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Pourquoi les gens ne votent plus ? Parce qu'ils mangent et se divertissent !
C'est en substance le propos d'un petit livre choc, écrit par un montpelliérain, Nicolas Vidal, fondateur de Putsh.Media, un média culturel indépendant, créé il y a maintenant une dizaine d'années.
Son livre s'intitule: "Lettre aux autruches et aux tubes digestifs".
Les autruches font référence à ceux qui se cachent la tête dans le sable pour ne pas voir la réalité en face.
Et les tubes digestifs à ceux qui consoment, consoment, et consoment, sans se poser les vraies questions sur les maux de notre société.
Un livre qui pendant les fêtes s'est visiblement vendu comme des petits pains puisqu'il a été en tête des ventes des livres politiques sur Amazon.
On en parle donc avec son auteur, Nicolas Vidal.

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Transcription
00:00 - Guillaume, nouvel invité dans le studio de France B.E.E.R.O. ce matin,
00:04 pour parler d'un petit livre-choc, écrit par un Montpellierain ?
00:07 - Déjà on va donner son titre, "Lettres aux autruches et aux tubes digestifs".
00:12 Ça vous inspire quoi, vous Vivian ?
00:14 - Je me dis déjà, le mec est un peu original.
00:16 - On va voir si c'est le cas ou pas.
00:18 - C'est le genre de mec qui peut avoir un t-shirt avec écrit "Liberté, Égalité, Beyoncé".
00:22 - Exactement. Bonjour Nicolas Vidal.
00:25 - Bonjour Guillaume Rouland et merci de me recevoir dans mon studio.
00:28 - Merci à vous d'être venu. Vous êtes rédacteur en chef et cofondateur,
00:31 un vrai Montpellierain déjà pour commencer, il faut le dire.
00:33 Ni moi d'origine, mais Montpellierain depuis plus d'une fin, de cœur.
00:37 Fondateur et rédacteur en chef de Pooch Media.
00:41 Pooch Media c'est un média indépendant, culturel, en ligne,
00:45 que vous avez lancé il y a une dizaine d'années.
00:47 - Oui, qui est devenu un peu plus politique et société, je ne vous cache pas,
00:49 ça fait depuis début 2018.
00:51 Voilà, donc on prend beaucoup plus de sujets,
00:53 et surtout on fait vivre le débat,
00:55 et c'est d'ailleurs l'objet du livre, le débat.
00:57 - On va revenir au livre. Vous êtes devenu un site un peu plus politique,
01:01 parce que vos interventions sont nombreuses dans les médias,
01:03 ou à travers des vidéos YouTube.
01:05 On peut vous qualifier aussi un peu de YouTuber ?
01:07 - Oui, bien sûr.
01:09 - Non, non, non.
01:11 Vous bouffez un peu du Macron tous les matins au petit déjeuner quand même, non ?
01:15 - Je bouffe de la destruction de la France, oui, surtout.
01:17 Voilà, c'est surtout ça que je bouffe,
01:19 que ce soit Macron ou Moscovici ou d'autres,
01:21 oui, je bouffe effectivement, je suis contre la destruction de la France,
01:23 et je ne comprends pas qu'on puisse avoir cette ligne dans ce pays-là.
01:27 Voilà, en tant qu'éditorialiste, bien sûr,
01:29 puisque je peux recevoir des gens qui sont aussi pro-néolibéraux.
01:33 - Et destruction de la France, parce que donc,
01:35 effectivement, vous signez et vous éditez ce livre intitulé, je le rappelle,
01:39 "Lettres aux autruches et tubes digestifs",
01:41 alors "autruches", ça fait référence à ceux qui effectivement se cachent la tête dans le sable
01:45 pour ne pas voir la réalité en face,
01:47 et "tubes digestifs", c'est en fait la société de consommation,
01:51 que vous dénoncez.
01:53 Le propos de ce livre, c'est quoi ?
01:55 C'est d'expliquer, alors, d'expliquer pourquoi les gens ne votent plus,
01:58 parce qu'il y a un taux d'abstention en France qui est considérable, on le sait,
02:01 mais pourquoi ils ne votent plus, mais les conséquences que ça peut avoir,
02:05 selon vous, je dis bien "selon vous",
02:07 à court ou moyen terme ?
02:09 - C'est, à un moment donné, c'est une dépossession de notre démocratie, concrètement,
02:12 parce que ça fait 30-40 ans qu'il y a toute une partie de la population,
02:15 et là, je vous concible le propos immédiatement.
02:17 Je parle des classes moyennes, classes moyennes supérieures.
02:20 Les gens qui ont encore un peu d'argent,
02:22 ceux qui ont encore un peu d'épargne, ceux qui peuvent partir en vacances,
02:25 ceux qui ont encore des loisirs, ceux qui peuvent prendre des cartes dans des clubs de sport,
02:28 et concrètement, cette partie de la population,
02:30 ils sont devenus délibérément des consommateurs, littéralement.
02:34 C'est-à-dire qu'ils se sont totalement désincardés de la nation,
02:37 ils ne se sentent plus comme citoyens, ils ne vont plus voter,
02:39 mais on peut en discuter de l'abstention, parce qu'il y a une part aussi d'actes politiques d'abstention,
02:43 mais ils ne vont plus voter parce qu'ils estiment, Guillaume Rouland,
02:46 que leur vie, finalement, n'est pas gérée par la politique.
02:50 Ils ne s'intéressent pas à la politique, donc ils partagent ce propos-là.
02:52 - Ils le disent, ils le reconnaissent.
02:54 - Ce qui est gravissime, c'est que finalement, ils disent "la politique ne m'intéresse pas",
02:57 mais ça veut dire aussi que la politique ne s'intéressera pas à moi.
03:01 Et dans ce sens-là, c'est gravissime,
03:03 parce que ça veut dire qu'ils sont totalement désincarnés,
03:06 ce sont des âmes, ce qu'on appelle la société liquide,
03:08 et qui permet aussi à notre classe politique de faire un peu ce qu'elle a envie.
03:14 - Et c'est complètement, je crois qu'il ne vous aura pas échappé,
03:16 les 23, 49, 3 que nous avons eus, d'Elisabeth Borne d'ailleurs,
03:19 qui est en train de partir de Matignon.
03:21 Donc ça aussi, voyez-vous, c'est problématique,
03:24 parce qu'une nation ne peut pas se faire qu'avec des consommateurs et des tout digestifs,
03:28 c'est impossible, et la démocratie est en train de mourir de ça.
03:32 - Vous dites que c'est les 30 glorieuses qui ont restauré ça, le tout consommation,
03:36 vous dénoncez ce que vous appelez une caste sans foi ni loi,
03:39 qui est en train de saccager, dites-vous, la dignité du peuple français.
03:42 - Tout à fait.
03:44 - C'est pas le moins violent, il y a des choses plus violentes que je vais citer.
03:46 Ça veut dire quoi, saccager la dignité du peuple français ?
03:49 - Je pense qu'on a remis la démocratie au placard, je vous rappelle 2005,
03:53 traité constitutionnel, je vous rappelle 2008,
03:56 le passage en force de Nicolas Sorge, du moins au Parlement, du traité Lisbonne,
04:00 c'est-à-dire que les Français avaient voté non en 2005 contre le traité constitutionnel,
04:04 qui aujourd'hui pèse lourdement, chers amis, dans notre démocratie,
04:07 dans notre avenir économique, et la classe politique, droite et gauche confondue,
04:11 c'est outre le sacro-saint référendum du peuple français, de sa décision.
04:16 Et depuis ce moment-là... - Il n'y a plus de référendum.
04:18 - Voilà, et depuis le référendum, biome roulant.
04:20 Ça veut dire plus de démocratie, finalement,
04:22 parce que le peuple souverain avait décidé,
04:24 et la classe politique, dans son ensemble, a décidé d'autres choses.
04:27 Donc vous voyez bien qu'il y a une divergence d'intérêts entre une caste,
04:31 moi je l'appelle ça la caste politique, et les aspirations du peuple français,
04:34 et aujourd'hui on voit les ravages de ce que ça donne en termes de démocratie,
04:38 j'ai parlé des 49.3, des 23.49.3, de la situation économique dramatique de ce pays,
04:43 je ne crois pas avoir souvenir d'avoir vécu, sur ces 60 dernières années,
04:47 une situation économique aussi terrible pour le mien.
04:50 - Depuis 500 ans, peut-être pas, effectivement.
04:51 On va revenir là-dessus, Nicolas Vidal.
04:53 Donc vous dénoncez le brouhaha, notamment des jeux télévisés,
04:56 une société du spectacle, les grands événements sportifs,
05:00 qui permettent de détourner l'attention, dites-vous,
05:02 c'est la fameuse Maxime, des jeux et du pain,
05:04 et pendant ce temps-là, il ne s'occupe pas de nous.
05:07 - Exactement, c'est juvénal, c'est le poète romain, c'est du pain et des jeux.
05:11 C'est exactement ça, c'est-à-dire qu'on essaye de détourner,
05:14 et de vider les Français, du moins ces citoyens-là, ou ces Français-là,
05:18 de la substance de leur avenir de citoyen, de leur avenir politique,
05:23 de leur avenir démocratique, donc c'est toujours pareil,
05:25 on leur file du pain et des jeux, alors les jeux il y en a encore,
05:28 cher Guillaume Rouland, mais du pain il y en a de moins en moins, voyez-vous,
05:31 il y en a de moins en moins, donc il y a aussi des gens qui sont en train de basculer.
05:34 Mais oui, et la télévision, vous l'évoquiez aussi,
05:37 c'est un abrutissement prémédité des Français.
05:41 On a une télévision qui a appauvri énormément le niveau intellectuel,
05:45 qui a aussi appauvri le langage, et qui a appauvri aussi le libre-arbitre,
05:49 la capacité de se poser des questions, comme j'imagine que c'est le cas ici,
05:52 dans les émissions que vous faites, vous invitez, on se pose des questions,
05:55 on débat, et ça aujourd'hui, ça a été délibérément fait,
06:00 et notamment aussi la télévision, mais le deuxième versant qui est intéressant,
06:04 c'est l'éducation nationale.
06:05 - Alors justement, je vais vous raconter deux-trois choses, effectivement,
06:07 sur lesquelles j'aurais qu'on s'arrête. L'éducation nationale, vous dites,
06:09 parler d'effondrement, carrément, niveau catastrophique,
06:12 accompagnement pédagogique déplorable, faillite des apprentissages,
06:16 vous dites, le bac est devenu une véritable mascarade, et tout part de là.
06:20 - Et l'éducation. - Oui, tout part de là.
06:22 Regardez une info qu'on a eue hier ou avant-hier,
06:25 il y a je ne sais pas combien de proportions d'élèves
06:27 qui ne savent pas dater la Révolution française.
06:30 Vous voulez qu'on regarde les classements PISA ?
06:32 Je vous invite, chers auditeurs, à aller voir le classement PISA de la France.
06:34 - On en a parlé. - Oui, j'imagine.
06:36 - On a même eu une ministre à cette même place ici.
06:38 - Eh bien très bien, très bien.
06:39 Mais vous voyez qu'à un moment donné, c'est des éléments objectifs
06:43 sur cet effondrement-là. Et à quoi servait l'école républicaine ?
06:47 D'ailleurs, je rappelle toujours qu'avant, c'était l'instruction républicaine,
06:50 nous n'avons pas l'éducation nationale.
06:52 Et je veux dire, à partir du moment où vous n'êtes plus en capacité
06:54 de fonder des citoyens, de former, pardon,
06:58 il n'y a qu'un esprit républicain, du moins qu'un libre-arbitre,
07:00 une connaissance minimale, une connaissance d'un pays,
07:03 vous allez vers quoi, Guillaume Roland ?
07:04 Vous allez vers la démocratie IKEA.
07:06 Vers une véritable démocratie IKEA, où les gens ne pensent qu'à consommer
07:09 et ils n'ont plus de structure, ils n'ont plus de repères,
07:12 ils n'ont plus suffisamment de langage et de sémantique
07:14 pour pouvoir ne serait-ce que s'exprimer,
07:16 comprendre et pouvoir débattre et se faire en tant que citoyen.
07:20 - Alors à propos d'IKEA, vous parlez aussi beaucoup des gilets jaunes dans votre livre.
07:23 Alors je dis que votre livre, on le lit très vite, c'est 45 pages.
07:26 - Oui, ça prend une... ça dépend de sa capacité de lecture,
07:29 mais ça se lit très bien et très vite.
07:31 Alors les gilets jaunes, vous dites, qu'est-ce qui le fait rire ?
07:33 - Oui, bien sûr, ça dépend si on sait lire ou pas, oui.
07:35 - C'est 16 lectures, c'est ça que je voulais dire.
07:37 Je l'ai lu en une demi-heure, voilà, je ne sais pas si c'est rapide ou long, peu importe.
07:40 Les gilets jaunes, vous dites, on a manqué un rendez-vous historique.
07:43 - Oui, oui, oui. Je pense franchement que d'ailleurs,
07:46 c'est devenu, les gilets jaunes aujourd'hui,
07:48 tous les hommes politiques parlent des gilets jaunes.
07:50 C'est un véritable cap, une référence à la Ve République,
07:53 de cette population de Français en colère,
07:55 moi je parle plutôt de Français en colère,
07:57 qui se sont rendus compte à un moment donné de quoi ?
07:59 Ils se sont rendus compte de leur déclassement économique,
08:01 disons, Roland, leur déclassement économique.
08:03 Ils ont bien senti qu'à un moment donné,
08:04 ils étaient en train de tomber dans l'échelle sociale.
08:06 Et ils ont fait le lien avec quoi ?
08:08 Ils ont fait le lien avec la classe politique.
08:10 Et je ne vais pas vous rappeler 2005, on en a parlé,
08:12 je ne vais pas vous rappeler tous les traités libre-échange
08:14 et la politique de l'Union Européenne
08:16 et la fin de la démocratie.
08:18 Ce qui est intéressant chez les gilets jaunes,
08:19 pourquoi c'est important ?
08:20 Parce que ce sont des Français comme vous et moi,
08:22 Guillaume Roland, qui ont fait à un moment donné le lien
08:24 entre leur déclassement économique
08:26 et l'acte politique,
08:28 les politiques étaient menés.
08:30 Donc ils sont sortis dans la rue,
08:31 puisqu'ils se sont dit qu'électoralement,
08:33 finalement, à quoi ça servait ?
08:34 Quand vous n'avez plus le référendum,
08:36 et que vous avez finalement pendant chaque 5 ans
08:38 un vote qui se passe,
08:40 pour élire au suffrage universel le Président de la République,
08:43 qui viennent à peu près de tout la même caste
08:45 et qui vont mener à peu près la même politique.
08:47 Donc à un moment donné, que vous reste-t-il ?
08:49 - J'aurais beaucoup d'autres questions,
08:51 mais j'en ai deux pour finir, il faut qu'on fasse vite.
08:53 La première question est la suivante.
08:55 Est-ce que vous êtes un décliniste ?
08:56 - Pas du tout.
08:57 Ce livre-là est le contraire absolu du déclinisme.
08:59 Vous l'avez dit, c'est un livre violent,
09:01 brutal, à bien des égards,
09:02 et justement, c'est pour essayer de secouer les gens
09:04 qui sont en ce moment en train de ne pas très bien comprendre
09:07 ce qui se passe.
09:08 Et pour leur dire, il faut vite reprendre notre pays en main,
09:10 et ça veut dire qu'à un moment donné,
09:11 il faut que vous vous renseignez,
09:13 et il faut agir très vite.
09:14 - Et deuxième question, elle est un peu cache aussi, Nicolas Vidal.
09:17 Est-ce que vous êtes un complotiste ?
09:18 Parce que je lis vos lignes sur la crise sanitaire,
09:21 vous parlez de fin de liberté individuelle,
09:23 obligation vaccinale déguisée,
09:24 entrave à la liberté de se déplacer,
09:26 et vous parlez même de chantage ignoble
09:29 à la citoyenneté avec le vaccin.
09:31 Vous êtes vacciné ou pas ?
09:32 - Non, je ne suis pas du tout vacciné,
09:34 mais c'est un choix.
09:35 Oui, mais vous avez raison, et je vous réponds.
09:37 Et je pense qu'effectivement, ça a été un cas,
09:39 pour répondre très vite à cette question,
09:40 parce que ce que nous avons vécu pendant le Covid,
09:42 c'est l'utilitarisme des gens,
09:44 de certaines personnes qui sont allées se faire vacciner,
09:46 simplement pas parce qu'ils croyaient au progrès de la science,
09:49 simplement parce qu'ils voulaient être utilitaristes,
09:52 retourner au bar, retourner au club de sport,
09:54 retourner faire des restos.
09:56 - Égoïsme personnel.
09:57 - Exactement, c'est un égoïsme personnel,
09:58 et c'est dans ce sens-là, à un moment donné,
10:00 qu'il fallait bien comprendre
10:01 que ce qui allait se passer collectivement,
10:03 c'est qu'en adhérant à ces mesures,
10:06 à ces injonctions,
10:07 on allait finalement aller vers plus de fin de liberté individuelle,
10:11 plus de fin de liberté collective,
10:12 et franchement, lier la citoyenneté à la vaccination,
10:15 comme l'a fait Emmanuel Macron,
10:16 et d'autres, c'est absolument un scandale,
10:18 parce qu'en termes de citoyenneté,
10:19 Emmanuel Macron n'a pas de leçon à nous donner.
10:21 - Lettre aux autruches et aux tubes digestifs,
10:23 ça cartonne sur Amazon,
10:24 vous avez même été en tête,
10:25 livre politique pendant les fêtes,
10:27 là vous êtes toujours dans le top.
10:28 Donc voilà, merci d'être venu nous en parler,
10:31 ce matin avec votre franc parlé.
10:33 - Merci de m'avoir reçu.
10:34 - Nicolas Vidal, merci, bonne journée à vous.
10:36 - Et vous pouvez réécouter tout ça
10:37 en allant sur notre site internet francebleu.fr.
10:40 Dans un instant, la petite histoire du jour,
10:42 on va remonter en 2003,
10:44 on va partir du côté de Lunel, je crois,
10:46 lors des inondations de septembre 2003,
10:48 avec Léopoldine Dufour.
10:49 D'abord, musique,
10:50 avec Tina Turner et GoldenEye.

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