JO 2024 : la France sera t-elle prête ?

  • il y a 8 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Elodie Huchard et ses invités débattent des conditions désastreuses dans lesquelles vont probablement se dérouler les Jeux Olympiques 2024 à Paris.
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Transcript
00:00 Je voudrais qu'on parle maintenant des Jeux olympiques puisque nous sommes à 7 mois des Jeux olympiques et paralympiques.
00:05 Pendant évidemment plusieurs semaines, tous les projecteurs seront braqués sur la France
00:09 et pourtant les obstacles ne sont pas tous encore franchis.
00:12 Les remises en question sont nombreuses, les d'actes, les moments forts et les interrogations avec Marine Sabourin et Marie-Victoire Diodonné.
00:19 Il y a ces visages que l'on connaît déjà, comme ceux de Florent Manodou et Thomas Pesquet
00:25 et ceux que l'on découvrira les 10 et 15 janvier, sélectionnés pour porter la flamme olympique.
00:30 Début février, les Français découvriront les quelques 1700 médailles de la Maison Chaumet,
00:36 un graal pour les athlètes absolument magnifique selon Tony Estanguet, patron de Paris 2024.
00:43 En mars, le comité d'organisation recevra les clés du village olympique de Seine-Saint-Denis
00:48 qui accueillera 14 500 athlètes et leurs staffs.
00:51 Les 45 000 volontaires et bénévoles, eux, seront réunis pour une grande convention le 23 mars.
00:57 Enfin, l'attente attendue flamme olympique arrivera à Marseille le 8 mai,
01:01 à bord du Bélème, le plus vieux trois-mâts français,
01:04 avant de quitter l'Hexagone le 7 juin, depuis Brest, pour rejoindre la Guadeloupe.
01:08 Top départ du défilé de la cérémonie d'ouverture, le 26 juillet, à 20h24.
01:15 Le président de Paris 2024, Tony Estanguet, comme la maire de Paris, Annie Dalgo, sont optimistes.
01:20 Les célébrations des Jeux vont être vécues par l'ensemble des Français qui le souhaiteront.
01:24 Ça va être partout pour tout le monde, à tous les moments, ça va durer quatre mois.
01:28 Paris souhaite aussi que le moment des Jeux soit un grand moment de partage,
01:33 avec les Parisiennes, les Parisiens, avec toutes celles et ceux qui aiment Paris,
01:36 qui seront là à ce moment-là.
01:38 Une cérémonie qui fera l'objet d'une attention particulière,
01:41 comme l'explique le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
01:44 C'est la première fois dans l'histoire des Jeux olympiques,
01:46 mais y compris des grands événements sportifs, type comme du monde de football,
01:49 que la cérémonie se déroule en dehors d'un stade.
01:52 Ce sont près de 35 000 forces de sécurité intérieure qui seront là ce jour-ci,
01:57 à Paris le 26 juillet 2024,
01:59 ce qui n'a pas de précédent dans l'histoire des forces de l'ordre.
02:03 Si 70% des besoins en matière de sécurité ont déjà été couverts selon Paris 2024,
02:08 la question reste majeure.
02:10 Le quotidien des Franciliens, lui, risque d'être bouleversé.
02:14 Des restrictions dans le centre de Paris devraient être effectives de 6h30 du matin à minuit,
02:19 en véhicule motorisé.
02:20 Prendre les transports en commun sera là aussi compliqué.
02:23 Le préfet de la région Île-de-France soulignait début décembre un risque de saturation.
02:27 De nombreuses incertitudes à 7 mois des JO,
02:30 alors que le compte à rebours a bel et bien commencé.
02:33 Laurent Jacobelli, il y a un mot qu'on a beaucoup entendu
02:37 et qu'on entendra dans un instant dans la bouche du président de la République,
02:39 c'est celle de "fête populaire".
02:40 Quand on voit le prix des transports,
02:42 quand on voit selon l'UFC que choisir qu'une nuit d'hôtel,
02:45 pas loin des Jeux olympiques ou paralympiques,
02:48 coûtera 1 033 euros en moyenne et qu'on ne pourra pas réserver qu'une seule nuit.
02:52 Quand on voit le tarif des billets, vraiment c'est une fête populaire.
02:56 Écoutez, je crois que les mots n'ont plus de sens.
02:58 Non, effectivement, c'est une fête élitiste.
03:00 Moi, je pense aux salariés des usines de Florence, dans ma circonscription,
03:03 qui participent à la fabrication de la flamme olympique.
03:05 On en est très fiers.
03:07 Et je me dis que s'ils devaient payer leur transport,
03:09 leur hébergement et leur place pour voir les compétitions,
03:12 ils ne pourraient pas le faire.
03:13 Donc, on est là dans une compétition qui est faite pour en mettre plein les yeux.
03:16 C'est vrai, mais il faut l'assumer.
03:18 Il ne faut pas dire que ce soit une fête populaire.
03:20 Ça restera une fête populaire dans la mesure où on pourra soutenir nos équipes
03:23 à la télévision, applaudir lorsqu'ils gagnent,
03:25 avoir ce patriotisme heureux quand on revoit une équipe ou un joueur français qui gagne.
03:30 Mais ça n'est pas voulu comme une fête populaire.
03:33 Mais j'allais dire, ce n'est pas le pire.
03:35 Quand on voit la vie que vont devoir mener les Parisiens,
03:38 dont on annonce déjà qu'ils ne pourront plus prendre ni les voitures, ni les transports.
03:41 Je ne sais pas comment ils vont faire pour aller travailler.
03:44 Je ne sais pas comment les gens vont faire pour venir assister aux compétitions.
03:47 C'est la chronique d'un enfer annoncé.
03:49 Alors, soyons optimistes.
03:50 Espérons que tout se passe bien.
03:52 Espérons qu'il n'y ait aucun problème de sécurité ni d'organisation
03:55 et que la France ait beaucoup de médailles.
03:57 Mais ça pose quand même beaucoup de questions et notamment de questions de sécurité.
04:00 On va en parler dans un instant sur la sécurité.
04:02 Je vous interromps juste parce que c'est l'heure du journal avec Mathieu Devesre.
04:06 Bonsoir, Mathieu.
04:07 Bonsoir, Élodie. Bonsoir à tous.
04:11 Près de 30 000 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises en traversant la Manche.
04:16 Ce sont les chiffres de 2023 dévoilés aujourd'hui par le ministère de l'Intérieur.
04:20 Un bilan en forte baisse par rapport à 2022 qui avait été une année record.
04:25 Des chiffres suivis de près au Royaume-Uni où les gouvernements successifs
04:28 ont promis de reprendre le contrôle des frontières après le Brexit.
04:33 C'était une mesure attendue par les associations de lutte contre les violences faites aux femmes,
04:37 les pôles judiciaires spécialisés dans les violences intrafamiliales
04:41 qui entrent en vigueur aujourd'hui dans les 164 tribunaux et les 36 cours d'appel de France.
04:46 Ces pôles doivent permettre de mieux coordonner les décisions des juges.
04:50 Enfin, la Russie va intensifier ses frappes militaires en Ukraine.
04:53 Vladimir Poutine a évoqué des représailles après le bombardement sans précédent
04:57 de la ville russe de Belgorod.
04:58 Le président russe précise que ces frappes seront menées sur des installations militaires.
05:03 Merci à vous, Mathieu Devese.
05:07 On va continuer à parler donc des Jeux olympiques
05:09 et on va écouter justement ce qu'en disait le chef de l'État hier,
05:12 puisque bien entendu, comme il ouvrait la page 2024,
05:15 il a parlé de cette cérémonie. Écoutez-le.
05:18 2024 sera aussi une année de fierté française, sportive,
05:25 puisque les Jeux olympiques et paralympiques seront chez nous, en France,
05:29 et ainsi comme chez eux, en métropole comme dans nos Outre-mer.
05:34 Nous serons fiers de nos athlètes, de nos artistes, de nos paysages,
05:38 de cette fête populaire, permise par des milliers de bénévoles,
05:42 bâtissant aussi pour notre nation un héritage sportif,
05:46 par notre engagement à tous qui commencera dès demain.
05:50 Raphaël, Hamselem, évidemment, on a tous envie que ça se passe bien,
05:53 comme le disait Laurent Jacobelli, qu'il n'y ait pas trop de problèmes
05:55 et que la France, pourquoi pas, ait beaucoup de médailles.
05:58 Mais quand on entend des spécialistes qui, notamment,
06:00 ont préparé d'autres Jeux olympiques et paralympiques,
06:02 on nous dit qu'à sept mois, on n'est quand même pas prêts.
06:06 C'est en euphémisme, peut-être, d'ailleurs.
06:08 Ces Jeux olympiques posent une double difficulté.
06:11 D'abord, le fait que la dignité n'est pas garantie.
06:13 Je pense à trois thématiques en particulier.
06:17 Un, les transports, où on nous dit que les Franciliens
06:21 ne payeront pas la hausse des prix,
06:23 mais les associations de consommateurs nous avertissent déjà
06:25 qu'il n'y aura aucune façon de discriminer entre les locaux
06:29 et puis les visiteurs qui viendront pour assister aux Jeux.
06:33 Et donc, tout le monde devrait subir l'augmentation des prix.
06:37 Je pense aux étudiants qui, pour beaucoup,
06:39 vont être délogés de leur logement Crous pour pouvoir...
06:43 - Loger des athlètes. - Loger des athlètes.
06:46 Et puis, troisièmement, la question des SDF,
06:49 où des associations dénoncent le manque d'annonces,
06:53 voire des politiques actives de la part de l'État
06:57 visant à invisibiliser les SDF qui sont dans la rue.
07:01 Donc, je ne vois en aucune manière en quoi cela peut être une fête populaire.
07:04 Donc, un, ces Jeux olympiques, à priori, ne garantiront pas la dignité.
07:09 Et deux, ne garantiront pas non plus la liberté,
07:12 puisque des libertés aussi élémentaires qu'aller chez soi,
07:17 se déplacer dans la rue, aller à son travail seront conditionnées.
07:22 Nous avons le retour du QR code.
07:24 Nous croyons l'avoir enterré. - Il nous avait manqué.
07:26 - Avec le Covid, nous avait manqué depuis la pandémie.
07:30 Nous allons le retrouver avec des choses aussi farfelues
07:33 que quand on accueille quelqu'un chez soi au balcon,
07:36 il va falloir qu'il s'enregistre.
07:39 Et donc, ce qui est inquiétant, c'est, au-delà de cet élément d'espèce,
07:42 c'est la multiplication au fil des années de logiques d'état d'urgence.
07:47 C'est-à-dire une logique qui considère que, au fond,
07:49 l'état de droit commun n'est pas assez solide
07:52 pour faire face à l'organisation d'événements d'ampleur,
07:55 que systématiquement, il faut poser le principe
07:57 de la surveillance a priori de tous les citoyens.
08:00 Il faut rappeler qu'à ces Jeux olympiques,
08:02 nous aurons, pour la première fois en France,
08:04 ce qu'on appelle des caméras augmentées,
08:06 c'est-à-dire des caméras sur lesquelles on va appliquer
08:09 de l'intelligence artificielle pour pouvoir détecter
08:12 des comportements qui, potentiellement,
08:15 peuvent être considérés comme suspects.
08:17 Donc, nous avons un retournement complet de l'ordre politique
08:21 qui consiste à dire que la liberté n'est plus première,
08:24 mais qu'elle est seconde.
08:25 Et c'est toujours le risque que nous avons avec les logiques sécuritaires,
08:29 c'est qu'au nom d'un risque de sécurité qui est perpétuel,
08:33 nous pouvons toujours plaider en faveur d'une autorité
08:37 et de mesures restrictives toujours croissantes.
08:39 Et pour conclure, je crois que ça condense assez bien.
08:42 Au fond, la politique est pratiquée par Emmanuel Macron depuis 2017.
08:46 Nous n'avons ni la liberté, ni la dignité.
08:49 Joseph Tounel, on voit aussi que dans toutes les strates
08:51 du maillage territorial, tout le monde se renvoie là-bas.
08:53 Les transports, quand ça marche pas,
08:55 un coup, on nous dit qu'on est prêts,
08:56 un coup, on nous dit que c'est de la faute d'Anne Hidalgo,
08:57 la faute de Valérie Pécresse, la faute de Clément Beaune.
08:59 On voit aussi que les autorités commencent à se dire
09:01 "attention, s'il y a un couac, je veux pas être responsable".
09:05 Alors, quand on organise quelque chose de cette importance,
09:07 il peut toujours y avoir des couacs.
09:09 D'accord.
09:10 Mais enfin, il y a un manque de préparation.
09:13 Quand on...
09:15 Il y a quoi ? Il y a 15 jours, ils se sont rendus compte que,
09:18 puisqu'il y avait des épreuves sur la Seine,
09:19 il n'y avait pas la circulation...
09:21 Il y a une semaine.
09:22 Sur la Seine. Et donc, les livraisons qui, notamment,
09:25 amènent un certain nombre de produits alimentaires sur Paris,
09:28 ça serait pas possible.
09:29 Ils s'en étaient pas rendus compte avant.
09:30 Et rien que les céréales, c'est un manque à gagner d'un demi-milliard.
09:32 La boulette coûte cher.
09:33 C'est quand même... C'est pas neutre.
09:35 Ça, ça avait pas été prévu.
09:37 Et puis, la fête populaire, si elle y sera,
09:40 il y aura le peuple des bénévoles.
09:42 Ceux qui vont marner, qui vont travailler,
09:43 qui vont se lever, qui vont...
09:45 sans être payés.
09:46 Alors que dans le même temps,
09:48 dans le comité olympique international,
09:49 il y a des gens qui se gavent.
09:50 Moi, je suis très, très choqué par ce mode de fonctionnement.
09:54 J'ai rien contre le bénévolat,
09:55 mais là, il y a vraiment une sorte d'exploitation.
09:58 Et puis, président de la République,
10:01 moi, je suis né à Paris, je suis très content qu'il aime beaucoup Paris.
10:03 Je suis un Parisien de naissance, mais il nous a dit...
10:07 "Un géo tous les 100 ans en France, c'est super."
10:09 Oui, sauf qu'il y en a eu à Paris en 1924,
10:12 à Grenoble en 1968, à Albertville en 1992.
10:16 La France, ce n'est pas que Paris, monsieur le président.
10:19 C'était un mauvais calcul, visiblement.
10:20 Gabrielle Cluzel, c'est vrai que la question aussi des bénévoles,
10:23 elle a fait un petit peu débat.
10:24 Alexis Corbière, notamment le député de la France insoumise,
10:26 disait que certes, le bénévolat, c'était bien,
10:28 mais qu'on pouvait aussi envisager d'autres types de contrats
10:31 pour ces jeunes, notamment, pour que ça puisse être un premier engagement
10:34 où qu'ils puissent capitaliser un peu, justement,
10:36 sur ces Jeux olympiques et paralympiques.
10:38 C'est vrai que c'est curieux de tabler sur du bénévolat,
10:43 sauf à imaginer que les Jeux olympiques soient une oeuvre caritative.
10:47 Mais c'est vrai que le modèle économique est un peu curieux.
10:54 Mais bon, après, on peut dire que personne ne force,
10:57 par définition, un bénévole à participer.
11:00 Donc, pour cela, on ne va pas chercher une polémique plus loin que nécessaire.
11:06 Non, moi, je suis plutôt inquiète sur, comment dirais-je,
11:11 tout le maillage de sécurité autour des Jeux olympiques,
11:15 parce qu'on va déshabiller Pierre pour habiller Paul.
11:18 Toutes les forces de l'ordre qui seront mobilisées sur les Jeux olympiques,
11:22 n'ont pas de don d'ubiquité, donc ils ne seront pas ailleurs.
11:26 Les Parisiens et ceux de la région parisienne qui seront touchés
11:31 par les Jeux olympiques, qui auront fui,
11:34 parce qu'on compte aussi un peu sur la fuite des riverains,
11:38 pourront légitimement craindre pour leurs habitations.
11:43 Donc, c'est vrai que tout cela et l'impréparation qu'a évoqué Joseph Touvenel,
11:51 donne légitimement des sujets d'inquiétude.
11:53 Pour terminer, Laurent Jacobilli, effectivement, la question de la sécurité.
11:56 On voit aussi, par exemple, la sécurité privée.
11:58 Ils ont beaucoup de mal à recruter.
12:00 Et on nous dit, il n'y aura pas de vacances possibles à ce moment-là,
12:02 mais on nous parle déjà d'arrêt maladie.
12:04 Bien sûr, et puis, on ne fait pas cas de l'extrême fatigue,
12:07 de l'extrême tension dans laquelle vivent nos forces de l'ordre.
12:10 On va leur demander pendant deux mois de travailler sans relâche,
12:13 de venir dans les grandes villes olympiques,
12:14 en quittant d'ailleurs leurs lieux d'affectation premiers,
12:17 qui vont se retrouver ouverts aux cas de vent et à tous les criminels,
12:21 en sachant qu'il y aura un autre phénomène,
12:23 qui est le renvoi des mineurs isolés et des migrants vers les campagnes,
12:26 qui sont, on le sait, facteurs d'insécurité.
12:29 Donc, on va se retrouver dans certains villages
12:30 avec l'arrivée de migrants et le départ de gendarmes.
12:33 Et donc, ça va être très inquiétant.
12:34 Et puis, le rôle qui va être demandé de manière accrue
12:37 de surveillance aux polices municipales,
12:39 parce que la police et la gendarmerie sont un peu plus vides,
12:42 les polices municipales qui sont en grève en ce moment,
12:44 parce qu'ils ne sont pas assez payés,
12:46 alors que le niveau de leur responsabilité n'arrête pas d'augmenter.
12:48 Donc oui, effectivement,
12:49 je pense que tous les problèmes de notre sécurité intérieure
12:52 vont être catalysés pendant ces Jeux olympiques.
12:55 Et j'ai vraiment l'impression que tout cela n'est pas vraiment anticipé.
12:58 On va marquer une dernière pause dans Punchline.
13:01 On se retrouve avec mes invités.
13:02 On va parler notamment de la problématique des imams détachés.
13:04 À tout de suite.
13:06 Europe 1, 18h-19h. Punchline, Elodie Huchat.

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