Des milliers de portraits sont dessinés chaque année dans le quartier de Montmartre à Paris. Mais la place du Tertre attire aussi des dessinateurs illégaux qui veulent en profiter. Avec des méthodes pas toujours très « honnêtes »… Enquête.
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00:00 - Je vais vous faire un coup. - Combien ?
00:02 - Ça dépend. - Pourquoi ?
00:03 - C'est la valeur. - Quelle valeur ?
00:07 Ils sont partout, sur la place du Tertre, au lieu touristique de Montmartre.
00:11 Les portraitistes à la sauvette.
00:13 - On peut prendre du temps pour visiter le lieu et on revient ?
00:17 - Non, c'est pas ok. Je vais y aller plus tard.
00:20 - Juste, pourquoi pas maintenant ?
00:22 Des prix à la tête du client, des touristes escortés au distributeur pour retirer du cash.
00:27 J'ai payé 120 euros pour ce portrait à Montmartre.
00:31 On s'est fait passer pour des touristes pour comprendre comment s'organise le business illégal
00:36 des portraitistes ambulants de Montmartre.
00:38 Spoiler alerte, on s'est fait arnaquer aussi.
00:40 - Une surprise pour vous.
00:41 - Bonjour. - Bonjour.
00:46 - Si vous voulez, vous et votre petit ami, ensemble.
00:50 Hollywood, Hollywood. Ici et votre petit ami ici.
00:54 - Ok, juste moi, je ne bouge pas ?
00:56 - Vous faites ce que vous voulez. D'où êtes-vous venu ?
00:59 Et là, sans nous demander quoi que ce soit, un autre artiste s'installe sur le côté
01:07 et commence à dessiner.
01:08 - Une surprise pour vous.
01:11 - Ah, voilà.
01:12 - Vous êtes génial.
01:14 - Vous demandez un portrait ?
01:16 - Je lui demande.
01:17 - Une surprise.
01:18 Et lorsqu'on lui fait remarquer que nous n'avions pas donné notre accord pour ce deuxième portrait,
01:23 le dessinateur s'agace.
01:24 - Pourquoi vous me demandez cette question ?
01:26 - Je veux comprendre.
01:27 - J'aime dessiner des gens sur la surprise.
01:30 - Ok.
01:31 - Je ne veux pas dessiner des gens.
01:32 - Non, non, non.
01:33 - J'ai fait, il est super.
01:34 - Oui.
01:35 - Vous êtes un grand modèle.
01:36 Et vous verrez, au moment du paiement, que leur méthode ne s'arrête pas là.
01:39 - Je suis allée à un restaurant et ce mec est venu et m'a dit que j'étais magnifique
01:48 et qu'il voulait dessiner mon portrait.
01:50 Une fois qu'on a terminé, quand il m'a dit combien ça valait, il m'a dit
01:53 « Oh, et pour la couleur, c'est un extra ».
01:56 J'étais comme, c'est beaucoup pour une peinture.
01:58 Je n'avais pas d'argent sur moi.
02:00 Donc il m'a fait marcher à l'ATM et m'a fait prendre de l'argent.
02:06 Je pensais que j'étais en train de me faire ennuyer.
02:08 Je ne pense pas que ça me ressemble.
02:09 Ce portrait, on l'a montré à Rodica, peintre à Montmartre depuis une cinquantaine d'années.
02:14 Comme ceux installés sur la place, elle détient une autorisation d'exercer par la mairie.
02:19 - Ah oui.
02:20 C'est très exagérable.
02:22 Elle n'avait pas à le prendre.
02:24 C'est surtout ça.
02:25 Les gens ne savent pas.
02:26 - Vous êtes d'accord pour dire que ça ne valait pas 120 euros ?
02:29 - Non.
02:30 Non, non.
02:31 Surtout si ce n'est pas ressemblant.
02:32 Ici, les prix sont tous plus ou moins au même niveau
02:35 parce que les artistes travaillent les uns à côté des autres.
02:37 Ils n'ont pas le droit de travailler ou de raccoler, de solliciter les gens sur la voie publique.
02:42 Ils le font quand même.
02:43 C'est ce qu'on appelle les artistes volants.
02:45 Ça nuit beaucoup à notre réputation.
02:47 - Et justement, nous, combien on a payé ?
02:50 - Je n'ai que 20 euros de cash.
02:52 - Je ne sais pas, il y a un ATM ici.
02:54 60, 62.
02:55 Regarde, regarde.
02:56 Où est l'ATM ?
02:58 - 60, oui.
02:59 - Oui.
03:00 60 euros pour un portrait, ce n'est pas excessif comme prix.
03:03 Mais il y en a un qu'on n'avait pas demandé et ce n'est quand même pas très ressemblant.
03:07 On avait mis à un certain moment un grand panneau avec des informations pour les touristes là-bas.
03:12 Il était marqué dans toutes les langues que les artistes autorisés étaient ici et non pas là-bas.
03:17 Que les gens n'étaient pas obligés ni d'acheter ni de payer le prix demandé.
03:21 Avec les travaux qu'il y a eu, le panneau est parti.
03:24 Maintenant, on attend que la mairie le réinstalle.
03:27 Sur la place, certains commerçants jouent le jeu, alors que d'autres préfèrent avertir leurs clients.
03:32 - Pourquoi vous leur avez laissé ce signe ?
03:34 - C'est parce qu'en fait, 90% du temps, les artistes ambulants qui viennent,
03:39 ils font mal aux crânes des touristes.
03:41 En fait, ils n'apprécient pas ça.
03:42 Il y a des artistes qui ne sont pas forcément présentables,
03:47 qui viennent les aborder avec une cigarette à la main, qui sont un peu alcoolisés.
03:51 Il y en a, par exemple, qui sont là juste pour faire un petit billet.
03:55 Selon cet élu, le problème est bien connu par la mairie.
03:58 Ce sont ce qu'on appelle des sauvettes, des vendeurs à la sauvette.
04:00 Vous pouvez avoir dedans de vrais artistes, il y en a.
04:03 De vrais portraitistes, de vrais caricaturistes, il y en a.
04:05 Mais seuls les titulaires d'une carte d'artiste ont le droit d'exercer ici.
04:11 Pour obtenir une place, il faut répondre à l'appel à candidature.
04:14 Ce n'est pas nous, Service de la Ville de Paris,
04:16 qui sommes en capacité d'analyser la qualité artistique des propositions.
04:20 C'est une école d'art appliqué.
04:22 Nous missionnons très régulièrement la police municipale et la police nationale
04:34 pour faire des opérations d'éviction des vendeurs à la sauvette.
04:38 À ce moment-là, ils se blanquent.
04:41 Ils jouent au cache-cache, comme nous, on le faisait à 40 ans.
04:44 Ils donnent quelques PV, ils confisquent leurs outils de travail,
04:48 et ça s'arrête là.
04:49 Mais ça reprend après, malheureusement, c'est sans fin.
04:52 [Musique]