Rachida Dati a été nommée ministre de la Culture, succédant à Rima Abdul-Malak. Si sa nomination a été une surprise pour une partie du monde culturel, l'ancienne garde des Sceaux a affirmé aimer "se battre" et a promis de "rendre la culture encore plus présente dans toutes les villes et tous les territoires" et de défendre "l'exception culturelle" française
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00:00 J'ai envie de savoir comment vous avez réagi quand vous avez appris que Rachida Dati était nommée ministre de la Culture.
00:07 Je crois que, comme beaucoup de monde, j'ai été surpris parce que Rachida Dati n'est pas a priori une personne qui est,
00:14 comment dirais-je, un phare de la culture en France, mais même si c'est une femme politique respectable, donc j'ai été surpris.
00:21 Et après, j'ai pensé, comme je pense beaucoup, que ce sont un peu des manœuvres politiques, donc j'espère que ça n'est pas le cas.
00:28 Et je pense que c'est une personne authentique et que donc il est arrivé que des ministres de la Culture ne soient pas a priori, disons, du Serail,
00:38 mais qui ont fait un travail juste et fort. Donc ça peut arriver.
00:43 Parmi les financements du théâtre et en particulier du théâtre public, de la culture de manière générale ailleurs en France,
00:50 ça renvoie à la question des arbitrages, c'est-à-dire de la marge de manœuvre dont peut ou non disposer un ministre qui se bat,
00:59 on le dit régulièrement, auprès du ministère de l'Économie pour obtenir le plus d'argent possible, pour schématiser.
01:05 Vous avez toute confiance en votre nouvelle ministre pour, peut-être à travers son tempérament, que l'on ne décrit plus,
01:12 pour obtenir ce qu'elle veut pour la culture française, l'exception culturelle française ?
01:18 Ça fait 12 ans que je dirige un théâtre en plus de ma carrière d'acteur et de metteur en scène.
01:25 Si vous voulez, j'en ai vu trop des ministres pour dire à peine un ministre ou une ministre arrive, je fais confiance, j'attends des actes.
01:34 Et encore une fois, ce qu'il faut, c'est un peu de stabilité politique parce que sinon c'est impossible de travailler.
01:41 Imaginez que moi ou que vous, à votre poste, vous passiez un an et vous alliez faire tout à fait autre chose.
01:48 C'est compliqué. Donc c'est sûr que là, il faut au moins que le président de la République pense à quelque chose qui soit
01:55 d'installer une stabilité au moins jusqu'à la fin de son mandat et ensuite une pérennité des moyens, une foi dans le service public.
02:04 Parce que je parle de la culture, mais c'est la même chose avec la justice, avec la santé, avec l'éducation nationale,
02:10 avec la police et l'armée. C'est-à-dire soit on veut un pays, une démocratie forte qui défend ses services publics,
02:16 soit on veut laisser tout ça juste aux lois du marché, c'est-à-dire au libéralisme. Donc c'est un choix. Ce sont des choix politiques.
02:24 C'est intéressant parce que vous vous adressez là à Emmanuel Macron. Mais imaginons qu'elle nous regarde ce soir à la Tickel Message.
02:30 Avez-vous à lui faire passer à elle directement ?
02:34 Le premier message que j'ai envie de lui faire passer, c'est de venir nous voir, de parler et de nous écouter pour comprendre
02:43 quels sont les vrais problèmes dans cette profession. Parce qu'il y en a beaucoup dans cette profession qui en ont marre d'entendre
02:50 qu'on serait dans l'entre-soi, qu'on serait des nantis. C'est une profession, je vous assure, qui est extrêmement précarisée
02:57 et où beaucoup d'artistes et d'employés des institutions culturelles sont dans des situations extrêmement précaires.
03:04 Ce n'est pas vrai que nous sommes une espèce de sphère comme ça d'entre-soi. C'est archi faux. Ce n'est pas vrai qu'on ne veut pas faire de la culture populaire.
03:13 Ce n'est pas vrai qu'on ne la fait pas. Nous allons dans les quartiers. On fait des tas de choses avec l'éducation nationale, avec toutes les générations,
03:19 y compris avec les très jeunes et y compris avec toutes les classes sociales. Donc on entend, si vous voulez, qu'ils sont extrêmement blessants,
03:26 qu'ils font le jeu du Rassemblement National parce que c'est du populisme. Et ça, on n'en veut pas. On veut du populaire. Mais ça n'a rien à voir.