Stéphane Layani : à Rungis, "on est vraiment dans la dernière ligne droite"

  • l’année dernière
"C'est le rush !", confirme Stéphane Layani, PDG du Marché International de Rungis. "On est vraiment dans la dernière ligne droite. Si on veut préparer son Noël à bon prix, et c'est fête de fin d'année, c'est maintenant, parce que demain, ça va être encore plus cher."

Une course qui devrait se calmer après Noël, en tout cas à Rungis : "On est un marché de professionnels, on sert les commerçants, les restaurateurs, les marchés. Et évidemment, ces gens font leur stock pour les fêtes de fin d'année. Et la semaine suivante, elle est un peu plus calme. Mais on a environ 600.000 passages pendant tout le mois de décembre, et il faut tout organiser."

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Transcription
00:00 Le marché de Rungis est en ébullition à l'approche de Noël.
00:03 Grossistes et acheteurs s'agitent dans les nombreux pavillons de ce qui est le plus grand marché de produits frais en Europe.
00:09 Et son PDG est avec nous ce matin. Bonjour Stéphane Laiany.
00:12 Bonjour Mathilde.
00:13 Merci d'avoir pris le temps de venir en studio.
00:15 Rungis, dans les 3-4 jours qui viennent, ça va être la folie ?
00:17 Oui, c'est le rush. On est vraiment dans la dernière ligne droite.
00:22 Si on veut préparer son Noël à bon prix, et c'est fête de fin d'année, c'est maintenant.
00:28 Parce que demain, ça va être encore plus cher.
00:30 Et ce sera pareil pour le Réveillon du 31 ? La même fervessance ?
00:33 Non, parce que nous on est un marché de professionnels.
00:37 On sert les commerçants, les restaurateurs, les marchés.
00:42 Et évidemment, ces gens font leur stock pour les fêtes de fin d'année.
00:46 Et la semaine suivante, elle est un peu plus calme.
00:50 Et est-ce que cette période de fête, ça change quelque chose au niveau de votre organisation ?
00:53 Est-ce qu'il y a plus de monde, plus de camions, plus de logistique à gérer ?
00:56 Oui, on a beaucoup de camions. On a environ 600 000 passages pendant un mois,
01:03 comme le mois de décembre. Et il faut tout organiser.
01:05 C'est plus que les autres mois ?
01:07 Un peu plus. Et ça dépend des secteurs.
01:12 Si vous allez à la volaille ou aux produits gastronomiques, il y a beaucoup de monde.
01:17 Et aux fruits et légumes, c'est les tiages.
01:21 Donc évidemment, on calibre tout différemment. Et notamment, les forces de sécurité sont doublées.
01:28 La préfecture me met à disposition des forces de police supplémentaires.
01:32 Tout est beaucoup mieux calibré.
01:35 Évidemment, ça se passe, comme toujours, à Rungis, dans la bonne humeur.
01:41 Rungis, c'est 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel.
01:43 Les fêtes, ça représente combien ?
01:45 Ça dépend des secteurs. Mais pour certains grossistes, ils font deux mois en un.
01:50 C'est sûr qu'à la volaille, au foie gras, aux produits gastronomiques, ils font deux mois en un.
01:58 Et donc, il y a cette frénésie, malgré ces temps d'inflation et de pouvoir d'achat réduit.
02:02 Il n'y a pas d'impact sur votre activité ?
02:04 L'inflation ne va pas gâcher la fête.
02:05 Quand on n'a plus d'argent, c'est compliqué, on ne peut pas s'acheter du foie gras.
02:10 Bien sûr, le contexte est inflationniste.
02:12 D'abord, du foie gras, il y en a moins.
02:14 Les français apprennent à consommer malin et à acheter des produits moins chers ou qui ont moins augmenté.
02:21 Donc, l'inflation ne va pas gâcher la fête.
02:24 Les gens veulent se retrouver.
02:26 Le contexte géopolitique, vous le connaissez, il est tragique.
02:29 Le contexte inflationniste, il est en train de ralentir.
02:32 Nous, on est beaucoup...
02:34 Quand vous faites la cuisine vous-même, vous êtes à 12 points en dessous des prix des produits préparés.
02:42 Donc, vous faites des vraies économies si vous choisissez vous-même vos menus.
02:46 Et ça, c'est un gros avantage.
02:47 Mais donc, vous constatez que ce ne sont pas forcément les mêmes produits que d'habitude qui sont achetés ?
02:52 Que les clients se sont rabattus peut-être sur d'autres produits moins chers ?
02:56 Oui, par exemple...
02:58 D'abord, on a de la chance.
03:00 On a des produits de tradition et festif qui ont baissé.
03:04 Comme ?
03:05 Comme la coquille Saint-Jacques.
03:07 Elle est abondante et peu chère cette année.
03:10 La gestion de la ressource a été excellente.
03:12 Elle a baissé de 15%.
03:14 La lotte, c'est moins cher.
03:16 Moins 10%.
03:17 Et donc, il faut aller sur les produits qui sont moins chers.
03:21 Pas sur les produits qui sont très élevés.
03:23 Et puis, si on veut absolument avoir un chapon, on prend un mini-chapon.
03:27 On n'est pas obligé de prendre un chapon de 2 kg.
03:32 Est-ce que l'inflation touche aussi les commerçants qui viennent faire leurs courses à Rungis ?
03:36 Est-ce que, par exemple, ils viennent moins souvent parce qu'il faut payer l'essence du camion ?
03:39 Est-ce qu'ils négocient plus les prix ?
03:41 L'inflation, elle touche tout le monde.
03:44 Il faut voir qu'elle touche tout le monde.
03:46 Elle touche les grossistes.
03:49 Qui rôdent sur leur marge ?
03:51 Parce qu'il y a beaucoup d'énergie.
03:53 Moi, on gère un gigantesque frigidaire et l'énergie est chère.
03:58 Elle touche les restaurateurs, les artisans et aussi des commerçants.
04:06 Parce qu'ils ont plus de frais.
04:08 Et puis, il y a les salaires.
04:10 Il y a de l'inflation.
04:12 Mais la bonne nouvelle, Mathilde, c'est qu'elle est en train de ralentir.
04:16 On était à 11% en septembre, à 9% en octobre.
04:22 En novembre, on va être à 5%.
04:24 Et ça, c'est la bonne nouvelle.
04:26 Il y a une décélération.
04:28 Évidemment, les prix ne vont pas baisser.
04:30 On est resté à un niveau plus important.
04:33 Nous, on oriente les consommateurs à acheter malin,
04:37 à faire des recettes plus intelligentes,
04:41 de façon à ne pas exploser son revenu.
04:44 Par exemple, le magret de canard reste peu cher,
04:49 il a baissé et c'est très festif.
04:52 Acheter malin et acheter local aussi,
04:54 est-ce que la préoccupation environnementale pèse sur les échanges ?
04:58 Par exemple, les paniers de fruits exotiques
05:00 qu'on voyait souvent ces dernières années ?
05:02 D'abord, je vous arrête tout de suite,
05:04 les fruits exotiques sont français.
05:06 Ils viennent de la Réunion, de la Martinique, de la Guadeloupe.
05:08 On est d'accord, mais ils ont une empreinte carbone.
05:10 Ils ont une empreinte carbone quand même.
05:12 Et ils n'ont pas d'empreinte carbone, madame,
05:14 parce qu'ils prennent les sous des frais du fret passager.
05:19 Il n'y a pas de fret exceptionnel.
05:22 Donc on peut y aller sur les fruits exotiques sans problème ?
05:24 Oui, les sous des agnons.
05:26 Si, ce sont des fruits exotiques qui viennent des outre-mer français.
05:28 Voilà.
05:29 Mais sinon, la préoccupation environnementale ?
05:32 Vous avez entièrement raison.
05:34 C'est ça qui est important.
05:36 C'est que les consommateurs ont changé leur mode de consommation.
05:41 Nous, on fait 60% de l'agriculture locale d'Île-de-France
05:44 avec le caroté producteur.
05:46 Ça fait 13 000 tonnes par an.
05:49 C'est énorme.
05:50 Et ça marche très bien.
05:52 Et clairement, nous orientons...
05:55 Les gens n'achèteront plus les produits de la même manière.
05:58 Et donc, le transport propre,
06:01 il faut évidemment du transport décarboné en amont.
06:04 Mais il faut aussi du transport décarboné en aval.
06:08 On est en train d'orienter toute notre logistique
06:11 pour avoir une logistique propre vers Paris, vers la région parisienne.
06:15 Merci Stéphane Leiani, PDG du marché international de Rungis.
06:19 Vous étiez l'invité du 5-7.

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