Denis Podalydès et Jonathan Cohen dans "Making-of" : leurs meilleurs souvenirs et galères de cinéma

  • il y a 9 mois
Dans « Making-of » de Cédric Kahn, Denis Podalydès et Jonathan Cohen incarnent respectivement un réalisateur débordé et un acteur à l’ego surdimensionné qui enchaînent les galères. Un film en forme de déclaration d’amour au cinéma. Dans cet entretien croisé, les deux acteurs complices reviennent sur leur plus beau souvenir de cinéma, notamment lorsque Jonathan Cohen participait à « Co-exister » de Fabrice Eboué durant lequel il a « pleuré de rire du premier au dernier jour ». Mais également leur pire galère comme lorsque Denis Podalydès a été oublié sur un tournage.

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Transcription
00:00 - Bah chuchotez, ça vous dérange pas. - Comme ça vous entendez pas ce qu'on dit.
00:03 - Regarde autour de toi, ça continue comme ça, tu vas tout perdre. - Mais quoi ?
00:06 - Oh putain, t'as vu l'heure ? - Quoi ?
00:09 - Qu'est-ce t'as, tu veux baiser ? - Non, on va pas baiser, je veux bosser.
00:11 - Oh non, oh non, tu fais chier. - Fais-moi bosser mon texte, s'il te plaît.
00:13 - Je change pas une ligne du scénario.
00:15 - Ça représente combien votre rapport ?
00:17 - Un million d'euros.
00:19 - Pas mal ça. - Pas mal, pas mal.
00:22 - On remet dans le passé.
00:24 - T'en as un toi ? - Moi j'ai fait un spectateur.
00:27 - Ça marche pas, je suis désolé. - Non, c'est pas pris.
00:30 - C'est pas pris, Denis. - Bah non.
00:31 - Enfant, quoi, découvrir le cinéma en plein air. - Ça les intéresse pas.
00:34 - Pas du tout. - Ils veulent inside.
00:36 - Et c'est un film que tout le monde a dû oublier, qui s'appelle "Les patates" avec Pierre Perret.
00:40 - Pierre Perret, t'as joué dedans ? - Pierre Perret.
00:42 - Il chantait pas, et il était très très bon.
00:44 - Émouvant, j'avais, je crois, presque pleuré.
00:46 - T'as été soldat, non ? Quand t'as eu faim, tu t'es servi sans te gêner.
00:49 - Pourquoi qu'ils en feraient pas autant ?
00:50 - Un de mes souvenirs les plus joyeux, ça a été sur un tournage de Fabrice Eboué, qui s'appelait "Coexister".
00:57 - Putain, merde, merde ! - Mais tu fous quoi, le melon ?
01:00 - Quoi, exprès ?
01:01 - Du premier jour jusqu'au dernier jour, on a pleuré de rire.
01:07 Y avait une équipe formidable, y avait Ramzi Bedia, y avait Jean-Pascal Zaddy,
01:12 qui faisait le making-of à l'époque du film.
01:15 - Il faisait le making-of ? - Il faisait le vrai making-of.
01:18 Au final, aucune image exploitable, rien, pas de prise de son.
01:22 On s'est rendu compte qu'il avait vraiment tout foiré.
01:25 Et ça a été la joie pendant plus de 40 jours.
01:28 J'ai été la vedette d'un film franco-grec.
01:34 On tournait à Florence, en Italie, moi et une actrice.
01:39 À un moment, je vais faire que des plans sur elle, sur la colline de Fiesole,
01:43 très belle vue sur Florence, j'ai dit je vais me mettre là-bas,
01:45 j'ai des cartes à écrire, j'achète deux cartes,
01:49 et j'avais un petit bouquin pour lire.
01:51 Et puis je m'installe, j'admire Fiesole, j'écris mes cartes,
01:54 je passe un tournage merveilleux, je lis.
01:57 Et puis au bout d'un moment, je me dis tiens, au fait,
02:00 ça fait longtemps que je suis là, ils sont pas venus me chercher,
02:02 ils doivent continuer.
02:04 Je cherche à retrouver l'équipe du tournage, je ne les retrouve pas.
02:07 Ils étaient partis, ils m'avaient oublié.
02:09 Là, et moi j'étais en costume, j'avais dépensé mon argent pour mes cartes,
02:13 j'avais mon petit livre, j'ai vu la nuit tomber,
02:15 en me disant mais je suis quand même la vedette du film.
02:18 C'est curieux qu'on oublie la vedette du film sur le tournage.
02:23 Une sensation que j'avais, c'est que je n'imprimais pas la pellicule,
02:25 que j'étais un peu comme l'acteur flou de Woody Allen.
02:28 Les gens m'oubliaient, même s'ils me filmaient, ils m'oubliaient.
02:32 Et donc ils sont venus me rechercher, 5 heures après,
02:35 parce qu'il y avait deux camions qui remontaient vers la frontière française,
02:39 ils remontaient vers la France, et c'est en faisant le plein d'essence
02:42 que les deux camions se sont arrêtés,
02:44 ils se sont rendus compte que je n'étais dans aucun des deux camions.
02:47 Donc ils ont fait demi-tour et on m'a récupéré vers 23 heures, j'ai vu des phares.
02:51 - C'est Denis ! - Voilà.
02:52 - Ah Denis, qu'est-ce que tu fais là ?
02:54 - Voilà, mais tout ce tournage était à l'avenant.
02:57 - J'ai pas mieux que ça.
02:59 On peut pas faire mieux.
03:01 - Mais on va pas te dire qui, quoi, comment.
03:05 On va te dire oui, tout simplement.
03:07 - Bah si, tu cherches à savoir.
03:09 - Mais oui, oui, oui, on a connu ça.
03:11 Et c'est des moments, et voilà, et après ça passe.
03:14 - Moi j'en ai connu un faux, en fait.
03:16 - Il faut se craire.
03:18 - Non, oui, parce que c'était mon dernier jour de tournage sur un film de Rochdy Zem.
03:22 Omar m'a tué. Dernier plan.
03:24 Donc je m'attendais à être applaudi,
03:26 est-ce qu'on m'apporte une petite bouteille, un bouquet ?
03:29 Et je vois Rochdy, vu qu'il avait un visage décomposé,
03:33 et qu'il s'en prend ultra-violemment à son perchman.
03:37 Et ça a monté, ça a monté.
03:39 Et puis je vois tous les autres visages.
03:41 Je me disais, putain, c'est mon dernier plan, les gars.
03:43 J'ai été voir Rochdy, je me suis dit, Rochdy, j'ai terminé, là.
03:46 Je sais pas ce qu'il te prend, ce que tu vas...
03:48 Et en fait, c'était une blague.
03:50 - Ah... - C'était une blague.
03:52 - Ah, ah. - Voilà.
03:53 Ils s'étaient tous concertés,
03:55 mais Rochdy jouait ça de façon extrêmement inquiétante.
03:58 - Et puis c'est costaud. - Oui, c'est un costaud.
04:00 - C'est costaud et costaud.
04:01 - Toi, tu le tiendrais devant lui, mais moi...
04:02 - Non, moi je tiendrais pas.
04:03 - Non, non, non, non.
04:04 - Mais Rochdy, il y a aucun problème.
04:05 - Mais, et d'un coup, j'ai vu son grand sourire revenir.
04:08 - Il y a de la solitude, mais c'est vrai.
04:10 Oui, il y a forcément de la solitude,
04:12 parce qu'au final, dans les chambres, on reste seul à cogiter, à tout ça.
04:16 Il y a des vrais moments de solitude,
04:17 quand on sent qu'on n'est pas à sa place.
04:19 - Quand on comprend, parfois, que le film,
04:22 ah ben, ce ne sera que ça.
04:24 - Ouais.
04:25 - Voilà, on l'attendait à un certain niveau,
04:28 et on se rend compte que non.
04:30 Je me rappelle d'un réalisateur qui m'avait dit,
04:32 à la fin d'une prise, j'aimerais bien qu'on en refasse une.
04:34 Tu sais, au début, tu faisais une grimace un peu...
04:37 J'aimerais bien que tu la refasses.
04:41 Et là, j'ai compris, voilà, que ce ne serait que ça.
04:45 Je me rappelle l'expression de débilité
04:48 qu'il avait mise sur son visage, en m'imitant,
04:51 pour me...
04:52 Déjà, je me dis, j'ai fait ça, c'est ça que j'ai produit.
04:55 Donc, surtout, ne pas le refaire.
04:57 Au contraire, l'effacer, mais non, il me demande de refaire précisément ça.
05:00 Donc, tu étais très, très mauvais, j'aimerais que tu sois...
05:03 - C'est assez complexe, ça.
05:04 Ouais, non, il y a des moments de soucis, c'est sûr.
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