Que change le nouveau Nutri-score? BFMTV répond à vos questions
Chaque jour, Roselyne Dubois et son équipe répondent à vos questions sur l'actualité.
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00:00 Avec un invité exceptionnel, Serge Ackerberg. Merci d'être avec nous, professeur de nutrition et créateur du Nutri-Score,
00:06 parce que j'ai reçu beaucoup de questions sur ce Nutri-Score, sur le nouveau.
00:10 Déjà, sur la forme, rien ne change, on garde les lettres de A à E, du vert au rouge.
00:15 C'est en fait le résultat d'un calcul, vous allez nous expliquer ça, entre des bons et des mauvais points pour chaque produit.
00:20 Oui, tout à fait. Le Nutri-Score prend en considération à la fois les éléments défavorables que peuvent contenir les aliments,
00:27 le sucre, le gras, le sel, les éléments plutôt positifs, est-ce qu'il y a des protéines, des fibres, des fruits et légumes.
00:33 Et la balance entre ces éléments négatifs et positifs permet d'aboutir à une note qui attribue ensuite une couleur avec une lettre,
00:40 du vert au rouge, vert le plus favorable sur le point de vue de la tristesse, le rouge le plus défavorable, couplé avec des lettres A à E.
00:47 Donc on garde les mêmes lettres, mais on va peut-être être surpris sur les étiquettes sur nos produits favoris.
00:51 Il y a du changement, certains ont été déclassés parce qu'on note plus sévèrement maintenant le plus salé, le plus sucré, le plus gras.
00:59 Oui, le Nutri-Score a été mis en place il y a 7 ans, or la science a évolué, on a de nouvelles connaissances scientifiques.
01:05 D'autre part, le marché alimentaire a changé avec de nouveaux produits, des reformulations faites par les industriels.
01:11 Donc un comité européen d'experts en nutrition ont défini les nouvelles règles de calcul du Nutri-Score avec une pénalisation plus forte.
01:20 Des produits sucrés et salés, avec aussi une pénalisation plus forte des boissons édulcorées, de la viande rouge.
01:27 Donc tout un tas d'éléments qui sont apparus comme pertinents pour améliorer les performances du Nutri-Score et le rendre plus cohérent avec les recommandations de santé publique.
01:36 Pertinent pour les scientifiques, mais on a en face les industriels qui disent que ça complique les choses,
01:41 qu'ils ne comprennent pas pourquoi ils perdent deux lettres par exemple pour des yaourts édulcorés,
01:45 et qui du coup se disent "on va tout simplement le retirer le Nutri-Score".
01:49 Oui alors c'est assez malhonnête, c'est curieux d'entendre des industriels qui jouent le jeu de la transparence quand ça les arrange,
01:56 mais lorsque la science leur dit "il faut corriger un certain nombre de choses",
02:00 ce sont des propositions qui ont été faites qui sont très légitimes.
02:03 Pénaliser plus des yaourts sucrés à boire, ou pénaliser des laits aromatisés, ou la viande rouge,
02:11 ou des plats composés ou des serrales petites des oeufs qui sont sucrées, c'est tout à fait légitime.
02:16 Et c'est dommage que les industriels à partir du moment où ça les dérange,
02:20 viennent perdre complètement cette notion de respect du consommateur,
02:25 qui est de fournir une information simple, intuitive, compréhensible pour tous,
02:29 sur la composition nutritionnelle globale de leurs aliments.
02:32 Parce qu'on en revient toujours au même problème, il n'est pas obligatoire ce Nutri-Score ?
02:36 Et bien malheureusement il n'est pas obligatoire parce qu'il existe une réglementation européenne,
02:41 qui à l'époque avait été d'ailleurs poussée par les lobbies agroalimentaires,
02:44 qui empêche les États membres de le rendre obligatoire.
02:47 Et c'est pour ça que certaines grandes sociétés, Ferreiro, Lactalis, Mars, Mondelez ou Coca-Cola,
02:53 refusent depuis le départ de l'afficher, qu'on voit des marques comme Biorg aujourd'hui,
02:57 qui avaient accepté le Nutri-Score, faire marche ailleurs.
03:00 Donc il faut le rendre obligatoire pour forcer la main à ces industriels,
03:03 mais pour ça il faut réglementer de façon différente au niveau européen,
03:06 et donc lutter contre les lobbies.
03:08 Réexpliquer le but aussi, l'idée ce n'est pas d'acheter que du A,
03:11 c'est d'aussi avoir le moyen de comparer des produits comparables,
03:15 entre deux céréales, par exemple du petit déjeuner pour les enfants, ça peut être du A au E.
03:20 Oui vous avez tout à fait raison d'insister sur ce point.
03:23 Nutri-Score permet de comparer les aliments entre eux, qui ont le même usage, la même utilisation.
03:28 Ça ne veut pas dire qu'un produit qui est classé D ou E ne doit pas être consommé.
03:32 S'il y a une alternative mieux classée, il vaut mieux la privilégier.
03:35 Et puis si on prend le produit qui est classé D ou E,
03:38 simplement c'est une alerte pour rappeler que ce produit doit être consommé
03:42 plutôt en petite quantité, pas trop fréquemment.
03:44 Justement, pendant que vous parlez, on a vu le Roquefort, c'était amusant,
03:47 on voyait du Roquefort E, c'est vrai qu'il y a eu toute une polémique.
03:49 Évidemment que c'est E le Roquefort !
03:50 L'idée ce n'est pas de ne plus manger de fromage, c'est juste aussi d'adapter les quantités.
03:54 Exactement, ça va dans le sens des recommandations de santé publique.
03:58 Les fromages, ça contient quand même des graisses saturées, du sel, en quantité importante,
04:02 il ne faut pas en abuser et donc les classés D ou E ne veulent pas dire qu'il ne faut pas en consommer,
04:07 mais plutôt se rappeler qu'il faut être raisonnable dans les quantités et les fréquences de consommation.
04:12 Ces images-là à 11h43, c'est une torture.
04:14 Je vous le dis, Roselyne Dubois, pendant que vous parlez, monsieur Egbert,
04:17 on a des Kinder, des M&M's, etc.
04:20 C'est une torture pour boire à 11h43.
04:21 J'ai juste une question, est-ce que ça marche ?
04:23 Est-ce que vous savez, monsieur Egbert, si moi j'ai changé mon comportement,
04:26 si nous avons changé notre comportement grâce au Nutri-Score ?
04:29 Ce que l'on peut dire, c'est que l'on sait que 90% des consommateurs plébiscitent le Nutri-Score,
04:34 57% disent avoir déjà modifié leurs habitudes à partir du Nutri-Score
04:39 et quand on regarde les chiffres de vente dans les supermarchés,
04:41 on voit que les produits D et E diminuent,
04:43 alors ils ne disparaissent pas bien sûr,
04:45 mais ils diminuent alors que les ventes des produits A et B augmentent.
04:48 Donc ça marche bien et ça ne surprend pas parce que c'est basé sur de la science.
04:52 Il y a plus de 130 études qui ont montré que Nutri-Score était efficace et utile aux consommateurs.