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00:00 À quelques jours de Noël, on parle de la consommation d'alcool ce matin, notamment celle des jeunes.
00:05 Selon un sondage OpinionWay pour la Ligue contre le cancer, 70% des parents trouvent acceptable de faire goûter de l'alcool aux mineurs pendant les fêtes de fin d'année.
00:13 30% estiment même qu'il est possible d'en servir à des adolescents de moins de 15 ans.
00:18 Et vous, qu'en pensez-vous ? Faites-vous goûter, voire boire de l'alcool à vos enfants, vos petits-enfants, pour Noël ou pour les grandes occasions ?
00:25 Si oui, à partir de quel âge ? Au contraire, vous êtes contre ? Dites-nous pourquoi, appelez-nous et témoignez au 02 99 67 35 35.
00:34 Et avec nous pour en parler ce matin, une addictologue au CHU de Rennes. Bonjour docteur Caroline Leland.
00:39 Oui, bonjour.
00:40 Avant de vous entendre sur ce sondage, sur ces chiffres, sur les dangers aussi de l'alcool pour notre santé, on va accueillir une auditrice de France Blanc-Armorique.
00:47 Oui, nous sommes avec Emmanuelle à Montfort-sur-Meux. Bonjour Emmanuelle et bienvenue.
00:52 Bonjour.
00:52 Quel est donc votre rapport avec l'alcool et particulièrement au moment des fêtes, vous Emmanuelle ?
00:58 Alors, moi je bois un petit peu pendant les fêtes, mais dans notre famille on n'a pas pour habitude d'abuser des bonnes choses.
01:05 Donc c'est toujours avec modération et pour certaines occasions.
01:10 Et les jeunes ont-ils le droit de boire dans votre famille, Emmanuelle ?
01:14 Oui, tout à fait, mais qu'à partir de 15 ans.
01:18 Donc vous avez mis une limite quand même.
01:20 Oui, il y a une limite et je vois pour Noël, le premier blanc, leur anniversaire, mais c'est vraiment un tout petit fond.
01:31 Au début, c'est juste boire une corgée dans le verre de papa-maman, c'est tout.
01:35 On stoppe, on goûte, on apprécie, mais on n'abuse pas.
01:39 Et pourquoi vous avez décidé de faire comme ça, Emmanuelle ?
01:43 Parce que j'ai été élevée comme ça et je n'ai jamais été bourrée, je n'ai jamais abusée.
01:51 Parce que je pense qu'ayant goûté toute petite, je n'ai pas eu besoin de m'en faire toute une histoire et de prouver à tout le monde que je bois.
02:01 Et vous pensez que pour vos enfants, c'est pareil parce qu'ils ont consommé d'abord de l'alcool avec vous ?
02:07 Voilà, j'ai trois enfants, ils ont été élevés tous les trois sur ce principe-là.
02:15 Et mes enfants savent boire modérément, ils savent apprécier la chose.
02:21 Et ils n'ont jamais été bourrés avec du vin ou avec quoi que ce soit.
02:27 Avec parcimonie. Merci beaucoup Emmanuelle de ce témoignage.
02:31 De rien.
02:32 Merci à vous et bonne fête Emmanuelle.
02:36 On continue donc à parler de la consommation d'alcool pour les fêtes et notamment avec nos jeunes, avec vous,
02:41 Docteur Caroline Leland, addictologue au CHU de Rennes.
02:44 Déjà, je reviens sur ces chiffres qu'on donnait en préambule.
02:48 70% des Français et des parents qui trouvent acceptable de faire goûter de l'alcool aux mineurs pendant les fêtes.
02:53 Et 30% qui pensent même qu'on peut le faire dès 15 ans.
02:56 Vous êtes surprise déjà par ces chiffres ?
02:58 Non. Pas vraiment.
03:00 On est dans un pays où effectivement c'est très culturel de boire de l'alcool.
03:05 Donc les chiffres ne sont pas très surprenants mais néanmoins interrogent quand même.
03:10 L'alcool chez les enfants, chez les adolescents, ça reste quand même quelque chose qu'il ne faut pas banaliser.
03:16 Les enfants ont un système cérébral qui n'est pas mature
03:20 avec probablement une sensibilité à toutes les substances d'ailleurs qui est beaucoup plus importante,
03:25 un circuit de la récompense qui n'est pas du tout mature.
03:28 Et donc il faut absolument, ce qui est important c'est de retarder l'âge de la première expérimentation.
03:35 On sait, les études l'ont montré, que plus tôt on va prendre une substance,
03:40 plus on a un risque d'installer un trouble de l'usage ou même une maladie à l'âge adulte.
03:45 Ça ne veut pas dire que ça va arriver effectivement,
03:47 ce n'est pas parce qu'on va boire un peu dans l'adolescence ou dans l'enfance qu'on va installer un problème.
03:52 Mais c'est un risque qui est augmenté si on commence les consommations de manière très très précoce.
03:58 - Et qu'est-ce que ça veut dire docteur précoce ? Parce que là dans ce sondage, il y a une espèce de distinction,
04:03 si on a moins de 15 ans ou entre 15 et 18 ans, est-ce que ça existe médicalement parlant ?
04:08 - Non, médicalement parlant, le cerveau n'est pas mature avant 20 ou 25 ans.
04:11 Donc oui, les jeunes adultes sont aussi assez vulnérables aux consommations d'alcool.
04:18 Donc non, il n'y a pas vraiment d'âge. Après c'est sûr que chez les enfants, c'est d'autant plus dangereux d'installer des consommations.
04:27 Alors non pas la consommation, effectivement, on va goûter un fond de verre, c'est pas ça qui est dangereux,
04:32 c'est le fait de commencer très tôt avec un cerveau qui reste très très vulnérable
04:38 et surtout de répéter les consommations de manière régulière.
04:41 Ça, ça risque d'entraîner un trouble de l'usage à l'âge adulte.
04:45 - Le témoignage qu'on a entendu, celui d'Emmanuel, qui préfère finalement faire goûter, faire boire de l'alcool à ses enfants en famille,
04:52 est-ce que ça c'est quelque chose qu'on entend souvent, que vous entendez souvent ?
04:55 - On l'entend souvent, mais ça c'est un vrai problème, puisque on sait bien que les addictions, c'est aussi un gros problème d'environnement.
05:01 C'est-à-dire que plus on va côtoyer des adultes qui vont avoir des consommations importantes,
05:06 plus on a un risque aussi d'installer un trouble de l'usage.
05:11 Donc effectivement, oui c'est pas étonnant, mais c'est pas forcément parce que c'est la tradition qu'il faut que c'est pas dangereux en fait.
05:21 Je pense que plus tard on commence, plus tard on va expérimenter, et plus tard c'est le mieux.
05:29 - On nous disait aussi, vous disiez en préambule, que c'est assez sociétal l'alcool en France, on va dire.
05:36 Est-ce que c'est particulièrement plus le cas peut-être en Bretagne ou pas ?
05:40 Ou est-ce que ça c'est un cliché, vous diriez, la consommation d'alcool ?
05:43 - Je pense que c'est toute la France, et puis chaque région va avoir ses particularités.
05:47 Je pense que nous on n'est pas une région de vin particulièrement, et pourtant on consomme beaucoup.
05:51 Donc je crois que c'est tout, c'est la France en général.
05:55 En Bretagne on est effectivement peut-être parmi les régions les plus concernées par les problèmes d'alcool en eux-mêmes.
06:01 Mais ce n'est pas la consommation elle-même, c'est les maladies.
06:06 - Et alors vous avez à traiter des jeunes qui ont des problèmes d'alcool au CHU de Rennes.
06:10 Quel genre de problème ils ont avec l'alcool ?
06:13 - Oui au CHU de Rennes on est confronté à l'afflux, aux urgences de jeunes.
06:18 Alors on n'a pas les enfants à Pontchagnon, les enfants vont à l'hôpital Sud,
06:22 et il y a aussi malheureusement des admissions pour ivresse aiguë d'enfants.
06:26 - Oui c'est quand on boit beaucoup d'alcool c'est ça dans un cours à un moment ?
06:29 - Oui ce qu'on a pour les jeunes souvent c'est effectivement les ivresses aiguës,
06:34 les traumatismes, les accidents, les chutes, voilà.
06:39 - Et alors à partir de quand docteur Leland, on peut dire qu'on a un problème avec l'alcool ?
06:44 Est-ce qu'on peut soi-même le mesurer comme on peut le faire avec la cigarette, avec des tests par exemple ?
06:50 Il y a une règle finalement qu'on peut s'appliquer à tout ce qu'on soit majeur ou mineur ?
06:55 - Alors il y a des tests effectivement, il y a des autotests qu'on peut trouver sur les sites internet.
07:00 Je pense que l'idée c'est de se rendre compte si on commence à consommer de manière vraiment régulière,
07:07 vraiment quotidienne ou alors de manière trop importante,
07:11 et qu'on n'arrive pas à maîtriser sa consommation, c'est à partir de là qu'on va commencer à se dire qu'il y a un problème.
07:16 C'est si on voit que c'est récurrent ou que ça devient incontrôlable.
07:20 - Mais c'est quoi contrôler ? C'est trois verres, quatre verres ?
07:23 - C'est deux verres par jour et pas tous les jours.
07:26 Et maximum quatre verres par occasion.
07:29 Donc au-delà, c'est pas forcément une histoire de maladie, c'est juste qu'on est dans une consommation excessive.
07:36 - On va rappeler, docteur, vous allez nous rappeler les dangers de l'alcool pour notre santé à tous cette fois-ci, pas que pour les jeunes ?
07:42 - Alors à court terme, pour les jeunes, ça va être surtout les problèmes aigus d'accident en fait,
07:47 le traumatisme, chute, d'ivresse, et puis tout ce qui va être mis en danger, bagarre, agression, etc.
07:55 Et puis à long terme, on a tous les problèmes de santé, alors les cancers bien sûr, les problèmes hépatiques, neurologiques,
08:03 mais ça c'est sur des consommations quotidiennes et sur du long terme.
08:09 - Alors les fêtes sont pas encore passées, mais on sait qu'en janvier on va entendre parler du dry january,
08:15 donc c'est un mois où on a invité depuis quelques années à ne pas du tout consommer d'alcool,
08:20 ça sert, c'est bon pour tout le monde ? - Bien sûr, ouais.
08:23 Alors c'est plutôt le défi de janvier. - En français.
08:27 - Voilà. Oui, ça s'adresse pas aux patients qui ont des problèmes, ça s'adresse à la population générale.
08:34 C'est vraiment l'idée de se dire "on va se faire du bien, on va essayer de récupérer un peu des fêtes,
08:39 on va essayer de se faire du bien physiquement, moralement, peut-être sur le poids, peut-être aussi sur l'énergie,
08:47 et ça fait du bien quoi qu'il arrive et puis ça permet de se rendre compte,
08:50 justement, si on n'a pas de difficultés à arrêter, on est sûr qu'on est à peu près rassuré.
08:55 - Merci beaucoup Docteur Caroline Leland d'avoir été l'invité de France Bar, Maureen Rick, ce matin.
08:59 Vous êtes addictologue au CHU de Rennes. L'alcool, donc toujours à consommer, évidemment avec modération.