L'interview, Charles Ollivon - Canal Rugby Club

  • l’année dernière
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Sports
Transcript
00:00 ...
00:09 -Bonjour, Charles. Merci de nous accueillir ici, à Toulon.
00:13 Vous avez écrit que c'est ici, à Toulon et à Mayol,
00:16 que vous pourrez cicatriser vos blessures.
00:18 On va en parler, justement.
00:20 Vous pouvez nous raconter comment vous avez vécu
00:23 la fin de cette Coupe du monde ?
00:25 -C'est assez violent de se retrouver tout seul,
00:27 pas trop envie de sortir dans la rue non plus, de ressasser.
00:31 La cicatrice, elle est là, elle va rester là.
00:33 Elle va rester très longtemps,
00:35 elle nous suivra toute notre vie, on le sait.
00:38 Il faut vivre du mieux possible avec.
00:40 Mais je vous dirais jamais, c'est bon, c'est passé, on avance.
00:43 C'est difficile mentalement, c'est difficile physiquement,
00:46 et à un moment donné, t'as envie de prendre et de poser,
00:49 parce qu'on a senti tout l'engouement qu'il y avait
00:52 autour de nous. Je l'ai ressenti vers plus la fin
00:55 de la compétition, tu joues plus que pour toi.
00:58 C'est tellement fort.
01:00 Ca me l'a moins fait pour le tournoi
01:02 ou le début de la compète, mais pour la fin de la compétition,
01:06 je l'ai vraiment ressenti. Tu joues plus que pour toi.
01:09 Ca te dépasse un peu, donc tu sais que les gens sont tristes,
01:12 t'as des gens qui pleurent, tu le sais,
01:14 dans le stade, à la fin du match.
01:16 Quand t'es sur le terrain et que tu joues,
01:19 t'as une part de responsabilité.
01:20 Je l'ai très mal vécu, mais c'est difficile aussi de dire
01:24 que tout le plaisir que j'ai pris pendant ce match,
01:26 eh bien, t'es responsable de la tristesse des gens.
01:29 Donc c'est difficile à vivre, c'est pas simple.
01:32 -C'était important pour vous de revoir le match,
01:35 de comprendre des choses ?
01:36 -J'ai pas regardé le match. J'ai regardé 4 actions.
01:39 Les 4 essais comprends, voilà ce que j'ai regardé, c'est tout.
01:43 J'avais pas... Non, j'avais pas envie de regarder.
01:45 J'ai des souvenirs, des flashs, un peu,
01:48 en rentrant la semaine après le quart de finale,
01:50 où je me dis que c'est pas possible,
01:53 parce qu'il y a eu de la déception, de la colère,
01:55 mais beaucoup de plaisir. Je me rappelle des moments
01:58 sur le terrain, où avec les mecs, on se trouve, on se sourit,
02:01 parce que quand tu te trouves sur le terrain,
02:04 il y avait une pression énorme.
02:06 J'ai rarement pris autant de plaisir sur un match de rugby
02:09 que sur ce quart de finale-là.
02:11 C'est difficile de faire le tri.
02:13 -Est-ce que vous avez un regret par rapport à cette Coupe du monde ?
02:16 -J'ai zéro regret.
02:19 J'ai zéro regret, parce que...
02:23 Parce que j'ai tout donné.
02:24 Je peux pas prendre autant de plaisir que j'ai pris
02:27 sur cette compétition et avoir fait les choses à moitié.
02:30 Je suis très déçu et frustré du résultat
02:32 et de ne pas avoir pu donner plus à ce pays,
02:35 mais, voilà, sincèrement, j'ai zéro regret.
02:38 Je peux pas en avoir.
02:40 -Qu'est-ce qui a manqué à l'équipe de France
02:42 pendant cette Coupe du monde ?
02:44 -C'est dur à le dire, encore un,
02:46 mais c'est un petit peu ce qui nous a peut-être manqué,
02:49 d'être bon, voire très bon, le jour J.
02:52 Même si on était préparés du mieux possible,
02:54 c'est un fait.
02:55 -Le tournoi arrive, Antoine Dupont ne sera pas là.
02:58 Savez-vous déjà si vous allez récupérer ce brassard de capitaine ?
03:01 -Non, je sais que j'aurai toujours la même attitude.
03:04 Je serai toujours là au service.
03:06 Il faut assumer, j'assumerai la responsabilité sans problème.
03:09 J'ai pas échangé avec le staff à ce sujet-là.
03:12 Vous dire "je pense qu'à ça", non, c'est pas vrai.
03:15 Parce que j'ai déjà été dans les deux situations
03:18 et mon attitude a toujours été la même.
03:20 Donc, voilà, je suis toujours focus
03:22 et je resterai le même, je changerai pas.
03:24 -Est-ce que vous arrivez à vous projeter, maintenant,
03:27 vers l'Australie, la prochaine Coupe du monde dans 4 ans,
03:30 ou c'est vraiment trop loin, l'Australie ?
03:33 -C'est...
03:34 Pour être très honnête,
03:36 c'est un tout petit peu dans un coin de ma tête.
03:39 J'ai un petit truc qui me dit,
03:41 oui, une Coupe du monde dans 4 ans,
03:43 des fois, il faut savoir perdre pour gagner,
03:46 donc voilà, on s'accroche.
03:47 -Parlons du rugby club toulonnais.
03:49 Parmi l'actualité, évidemment,
03:51 pour vous, il y a cette prolongation au RCT
03:53 jusqu'en 2027.
03:55 Pourquoi vous prolongez à Toulon ?
03:57 -Le club est revenu vers moi
03:59 pour me proposer de prolonger.
04:01 J'ai bien discuté avec Pierre aussi.
04:04 On est en phase avec lui.
04:06 Il y a un management qui est là cette année,
04:09 qui était pas là pendant des années avant.
04:11 Ca a pas toujours été simple.
04:13 Il y a eu des années compliquées ici à Toulon.
04:15 J'aime bien le chemin que prend le club.
04:19 J'ai l'impression que ça structure bien.
04:22 Enfin, voilà, du travail est fait à l'interne.
04:24 J'aime bien ça, donc voilà.
04:26 Ici, c'est un petit peu chez moi aussi,
04:28 donc je suis très content.
04:30 -Félicitations. -Merci.
04:31 -Maintenant, il va falloir rejouer les phases finales.
04:34 -Exactement. C'est l'objectif de cette saison.
04:38 On a gagné l'année dernière.
04:40 -C'était votre premier titre.
04:41 -Ca a fait beaucoup de bien à tout le monde.
04:44 J'ai l'impression que ça a insufflé quelque chose.
04:47 C'est une croix dure qu'on me fait.
04:49 On me tarde la fin de saison,
04:50 même si on n'y est pas, évidemment,
04:52 mais on travaille pour y arriver.
04:54 -Merci, Charles. -Merci de m'avoir invité.
04:57 -Merci de nous avoir accueillis dans ce bel endroit.
05:00 ...