:16 promis juré, il sera super rentable,
18:17 il contribuera au retraissement de l'économie française,
18:20 c'est promis, pitié."
18:22 Il me regarderait comme ça, il dirait "Silence !
18:25 C'est trop tard.
18:27 Va nettoyer les plages du Touquet."
18:30 Voilà, je vais passer la parole à Caroline.
18:35 Je vous souhaite de très belles rencontres
18:40 et merci de ne pas jeter vos ordures sur la plage.
18:43 (Applaudissements)
18:48 -Je sais pas si je me suis pas faite avoir en parlant de Zem.
18:51 -Non, non.
18:54 -Bon, d'abord, bonjour à tous. Merci.
18:57 Merci à l'ARP de m'avoir proposé cette coprésidence.
19:00 Je suis très honorée,
19:02 même si moi aussi j'ai eu un peu peur.
19:04 Mais Jeanne Erry a des arguments.
19:05 Par exemple, elle m'a dit qu'on aurait une très belle chambre
19:08 et qu'on n'avait qu'à faire un petit discours.
19:13 Donc moi aussi, je me suis dit "Oh, un petit discours."
19:15 Et puis voilà. Et puis à un moment, il faut le faire.
19:18 Et du coup, moi, j'ai...
19:20 En fait, comme j'étais un peu tétanisée,
19:22 j'ai fait appel à l'intelligence artificielle.
19:26 Et je lui ai demandé
19:28 "Peux-tu écrire un discours sur l'avenir du cinéma français ?"
19:34 Mesdames et messieurs, chers amateurs du cinéma,
19:38 aujourd'hui, je voudrais vous parler de l'avenir du cinéma français.
19:41 Un avenir qui s'annonce prometteur,
19:45 plein de potentiel et de créativité.
19:48 Le cinéma français a toujours été reconnu pour son originalité,
19:51 sa diversité et sa capacité à susciter des émotions profondes
19:55 chez son public.
19:57 Je suis convaincue que cette tradition se poursuivra
20:00 dans les années à venir.
20:02 Voilà. L'intelligence artificielle est très optimiste.
20:05 Moi, un peu moins, mais en même temps, en ce moment,
20:07 ça fait du bien, donc je prends.
20:10 Je continue. Le monde du cinéma est en constante évolution
20:13 avec de nouvelles technologies et des plateformes de diffusion en ligne
20:16 qui offrent de nouvelles opportunités.
20:19 Opportunités. Bon, je ne suis pas sûre que j'aurais choisi ce mot.
20:23 OK. Le cinéma français, avec son histoire riche
20:26 et son héritage culturel, est parfaitement positionné
20:29 pour s'adapter à ces changements
20:31 et continuer à captiver les spectateurs du monde entier.
20:34 Là, je crois qu'on nous flatte un peu,
20:37 parce que d'après ce que j'ai lu,
20:39 la part de marché du cinéma français dans le monde,
20:42 c'est 2 %, mais bon...
20:44 OK. On va dire que c'est quand même bien.
20:47 Nous avons vu ces dernières années des réalisateurs français
20:49 audacieux et innovants, tels que Xavier Dolan,
20:52 Céline Sciamma et Lajli,
20:56 qui ont repoussé les limites du cinéma français
20:58 et ont été salués par la critique internationale.
21:00 Bon, je suis désolée, on n'est pas dedans.
21:02 J'essayais de crier non plus.
21:05 Voilà. Moi, non, j'ai dit "on n'est pas dedans", bien sûr.
21:08 La diversité est devenue un enjeu majeur
21:10 dans l'industrie cinématographique mondiale.
21:12 Le cinéma français, avec sa capacité à explorer
21:15 une variété de thèmes et de genres, a déjà montré
21:18 qu'il était prêt à embrasser cette diversité.
21:20 Les films français peuvent aborder des sujets sociaux,
21:24 politiques, historiques et donner une voix aux modèles...
21:27 Pardon, aux minorités et aux communautés marginalisées.
21:30 C'est cette ouverture d'esprit qui permettra au cinéma français
21:33 de rester pertinent et de toucher un public toujours plus large.
21:37 Pas mal. C'est bien.
21:40 Bien sûr, les défis ne manqueront pas.
21:42 La concurrence mondiale est féroce et il faudra continuer
21:44 à innover, à chercher de nouvelles voies
21:46 et à soutenir les talents émergents.
21:48 Mesdames et messieurs,
21:50 l'avenir du cinéma français est entre nos mains.
21:56 Nous avons le pouvoir de soutenir et de promouvoir
21:59 les films français, d'encourager les nouvelles voies
22:01 et de célébrer la créativité qui fait la renommée
22:04 de notre cinéma.
22:05 Ensemble, nous pouvons assurer un avenir radieux
22:08 pour le cinéma français, où l'art et l'émotion
22:11 continueront de nous transporter vers des horizons inexplorés.
22:14 Merci. Vive le cinéma français et son avenir passionnant.
22:19 Alors, bon, attendez !
22:20 J'ai quand même rajouté quelques mots de ma plume.
22:25 À un moment, il fallait quand même...
22:27 Bon.
22:28 Vive le cinéma français, oui.
22:32 Vive ceux qui se sont battus et qui se battent encore
22:35 pour que ce cinéma subsiste.
22:37 Vive-nous, réalisateurs, producteurs, distributeurs,
22:41 exploitants qui faisons du cinéma.
22:43 Vive-nous qui ne sommes pas des enfants,
22:45 qui ne sommes pas gâtés, qui travaillons,
22:48 nous battons pour faire des films et les porter jusqu'au public.
22:51 Vive-nous qui sommes valeureux, passionnés, énergiques
22:53 et parfois même rentables.
22:55 J'ai récemment entendu Régine Vial,
22:58 la directrice des films du Los Ange, à la radio.
23:00 Elle disait "Le public est intelligent".
23:03 Pour convaincre les spectateurs de retourner en salle
23:06 après la crise du Covid, on a beaucoup parlé
23:08 de l'expérience collective irremplaçable,
23:11 des conditions de projection que n'égalerait jamais
23:13 aucun home cinéma.
23:15 Mais la différence majeure entre le cinéma et l'audiovisuel
23:17 dont nous biberonnent les plateformes, à mon sens,
23:20 c'est peut-être ça, c'est peut-être de penser
23:23 que le public est intelligent, qu'il peut nous surprendre
23:27 que les spectateurs ne sont pas des consommateurs
23:28 comme les autres.
23:30 "Les films libèrent la tête", disait Fassbinder.
23:33 "Les plateformes nous endorment, elles nous veulent captifs,
23:36 passifs, ramollis."
23:38 Un film, "Le rayon vert", a transformé ma vie
23:41 quand j'avais 16 ans.
23:43 Je suis allée le voir seule parce que la bande-annonce,
23:45 vue par hasard, m'en avait donné envie.
23:47 Je ne savais pas qui était Éric Rohmer.
23:50 Tant de films ont transformé ma vie depuis,
23:52 tant de films m'ont changé, consolée, fait grandir.
23:55 Je peux presque dire, si je ne craignais de paraître grandiloquente,
23:58 que l'année de mes 20 ans, le cinéma m'a sauvée.
24:02 Je crois qu'il peut sauver encore beaucoup de monde.
24:04 Je crois qu'il peut nous donner du courage,
24:06 nous donner la rage, nous réveiller,
24:08 nous rendre un peu moins cons et un peu plus joyeux.
24:11 Peut-être vous souvenez-vous de cette scène
24:13 dans "Journal intime" de Nanni Moretti.
24:16 Moretti se promène dans un quartier de Rome,
24:18 un quartier résidentiel, un peu l'équivalent de la banlieue ouest
24:20 à Paris, disons,
24:22 et soudain, il pique une colère,
24:23 une de ces colères dont il a le secret.
24:25 Il se met à hurler.
24:27 Ça sent le survêtement et la cassette VHS.
24:30 L'odeur de la cassette VHS a un peu disparu,
24:32 mais il y a pas mal d'endroits où ça sent très fort le survêtement,
24:35 le sac en papier d'Eli Verrou et la plateforme de visionnage.
24:38 Rien que ce mot, "visionnage",
24:40 on ne visionne pas les films, on les voit,
24:42 on est quand la magie opère,
24:45 vu par eux, traversé par eux.
24:48 Le monde est effrayant.
24:50 La tentation du repli, de rester chez soi, au chaud, à l'abri,
24:53 un plaid sur les genoux, une infusion de CBD à la main,
24:56 immense.
24:57 Ça demande presque du courage de sortir,
25:00 sans parler de ce que coûte une place de cinéma
25:02 et des punaises de lit.
25:04 Mais les Français nous ont prouvé,
25:05 depuis que nous sommes sortis de la crise du Covid,
25:07 qu'ils ont ce courage, cette énergie, cette envie.
25:11 Ils retournent en salle.
25:12 "Ça nous oblige", comme dirait l'autre.
25:16 On a de la chance de vivre dans ce pays, oui, c'est vrai,
25:19 une chance immense, notre modèle est unique.
25:21 Soyons-en fiers, ne le s'abordons pas,
25:24 chérissons-le et tentons d'inspirer le reste du monde.
25:28 J'espère que ces 3 jours nous aideront à nous projeter
25:31 dans les 30 prochaines années. Merci.
25:33 (Applaudissements)
25:35 (...)

Recommandations