La bande de “Julie jusqu’à minuit” réagit au sondage Elabe pour BFMTV selon lequel 50% des Français estiment que le chef de l'État a trop soutenu l'acteur
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00:00 Florence Roy, c'est vous qui prenez le pouvoir en premse ce soir.
00:04 On va commencer par les suites de cette affaire Depardieu.
00:08 Il avait mitigé les Français sur la réaction d'Emmanuel Macron à l'affaire Depardieu.
00:13 Peut-être qu'on peut rappeler les propos, le 20 décembre dernier, d'Emmanuel Macron.
00:18 D'abord, on va les voir.
00:20 "Je suis un grand admirateur de Gérard Depardieu.
00:23 C'est un immense acteur. Il a servi les plus beaux textes.
00:26 C'est un génie de son art. Il rend fière la France."
00:29 Et puis il ajoute, "La Légion d'honneur n'est pas un ordre moral.
00:33 Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais, ce sont les chasses à l'homme.
00:37 Je déteste ça."
00:38 Ces mots, il les avait prononcés le 20 décembre dernier.
00:41 Et voilà donc ce qu'en pensent les Français.
00:44 Un Français sur deux qui estime qu'Emmanuel Macron a trop soutenu l'acteur.
00:49 Une personne sur deux, 50 %, donc qui estime que cette position-là a été décalée.
00:57 22 % disent qu'il a eu une opinion, des propos équilibrés.
01:01 Et 28 % disent qu'ils n'ont pas d'avis.
01:04 Ça ne passe pas ?
01:06 C'est la conclusion auprès des Français ?
01:08 Je pense qu'il faut faire de la pédagogie.
01:10 Il faut expliquer.
01:11 En fait, quand on écoute le président Macron, il a dit trois choses.
01:16 La première, il fait l'éloge de Gérard Depardieu en sa qualité d'acteur.
01:20 La deuxième, il rappelle un principe fondamental de la présomption d'innocence.
01:24 Et la troisième, il bannit toute chasse à l'homme.
01:27 Alors moi, je trouve qu'on ne peut qu'applaudir ces déclarations.
01:31 Mais ce qu'on lui reproche là, c'est de ne pas avoir un mot pour les victimes.
01:35 On peut rappeler la présomption d'innocence tout en disant,
01:37 comme il l'avait dit d'ailleurs il y a deux ans, "on vous croit".
01:40 Julie, la question des violences sexuelles et sexistes, c'est un fait.
01:45 On va la mettre de côté.
01:47 En ma qualité d'avocate, je ne remets pas en cause la gravité de ce que peuvent être
01:53 les violences sexuelles et sexistes, les difficultés que rencontrent les victimes
01:57 à déposer plainte, à ce que leur plainte soit recueillie,
02:00 qu'il y ait des poursuites.
02:02 Ce n'est pas la question.
02:04 Il faut bien expliquer aux gens qu'est-ce que la présomption d'innocence.
02:09 C'est permettre qu'une personne ne soit pas considérée coupable
02:14 tant qu'elle n'est pas définitivement condamnée.
02:16 C'est un premier point et c'est extrêmement important.
02:18 Pourquoi ?
02:19 Parce que demain, n'importe qui peut être accusé de choses ou d'autres
02:24 dans différents domaines, que ce soit dans différents cadres familiales.
02:30 On l'a vu, on a évoqué tout à l'heure l'affaire Delon,
02:33 enfin l'affaire Delon entre guillemets, les prémices,
02:36 mais on a évoqué l'affaire Halidé, etc.
02:40 Il y en a bien d'autres.
02:41 Ça veut dire quoi ?
02:42 Ça veut dire que nous pouvons être accusés de tas de choses
02:45 et qu'on sera bien content que la présomption d'innocence existe,
02:48 c'est-à-dire qu'on le soit, protégé par des garde-fous
02:51 qui sont notamment les droits de la défense, le secret de l'enquête,
02:55 le principe du contradictoire, et ne pas mêler, ce que je disais tout à l'heure,
02:59 l'opinion publique comme si elle était partie au procès.
03:02 On rappelle quand même que Gérard Depardieu est visé par trois plaintes,
03:05 deux en France, une en Espagne, et qu'il a été mis en examen
03:09 dans le cadre de l'une de ces plaintes déposées par Charlotte Arnoux.
03:12 Une réaction de Christophe Barbier sur ces mots d'Emmanuel Macron,
03:16 la réaction des Français qui disent, en gros, il n'est pas tellement à sa place
03:20 quand il dit ce genre de choses.
03:21 Lui, il visait qui quand il disait ça ?
03:23 Peut-être une partie de l'opinion un peu plus réactionnaire ?
03:26 Oui, il avait plusieurs buts politiques.
03:28 D'abord, quand même, on était en pleine polémique sur la loi immigration.
03:31 Il s'agissait aussi de faire des contrefeux et des diversions.
03:33 Deuxièmement, il voulait rétablir son autorité dans un gouvernement
03:36 troublé par cette même affaire d'immigration.
03:38 Et comme la ministre de la Culture avait dit, la Légion d'honneur doit être retirée,
03:42 il a rappelé que c'était lui qui décidait.
03:44 Troisièmement, il voulait s'adresser aussi à un électorat, sans doute un peu conservateur et âgé,
03:48 mais qui n'avait pas tellement pris parti pour de part Dieu,
03:51 qui était surtout un électorat angoissé de la chasse à l'homme.
03:55 La chasse à l'homme dont le président de la République a dit "je n'en veux pas".
03:57 Du côté, justement, on condamne sur les réseaux sociaux
04:00 avant même que la justice ait commencé son travail.
04:02 Et puis du côté aussi, néo-féminisme excessif,
04:05 c'est-à-dire tout homme cache un violeur qui s'ignore.
04:08 Une partie de l'opinion est effrayée par cette "wauquisation",
04:11 comme disent une partie des politiques de la société française,
04:14 et le président de la République est allé les chercher.
04:16 Il les a sans doute trouvés, puisqu'il y a quand même une partie des gens
04:19 qui trouvent que ses propos sont équilibrés.
04:21 Benjamin Duhamel rappelait tout à l'heure que quand on regarde le détail générationnel,
04:24 ce n'est pas si clair que ça.
04:25 Il y a des gens de toute génération qui trouvent que le président a mal parlé
04:28 ou n'a pas parlé assez bien de cette affaire.
04:30 Moi, je m'intéresse aussi aux 28% qui n'ont pas d'avis.
04:33 À mon avis, ce n'est pas parce qu'ils n'en ont pas parlé,
04:35 parce que qui a échappé à cette querelle de par-dieu
04:37 dans les discussions en famille pendant les fêtes ?
04:39 Non, c'est simplement que ce sont des gens qui ont entendu toutes les parties,
04:42 qui ont lu les tribunes,
04:44 qui sont d'accord avec une partie de chacune de ces tribunes,
04:47 en désaccord avec d'autres parties,
04:48 qui n'arrivent pas à se faire une opinion définitive,
04:50 mais qui ont été aussi à l'écoute de ce débat démocratique que l'on a eu.
04:54 Si on en sort avec l'idée qu'il faut accélérer le temps judiciaire
04:57 et permettre aux plaignantes d'être mieux entendues,
04:59 qu'il faut éviter toute chasse à l'homme et toute condamnation sociale
05:02 sur les réseaux du même nom,
05:04 et puis qu'il faut préserver à tout prix la présomption d'innocence,
05:07 on n'aura pas perdu notre temps.
05:09 - Papierre ?
05:10 - Non, moi je pense qu'il n'est pas possible de balayer le sentiment,
05:13 a priori, de ce sondage de 50% des Français
05:16 qui ne balaient pas la présomption d'innocence.
05:18 Ils ont quand même été choqués par les propos de Gérard Depardieu
05:23 qui ont été diffusés, et je crois que c'est ça,
05:26 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, la population dont je fais partie
05:29 ne se fait pas tout un déroulé sur les affaires, les plaintes et les viols,
05:34 mais ils ont assisté, comme tout le monde,
05:36 aux propos excessivement choquants et dégoûtants de Gérard Depardieu.
05:40 - Les propos d'en complément d'enquête, les propos mis au jeu.
05:42 - Notamment dans le cas de la Corée du Nord.
05:44 - Et Emmanuel Macron, ce qu'il a fait, c'est qu'il a commencé par les éloges,
05:49 c'est-à-dire que moi je vous le dis aussi en tant que féministe,
05:51 on n'attendait pas d'Emmanuel Macron qui revienne sur les victimes,
05:54 qu'il soit féministe ou que ce soit un homme d'État,
05:57 qui est représentant de la présomption d'innocence, et souvent il se tait.
06:00 Pareil, la question de la Légion d'honneur, en réalité, je m'en fiche de la Légion d'honneur.
06:04 - Il y a une procédure disciplinaire d'ailleurs qui a été engagée pour potentiellement l'élonger.
06:08 - Par contre, quand on en vient à faire ce type d'éloge,
06:10 notamment dans le monde de l'art et du théâtre,
06:12 c'est participer à quelque chose qui pendant des décennies,
06:16 et c'est le cas de Gérard Depardieu, a contribué à ce qu'on appelle l'omerta.
06:19 - Mais ça, vous n'avez aucune preuve. Vous n'avez aucune preuve.
06:21 - L'éloge contribue et dit aux femmes, taisez-vous.
06:24 - Il y a des dynamiques culturelles, que vous le voulez ou non, Florence.
06:27 - Non, non, mais je n'en ai pas trop.
06:29 - Je suis en échange pour des personnes qui ne respectent pas la présomption d'innocence.
06:32 - Mais qu'est-ce que vous en savez ?
06:33 - Parce que les 50% des Français ne respectent pas la présomption d'innocence.
06:36 - Si demain, vous êtes accusé, il me fait grave, et que des gens qui nous en veulent corroborent ce que qu'ils disent.
06:40 - J'espère que si je suis accusée, mon cas, mon homère ne sera pas à l'omerta en même temps.
06:44 - Mais c'est ça, la présomption d'innocence.
06:45 - Surtout, il ne soit pas instrumentalisé.
06:46 - Pas tout en même temps. Florence Roas ?
06:47 - Écoutez, il faut vraiment faire très attention à tout cela.
06:50 - Vraiment, j'insiste, parce qu'il ne faut pas qu'on rentre dans une société où l'opinion publique, la vindicte, devient, si vous voulez, la règle.
06:58 - C'est très, très grave.
07:00 - Vous savez, quand on pratique notre métier, on sait que l'opinion publique est l'ennemi d'une bonne justice, d'une justice sereine.
07:08 - Déjà, Mauro Djaferi, quand il défendait la bande d'abonnôs, il disait que l'opinion publique laissait là, dehors, cette prostituée qui tire le juge par la manche.
07:23 - C'est elle qui, au pied du Golgotha, tendait les clous au bourreau.
07:27 - C'est elle qui applaudissait au massacre de septembre, et un siècle plus tard, crevait du bout de son ombrelle les yeux des communards blessés.
07:35 - Vincent Mauro Djaferi, pourquoi il avait dit ça ? Parce que l'avocat général avait demandé la peine de mort pour satisfaire l'opinion publique.
07:43 - Donc l'opinion publique est l'ennemi d'une justice sereine et peut amener à des erreurs judiciaires.
07:50 - Mais un mot sur ce que disait Safia. Elle disait que le président de la République aurait pu s'en tenir, à juste rappeler la présomption d'innocence.
07:56 - Non, parce qu'il a raison. Il a raison. Il faut faire attention à la chasse à l'homme, à la lalie, à la meute.
08:03 - Il y a surtout autre chose. Et là je suis tout à fait d'accord avec ce que disait Christophe. Il y avait une volonté d'abord de faire une diversion.
08:12 - Est-ce qu'il a bien dosé la diversion ? C'est ça la question. Parce qu'en fait, il pensait qu'il fallait faire suffisamment de bruit pour éteindre la polémique sur l'immigration.
08:21 - Si le bruit, par contre, continue à durer aussi fort, peut-être qu'à un moment donné, il le regrettera. Mais en tout cas, c'était une diversion. Est-ce qu'elle a été suffisamment bien dosée ?
08:28 - Attention, la question, c'est facile. Parce qu'en fait, la question aussi du mépris, de la question du sexisme dans les milieux de pouvoir, elle est diversifiée, bien sûr.
08:36 - Vas-y, c'était cynique. Là où il a manqué de psychologie politique, c'est qu'il aurait dû en effet dire "j'ai entendu comme tout le monde les propos dans ce complément d'enquête sur la Corée du Nord,
08:45 j'ai trouvé ces propos choquants, néanmoins, Gérard Depardieu, etc., etc., sa carrière, etc., et la présomption d'innocence".
08:50 La manière dont il a présenté les choses donnait l'impression qu'il balayait ce qu'on avait entendu dans le complément d'enquête en jetant même le doute sur le montage, etc.
08:58 - Mais parce que ça a été le cas ! Parce qu'il ne va pas crier avec les loups, il a raison !
09:02 - Non, il n'avait pas crié avec les loups, mais il n'avait pas non plus...
09:05 - Parce que c'est le cas avec d'autres loups.
09:06 - Il a donné un peu l'impression que la vérité technique de ce reportage de complément d'enquête allait jouer en faveur de Depardieu, ce qui n'a pas été le cas dans les jours qui ont suivi.
09:16 - On ne sait pas si c'est en faveur ou en défaveur, et alors on voit que France Télévisions s'est contentée d'aller appeler un huissier, mais qu'est-ce que fait un huissier ? Il faut arrêter, ce n'est pas un expert !
09:25 - Là, ça devient dangereux, parce que là, on remet aussi en question le travail des journalistes qui sont des journalistes très sérieux.
09:29 - Un documentaire, vous le savez tous, ou une oeuvre de fiction, c'est un montage...
09:34 - Bien sûr, mais c'est le service public, il aurait pu être plus prudent, il aurait pu dire "il y a contestation sur ce documentaire, donc j'attendrai".
09:41 - Mais non, il a donné quand même un peu l'impression qu'il le balayait, et qu'à côté de la carrière de Gérard Depardieu, ça ne pesait pas.
09:48 - En plus, il a dit "Gérard Depardieu fait la fierté de la France", ce qui est incontestable au vu de sa carrière. Ce mot "fierté", il l'a remis au cœur de son message de vœux.
09:54 - Donc là, il y avait une sorte de court-circuit du message qui ne me semble pas d'une grande habileté politique.
09:59 - Ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron est puni par ses petites phrases et par sa communication, parfois un peu trop abondante.
10:06 - Louis XI disait "ma langue m'a coûté cher", il n'y avait pas la télévision à l'époque, je pense qu'Emmanuel Macron pourrait reprendre ce terme.