Le suicide forcé est-il une forme de féminicide ? Comprendre en trois minutes

  • l’année dernière
En 2022, 759 personnes se sont suicidées en France ou ont tenté de le faire après des violences conjugales. Il s’agit quasi exclusivement de femmes.

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00:00 En 2021, Odile Nasserie, 50 ans, a mis fin à ses jours,
00:04 après une décennie de violence de la part de son mari.
00:07 Mais sa mort n'est pas comptée parmi les 122 femmes
00:09 qui ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France en 2021.
00:13 Car Odile Nasserie s'est suicidée.
00:15 Des cas de femmes comme elle, qui ont mis fin à leur jour
00:17 ou ont tenté de se suicider à cause d'un conjoint ou ex-conjoint violent,
00:21 il y en a plusieurs centaines chaque année en France.
00:23 On appelle cela des suicides forcés.
00:25 Or, les suicides forcés, tout comme les féminicides,
00:28 font suite à une spirale de violence qui est quasiment toujours la même.
00:31 La relation apparaît d'abord comme normale, voire passionnée.
00:35 Et puis, très progressivement,
00:36 l'agresseur construit une emprise sur sa victime.
00:39 Il contrôle ses faits et gestes.
00:41 La dénigre quotidiennement.
00:43 L'isole.
00:44 La culpabilise.
00:45 Des violences physiques peuvent s'ajouter aux violences psychologiques.
00:48 La santé physique et mentale de la victime se dégrade,
00:51 ce qui l'enferme encore plus.
00:52 Dans de nombreux cas de féminicides,
00:54 l'agresseur tue la victime quand elle décide de le quitter.
00:57 Odile Nasseri n'a pas pu quitter son conjoint.
01:00 Selon ses proches, son état de santé, notamment psychologique,
01:03 n'a cessé d'empirer.
01:04 Ne voyant pas d'autre issue que de mettre fin à ses jours,
01:07 elle passe à l'acte en janvier 2021.
01:08 Quelques mois après sa mort, ses frères et sœurs décident de déposer plainte.
01:12 Ainsi, en septembre 2021, pour la toute première fois en France,
01:15 une information judiciaire pour suicides forcés est ouverte.
01:18 Cette enquête est toujours en cours.
01:20 Mais si elle peut avoir lieu, c'est grâce à une loi,
01:22 celle du 30 juillet 2020.
01:24 En effet, ce texte, issu du Grenelle des violences conjugales de 2019,
01:28 a créé l'infraction de
01:29 un délit passible de 10 ans d'emprisonnement
01:37 et 150 000 euros d'amende.
01:39 Ainsi, aux yeux de la loi,
01:40 le suicide forcé n'est pas considéré comme un meurtre
01:42 et donc un féminicide,
01:44 mais comme une circonstance aggravante
01:46 dans le cas d'un harcèlement par le conjoint ou ex-conjoint.
01:48 Mais la France est le premier pays en Europe
01:50 à reconnaître et condamner le suicide forcé.
01:52 Depuis que la loi est entrée en vigueur,
01:54 il y a eu plusieurs centaines de procédures engagées,
01:57 dont une dizaine ont abouti à une condamnation.
01:59 Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur,
02:01 en 2022, 759 personnes se sont suicidées ou ont tenté de le faire
02:06 à la suite du harcèlement d'un conjoint ou ex-conjoint,
02:09 pour la très grande majorité, des femmes.
02:11 En 2021, c'était 684 personnes.
02:14 On estime que plus de 244 000 femmes
02:17 sont victimes de violences conjugales chaque année en France.
02:19 Si vous ou une personne de votre entourage êtes concernée,
02:22 Un numéro existe, le 3919.

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