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00:00 Les violences conjugales, c'est 200 000 femmes par an qui vont porter plainte.
00:04 Comment on fait pour cohabiter avec ça ?
00:06 Comment on fait pour se dire "c'est là, et puis ça va, la vie, quoi" ?
00:09 Le livre s'ouvre au moment où un fils apprend que sa mère est morte sous les coups de son père
00:15 et qu'il décide de regagner le domicile familial où l'atteint sa petite sœur qui, elle, a assisté à la scène.
00:21 Aujourd'hui, les féminicides sont rangés parmi les faits divers
00:25 alors que la réalité, c'est que ça dit quelque chose de nous et de nous en tant que société.
00:30 Donc je pense que ce n'est pas un fait divers, mais que c'est un fait social.
00:33 Pourquoi ? Parce que tout simplement, le féminicide est avant tout un crime de propriétaire.
00:37 C'est l'acte d'un homme qui ne supporte pas que sa femme lui échappe.
00:41 Ça nous interroge sur une société qui est elle-même fondée sur la domination masculine, sur la suprématie masculine.
00:45 Et c'est un homme qui vous parle, qui s'est accommodé très bien pendant des années de cette suprématie.
00:49 Il faut bannir ce terme de crime passionnel.
00:51 C'est quoi le crime passionnel ?
00:53 C'est qu'il l'aimait tellement qu'il l'a tuée.
00:57 Il suffit qu'on entende cette phrase pour en mesurer l'absurdité totale.
01:00 Or, pendant des années, c'était presque une circonstance atténuante.
01:03 C'était du genre, vous vous rendez compte, certes il a tué sa femme,
01:06 mais le pauvre est dans le chagrin et dans le deuil, on ne va pas en plus le condamner ou le condamner lourdement.
01:09 On découvre que les familles de victimes récupèrent les maisons, déjà très longtemps après, et elles les récupèrent en l'état.
01:14 Je l'ai absolument découvert en écrivant le livre, et pour tout vous dire, je n'y ai pas cru quand je l'ai découvert.
01:18 Toutes les maisons laissées sont posées dessus, et puis effectivement, 12 à 18 mois plus tard, on vous la rend.
01:23 Et quand on vous la rend, effectivement, personne n'a songé à nettoyer la scène de crime.
01:26 Et on vous dit "débrouillez-vous".
01:28 Et donc vous nettoyez le sang de votre mère.
01:30 Ça veut dire à quel point ces enfants sont les oubliés de l'histoire, à quel point ils sont laissés pour compte.
01:34 Et c'était pour ça que j'ai écrit ce livre.
01:36 J'ai présenté beaucoup ce livre, j'en ai parlé beaucoup, et c'est les femmes qui viennent me voir.
01:40 Les hommes ne viennent pas ou ils restent en retrait.
01:43 Je me dis qu'il y a l'échec.
01:45 Comment vous expliquez ça ?
01:47 Parce qu'ils ne se sentent pas concernés, parce qu'ils se disent "mais moi je ne suis pas violent".
01:50 Et sans doute ils ne le sont pas d'ailleurs.
01:52 Parce que c'est trop loin, parce que précisément, ils ont l'impression que c'est un problème de femmes.
01:56 Et tant que les hommes penseront que c'est un problème de femmes, on aura un vrai problème.
02:00 Parce que ce n'est pas un problème de femmes, c'est un problème de société, c'est un problème d'hommes.
02:04 Parce qu'encore une fois, ceux qui commettent l'irréparable, ce sont les hommes.
02:08 Les violents, ce sont les hommes.
02:10 Et puis j'ai vu ce qui se passait, en viral, sur les réseaux sociaux.
02:14 Il y a une femme qui se faisait photographier avec le livre, en disant "je suis en train de lire ce livre-là, lisez-le etc."
02:19 Je pense que pour les jeunes générations, ils entrent dans cette vie-là avec un rapport aux femmes,
02:23 dont je crois qu'il a été profondément modifié.
02:25 Parce que MeToo, parce que c'est public, parce qu'on en parle, parce qu'ils ne peuvent pas ne pas savoir.
02:30 Et parce que les femmes aujourd'hui n'intériorisent pas une infériorité.
02:35 Elles ne sont pas dans une logique à dire "oui bien sûr, je suis là pour être soumise à mon mari ou à mon conjoint".
02:39 Je pense que les jeunes générations, elles, elles seront débarrassées de cette suprématie toxique,
02:44 qui tue, qui finit par tuer.
02:47 Mais il nous faudra du temps.
02:49 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]