«Les affreux» de Jedidiah Ayres, «La troisième main» d'Arthur Dreyfus, «Mozart en tournée» de Thierry Geffrotin : les conseils littéraires de Nicolas Carreau

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Transcript

00:00 - On va parler un peu de littérature maintenant avec Nicolas Caro et c'est votre défi hebdomadaire

00:03 3 livres en 3 minutes, mais vous avez des grosses ambitions je crois aujourd'hui.

00:06 - Ne faites pas ça chez vous, c'est réalisé par un professionnel, j'ai calculé 1200 pages en 4 minutes les enfants.

00:12 On commence avec les affreux de Gédidia Erès aux éditions Les Arènes Collection Equinox,

00:18 c'est la jolie collection de Polar des éditions Equinox, ça ressemble beaucoup au film des frères Cohen dans l'esprit si vous voulez.

00:25 Ça commence dans un coffre avec Terry qui est bien embêté parce qu'il est dans un coffre et il a l'arcade sourcilière ouverte, il saigne de partout.

00:33 - Il est enfermé. - Il est enfermé et c'est une fausse ouverture de ce roman qui se termine par pousser par un désespoir sans nom.

00:40 Terry fit une chose que jamais encore sa condition de parasite larvaire ne lui avait permis, il se mit à cogiter, sérieusement.

00:46 Et ensuite on passe à un autre personnage, Shodder, qui est avec son ami Bug, qui ressemble lui, je cite encore parce que ça vaut le coup,

00:54 qui ressemble à une tranche de steak trop cuite qu'on aurait revêtue d'un blouson de cuir neuf et d'un jean faussement élimé.

00:59 Et puis il y a Jimmy Mandal, ensuite, qui est le shérif du coin et qui est en train de fermer un laboratoire de méthamphétamine,

01:05 donc c'est bien, il fait son travail, mais en fait on s'aperçoit assez vite que c'est plutôt pour fermer la concurrence qu'il ferme ce laboratoire.

01:10 Voilà, c'est des sales types, des losers dix milles, mais qui deviennent sublimes grâce à la littérature avec ce petit côté frère Cohen dans l'esprit Larry McMurtry.

01:20 Voilà, c'est génial, ça fait 300 pages, on s'amuse, chaque chapitre c'est un personnage différent, c'est vraiment super.

01:25 Le deuxième, qu'est-ce que vous avez prévu ?

01:27 La troisième main chez P.O.L. d'Arthur Dreyfus, primé en cette rentrée littéraire, après Castel en en a beaucoup parlé,

01:33 bon j'arrive un peu après la bataille, mais c'est pas grave, c'est un livre assez génial, c'est l'histoire de Paul Marchand,

01:38 on est au début du XXe siècle, un jeune garçon qui nous raconte sa vie, enfance ni heureuse ni malheureuse, enfance ça va.

01:45 Il est pas encore mobilisé, mais en 1915, il est encore très jeune, on l'envoie chercher trois bidons de mazoutes à côté des zones de combat,

01:55 il y va à vélo, et puis tout à coup il y a un obus qui tombe juste à côté, ça l'envoie valdinguer, et puis il croit qu'il est mort,

02:01 et puis en fait non, il se réveille, mais il se réveille, il vérifie que tout va bien, alors oui il a deux bras, deux jambes,

02:07 mais en fait il a aussi un troisième bras qui lui a été greffé sur le ventre avec une main au bout,

02:12 et cette main a été greffée par un savant fou qui l'a récupérée quand il était inconscient,

02:17 et en fait c'est la main d'un allemand qui est mort, qui s'appelle Hans, enfin qui s'appelle encore,

02:21 puisque la main a une sorte d'autonomie elle-même, donc commence une sorte de cohabitation entre les deux,

02:26 ils vont faire des tours de magie, chapparder plus facilement, vivre plein d'aventures, ces deux-là vont être obligés de s'associer,

02:33 et bon c'est une sorte de conte gothique comme ça, avec un grand message, beaucoup d'intelligence aussi dans la manière dont on le dit.

02:40 - Troisième main.

02:40 - C'est une sorte de conte géniale, la troisième main chez P.O.L.

02:44 Et puis j'ai ce livre auquel je tiens aussi parce que c'est Thierry Geoffrotin qui l'a écrit,

02:49 que les auditeurs d'Europe connaissent bien, le spécialiste de la musique classique,

02:52 Mozart en tournée, c'est chez Éric Bonnier, et bien donc comme le titre l'indique, c'est la vie de Mozart,

02:58 mais par ses voyages, vous savez que Mozart a beaucoup voyagé dès ses six ans,

03:01 il était sur les genoux de l'impératrice à Vienne, parce que son père Léopold l'emmenait un peu partout en Europe,

03:07 à la fois pour le faire connaître, en fait c'était une sorte d'outil de promotion,

03:10 d'ailleurs il dit que c'est pour le faire connaître au monde, pour la gloire de leur prince et de leur patrie,

03:15 un miracle que Dieu a fait naître à Salzbourg.

03:18 Et puis ensuite on est à Paris, il discute avec la reine de France, et puis ensuite à Venise, à Bologne, à Naples...

03:24 - Il n'y a que du réseau en fait Mozart et la paix.

03:27 - Exactement, mais surtout chaque voyage est une aventure bien entendu, on sait ça par cœur,

03:31 et donc c'est une manière de raconter la biographie de Mozart par ses voyages,

03:35 et on bouge et on découvre ses pays et on découvre Mozart autrement,

03:38 et ce qui est bien c'est d'avoir un peu de musique de Mozart en même temps, quand on lit ce livre,

03:42 ça met dans l'ambiance, mais il faut le mettre dans l'ordre.

03:44 Alors Thierry Geoffrotin nous donne les oeuvres en fonction de la chronologie.

03:48 - Ah ça c'est bien ! - Il y a toute une playlist.

03:50 - Et puis j'en ai un petit dernier, je vous le mentionne, je ne l'ai pas parce qu'il était trop cher,

03:53 je n'ai pas osé le demander en service de presse, c'est Emily Dickinson,

03:57 la grande poétesse américaine que j'adore, je passe ma vie à essayer de la faire découvrir aux Français,

04:02 mais bon c'est quand même très connu, mais ça coûte 230 euros ce livre chez Diane de Célier,

04:06 puisque c'est illustré par la peinture moderniste américaine,

04:09 et Diane de Célier c'est l'éditeur qui fait des livres d'art absolument magnifiques,

04:15 au détail prêt, super, mais bon, donc ça coûte un petit peu cher,

04:18 mais donc là ça vaut le coup parce que c'est la mise en regard des poèmes d'Emily Dickinson,

04:22 avec ses grands peintres, Hopper, etc., les modernistes américains, O'Keefe, Agnès Pelton, tout ça,

04:28 et donc c'est super, mais sinon c'est pas grave, vous achetez juste un tout petit recueil d'Emily Dickinson,

04:33 n'importe lequel, je vous donne juste un poème comme ça rapidement,

04:36 "Je suis personne", je vous le fais en français, "Je suis personne, qui êtes-vous ?

04:39 Êtes-vous personne aussi ? Alors nous faisons la paire.

04:43 Silence, on nous chasserait, vous savez, que c'est pénible d'être quelqu'un,

04:47 que c'est commun, comme une grenouille, de dire son nom tout au long de juin, aux marais qui admirent."

04:53 - Oh c'est beau, magnifique, et merci de nous l'avoir fait en français.

04:56 - En anglais c'est mieux, j'ai un mauvais accent. - Ça pourrait être l'habito de Madeleine Tout-le-Monde.

04:59 - Il y a un poème de Fernando Pessoa qui commence un peu comme ça, dans "Bureau de Tabac".

05:03 - "Je suis personne". - Vous le connaissez ? Non ?

05:05 - Vous l'avez en tête ? - Oui.

05:06 - Allez-y. - C'est dit "Je ne suis rien, jamais je ne serai rien,

05:11 je ne puis vouloir être rien, cela dit je porte en moi tous les rêves du monde".

05:16 - Wow, c'est beau. - C'est l'extrait d'un poème, c'est pas tout le poème.

05:20 - C'était le moment de poésie, de culture. - Je sais, je sais.

05:22 - Merci beaucoup Nicolas Caro, on saura quoi vous offrir en plus à Noël, il y a ce bouquin.

05:26 - On va se cotiser. - On va réfléchir, on va réfléchir.

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