Interview Frédéric Héran, mobilité et gratuité
Frédéric Héran, l’intransigeant
Après avoir pris le train, il est arrivé avec son vélo pliable à l’Opéra Comédie. Un vélo qu’il a confié à l’accueil, comme il a remis son manteau au vestiaire avant de participer au forum sur la gratuité, le jour de fête du 21 décembre à Montpellier. Économiste et urbaniste, Frédéric Héran est enseignant à l’université Lille. Si on lui demande, si la gratuité est la solution pour une mobilité décarbonée, sa réponse est « non ! … On essaie de séduire avec cette histoire de gratuité des transports publics, mais ce n'est pas cette mesure qui va être décisive. »
Après avoir pris le train, il est arrivé avec son vélo pliable à l’Opéra Comédie. Un vélo qu’il a confié à l’accueil, comme il a remis son manteau au vestiaire avant de participer au forum sur la gratuité, le jour de fête du 21 décembre à Montpellier. Économiste et urbaniste, Frédéric Héran est enseignant à l’université Lille. Si on lui demande, si la gratuité est la solution pour une mobilité décarbonée, sa réponse est « non ! … On essaie de séduire avec cette histoire de gratuité des transports publics, mais ce n'est pas cette mesure qui va être décisive. »
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00:00 Frédéric Ayrant, la gratuité des transports en commun, c'est la solution pour les mobilités ?
00:05 Certainement pas. En fait, on a une cinquantaine de mesures qui permettent de réduire le trafic automobile en ville.
00:12 Et la gratuité des transports publics n'est que l'une d'elles.
00:16 En fait, j'ai suffisamment d'expérience, 40 ans au moins de travail sur la mobilité,
00:22 pour savoir que des mesures, j'en ai vu passer plein qui considéraient qu'elles allaient être la solution miracle.
00:32 Il n'y a pas de solution miracle. Il n'y a que des solutions qui ont toujours des avantages et des inconvénients.
00:39 Et la gratuité des transports publics n'y échappe pas, bien sûr.
00:42 Alors, la meilleure des solutions, justement, pour changer nos comportements et faire en sorte de ne plus faire de l'autosolisme, comment on fait ?
00:49 En fait, il y a deux grands types de mesures. Les mesures radicales, qui cherchent à traiter à la racine le problème de l'envahissement automobile des villes.
00:58 Et ces mesures, c'est réduire la vitesse, par exemple, réduire l'espace consacré à la voiture, supprimer les files de circulation ou de stationnement,
01:07 ou bien encore tarifer le stationnement. Ça, c'est des mesures terriblement efficaces, mais pas vraiment populaires.
01:14 Alors, si elles ne sont pas populaires, comment on fait pour être capable de les apprécier, pour se dire "demain, je ne prends plus ma voiture,
01:20 je prends les transports en commun et j'utilise mon vélo".
01:23 Alors, en fait, il y a un autre type de mesures qui sont les mesures palliatives, que j'appelle palliatives,
01:30 qui se contentent d'essayer de séduire les automobilistes sans les embêter. Et la gratuité en fait partie.
01:38 Alors, je l'ai dit, une vraie politique efficace, elle est faite de mesures radicales et de mesures de séduction palliatives.
01:50 Alors, ce que fait la mairie de Montpellier, c'est un peu les deux, quand même.
01:55 Elle a beaucoup travaillé sur la refonte du plan de circulation, la réduction des files de circulation grâce à des aménagements cyclables
02:04 qui prennent de la place à la voiture, grâce à des lignes de tram qui prennent de la place à la voiture.
02:09 Les travaux des lignes en projet, la ligne 5 du tram et les fameux bus-tram, les 5 lignes de bus-tram bouleversent la ville.
02:21 Ça réduit le trafic auto. Je vous assure que ça, c'est très efficace.
02:24 En même temps, elle essaye de séduire avec cette histoire de gratuité des transports publics.
02:29 Mais ce n'est pas cette mesure qui va être décisive. Ce sont les mesures radicales dont j'ai parlé avant.
02:36 [Musique]