Dans le cadre de la Responsabilité élargie du producteur (REP), l’éco-organisme Refashion (anciennement ECO TLC), éco-organisme de la filière textile, linge de maison et chaussures, a mis en place un bonus réparation pour les vêtements et chaussures. Grâce à un réseau de retoucheurs et cordonniers labellisés, les consommateurs bénéficient d’une réduction appliquée directement au moment du paiement. Un dispositif au service de l’écologie et du pouvoir d’achat.
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00:06 Bonjour Elsa Chassagnette, bienvenue.
00:08 Bonjour.
00:08 Vous êtes donc la responsable du fonds Réparation de Refashion.
00:11 C'est un éco-organisme, société privée à but non lucratif.
00:16 Quand et surtout pourquoi il a été créé ?
00:18 Alors le bonus Réparation, il existe chez Refashion depuis janvier dernier, donc il y a un an.
00:24 Et il existe aussi depuis décembre 2022 chez nos homologues de l'électroménager, pour les appareils électroménagers.
00:32 Nous on est vraiment sur la filière textile, linge de maison, chaussures.
00:35 Et donc il existe pour encourager les Français et les Françaises à faire réparer leurs vêtements et leurs chaussures au lieu de jeter.
00:42 Le bonus Réparation, on va expliquer ce qu'est le dispositif, mais si on explique ce qu'est cet éco-organisme,
00:49 qui la finance, quel secteur, quelle société sont représentées dans un éco-organisme ?
00:53 Le principe d'un éco-organisme, c'est de répondre à ce qu'on appelle une filière REP, Responsabilité Élargie du Producteur.
00:58 C'est le principe du pollueur-payeur.
01:00 Donc c'est en gros les marques et les distributeurs qui vendent en France, pour notre cas, des chaussures et des vêtements,
01:07 sont taxés, c'est une sorte de taxe, mais qui ne passe pas par l'État, qui passe directement chez Refashion.
01:12 Donc on collecte et on redistribue cet argent pour gérer la fin de vie des produits de la filière.
01:18 Ça représente quel budget ?
01:20 Sur le fonds Réparation, nous on a 154 millions sur 6 ans.
01:23 D'accord, 154 millions d'euros alloués sur la période 2023-2028.
01:28 On va voir ce chiffre et donc ce bonus Réparation.
01:32 Nouveau dispositif lancé il y a quoi, il y a deux mois ? C'est ce que vous expliquez.
01:36 C'est un peu trop tôt pour faire un bilan, on va expliquer comment ça fonctionne, comment ça marche.
01:39 Effectivement, on l'a lancé début novembre, donc c'est un peu tôt, mais on a déjà des premiers chiffres qui sont intéressants.
01:45 Comment ça marche ? En pratique, c'est très simple.
01:47 C'est-à-dire qu'en tant que consommateur, on ouvre son placard, on constate qu'on a un pull qu'on a depuis deux ans,
01:53 qu'on n'a pas mis parce qu'il y a un trou.
01:55 Et en fait, il y a juste un petit effort à faire, c'est d'identifier un réparateur.
01:59 Donc on va sur le site bonus-réparation.fr où il y a la carte avec tous nos réparateurs labellisés.
02:04 On identifie celui qui est le plus proche de chez nous ou bien la solution digitale,
02:07 parce qu'on a de plus en plus d'acteurs aussi qui se mettent sur le sujet du digital pour la réparation.
02:12 Donc ça veut dire que dans ce cas-là, on ne se déplace pas vers le réparateur ?
02:15 On fait par correspondance, ce qui est très pratique pour les zones blanches.
02:18 Et une fois chez notre réparateur, tout simplement, il va nous dire un trou dans un pull, c'est 12 euros chez moi.
02:25 Vous avez un bonus de 7 euros, il vous reste 5 à payer.
02:27 Donc en tant que client, on paye nos 5 euros, on s'en va.
02:30 Et de son côté, le réparateur nous dit à nous, Refashion, qu'il a avancé effectivement 7 euros pour son client et on lui rembourse.
02:36 Alors côté artisan, on reviendra à l'intérêt évidemment pour les consommateurs, les citoyens.
02:41 Mais il y a toujours, quand on a des dispositifs comme ça, la question de la rapidité des organismes à reverser l'argent.
02:46 Comment ça se passe ?
02:47 Alors c'est vrai que ça a été une des craintes des artisans et sur lesquelles il a fallu beaucoup les rassurer.
02:53 Et le lancement nous a permis de le faire.
02:55 Nous, en fait, le dispositif, on l'a complètement travaillé avec et pour les artisans,
02:59 puisque dès le départ, on a intégré les fédérations artisans dans nos groupes de travail.
03:04 Et techniquement parlant, nous, le remboursement, on pouvait faire ce qu'on voulait.
03:07 C'était du paramétrage informatique.
03:09 Et donc on a beaucoup discuté avec eux.
03:11 Au début, on avait envisagé un remboursement assez basique,
03:13 c'est-à-dire le réparateur nous déclare qu'il a fait une avance de trésorerie, on le rembourse.
03:17 Il déclare, on rembourse, etc.
03:19 Et on s'est rendu compte assez vite que d'un point de vue comptable,
03:21 ça allait être compliqué à gérer d'avoir plein de petits virements qui apparaissaient.
03:24 Donc en accord avec le métier, on a tout simplement décidé de faire un remboursement à la fin du mois.
03:28 Donc les réparateurs déclarent pendant le mois les bonus.
03:31 À la fin, on fait une synthèse et on les rembourse dans les quelques jours qui suivent.
03:34 - Combien de pièces sont réparées aujourd'hui ?
03:36 Et puis surtout, quel est l'objectif de Refashion ?
03:39 - Alors en deux mois, on a réparé un peu plus de 50 000 pièces.
03:44 On a fait un peu plus de 50 000 réparations.
03:45 Je ne peux pas encore vous dire exactement combien ça représente de chaussures ou de vêtements,
03:49 mais en tout cas, on a sponsorisé 50 000 réparations.
03:53 C'est un très, très bon démarrage.
03:54 Et on a un objectif qui est de 21,6 millions de pièces réparées en 2028.
04:01 Donc a priori...
04:02 - Dans l'année 2028 ?
04:03 - D'ici à 2028.
04:04 - Ou sur la totalité de la période ?
04:05 - Il y a une étude de l'ADEME qui a mesuré qu'il y avait eu 19 millions de pièces réparées en 2019.
04:11 Donc ils nous ont donné un objectif de plus de 35 %, ce qui nous amène à 21,6 en 2028.
04:15 - 83 % des Français sont disposés à faire réparer leurs vêtements ou leurs chaussures.
04:22 Donc ça, c'est le déclaratif.
04:23 On peut dire que les Français sont demanders.
04:26 Est-ce qu'il s'agit tout simplement de retrouver des réflexes perdus ?
04:28 - Oui, parce que...
04:29 - Parce que quand on décrit ce que vous dites, on a fait ça.
04:32 Et d'ailleurs, certains continuent de le faire.
04:33 - Effectivement, les 83 %, ils sont intéressants.
04:38 Maintenant, ce qu'on sait aussi, c'est qu'en fait, 3 Français sur 4 ont déjà déclaré avoir jeté quelque chose qui pouvait faire réparer.
04:44 - On a tous nos contradictions en matière environnementale.
04:46 - Donc le but du jeu, effectivement, c'est du fonds réparation plus largement, pas juste du bonus.
04:51 Le bonus, c'est d'encourager, par un biais financier, à les faire réparer.
04:57 Mais on a aussi tout un travail plus large que ça.
04:59 C'est-à-dire que faire connaître le réseau de réparateurs pour, effectivement,
05:03 simplement, quand on a besoin de faire réparer, qu'on ne se trouve pas face à un vide
05:07 et qu'on ait un peu le réflexe de dire « oui, je vais aller voir le cordonnier, je vais aller voir le retoucheur ».
05:11 Donc on a tout un travail de sensibilisation, effectivement, lié à des commerces de proximité,
05:16 à travailler avec les collectivités, avec les chambres de métiers d'artisanat, etc., pour, en local, redynamiser tout ça.
05:22 - Mais est-ce qu'il n'y a pas une sorte d'effet d'aubaine ?
05:24 C'est-à-dire que de toute façon, les gens, ils les auraient fait réparer, ces objets ?
05:28 Une paire de chaussures, on la fait réparer, un pull avec un trou, on le fait réparer. Pas tant que ça, en fait ?
05:32 - Pas tant que ça parce qu'on a fait faire des études consommation avant de se lancer
05:37 et on s'est rendu compte que si le coût de la réparation représentait plus d'un tiers du prix du vêtement neuf,
05:42 ou de la chaussure neuve, il ne se passait rien.
05:45 Donc il y a vraiment ce frein qui est là et le bonus réparation intervient pour lever ce frein-là, effectivement.
05:51 À partir du moment où on pousse à réparer moins cher, on répare plus, au lieu d'acheter du neuf.
05:56 Et on le voit sur les premiers clients.
05:58 - Et c'est quoi ? C'est les forfaits ? C'est un pourcentage du montant de la réparation ?
06:02 - C'est un montant fixe, basé sur une étude de prix qu'on a fait au National.
06:07 Donc ça va de 6 à 25 euros suivant les réparations éligibles.
06:10 Et ce sont des montants qui sont cumulables.
06:12 Donc si sur un même vêtement, on a deux réparations à faire, on peut bénéficier de plusieurs bonus.
06:17 - Alors on peut dire que c'est un dispositif, il faut parler des contradictions des uns et des autres,
06:21 qui est à l'opposé de l'ultra fast fashion, qu'on appelle parfois la mode jetable.
06:26 Et on voit que cette mode jetable, elle séduit beaucoup les ados.
06:30 Donc est-ce que c'est ce public-là que vous visez aussi ?
06:33 Est-ce qu'il est plus difficile à toucher que les autres, d'une certaine façon ?
06:36 - Nous, on vise tout le monde.
06:38 Parce que par principe, tout comme on vise toutes les catégories de produits, on vise tout le monde.
06:44 Maintenant, il y a effectivement des choses qu'on va aller chercher un peu plus finement.
06:49 On a fait le choix, par exemple, de subventionner le ressemblage de sneakers, de baskets.
06:54 On sait qu'aujourd'hui, la basket, c'est plus de 50% de ce qui est vendu en France.
06:58 Donc évidemment, il y a une cible sneakers à aller chercher, et donc potentiellement une cible jeunesse.
07:02 Et en fait, c'est par le biais, effectivement, de réparations un peu ciblées comme ça,
07:06 qu'on va aller toucher un public qui n'a peut-être plus l'habitude,
07:09 ou pas l'habitude du tout d'ailleurs, d'aller faire réparer.
07:11 - Parce que le succès de l'ultra fast fashion, c'est le prix.
07:15 On est bien d'accord. C'est la répétition des collections, si on peut appeler ça comme ça, et le prix.
07:21 Donc c'est tellement peu cher qu'on n'est pas dans une logique de réparation. On est bien d'accord ?
07:26 - On n'est pas dans une logique de réparation si on ne pense qu'au prix.
07:30 Mais il y a un facteur émotionnel qui est dur à mesurer.
07:33 - L'attachement à un vêtement.
07:35 - L'attachement émotionnel qu'on peut avoir à une paire de vêtements, une paire de chaussures ou un vêtement,
07:39 qui va aussi impacter le choix de décision de la réparation ou pas.
07:43 Donc c'est pour ça que plus on fera connaître le réseau de réparateurs, leur savoir-faire,
07:46 qu'on sensibilisera à l'artisanat, à ce qui est faisable ou non,
07:49 à arrêter de croire qu'une basket c'est un produit jetable par exemple,
07:52 et bien plus on ira dans la sensibilisation et en fait plus on fera pencher la balance.
07:56 - Est-ce qu'on continue d'acheter de plus en plus de vêtements ou de chaussures neufs en France ?
08:02 - Oui, ça continue à progresser.
08:04 - Donc on n'a pas inversé la logique ?
08:06 - Pas pour le moment.
08:08 - Donc il y aura beaucoup de vêtements et de chaussures à réparer dans les mois et les années à venir.
08:12 Il y a une clause de revoyure qui est prévue avec l'État en 2025.
08:16 C'est classique j'imagine quand un éco-organisme se lance,
08:21 mais qu'est-ce qui sera vérifié en fait ?
08:23 Quels sont vos objectifs ?
08:25 Vous nous avez donné quelques-uns, les objectifs chiffrés, c'est essentiellement ça ?
08:28 - La clause de revoyure intervient parce qu'on est sur un sujet tout neuf.
08:32 Refashion existe depuis 2008,
08:34 mais la question de la réparation c'est notre nouvel agrément qui est en place depuis janvier 2023.
08:38 On part de zéro et on part de zéro sur beaucoup d'aspects,
08:41 et en particulier sur toute la donnée qu'on a autour de ces métiers-là qui est assez pauvre aujourd'hui.
08:46 Parce que ce sont des métiers qui sont très peu digitalisés,
08:49 et donc on a du mal à avoir de la remontée de data.
08:52 Donc quand l'ADEME a fait ses études, évidemment ils ont mesuré ce qu'ils pouvaient mesurer,
08:57 et la clause de revoyure elle va être là pour effectivement faire un premier bilan
09:02 de ce qui s'est passé en un an, un an et demi en gros de bonus réparation,
09:05 et de se dire est-ce qu'on va dans la bonne direction ?
09:08 Est-ce que les choix qui ont été faits par rapport aux connaissances qu'on avait à l'instant zéro,
09:12 est-ce qu'il est bon ou pas ? Est-ce qu'on revoit notre copie ?
09:14 Parler de zone blanche, ça veut dire quoi ?
09:16 Il y a vraiment des régions, des parties de départements où il n'y a pas d'artisan,
09:23 enfin il y en a, mais pas d'artisan identifié ?
09:25 Ça ne descend pas à zéro quand même.
09:27 Après nous pour le moment, notre granularité elle descend au département,
09:30 on n'est pas allé jusqu'à la ville on pourrait,
09:33 mais il y a effectivement des zones, le centre de la France clairement,
09:37 qui sont très pauvres en solution de réparation.
09:40 Aujourd'hui la région qui connaît le plus de réparateurs sur son territoire,
09:44 c'est l'île de France, et après on va trouver de gros foyers dans l'ouest,
09:48 dans le nord et sur plus bas vers Bordeaux etc.
09:52 Mais est-ce que ce sont des métiers qui ont parfois disparu ?
09:55 Alors ils ont fortement disparu dans les années 90,
10:00 parce qu'arrivait l'ouverture des marchés,
10:04 arrivait dans les années 2000 de la fast fashion etc. du vêtement jetable.
10:08 Donc effectivement ce sont des métiers qui ont fortement décliné,
10:11 mais qui depuis 10 ans se sont stabilisés pour les métiers de la cordonnerie,
10:15 on ne perd plus d'entreprise de la cordonnerie,
10:17 et à l'inverse ils ont même repris vraiment du volume sur les métiers de la retoucherie,
10:21 parce qu'ils ont été multipliés par deux je crois en 10 ans.
10:24 Donc il y a un renouveau et il faut continuer dans ce sens là.
10:27 Merci beaucoup d'être venu nous présenter ce dispositif,
10:30 faisons, faites, réparez vos vêtements et vos chaussures.
10:34 C'est lors de notre débat, vous voulez prendre un congé solidaire, on vous explique comment faire.