Philippe Gosselin député LR de la Manche - Invité de France Bleu Cotentin 20 12 2023

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Transcript
00:00 On revient ce matin sur le projet de loi sur l'immigration avec notre invité sur France Bleu Cotentin et France 3 Normandie.
00:06 Absolument, un projet de loi voté hier par le Sénat et l'Assemblée Nationale.
00:10 Pour en parler ce matin, le député Les Républicains de la Manche est vice-président de la Commission des lois.
00:15 Bonjour Philippe Gosselin !
00:17 Bonjour !
00:18 C'est donc une version du texte assez durci par rapport à la proposition du gouvernement
00:22 qui est sorti de la commission mixte paritaire, texte négocié entre le camp présidentiel et puis les Républicains que vous représentez.
00:29 Ça signifie que la droite a gagné la partie ?
00:32 Écoutez, on ne fera pas de triomphalisme, mais ce que l'on a dit nous dès le départ, c'est que l'on voulait revenir au texte du Sénat.
00:41 En réalité, c'est le texte du Sénat avec un certain nombre de questions, de points pour nous majeurs qui a été adopté.
00:48 Il faut dire que la commission des lois de l'Assemblée Nationale s'y était tellement bien pris que le texte avait été carrément détricoté.
00:57 Il n'y avait plus un certain nombre de mesures importantes, majeures, qui sont attendues aussi par l'opinion publique.
01:02 Et donc, c'était invotable en l'espèce.
01:05 Donc oui, après une folle semaine, quand même une semaine très particulière, on se retrouve avec un texte qui est voté, non sans difficulté.
01:14 On a bien vu jusqu'à la dernière minute que certains collègues parlementaires pouvaient voter contre.
01:21 Ça a d'ailleurs été le cas.
01:22 Il y a une partie de la majorité qui n'a pas voté ce texte.
01:25 On évoque ce matin aussi des démissions ministérielles.
01:28 Donc tout ça n'est pas rien, mais il fallait un texte clair, ferme.
01:34 Je crois que le texte voté n'est pas un xième texte.
01:38 C'est vraiment un texte qui permettra d'avancer, non pour rejeter les étrangers, mais pour dire qu'il y a des droits, il y a des devoirs.
01:46 Aujourd'hui, c'est un peu plus contraignant.
01:48 Et je crois que c'est nécessaire aussi de pouvoir choisir d'une certaine façon l'encadrement que l'on veut donner à cette immigration.
01:56 Philippe Gosselin, vous le disiez à l'instant, il y a des députés de la majorité présidentielle chez Renaissance.
02:03 Une cinquantaine qui ont soit voté contre, soit se sont abstenus lors de ce vote.
02:09 Ça choque beaucoup dans le camp présidentiel, notamment parce que le Rassemblement national parle de victoire idéologique.
02:16 Les mots sont assez forts. Est-ce qu'il n'y a pas un loupé du côté de votre parti qui se présente toujours comme un rempart contre l'extrême droite ?
02:23 Non, mais vous savez, le RN gaudit encore un peu.
02:29 Pas plus tard que lundi dernier, donc le matin même de la CMP, il y a 48 heures, on n'est pas parti très loin.
02:36 On n'est que mercredi.
02:38 Bardella, le président, disait qu'il n'était pas question de voter ce texte, donc il donnait tout le bien qu'il pensait.
02:46 Entre deux, le RN voit bien qu'il y a une attente de nos concitoyens, qu'il y avait un bon coup à faire, et le RN est sur le bon coup.
02:54 C'est de bonne guerre, entre guillemets, qu'il revendique.
02:57 Pour vous, il y a un revirement du discours du RN ?
02:59 Oui, il y a un revirement, effectivement, de la position du RN, qui d'ailleurs a failli piéger un peu la majorité.
03:07 Maintenant, la réalité des choses, c'est que les négociations, et négociations il y a eu, je crois qu'elles ont été au plein jour,
03:15 elles s'est faites avec les élus, les républicains, et pas le RN.
03:21 Et on peut, depuis des années, développer dans nos programmes présidentiels, c'était le cas avec Fillon, comme avec Pécresse l'an dernier,
03:29 un certain nombre de mesures phares, on avait même des mesures qui avaient été votées sous Sarkozy,
03:34 qui avaient été détricotées par la gauche, et cette fois-ci sous François Hollande.
03:39 Donc voilà, il y a une forme d'opportunisme de la part du RN, on ne peut pas l'empêcher, c'est ainsi.
03:45 Mais je crois que nos concitoyens ne sont pas dupes, ce qui a été voté,
03:49 l'a été grâce aux républicains, à leur position ferme, tout en restant ouvert,
03:56 parce qu'il n'est pas question que la France se replie sur elle-même, mais, encore une fois, des éléments clairs et fermes.
04:02 Et c'était, je crois, nécessaire.
04:03 7h50 sur France Bleu, Cotentin parle de la loi Immigration avec le député LR de La Manche, Philippe Gosselin.
04:09 Et on va se pencher un petit peu sur le fond du texte lui-même, des délais rallongés pour toucher les aides sociales pour les étrangers,
04:15 notamment c'est une des mesures qui fait dire à de nombreux acteurs politiques que c'est quand même l'entrée de la préférence nationale dans le droit.
04:22 La défenseur des droits parle de rupture dans le respect des droits fondamentaux,
04:26 et Gérald Darmanin lui-même reconnaît qu'il y a des aspects du texte qui ne sont pas constitutionnels,
04:31 et donc qui ne seront pas validés.
04:33 Est-ce que ça sert quand même à quelque chose de voter un texte qui risque aujourd'hui d'être retoqué, Philippe Gosselin ?
04:38 - Vous savez, c'est toujours une façon un peu facile, quand on vient de faire voter un texte ou qu'on le vote avec les pieds,
04:47 de dire qu'il est non constitutionnel, qu'il y aura une sanction, etc.
04:52 Écoutez, on verra bien, laissons le président de la République, s'il veut saisir le Conseil constitutionnel,
04:58 c'est ce qui semble se dire le saisir, et on verra bien ce qui relève des cavaliers ou pas des cavaliers.
05:05 Si c'est un marché de dupes, eh bien on en tirera les conclusions qui s'imposent.
05:09 Maintenant, je rappelle qu'il y avait une demande assez forte, et le point de départ finalement a été un peu tronqué,
05:17 parce que quand vous dites à nos concitoyens qu'on fait une réforme de l'immigration, eux mettent tout dedans.
05:22 Ils mettent aussi bien l'AME que l'entrée, la sortie, la nationalité, les naturalisations, etc.
05:28 Or, le gouvernement, dès le départ, a réduit l'ampleur du projet possible,
05:35 ce qui fait qu'effectivement on se retrouve avec un certain nombre de sujets qui sont peut-être plus à la marge
05:41 par rapport aux textes du gouvernement, mais qui ne sont pas du tout à la marge quand on veut traiter, parler de l'immigration,
05:49 parce que c'est un vrai sujet, et ce n'est pas un sujet simplement franco-français.
05:53 Je constate qu'aujourd'hui, en Europe, ailleurs dans le monde, la question de l'accueil, de l'entrée, du séjour des étrangers...
06:03 Malgré tout, est-ce qu'en France aujourd'hui, Philippe Gosselin, c'est une priorité pour les Français ?
06:07 On a quand même des questions d'éducation, on en parlait ce matin, des questions de pouvoir d'achat,
06:11 avec de nouvelles hausses qui sont annoncées sur de nombreuses factures de Français en 2024.
06:16 L'immigration, c'est vraiment une priorité aujourd'hui pour les Français ?
06:19 Moi, je peux vous dire que dans la manche, quand on m'interpelle, ce n'est pas sur l'immigration le plus souvent,
06:24 on est bien d'accord, c'est surtout sur les déserts médicaux, sur le pouvoir d'achat,
06:28 mais c'est aussi un sujet qui vient sur le tapis, et un État ne peut pas simplement vivre au quotidien
06:37 ou gouverner sur un ou deux points essentiels.
06:41 Un projet politique, la vie d'un pays, c'est un ensemble de mesures.
06:45 L'immigration en fait partie, et il se trouve que ça prend de telles proportions,
06:50 parce qu'en réalité, aujourd'hui, c'est peut-être un des derniers sujets
06:54 où l'ADN de droite, l'ADN de gauche, vous supposez-t-elle, réapparaît ressorti.
07:01 C'est un sujet de maximum de fantasmes sans doute, et aussi de clivage.
07:07 C'est pour ça que ça réagit comme ça aussi, je pense.
07:09 Merci beaucoup Philippe Gosselin, député LRM de la Manché, vice-président de la Commission des lois.
07:15 Merci d'avoir été avec nous ce matin.
07:17 Merci à vous, et bonne journée à vos auditeurs aussi.
07:19 Le 6/9, France Bleu Cotentin. Partout, avec vous, dans la Manche.

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