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00:00 Et on s'intéresse à celui de l'immobilier.
00:02 Comment s'est-il porté en 2023 dans notre département ?
00:05 Réponse justement avec la présidente de la Chambre des notaires de la Gironde,
00:08 qui est votre invitée, Thomas Coignac.
00:10 Bonjour Delphine Détrieux.
00:11 Bonjour Thomas.
00:12 Ces baisses de prix, c'est la fin d'une bulle qui est en train de se dégonfler sur l'immobilier girondin ?
00:18 Alors effectivement, nous avons vécu depuis trois ans des années folles,
00:22 avec des prix qui s'envolaient et des progressions à +10 par an depuis quasiment le Covid.
00:28 Et donc effectivement, aujourd'hui le marché a tendance à se stabiliser.
00:32 Et voilà, les prix se stagnent et baissent sur certains secteurs.
00:36 Enfin, vous parlez de baisse, mais tout est relatif.
00:38 On est sur des toutes petites baisses de prix.
00:40 Je ne pense pas qu'il y ait des effondrements de prix dans les mois à venir.
00:44 Mais effectivement, le marché se stabilise.
00:46 On revient à un niveau qui est plus normal ?
00:48 Il me semble, oui.
00:49 Il me semble d'autant plus qu'aujourd'hui, ce qu'il faut voir,
00:52 c'est qu'on a emprunté depuis trois ans des sommes importantes,
00:58 par appliquer au prix, qui étaient importantes aussi,
01:00 avec des taux qui étaient parfois inférieurs à 1% sur 25 ans.
01:05 Aujourd'hui, les taux augmentent et c'est toujours trop cher quand on emprunte.
01:10 Simplement, c'est quoi la normalité ?
01:12 Est-ce que c'est d'emprunter à moins de 1% sur 25 ans,
01:14 ou plutôt 3, 4, voire peut-être 5% sur 25 ans ?
01:18 Et ces taux qui augmentent, c'est une chose.
01:20 C'est que ce sont les banques aussi qui sont frileuses pour faire des crédits ?
01:23 Absolument. Aujourd'hui, ils demandent parfois des apports personnels importants.
01:27 Et c'est vrai que dans cette situation où le marché se tend un petit peu,
01:30 les premières victimes sont les primo-accédants,
01:32 qui n'ont pas parfois l'apport suffisant pour pouvoir faire leur première acquisition.
01:36 Donc il faut que les banques jouent davantage le jeu ?
01:37 Absolument.
01:38 Vous avez des discussions avec eux ?
01:40 Non, nous, la Chambre des notaires, et en tout cas le Conseil supérieur du notariat,
01:43 je ne pense pas qu'il y ait des discussions particulières avec les banques.
01:46 Ce sont des choses qui nous dépassent.
01:47 C'est au niveau des pouvoirs publics.
01:49 Et effectivement, toute la filière de l'immobilier attend un geste fort des pouvoirs publics
01:54 sur le premier semestre 2024,
01:56 pour créer la relance et en tout cas la confiance dans les candidats à l'acquisition immobilière.
02:01 Le marché de l'immobilier en Gironde, on en parle ce matin avec notre invitée,
02:04 la présidente de la Chambre des notaires de la Gironde, Delphine Détrieu est notre invitée.
02:08 Les pouvoirs publics, vous le disiez, on va avoir probablement dans les prochains jours
02:11 un troisième ministre du logement en un an et demi.
02:14 C'est compliqué d'avoir une continuité.
02:16 Qu'est-ce que vous voulez dire à celui ou celle qui va arriver ? Qu'est-ce que vous en attendez ?
02:20 On en attend effectivement un signal un petit peu fort.
02:23 Et ce que je disais à l'instant, de relancer un petit peu l'activité
02:26 et surtout la confiance dans les candidats acquéreurs.
02:29 Simplement, aujourd'hui, c'est une problématique puisque,
02:31 et je pense qu'il y aura des contraintes qui seront obligées de mettre en place,
02:34 même si ça ne leur convient pas.
02:36 Mais on ne pourra pas laisser le marché en l'état.
02:39 Aujourd'hui, il y a beaucoup d'immobilier neuf qui n'est pas sorti,
02:42 des autorisations de construire qui n'ont pas été données sur les dernières années, les derniers mois.
02:46 Et comme j'ai tendance de dire, le boulanger qui n'a pas vendu son pain la veille
02:50 ne va pas vendre deux fois de plus de pain le lendemain.
02:52 Et donc l'immobilier qui ne sera pas sorti, qui n'aura pas été vendu
02:55 dans les dernières semaines, dans les derniers mois,
02:57 on ne va pas vendre le double et on ne va pas construire le double dans les prochaines années.
03:00 Donc effectivement, il y a un signal fort à donner des pouvoirs publics
03:04 sur la filière immobilière dans les prochaines semaines.
03:07 Puisque, effectivement, dans deux, trois ans, on va avoir une problématique de logement.
03:10 - Pour relancer aussi le nombre de ventes, puisqu'on parlait des prix,
03:13 le nombre de transactions, alors ça ce sont des chiffres nationaux,
03:16 il a baissé de 18% en gros entre septembre 2022 et septembre 2023.
03:20 Ça vous inquiète ça ?
03:22 - Alors le volume forcément inquiète, je pense que la baisse de volume,
03:25 mais simplement, je pense qu'une fois que le marché va être stabilisé
03:29 et que la confiance va être revenue, c'est une activité qui va reprendre.
03:32 Après, on a eu des années folles, comme je l'ai dit,
03:34 donc forcément, ça a augmenté les prix, mais ça a augmenté aussi les volumes.
03:38 Nous, dans nos propres offices en Gironde, mais France entière,
03:41 c'est exactement le même constat, c'est qu'on a dû se staffer énormément
03:45 pour pouvoir absorber la hausse de volume.
03:51 Aujourd'hui, on est dans une situation de volume qui est quasiment revenue
03:55 avant Covid, donc à une situation normale.
03:59 - D'ailleurs, rapidement, Delphine Destreux, vous disiez "on a dû recruter".
04:02 Est-ce que cette baisse de volume, ça veut dire moins de frais de notaire,
04:04 moins de rentrée d'argent ?
04:06 Les cabinets, les offices de notaires sont en difficulté ?
04:09 - Pour moi, la première personne qui est en difficulté,
04:12 c'est les départements, les collectivités locales,
04:15 qui effectivement, les droits de mutation, c'est 90% de taxes.
04:18 Donc, les premières victimes, ce sont bien évidemment les collectivités locales.
04:22 Après, bien évidemment, il y a les notaires.
04:24 Après, on a eu des belles années.
04:26 Je ne suis pas là pour me plaindre du tout, au contraire.
04:29 Ça va stabiliser et nos entreprises survivront, il n'y a aucun doute.
04:34 Simplement, effectivement, ça nous demande, nous, en tant que chefs d'entreprise,
04:37 d'arbitrer, de tenter de réduire nos charges quand on peut le faire.
04:42 Et puis, voilà, c'est une situation.
04:45 Il y en a eu d'autres avant et on passera le cap.
04:47 - Voilà, donc un bilan pas si mauvais que ça.
04:49 C'est ce que vous dites ce matin, Delphine Destreux,
04:51 présidente de la Chambre des notaires de la Gironde.
04:53 Merci d'avoir été avec nous. Bonne journée à vous.