• il y a 2 ans

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Amusant
Transcription
00:00 [Musique]
00:13 Des mondes de lave où règnent des températures infernales.
00:17 [Musique]
00:25 Des horizons où les soleils se couchent deux par deux.
00:29 [Musique]
00:33 Nous sommes en train de découvrir que l'univers recèle des mondes extraordinaires.
00:39 Les exoplanètes.
00:41 [Musique]
00:45 Des planètes qui tournent autour d'autres étoiles que notre soleil.
00:50 [Musique]
00:54 Depuis la découverte de la première exoplanète en 1995,
00:58 plus de 2000 nouveaux mondes ont été détectés.
01:01 [Musique]
01:06 Parmi eux, certains pourraient ressembler à notre Terre,
01:10 et peut-être abriter une forme de vie.
01:12 [Musique]
01:16 Pour comprendre ce qui se passe à la surface de ces exoplanètes,
01:20 pour savoir si ces mondes peuvent être habités,
01:23 les astronomes scrutent le ciel avec les meilleurs télescopes.
01:27 [Musique]
01:29 Aux États-Unis, en Europe, au Chili, et jusque dans l'espace.
01:35 [Musique]
01:42 La découverte de ces nouveaux mondes est une aventure scientifique extraordinaire
01:46 qui a débuté il y a plus de 20 ans.
01:49 [Musique]
01:51 Une quête qui semblait impossible,
01:53 et qui aujourd'hui bouleverse notre perception de l'Univers.
01:57 [Musique]
02:00 Cette aventure, c'est celle de chercheurs obstinés
02:03 qui sont partis à la recherche de ces nouveaux mondes.
02:06 [Musique]
02:13 Michel Maillol est l'un des pionniers de cette aventure.
02:18 C'est cet astronome suisse qui, en 1995,
02:22 a découvert la première exoplanète en observant les étoiles.
02:26 Toujours un sentiment complexe quand on regarde le ciel.
02:42 C'est le premier niveau d'admiration. C'est très beau.
02:45 Après des années, on reste émerveillé.
02:48 A l'œil nu, l'homme peut voir en plus quelques milliers d'étoiles.
02:53 Deux, trois, quatre mille, ça demande la qualité des yeux.
02:56 En fait, la Voie Lactée, c'est plusieurs centaines de milliards d'étoiles.
03:02 Comme Michel Maillol, depuis des millénaires, l'homme observe les étoiles
03:10 et se demande si elle ne cacherait pas d'autres mondes comme notre Terre.
03:15 Les étoiles, c'est tous des soleils.
03:18 C'est tous équivalent à notre propre soleil.
03:21 Notre soleil est plus brillant parce qu'il est plus proche. C'est tout.
03:25 Imaginez, quand vous regardez le ciel, vous voyez tous ces soleils.
03:29 Et vous vous posez la question, est-ce qu'il existe des planètes
03:34 comme autour de notre soleil qui tournent autour de toutes ces étoiles ?
03:38 Très, très ancienne question.
03:40 Et simplement, c'est aujourd'hui qu'on a pu le montrer.
03:45 Ces planètes sont longtemps restées un mystère.
03:49 Autour des étoiles, dans le ciel, c'est le noir complet.
03:54 A première vue, pas la moindre trace d'une exoplanète.
04:00 Mais comment les observer ?
04:09 Alors, imaginons ici une étoile
04:12 et à côté, une planète qui réfléchit un tout petit peu de la lumière de l'étoile.
04:19 Et essayons de voir ce que l'on pourra voir
04:23 si on prend un petit peu de distance par rapport à cette petite simulation.
04:28 Voilà, nous sommes à quelques mètres déjà et on ne la voit plus.
04:35 On est complètement ébloui par la lumière de la bougie ici,
04:39 dans le cadre qui nous concerne plutôt évidemment de l'étoile.
04:42 La planète ne réfléchit qu'une infime partie de la lumière reçue de l'étoile
04:47 et c'est la grande difficulté pour pouvoir observer directement
04:52 les planètes extrasolaires à une certaine distance.
04:55 Elles sont complètement dominées par la luminosité de l'étoile.
04:59 Cachées dans la lumière des étoiles,
05:02 les exoplanètes sont invisibles depuis la Terre, inaccessibles.
05:07 Leur quête semblait donc complètement insensée il y a encore 30 ans.
05:11 Pourquoi perdre son temps à chercher des astres que l'on ne peut pas voir ?
05:16 Et pourtant, dans les années 80,
05:22 quelques chercheurs obstinés vont décider coûte que coûte
05:25 de partir à la recherche de ces mondes invisibles.
05:30 [Musique]
05:33 Geoffrey Marcy est l'un de ces chercheurs d'exoplanètes.
05:37 Cet astrophysicien américain est obsédé par la recherche de la vie extraterrestre.
05:43 Dans les années 80, il rêve de trouver des exoplanètes
05:48 pour y découvrir une autre forme de vie.
05:51 Notre planète est un endroit extraordinaire
05:55 où la vie déborde de partout, quel que soit l'endroit où vous regardez.
05:59 Il y a des végétaux, des animaux et bien sûr, surtout, de la vie intelligente.
06:03 Alors forcément, on se pose la question,
06:06 est-ce qu'il est possible qu'il y ait de la vie ailleurs,
06:09 sur des mondes autour des étoiles, que l'on voit la nuit ?
06:12 Mais à l'époque, personne n'a jamais observé d'exoplanètes.
06:18 Cette quête semble impossible ?
06:21 Comment trouver des planètes que l'on ne peut pas voir ?
06:26 Geoffrey Marcy a une astuce pour détecter ces mondes invisibles.
06:29 La question est évidemment, comment découvrir des planètes autour d'étoiles
06:36 alors que ces planètes ne brillent pas elles-mêmes ?
06:39 Eh bien, on a un truc.
06:41 Ça consiste à regarder une étoile et si une planète orbite autour d'elle,
06:45 la planète entraîne l'étoile par gravitation, donc l'étoile bouge.
06:53 Comme Geoffrey Marcy ne peut pas voir d'exoplanètes,
06:56 il veut les détecter indirectement.
06:58 L'astuce consiste à observer une étoile,
07:02 pour trouver un indice de la présence d'une planète.
07:05 Une étoile seule ne bouge pas.
07:07 En revanche, si une planète lui tourne autour,
07:11 alors l'étoile se met elle aussi à tourner, à vibrer,
07:14 à cause de la force gravitationnelle exercée par son compagnon invisible.
07:20 Si on détecte une étoile qui danse dans le ciel,
07:23 alors on prouve qu'une planète l'accompagne.
07:26 Geoffrey Marcy installe sur un télescope vers San Francisco un spectrographe,
07:36 un instrument qui permet de mesurer ce phénomène.
07:39 Dans les années 90, il passe ses nuées à scruter le mouvement des étoiles
07:45 à la recherche d'une exoplanète.
07:47 Mais à l'époque, ses collègues ne le prennent pas au sérieux.
07:51 Quand je disais aux gens que j'étais en train de développer une technique
07:59 pour trouver des planètes qui tournent autour d'autres étoiles,
08:02 les gens étaient vraiment gênés.
08:04 Ils regardaient leurs chaussures et disaient
08:06 "Oh, tiens, il fait beau aujourd'hui, n'est-ce pas ?"
08:08 Ils étaient embarrassés pour moi,
08:10 parce qu'ils pensaient que ma carrière était finie.
08:15 Geoffrey Marcy n'est pas le seul à s'être lancé dans cette course un peu folle.
08:19 Au milieu des années 90, de l'autre côté de l'Atlantique, à Genève,
08:24 Michel Maillard et l'un de ses étudiants de l'époque, Didier Queloz,
08:28 tentent eux aussi le même défi.
08:30 Ils essaient de trouver des exoplanètes en étudiant le mouvement des étoiles.
08:35 C'est très difficile de trouver une planète, c'est des objets très très très petits.
08:41 C'est des objets qui perturbent très peu leurs étoiles,
08:43 donc ça reste une énorme difficulté technique.
08:45 C'était un domaine sans résultat majeur,
08:47 c'était un domaine où on attendait de trouver les premières planètes,
08:50 pour que ça restait un domaine confidentiel.
08:53 Les gens voyaient des planètes autour des étoiles,
08:57 dans Star Trek, dans Star Wars et dans les romans de science-fiction.
09:01 Mais c'était de la fiction,
09:03 et les gens font une distinction claire entre la science-fiction et la réalité.
09:07 En 1995, les Suisses s'installent à l'Observatoire de Haute-Provence en France.
09:13 Ils ont eux aussi fabriqué un spectrographe avec les équipes CNRS
09:17 pour mesurer le mouvement des étoiles.
09:19 Quand ils commencent leurs observations,
09:22 Michel Maillol et Didier Queloz s'attendent à une traque longue et éprouvante.
09:26 Leur concurrent américain a déjà consacré 13 années de sa vie à chasser ces planètes.
09:31 Il y a quelques années, les deux équipes de la CNRS
09:34 ont commencé à chercher des planètes autour des étoiles.
09:37 J'ai commencé à chercher des exoplanètes en 1983.
09:41 J'ai travaillé tous les jours, les week-ends,
09:46 j'ai travaillé le soir jusqu'à minuit, toutes les nuits,
09:49 à essayer de développer la technique, l'optique, les logiciels.
09:53 Mais je n'ai eu aucun résultat.
09:56 Je ne suis pas allé jusqu'à la fin.
09:58 Je suis allé jusqu'à la fin.
10:00 J'ai essayé de trouver des planètes, des planètes spatiales,
10:04 mais je n'ai eu aucun résultat.
10:07 Les Suisses de leur côté ont aussi passé plusieurs années à développer leur spectrographe.
10:13 Mais quelques semaines après avoir débuté les observations,
10:17 Didier Queloz a du mal à croire les données de leur instrument.
10:21 Surprise, une de ces étoiles, dans la constellation de Pégase, 51 Pégase,
10:26 montre une variabilité.
10:27 Je dirais suspecte.
10:28 Donc la première réaction est de penser qu'il y a une erreur quelque part.
10:31 Une étoile semble danser dans le ciel,
10:35 ce qui veut dire qu'un objet lui tourne autour.
10:38 Cela paraît tellement incroyable que les Suisses gardent le secret de leur découverte
10:42 avant de refaire leur mesure six mois plus tard.
10:45 Et c'est à ce moment-là qu'avec Didier,
10:51 on se permet quelque folie de trinquer avec du champagne,
10:55 avec quelques gâteaux.
10:57 La clérette de Didier.
10:58 La clérette de Didier, exactement.
10:59 Parce qu'à ce moment-là, on se dit, oui, on n'y échappe pas, c'est une planète.
11:04 L'étoile qu'ils observent se situe dans la constellation de Pégase,
11:10 à plus de 50 années-lumière de notre système solaire.
11:13 Autour de cette étoile, 51 Pégase I.B.,
11:19 la planète qu'ils découvrent, ne serait pas comparable à la Terre.
11:24 Ce serait une boule de gaz géante, très proche de son soleil,
11:28 et dont les années ne dureraient que quatre jours.
11:31 C'est facile à s'imaginer.
11:36 Vous imaginez Jupiter, un peu plus petit,
11:38 parce que la masse est à peu près la moitié.
11:40 Simplement, elle est tellement près de l'étoile,
11:42 huit fois le diamètre de l'étoile,
11:44 que la température à la surface est absolument gigantesque.
11:49 On est bien d'accord, il n'y a pas qu'une seule étoile.
11:52 On est d'accord, il n'y a pas question qu'il y ait la vie sur une telle planète,
11:56 comme une planète géante, gazeuse, et en plus à des températures terrifiantes.
12:00 Cette planète serait tellement extraordinaire
12:06 que selon les théories de l'époque, elle ne devrait pas exister.
12:10 Elle est beaucoup trop proche de son étoile.
12:13 Dans notre système solaire, les planètes sont bien ordonnées.
12:19 A proximité du Soleil, les petites planètes rocheuses.
12:22 Mercure, Vénus, la Terre et Mars.
12:26 Et beaucoup plus loin, les planètes géantes gazeuses.
12:31 Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.
12:34 La planète de Michel Maillol et Didier Queloz ressemblerait à Jupiter.
12:39 Mais le problème, c'est qu'elle bouscule cet ordre bien établi.
12:44 Elle se trouve juste à côté de son étoile.
12:48 C'est pour cela que la découverte de 51 Pégasi B était si surprenante.
12:53 Comment était-il possible, avec la connaissance de notre système solaire
12:57 et une théorie qui disait clairement que les Jupiters naissaient loin de leur étoile,
13:01 que 51 Pégasi se trouvait ici ?
13:04 C'était fou, ça n'avait aucun sens.
13:07 Cela semblait même défier les lois de la physique.
13:10 Mais en fait, non.
13:12 Une des conséquences majeures de cette découverte
13:15 c'est de montrer qu'il faut tenir compte d'un ingrédient physique majeur
13:20 qui est le fait que les planètes naissent loin
13:24 et après peuvent migrer et se rapprocher des étoiles.
13:28 C'est pour cela que 51 Pégasi secouait nos connaissances
13:34 relatives à la formation des planètes.
13:36 C'est une révélation de la vie de Michel Maillol.
13:44 C'est une révolution.
13:46 Le système solaire n'est plus le seul modèle.
13:49 La découverte de Didier Queloz et Michel Maillol en 1995 est historique.
13:54 Elle fait le tour du monde
13:56 et fait aujourd'hui l'objet d'expositions dans des musées comme ici à Genève.
14:01 Une découverte qui lance l'astronomie dans une ère nouvelle.
14:05 La recherche des exoplanètes.
14:07 - Ouais, ça, comment dire ? - Là, un vieux compagnon.
14:11 C'est une planète qui a perturbé notre vie.
14:14 La découverte ne s'est pas fait un enjour, mais oui, absolument.
14:17 C'est une planète emblématique parce que c'est le début
14:20 d'une longue série de longues découvertes d'autres exoplanètes.
14:24 Y avoir découvert correspondait à autre chose.
14:28 Peut-être que la lumière de l'étoile variait et perturbait nos observations.
14:33 Peut-être que l'étoile avait une autre étoile
14:36 qui lui tournait autour dans une orbite un peu folle.
14:38 Et c'était juste deux étoiles.
14:40 Donc peut-être que les planètes que nous avions trouvées
14:43 n'étaient pas du tout des planètes.
14:45 Comment convaincre la communauté scientifique que ces planètes existent ?
14:52 Et comment trouver des planètes où la vie pourrait se développer ?
15:06 En 1999, un jeune étudiant canadien de 25 ans, David Charbonneau,
15:11 s'intéresse à une technique d'observation
15:13 qui va révolutionner la recherche d'exoplanètes.
15:16 Voilà un soleil.
15:22 Et le soleil...
15:24 a une planète.
15:29 Un transit, c'est vraiment très simple.
15:33 A chaque fois que la planète passe devant son étoile,
15:36 cela cache un peu la lumière.
15:38 Et donc pendant ce petit laps de temps,
15:40 on voit l'étoile qui devient un peu moins brillante.
15:43 La planète continue son chemin et l'étoile redevient plus brillante.
15:47 Il ne se passe rien jusqu'à ce que la planète ait fait le tour complet.
15:50 La deuxième fois que nous voyons un transit,
15:52 nous connaissons non seulement la taille de la planète,
15:54 mais aussi combien de temps il lui faut pour faire le tour de son étoile.
16:00 David Charbonneau veut donc observer un transit.
16:03 Une baisse de luminosité d'une étoile due au passage d'une planète.
16:09 Et en 1999, justement,
16:13 Michel Maillard vient de détecter une nouvelle exoplanète autour d'une étoile,
16:18 qui répond au doux nom de HD 209 458.
16:23 D'après ses observations,
16:25 la planète passe devant son soleil tous les trois jours et demi.
16:29 C'est vers cette étoile que David Charbonneau va pointer son télescope.
16:33 Il s'installe dans le Colorado.
16:42 Et avec un petit télescope amateur,
16:48 il étudie les infimes variations de lumière de l'étoile pendant une dizaine de jours.
16:54 La première fois que j'ai vu cette courbe, bien sûr,
16:57 c'était sur mon ordinateur quand je collectais les données de HD 209 458.
17:02 C'était la chose la plus excitante que j'ai jamais vue.
17:07 J'étais le premier à voir cela.
17:10 L'étoile brille d'une manière constante,
17:12 jusqu'à ce que la planète ne se déplace pas.
17:15 Et c'est là que je me suis rendu compte que c'était la première fois
17:18 que j'avais vu une étoile qui brille de cette manière.
17:21 Elle brille de manière constante, jusqu'à ce que la planète lui passe devant.
17:25 Nous pouvons déduire de la baisse de la luminosité de la courbe la taille de cette planète.
17:30 Et ce qui est important, c'est que la deuxième fois que cela se produit,
17:33 nous connaissons la distance entre la planète et l'étoile.
17:36 Cette courbe simplissime va apporter de nouvelles informations cruciales sur les exoplanètes.
17:46 Jusqu'ici, la première méthode de détection, le mouvement des étoiles,
17:50 on connaissait la masse d'une planète.
17:52 Maintenant, on mesure aussi sa taille.
17:56 On peut ainsi dresser le portrait robot des planètes découvertes
18:00 et le comparer au seul astre de l'univers où la vie ait été détectée,
18:05 notre Terre.
18:07 Mais qu'est-ce qui rend notre Terre si accueillante ?
18:12 Quels sont les éléments de confort indispensables sur une planète pour que la vie se développe ?
18:19 Si on se sent beaucoup mieux sur la Terre que sur une planète gazeuse,
18:23 c'est avant tout parce qu'elle est solide, rocheuse.
18:27 On peut maintenant savoir si une planète située à des années-lumière de chez nous
18:32 a ce même niveau de confort, grâce au mouvement des étoiles et au transit.
18:37 Quand vous voyez une planète passer devant son étoile,
18:42 alors vous pouvez déterminer la masse précise de cette planète.
18:45 Mais vous pouvez aussi en déduire sa taille.
18:48 Et si vous connaissez la taille d'une sphère et la masse de cette sphère,
18:51 alors vous pouvez calculer sa densité.
18:54 Et automatiquement, ce que l'on cherche à trouver,
18:56 ce sont des planètes qui ont la même taille que la Terre,
18:58 qui sont très très denses et faites de roche.
19:00 Bien sûr, si vous cherchez de la vie dans l'univers,
19:02 ce sont ces planètes qu'il faut chercher.
19:04 Et c'est grâce au transit que l'on peut dire,
19:06 peut-être que nous avons une planète comme la Terre.
19:13 Mais il faut plus qu'une planète rocheuse pour que la vie se développe.
19:17 Il faut aussi des températures clémentes pour conserver un élément précieux,
19:22 de l'eau à l'état liquide.
19:25 Si vous avez une planète très très proche de son étoile,
19:29 et s'il y a de l'eau à sa surface,
19:31 alors elle va s'évaporer, partir dans l'atmosphère.
19:34 Ce n'est pas vraiment l'endroit rêvé pour vivre.
19:36 Si vous déplacez la planète un peu plus loin,
19:39 il y a un moment où l'eau va se condenser et va former des océans.
19:42 C'est le début de la zone habitable.
19:45 Mais si vous continuez à éloigner la planète de son étoile,
19:50 il y a un moment où l'eau se transforme en glace.
19:53 Et ce n'est pas non plus un endroit idéal pour la vie.
19:56 Donc, il y a cette zone ni trop chaude ni trop froide
20:00 que l'on appelle la zone habitable.
20:03 De la Terre, de l'eau liquide.
20:11 Il manque encore un élément indispensable à la vie.
20:14 Ce qui nous protège des rayons du Soleil
20:16 et nous permet de respirer.
20:18 Une atmosphère.
20:20 Nous avons découvert avec beaucoup d'enthousiasme
20:23 que si une planète passe devant son étoile,
20:25 alors on peut utiliser la lumière de l'étoile
20:27 comme un projecteur à travers l'atmosphère de la planète.
20:30 Et on peut analyser cette lumière.
20:33 Maintenant, ce qui est intéressant,
20:35 c'est que quand la lumière passe à travers l'atmosphère de la planète,
20:38 une partie est absorbée par les molécules qui sont dans l'atmosphère
20:42 et vous pouvez savoir s'il y a des molécules d'eau,
20:44 du dioxyde de carbone, du méthane.
20:47 L'atmosphère et la vie à la surface sont intimement liées.
20:50 En étudiant l'atmosphère, on peut en apprendre un peu plus
20:53 sur la vie qui pourrait être à la surface.
20:56 L'exoplanète idéale est donc une jumelle de notre Terre.
21:06 Rocheuse, à la bonne distance de son étoile et avec une atmosphère.
21:11 Mais il est impossible de détecter ce type de planète depuis la surface de la Terre.
21:18 Ces planètes rocheuses sont de petite taille.
21:22 Quand elles passent devant leur étoile,
21:25 la baisse de lumière est infime.
21:28 Et notre atmosphère, comme un filtre,
21:32 brouille la lumière qui vient des étoiles
21:35 et nous empêche de détecter ces si petites variations.
21:38 Jupiter, qui passe devant une étoile,
21:45 cache à peu près 1% de la lumière.
21:48 Mais la Terre, qui passe devant une étoile,
21:50 cache moins de 1/10 000ème de la lumière.
21:52 Donc c'est un signal vraiment tout petit.
21:54 Vous avez besoin d'être au-dessus de l'atmosphère si vous voulez le voir.
22:02 L'atmosphère est un rempart qui nous empêche de trouver des petites planètes comme la Terre.
22:07 Comment savoir si ces planètes existent ?
22:11 Et comment les observer ?
22:13 À la fin des années 90,
22:17 les chasseurs d'exoplanètes ont un rêve.
22:19 Envoyer un télescope dans l'espace pour trouver enfin ce qu'ils cherchent.
22:23 Des mondes habitables.
22:27 [Musique]
22:33 À la NASA, un astronome, Bill Berucki,
22:36 se bat depuis des dizaines d'années pour lancer un télescope spatial à la recherche des exoplanètes.
22:41 Et puis finalement, en 2000,
22:49 juste après la découverte du transit de HD 209 458,
22:54 sa proposition a été acceptée.
22:56 Il rassembla une grande équipe,
22:58 trouva finalement l'argent nécessaire.
23:00 C'était un vaisseau spatial très très compliqué.
23:02 Donc il a fallu 9 ans pour le construire.
23:04 Et finalement, il fut prêt pour le décollage en mars 2009.
23:07 [Musique]
23:16 Après toutes ces années d'attente,
23:19 enfin, le 7 mars 2009,
23:22 une fusée Delta II décolle de la base de lancement de Cap Canaveral en Floride.
23:26 À son bord, le télescope spatial Kepler,
23:29 un super chasseur d'exoplanètes qui emporte avec lui tous les espoirs des astronomes.
23:34 Ça m'a donné la chair de poule.
23:40 La fusée s'élevait, 5, 4, 3, 2, 1,
23:44 et elle partait dans le ciel.
23:46 Vous n'arrivez pas à croire qu'elle continuait à monter, toujours plus haut,
23:49 jusqu'à ce qu'elle disparaisse.
23:51 Je pensais peut-être qu'elle allait exploser sur la base de lancement
23:54 ou qu'elle allait tomber dans l'océan Atlantique.
23:57 Mais rien de tout ça ne s'est passé.
23:59 C'était parfait.
24:00 Ça a été un moment inoubliable.
24:02 [Musique]
24:12 Avec Kepler, c'était la première fois dans l'histoire de l'humanité
24:15 que les humains construisaient un instrument
24:17 qui allait permettre de trouver une planète comme la Terre.
24:20 Et donc pendant le décollage,
24:22 quand je regardais Kepler s'élever dans la nuit noire
24:24 et puis rejoindre son point d'orbite,
24:26 je savais que ça allait être une grande première
24:28 et que nous allions enfin pouvoir faire ses observations.
24:31 [Musique]
24:39 À l'époque, nous espérions juste trouver quelques planètes ressemblant à la Terre.
24:44 Nous n'avions aucune idée de ce que nous allions découvrir.
24:47 [Musique]
24:51 Avec Kepler, une nouvelle aventure commence
24:54 à la recherche des exoplanètes qui ressemblent à la Terre.
24:57 [Musique]
25:00 Le télescope va filmer en continu pendant 4 ans 150 000 étoiles
25:04 et traquer les petites baisses de luminosité causées par le passage des planètes.
25:09 [Musique]
25:15 Le Kepler, c'est essentiellement un télescope de 1 mètre de diamètre.
25:18 Donc c'est un très grand télescope
25:20 qui a observé une partie du ciel sans interruption pendant 4 ans.
25:23 La lumière a été enregistrée sur une très grande caméra,
25:26 un peu comme celle que vous avez dans votre téléphone.
25:29 Mais c'était un capteur énorme, gros comme cela.
25:34 Cette caméra avait un très grand nombre de pixels
25:37 qui enregistraient chacun la lumière d'une étoile différente.
25:40 En fait, c'était une caméra si précise
25:43 que Kepler ne pouvait pas renvoyer toutes les données.
25:46 Nous devions choisir à l'avance quelles étoiles nous voulions observer.
25:50 Kepler nous a ainsi renvoyé les données de 150 000 étoiles
25:53 alors qu'il en avait observé plus de 5 millions.
25:56 Les données à analyser sont gigantesques.
25:59 David Charbonneau et Geoffrey Marcy font partie de l'équipe de la NASA
26:02 qui traite les résultats de Kepler.
26:04 Et au bout de quelques mois,
26:06 ils découvrent avec impatience les premières planètes.
26:10 Lorsque nous avons découvert la première récolte de données de Kepler,
26:13 nous étions comme des enfants ouvrant un trésor.
26:17 Déjà, le satellite fonctionnait,
26:20 et on pouvait voir des petites planètes avec des orbites assez courtes.
26:24 Évidemment, au bout de quelques mois d'observation,
26:27 on ne pouvait pas voir les planètes très loin de leur étoile.
26:30 Mais pour moi, la première découverte vraiment renversante,
26:33 c'était une étoile avec plusieurs planètes autour.
26:37 Les astronomes s'émerveillent de planètes
26:40 qui, comme dans notre système solaire, dansent autour de la même étoile.
26:44 Mais Kepler a encore mieux à révéler.
26:48 Nous étions en train d'étudier une étoile découverte par Kepler
26:52 qui s'appelait Kepler 10.
26:56 Une étoile dont la luminosité baissait à cause d'une planète,
26:59 une très petite planète.
27:01 Et on se demandait si cette planète était de gaz ou rocheuse.
27:07 Et la densité était impressionnante.
27:11 On avait à peu près 8 g/cm3,
27:15 et la Terre, elle, a une densité de 5,5 g/cm3.
27:19 Donc, c'était une planète encore plus dense que notre planète Terre.
27:25 Cette découverte est exceptionnelle.
27:30 Une planète rocheuse comme notre Terre.
27:33 Mais la comparaison s'arrête là.
27:36 Kepler 10 b est un monde de lave
27:39 où les températures ne descendent jamais en dessous des 1500°C.
27:44 Impossible d'imaginer que la vie puisse se développer dans cette fournaise.
27:49 Pour trouver des petites planètes à bonne température dans la zone habitable,
27:53 il faut patienter.
27:56 Ces exoplanètes sont plus loin de leur étoile.
27:59 Il leur faut donc plusieurs mois,
28:01 voire plusieurs années pour faire le tour complet de leur Soleil.
28:06 Depuis, Kepler a trouvé des planètes qui ressemblent encore plus à la Terre.
28:13 Je dirais que pour moi, le système le plus passionnant, c'est Kepler 62.
28:18 Il a deux planètes intéressantes.
28:20 L'une à l'extrémité de la zone habitable, et une autre un peu plus loin.
28:25 Elles font à peu près 1,5 fois la taille de la Terre,
28:28 sont un peu plus grosses, mais probablement rocheuses,
28:31 et peut-être avec des océans.
28:34 Kepler a donc réussi sa mission.
28:37 Il a découvert des planètes comme notre Terre.
28:40 Il est encore impossible de connaître leur atmosphère,
28:43 et de savoir si de la vie s'est développée à leur surface.
28:46 Ces planètes sont trop petites et trop lointaines pour faire ces analyses.
28:51 Mais elles pourraient bien être des jumelles parfaites de notre Terre.
28:56 Pour ces planètes, on connaît leur taille, on connaît leur température,
29:00 mais on ne sait pas avec certitude si elles ont des océans.
29:03 Pour moi, c'est très excitant de se dire,
29:05 peut-être que sur cette planète, il y a de la vie.
29:08 Quelles sont les prochaines expériences à faire pour étudier ces planètes
29:11 et savoir si elles ont des océans ?
29:13 Est-ce qu'il y a vraiment de la vie ?
29:15 Et si c'est le cas, sera-t-on capable d'étudier les différences,
29:18 ou les ressemblances, avec la vie sur Terre ?
29:23 Les résultats de Kepler sont fascinants.
29:26 En quatre ans d'observation, il a découvert plus de 1000 planètes avérées,
29:30 et 3000 qui restent à confirmer.
29:33 Ce télescope a trouvé des mondes habitables en scrutant moins de 1% de notre ciel.
29:39 Et donc on peut faire des statistiques avec ces planètes.
29:43 Et les résultats sont impressionnants.
29:46 Quand vous regardez le ciel la nuit,
29:49 à peu près une étoile sur cinq a une planète de la taille de la Terre,
29:54 et avec des températures proches de celles de la Terre.
30:00 Une étoile sur cinq a une planète qui ressemble à la nôtre.
30:06 Kepler a bouleversé notre perception de l'Univers.
30:15 Il y a donc probablement des exoplanètes par milliards dans notre galaxie.
30:20 Mais le satellite ne détecte en fait que des courbes,
30:23 que des signes de leur présence.
30:25 Les planètes restent invisibles.
30:29 Peut-on voir ces mondes situés à des années-lumière de notre Terre ?
30:35 C'est la prouesse qu'a accomplie cette astrophysicienne Anne-Marie Lagrange.
30:42 Elle a été l'une des premières à réussir ce qui semblait impossible.
30:47 Réaliser l'image d'une exoplanète.
30:51 La plupart des méthodes qui ont fonctionné jusqu'à maintenant
30:58 consistaient à trouver des indices de présence de planètes autour d'étoiles.
31:03 Mon objectif c'est de voir ces planètes,
31:05 de recueillir leur lumière et d'analyser cette lumière.
31:09 Anne-Marie Lagrange a consacré sa vie à l'observation d'une étoile,
31:14 Beta Pictoris, située à 63 années-lumière de notre Soleil.
31:20 Et en 2008, elle a réalisé ce cliché.
31:24 A première vue, rien de palpitant.
31:27 Mais cette image est exceptionnelle.
31:30 Au-dessus de l'étoile apparaît un petit point lumineux de quelques pixels.
31:35 Une exoplanète.
31:39 Il a fallu attendre 2008 pour qu'on trouve cette fameuse planète
31:42 qui nous nariait finalement depuis 15 ans.
31:45 Ces quelques petits pixels, il n'y en a pas beaucoup, qui sont brillants,
31:49 en fait ils sont très très importants.
31:52 Parce qu'ils prouvent qu'on peut détecter des planètes en imagerie directe.
31:57 Évidemment, ces images ne sont pas encore spectaculaires.
32:03 Mais c'est un exploit de discerner les exoplanètes de la lumière de leur étoile.
32:09 Comment Anne-Marie Lagrange réussit-elle à voir ces mondes jusqu'ici invisibles ?
32:15 Pour le comprendre, il faut se rendre à l'autre bout de notre planète, au nord du Chili.
32:22 Au milieu du désert d'Atacama, l'endroit semble complètement dépourvu de vie.
32:31 Dissimulée dans ce paysage lunaire, une base souterraine.
32:37 C'est ici que vivent une centaine d'astronomes.
32:41 S'ils viennent du monde entier dans ce désert,
32:44 c'est pour utiliser les plus puissants instruments d'astronomie de la planète.
32:50 Au-dessus de la base, sur le mont Paranal, à 2635 m d'altitude,
32:56 se dressent quatre géants d'acier.
33:01 Quatre télescopes de l'Observatoire européen Austral
33:06 qui scrutent le ciel de l'hémisphère sud.
33:10 C'est ici que travaille Julien Girard, un des collègues d'Anne-Marie Lagrange.
33:17 On est là, sur la plateforme de Paranal,
33:22 c'est un des sites les plus privilégiés au monde pour l'observation astronomique.
33:28 À vol d'oiseau, l'océan Pacifique est à 12 km seulement.
33:33 Il y a ce qu'on appelle une couche d'inversion.
33:37 Les nuages sont confinés à la même altitude, vraiment au-dessus de la mer.
33:42 C'est pour ça qu'on a choisi ce site pour observer.
33:45 On est presque toujours au-dessus de cette mer de nuages,
33:49 avec un ciel parfaitement clair.
33:53 Un décor surnaturel qui offre plus de 350 nuits par an
33:58 sans le moindre nuage au-dessus des télescopes.
34:03 Des conditions idéales pour observer le ciel et chercher des exoplanètes.
34:09 Au coucher du soleil, c'est une nouvelle nuit d'observation qui se prépare.
34:17 Doucement, les télescopes commencent à s'animer.
34:21 Des centaines de tonnes qui s'orientent avec mille précautions
34:25 pour ne pas faire tomber le moindre grain de poussière sur le cœur du système.
34:29 Un miroir parabolique de 8 mètres 20.
34:33 C'est lui qui va capter la lumière des étoiles,
34:36 les précieux photons qui ont traversé l'univers pour venir jusqu'à nous.
34:41 Au pied de l'inversion,
34:43 une boîte noire guette les photons qui viennent des exoplanètes.
34:47 C'est cet instrument qu'utilise Anne-Marie Lagrange
34:50 pour réaliser des images des mondes invisibles.
34:55 Ce qui se passe à l'intérieur de la boîte noire a été préparé ici, à Grenoble.
35:02 « Tout l'encheu de la détection des planètes,
35:09 c'est de contrôler la lumière qui arrive
35:13 et de détecter les petits photons de lumière qui nous viennent des planètes. »
35:17 Dans ce laboratoire, tout se passe comme dans la boîte noire au Chili.
35:22 Sauf qu'ici, c'est un rayon laser qui simule la lumière de l'étoile.
35:27 Comment fonctionne cet instrument qui distingue la planète de son soleil ?
35:32 « Alexis va tourner un bouton qui nous permettra de cacher la lumière.
35:36 Alexis va tourner un bouton qui nous permettra de cacher cette étoile avec un masque focal. »
35:42 La première étape consiste à enlever la lumière de l'étoile,
35:51 à l'éteindre avec un masque.
35:54 « On a beaucoup de lumière qui nous arrive des étoiles.
35:57 On a très peu de lumière par rapport à ce qui nous arrive des planètes.
36:00 Il faut enlever l'essentiel de la lumière des étoiles
36:03 pour pouvoir voir le petit signal qui nous vient des planètes. »
36:08 La lumière de l'étoile a disparu, mais c'est encore assez confus.
36:13 Toujours pas de planète.
36:16 « À la traversée de l'atmosphère, quand on observe avec des télescopes sur la Terre,
36:20 les rayons lumineux en provenance des étoiles sont déviés dans tous les sens en permanence.
36:25 En quelques millisecondes, ils vont faire des trajets différents.
36:29 Ce qui fait que quand on observe après sur notre détecteur,
36:33 on va obtenir non pas une figure très propre, très marquée,
36:37 mais au contraire une grosse tâche avec de la lumière éteillée partout. »
36:41 Pour y voir plus clair, un miroir déformable corrige les perturbations de l'atmosphère
36:47 et nous permet d'apercevoir enfin un petit point lumineux à droite de l'étoile.
36:53 Une planète.
36:58 C'est ainsi qu'à des milliers de kilomètres, au Chili,
37:01 les télescopes captent les images des exoplanètes.
37:05 Quand le ciel s'illumine, les télescopes s'orientent lentement vers les étoiles.
37:11 Sur le mont Paranal, c'est le calme total.
37:17 Aucune lumière, même la plus infime, ne doit perturber les observations.
37:21 Le spectacle de la Voie lactée est féerique,
37:24 mais les astronomes, eux, sont enfermés dans la salle de contrôle.
37:29 Derrière son ordinateur,
37:37 Julien Girard observe en direct l'image fabriquée par l'instrument qui cache la lumière des étoiles.
37:43 Il cherche des indices de la présence d'exoplanètes.
37:47 L'étoile qu'il étudie ce soir n'a pas encore livré tous ses secrets.
37:52 - Notre système solaire à nous, il a 4,5 milliards d'années.
37:56 Et ça, c'est vraiment un bébé système solaire.
38:00 Le cercle qu'on voit là, c'est réel, c'est du signal astrophysique.
38:04 Donc là, c'est un disque protoplanétaire vu de face,
38:07 complètement de face, puisqu'on le voit complètement circulaire.
38:10 Et donc ça, c'est de la poussière autour de cette étoile jaune.
38:14 Donc ce disque, on peut espérer qu'il ait peut-être formé des planètes,
38:18 ou bien le sillon à l'intérieur a été creusé par une planète ou par plusieurs planètes.
38:24 Pour l'instant, l'imagerie ne permet de voir que des planètes géantes,
38:31 et assez loin de leur étoile.
38:34 Mais ces mondes cachés se révèlent désormais à nous.
38:38 - Voir des photons directs de planètes extrasolaires, savoir qu'on n'est vraiment pas tout seul,
38:44 si pour l'instant c'est des planètes gazeuses, on sait que personne n'habite dessus,
38:48 mais c'est quand même assez impressionnant.
38:50 Peut-être qu'ils ont des satellites d'ailleurs, où il peut y avoir de la vie.
38:54 Même si on ne peut pas les détecter, c'est possible qu'un jour on le fera.
38:58 Et c'est vrai que c'est assez motivant d'être au début de cette quête.
39:07 - Avec les observations qu'on a faites jusqu'à maintenant,
39:11 on a juste effleuré un domaine, le domaine des planètes un peu loin de leur étoile.
39:18 Tout reste à découvrir.
39:20 - Ces images deviennent de plus en plus précises.
39:25 Mais il ne faut pas rêver.
39:27 La photo haute définition d'une exoplanète n'est pas pour demain.
39:32 Comment alors savoir ce qui se passe à la surface de ces mondes si lointains ?
39:37 Comment imaginer leur climat ?
39:40 [Musique]
39:45 C'est la mission de Frank Celsis.
39:47 A l'Observatoire de Bordeaux, cet astrophysicien récupère les données des télescopes
39:54 et simule ce qui se passe à la surface des exoplanètes.
39:57 Loin des instruments d'astronomie, sur ordinateur,
40:05 il crée des cartes météo de ces nouveaux mondes.
40:08 [Musique]
40:11 - T'as pu avancer là ?
40:13 - Ouais, je viens d'avoir les derniers résultats de la simulation.
40:18 Aujourd'hui, avec son collègue Jérémy Lecompte,
40:22 il s'intéresse à une planète rocheuse, dans la zone habitable.
40:26 Mais sur cet astre, la météo est bien différente de celle de notre Terre.
40:30 - Cette planète Keper 186f, on pense, on n'a pas pu l'observer,
40:34 mais on en est convaincu qu'elle présente toujours la même face à son étoile,
40:39 de la même façon que la Lune présente toujours la même face à la Terre.
40:43 Et ça, ça a des conséquences climatiques assez dramatiques,
40:46 puisqu'il y a tout un hémisphère de la planète qui ne voit jamais la lumière du Soleil.
40:50 - Alors justement, là on voit, par exemple, sur ce côté-là, on voit plutôt l'humidité.
40:54 Donc, humidité qui est très forte du côté jour,
40:57 puisque c'est comme dans les tropiques, en fait, le Soleil évapore beaucoup d'eau.
41:01 Et grâce à des ondes atmosphériques, les vents transportent cette humidité du côté nuit,
41:07 où on va avoir, en fait, de la précipitation sous forme de pluie, sous forme de neige.
41:13 - Les mondes que Franck étudie sont si surprenants
41:18 qu'ils dépassent parfois les fantasmes les plus fous des récits de science-fiction.
41:23 - Les écrivains, les auteurs de science-fiction,
41:25 ils ne se sont pas mis les mêmes contraintes que se mettent les scientifiques,
41:28 et ils sont allés franchement dans cette exploration, que ce soit au cinéma, dans les livres,
41:32 et ils ont parfois imaginé et décrit des configurations qu'on trouve effectivement.
41:37 - Dans la bibliothèque de Franck se cachent des mondes de science-fiction aujourd'hui bien réels.
41:53 Comme dans ce récit de 1953, où l'auteur imagine un explorateur posant le pied sur Mescline,
42:00 une planète à très forte gravité.
42:03 - L'Aclan avait une masse d'environ 80 kg.
42:07 Son scaphandre, un miracle de technique en son genre, pesait tout autant.
42:10 Sur l'équateur de Mescline, donc, homme et scaphandre pesaient approximativement 425 kg.
42:17 Il n'aurait pas pu faire un pas sans un ingénieux cerveau-moteur dans les jambes.
42:21 - Alors ce qui est fascinant, c'est qu'on n'a pas exactement Mescline dans l'inventaire des exoplanètes,
42:27 mais on a des planètes qui ont des gravités plus faibles que la Terre,
42:31 et des planètes qui ont des gravités beaucoup plus fortes.
42:34 Un des cas extrêmes, par exemple, est une planète qui s'appelle Kepler-10c.
42:38 C'est une planète qui fait environ 2,3 fois le rayon de la Terre et qui pèse 17 fois plus.
42:45 Et donc, sur cette planète-là, on a une gravité qui est environ 3 fois la gravité terrestre,
42:50 c'est-à-dire que quelqu'un qui pèse 80 kg sur Terre va peser 240 kg sur cette planète-là.
42:58 Les auteurs de science-fiction ont aussi souvent décrit des planètes-océans, entièrement recouvertes d'eau.
43:13 Il y a une exoplanète qui s'appelle Gliese 1214b, qui a été découverte par David Charbonneau avec son projet EMERS,
43:20 et dont la masse et le rayon tentent de nous faire penser qu'on a là une planète-océan,
43:28 probablement sans continent et très très riche en eau.
43:32 Est-ce que la vie peut trouver un chemin dans un monde comme ça ? C'est une question que l'on se pose.
43:42 La NASA a découvert une autre planète qui a fait rêver tous les fans de la saga Star Wars.
43:48 Kepler-16b tourne autour de deux étoiles,
43:52 comme la planète Tatooine, sur laquelle Luke Skywalker admire un double coucher de soleil.
43:58 Pour moi, ça me fait complètement rêver, et puis pour moi, la boucle est un peu bouclée,
44:06 puisque moi, j'ai vu Star Wars en 78 quand c'est sorti en France, j'avais 6 ans,
44:10 et je me suis pris ça en pleine tronche, comme on dit, j'ai vu la séquence d'ouverture, on voit cette planète-là.
44:16 Donc moi, j'ai grandi là-dedans, j'étais immergé là-dedans,
44:19 et de voir que le travail que je fais aujourd'hui vient recouper ces mondes imaginaires,
44:23 que la réalité vraiment rattrape la fiction, et qu'on n'est qu'en plus qu'au début de cette exploration-là,
44:28 oui, pour moi, c'est génial, c'est fantastique.
44:36 La science-fiction dépasse encore la réalité sur un point.
44:40 Aucune vie extraterrestre n'a encore été détectée dans l'univers.
44:44 Et même si on trouvait une exoplanète jumelle de notre Terre, rocheuse, avec de l'eau et une atmosphère accueillante,
44:54 est-ce suffisant pour qu'il y ait de la vie à sa surface ?
44:57 Est-ce que la vie est un phénomène banal, qui peut se développer partout dans l'univers ?
45:04 Ou est-ce un événement exceptionnel qui ne s'est produit qu'une fois sur notre Terre ?
45:09 Pour répondre à cette question, il faudrait d'abord comprendre comment la vie est apparue sur notre planète.
45:15 Un mystère qui essaye d'élucider cet astrobiologiste.
45:21 Louis le sergent d'Andecourt, dans son laboratoire d'Orsay, en banlieue parisienne.
45:26 Il cherche à reproduire les événements qui, sur notre planète, ont permis de fabriquer du vivant à partir de l'inerte.
45:33 La Terre s'est formée il y a 4,5 milliards d'années à peu près, et la vie est apparue sur Terre aux alentours de 3,8 milliards d'années.
45:41 Moi ce qui m'intéresse réellement, c'est en laboratoire, regarder quelles sont les conditions chimiques,
45:48 réellement chimiques, qui ont prévalu à l'apparition de la vie, bien entendu, à ce qu'on pourrait dire l'émergence de la vie.
46:01 Les éléments de base de la vie sont présents partout dans l'univers.
46:05 Mais pour savoir si la vie peut apparaître ailleurs, sur des exoplanètes,
46:13 il faut d'abord comprendre comment les pièces du puzzle se sont assemblées sur notre Terre pour créer du vivant.
46:21 Tous les éléments que vous avez ici proviennent effectivement des étoiles.
46:27 Le lien entre le cosmos et le fait qu'il y ait de l'inerte et du vivant, il est assez évident.
46:36 Le problème c'est que moi, ces pièces de puzzle, je ne sais absolument pas comment les relier l'une à l'autre,
46:42 et surtout si c'est moi qui le fais, en quelque sorte je vais tricher.
46:47 Et donc il faut essayer de contourner ce problème en se disant comment est-ce que je vais pouvoir organiser la matière
46:54 en intervenant dessus le moins possible, mais dans des conditions qui, d'une certaine manière,
47:00 dupliquent ce qui s'est passé sur la Terre à ce moment-là.
47:03 Dans son laboratoire, au milieu de tous ses tuyaux, Louis Dandecourt essaye de reproduire la naissance de la vie.
47:13 Il manipule des molécules présentes dans l'univers, du méthanol, de l'ammoniaque, de l'eau,
47:20 et les soumet aux conditions qui existaient sur Terre il y a plusieurs milliards d'années.
47:25 Et il observe ce qui se passe.
47:28 Pour l'instant, il arrive ainsi à créer des briques élémentaires de la vie, comme des acides aminés ou des sucres.
47:36 On est encore très loin de cellules vivantes.
47:40 Mais pour cet astrobiologiste, résoudre le mystère de l'apparition de la vie est essentiel
47:46 pour imaginer sur quelle exoplanète ce phénomène a pu se produire.
47:50 Si ça mène à un résultat tel qu'on peut montrer qu'il y a des systèmes chimiques bien sélectionnés
48:01 qui, brutalement, prennent la place de tous les autres,
48:04 je pense qu'à ce moment-là, on aura très rapidement tendance à dire, même au télescope,
48:10 assez rapidement dire "cette planète-là n'est pas intéressante, celle-là, par contre, oui, elle possède un intérêt".
48:17 Et je pense que ça donne aux chercheurs d'exoplanètes, ça leur donnera une motivation extrêmement importante.
48:24 La quête scientifique de la vie extraterrestre est lancée.
48:30 Grâce aux recherches des astrobiologistes, grâce aux découvertes des chasseurs d'exoplanètes,
48:35 nous pourrons peut-être un jour détecter d'autres mondes aussi fertiles que la Terre.
48:40 De nouveaux instruments permettront bientôt de mieux observer les exoplanètes.
48:44 En 2018, le James Webb Telescope s'envolera dans l'espace.
48:49 Et sur Terre, en 2024, un télescope géant de 38 mètres de diamètre,
48:56 l'Extremely Large Telescope au Chili, permettra de faire des images plus précises de ces mondes.
49:02 Le champ d'exploration est inouï.
49:06 Deux mille exoplanètes ont été détectées aujourd'hui, mais il en reste des milliards à découvrir.
49:12 Cette aventure lancée par quelques astronomes en 1995 n'en est qu'à ses débuts,
49:19 et s'annonce comme l'une des plus passionnantes que la science va mener.
49:23 C'est fantastique de se retourner sur ces vingt dernières années
49:29 et de réaliser qu'à cette époque, nous ne connaissions pas les exoplanètes.
49:34 Nous ne savions même pas si notre système solaire était rare ou répandu.
49:39 Maintenant, on sait que les planètes comme la Terre sont probablement très communes.
49:43 Et je me sens chanceux, fier même, que Michel Maillard, David Charbonneau et moi-même,
49:50 ainsi que d'autres gens, ayant vraiment fait avancer ce champ de recherche
49:54 qui, finalement, n'en est qu'à ses débuts.
49:57 Pour moi, ce qui serait génial, c'est de pouvoir découvrir ces exoplanètes
50:03 et de commencer ma carrière comme astronome et de la finir comme biologiste.
50:09 Nous sommes la première génération à avoir la technologie
50:14 pour chercher de la vie ailleurs dans l'univers.
50:17 Il y a plus de 2000 ans que les gens se posaient de telles questions.
50:21 Et cette question a été débattue au cours des deux derniers millénaires,
50:24 au niveau philosophique, évidemment.
50:26 C'est un énorme privilège pour notre époque
50:30 d'avoir pu transformer ce vieux rêve de l'humanité
50:34 en un objet de la science d'aujourd'hui.
50:37 Grâce à ces hommes et ces femmes,
50:40 qui ont découvert des nouveaux mondes à des années-lumières de notre Terre,
50:44 nous ne regarderons plus jamais le ciel comme avant.
50:47 Au-dessus de nos têtes, derrière une étoile,
50:51 se cache peut-être une planète qui bouleversera le destin de l'humanité.
50:56 [Musique]
51:03 [Bruit de pas]
51:05 [Musique]
51:09 [Bruit d'eau]
51:15 [Silence]
51:22 [Musique]
51:27 [Silence]
51:30 Les étoiles, c'est tous des soleils.
51:33 C'est tous équivalent à notre propre soleil.
51:36 Notre soleil est plus brillant parce qu'il est plus proche.
51:39 C'est tout.
51:40 Imaginez quand vous regardez le ciel,
51:42 vous voyez tous ces soleils.
51:44 Et vous vous posez la question,
51:46 est-ce qu'il existe des planètes,
51:49 comme autour de notre soleil,
51:51 autour de toutes ces étoiles ?
51:53 Très, très ancienne question.
51:55 Et simplement, c'est aujourd'hui qu'on a pu le montrer.
51:59 Ces planètes sont longtemps restées un mystère.
52:03 Autour des étoiles, dans le ciel, c'est le noir complet.
52:08 A première vue, pas la moindre trace d'une exoplanète.
52:14 [Bruit de pas]
52:16 Mais comment les observer ?
52:20 [Bruit de pas]
52:22 Parmi eux, certains pourraient ressembler à notre Terre
52:28 et peut-être abriter une forme de vie.
52:31 Pour comprendre ce qui se passe à la surface de ces exoplanètes,
52:38 pour savoir si ces mondes peuvent être habités,
52:41 les astronomes scrutent le ciel avec les meilleurs télescopes.
52:47 Aux États-Unis, en Europe, au Chili,
52:51 et jusque dans l'espace.
52:54 La découverte de ces nouveaux mondes
53:02 est une aventure scientifique extraordinaire
53:05 qui a débuté il y a plus de 20 ans.
53:08 Une quête qui semblait impossible
53:11 et qui aujourd'hui bouleverse notre perception de l'Univers.
53:17 Cette aventure, c'est celle de chercheurs obstinés
53:20 qui sont partis à la recherche de ces nouveaux mondes.
53:23 Des mondes de lave où règnent des températures infernales.
53:39 Des horizons où les soleils se couchent deux par deux.
53:43 Nous sommes en train de découvrir
53:49 que l'Univers recèle des mondes extraordinaires.
53:52 Les exoplanètes.
53:55 Les étoiles.
54:05 Des planètes qui tournent autour d'autres étoiles que notre Soleil.
54:10 Depuis la découverte de la première exoplanète en 1995,
54:18 plus de 2000 nouveaux mondes ont été détectés.
54:22 - Alors, imaginons ici une étoile
54:29 et à côté une planète qui est en train de se développer.
54:34 Une planète qui réfléchit un tout petit peu de la lumière de l'étoile.
54:39 Et essayons de voir ce que l'on pourra voir
54:42 si on prend un petit peu de distance par rapport à cette petite simulation.
54:47 Voilà, nous sommes à quelques mètres déjà et on ne nous la voit plus.
54:54 On est complètement ébloui par la lumière de la bougie ici
54:57 dans le cadre qui nous concerne plutôt évidemment de l'étoile.
55:01 - La planète ne réfléchit qu'une infime partie de la lumière reçue de l'étoile
55:06 et c'est la grande difficulté pour pouvoir observer directement
55:10 les planètes extrasolaires à une certaine distance.
55:13 Elles sont complètement dominées par la luminosité de l'étoile.
55:17 - Cachées dans la lumière des étoiles,
55:21 les exoplanètes sont invisibles depuis la Terre.
55:24 Inaccessibles.
55:26 Leur quête semblait donc complètement insensée.
55:30 - Michel Maillol est l'un des pionniers de cette aventure.
55:34 C'est cet astronome suisse qui, en 1995,
55:40 a découvert la première exoplanète en observant les étoiles.
55:44 - Toujours un sentiment complexe quand on regarde le ciel.
55:47 C'est le premier niveau d'admiration.
55:49 C'est très beau.
55:51 Après des années, on reste émerveillé.
55:54 A l'œil nu, l'homme peut voir en plus quelques milliers d'étoiles.
55:59 C'est un peu comme un peu de l'espace.
56:02 C'est un peu comme un peu de l'espace.
56:05 C'est un peu comme un peu de l'espace.
56:08 C'est un peu comme un peu de l'espace.
56:11 L'homme peut voir en plus quelques milliers d'étoiles.
56:14 2, 3, 4 milles, ça dépend de la qualité des yeux.
56:17 En fait, la Voie Lactée, c'est plusieurs centaines de milliards d'étoiles.
56:23 - Comme Michel Maillol, depuis des millénaires,
56:29 l'homme observe les étoiles.
56:31 [SILENCE]

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