Open d'Australie 2024 - Gaël Monfils : "Ça fait tellement d’années que j’ai envie d’arrêter…
Le Français Gaël Monfils avant de débuter l'Australian Open 2024 : "Ça fait tellement d’années que j’ai envie d’arrêter… Je kiffe mon sport, mais c’est pas ma vie et ça les gens l’oublient. Ma vie c’est d’être papa (…) Pour être complètement honnête, ce qui compte aujourd’hui c’est l’éducation de mon enfant."
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00:00 - Dans quelle forme déjà et dans quel état d'esprit t'arrives ici ?
00:02 - Je suis quasiment bien.
00:09 J'ai eu quelques petits pépins la semaine dernière, un petit peu physique.
00:14 Du coup, j'essaie de me mettre au mieux de ma forme.
00:22 Tennisiquement, j'ai fait un bon match la semaine dernière,
00:25 mais je ne me sens pas encore bien.
00:28 Je n'ai pas une confiance de fou.
00:30 À l'entraînement, je sens que je pêche encore un peu.
00:35 Donc, toujours un peu en recherche de meilleures sensations.
00:41 - A quel point c'est important pour toi de faire un tournoi de préparation
00:46 avant un grand slam, et surtout le premier de l'année ?
00:48 C'est indispensable ou parce qu'il y en a qui arrivent à s'en priver ?
00:51 Comment comptes-tu s'en passer ?
00:54 - Ça dépend. Honnêtement, ça dépend.
00:58 Je sais que j'avais envie de jouer.
01:03 Cette année, c'était un peu spécial parce que c'est la première fois
01:08 qu'on voyageait si long avec la famille.
01:12 Donc, du coup, généralement, je joue la première semaine.
01:16 Et j'aime bien arriver à Melbourne.
01:18 Et même, ça a été un peu spécial parce que c'est la deuxième année
01:24 que mon agent aussi est directeur d'un tournoi.
01:27 Donc, du coup, on est allés tous les deux jouer le tournoi.
01:32 Et donc, j'ai joué.
01:33 Mais j'aime bien jouer au moins une semaine avant,
01:34 quoi qu'il arrive en début d'année.
01:36 Et donc, cette année, c'est tombé que je joue la semaine d'avant.
01:42 - OK. Justement, le fait de voyager en famille, qu'est-ce que ça change
01:49 en termes de logistique ?
01:52 - Oui, c'est différent.
01:55 C'est vraiment différent.
01:57 C'est de l'adaptation, en fait.
02:00 C'est juste adapter à avoir un programme un peu différent.
02:05 - Je ne sais pas si tu as regardé le tableau ou pas.
02:11 - Oui, j'ai vu que je jouais Anfman.
02:13 - Je ne sais pas si tu as regardé un tout petit peu plus loin,
02:16 mais potentiellement, non.
02:17 - J'ai juste regardé que je jouais Anfman déjà.
02:19 Et après, je crois que...
02:20 - Il peut y avoir un murée sur ta route.
02:21 Il peut y avoir un décollage.
02:22 - Oui, je crois que...
02:23 Déjà, Anfman, c'est déjà bien.
02:26 Anfman, c'est déjà bien.
02:27 Au début d'année, je regarde toujours vraiment le premier match.
02:34 Anfman, c'est un joueur en plus qui m'a battu quand j'étais dans le top 10.
02:39 Donc, du coup, je m'en méfie encore plus.
02:42 Un bon joueur.
02:45 Donc, essayer déjà de gagner ce premier tour,
02:48 ce serait déjà bien, très bien.
02:51 - Des attentes particulières ?
02:54 - Non, pas du tout.
02:56 Parce que j'ai mes objectifs que j'ai dit.
03:00 Ce serait forcément de me qualifier pour les JO cette année.
03:04 Mais on va dire à court terme,
03:06 vu que je ne me sens pas comme j'ai envie de me sentir.
03:11 J'essaie de me fixer vraiment match après match.
03:15 J'essaie d'avoir des bonnes sensations, de mieux me sentir
03:19 pour pouvoir essayer de performer au mieux, au plus vite.
03:23 Mais pour l'instant, ce n'est pas comme je veux.
03:29 Donc, on travaille.
03:32 - Qu'est-ce qui manque ?
03:34 - Oh, plein de choses.
03:37 Ce serait beau d'arriver et de jouer son meilleur tennis.
03:39 Plein de choses.
03:40 C'est dur.
03:41 Qu'est-ce qui manque ?
03:42 C'est forcément la confiance
03:43 de trouver ce qu'on a envie de trouver.
03:46 Et c'est ça qui coince un petit peu de temps en temps.
03:49 Je trouve que l'entraînement,
03:53 je ne tape pas la balle comme j'ai envie de bien la taper.
03:55 C'est juste que je suis très honnête avec vous, en fait.
03:58 Parce que sinon, on peut dire que tout se passe bien.
03:59 Je m'entraîne bien, c'est cool, c'est vrai.
04:01 Mais je n'ai pas la confiance que je veux.
04:06 Je trouve que je ne joue pas...
04:11 Je ne joue pas encore comme je le souhaite jouer.
04:13 Donc, on travaille pour.
04:15 Et justement, les tournois, c'est fait pour ça, finalement.
04:21 Aider, gagner un ou deux matchs, même en jouant mal.
04:23 A donner un peu plus de confiance.
04:26 Et après, mieux se sentir, finalement.
04:28 Ce n'est pas si mal.
04:29 C'est pour ça que je, à court terme,
04:35 essaie de gagner un match.
04:36 Peut-être deux, trois, et on verra.
04:37 - Est-ce que les petits soucis physiques dont tu parlais
04:42 sont un peu liés aussi à ça ?
04:43 - Non, mais je me suis fait une entorse.
04:46 Tout le monde l'a vu.
04:47 Je me suis fait une entorse.
04:48 Généralement, en fait, tu sais, c'est un peu ce parallèle.
04:54 Les gens, ils ont l'impression qu'on est un peu surhumain de temps en temps.
05:00 Et surtout, moi, je me suis fait une entorse de la cheville.
05:02 Donc, je suis revenu quand même assez rapidement.
05:04 Mais j'en souffre toujours un peu.
05:05 Donc, forcément, on a un staff particulier.
05:11 Mais bon, en étant un peu plus âgé quand même,
05:15 je mets plus de temps à récupérer.
05:16 Donc, ma cheville, elle me traîne un peu.
05:22 Et finalement, ça part de là.
05:24 Et après, ça dérègle tout.
05:25 De toute façon, ça dérègle tes appuis.
05:28 Forcément, on veut jouer, on veut s'entraîner.
05:30 Donc, il y a plein de parties du corps qui coincent un petit peu plus.
05:34 Donc, du coup, on va dire ma chaîne, elle est, au lieu d'être toute droite,
05:41 elle est un peu désorientée un petit peu.
05:43 Donc, c'est arriver à lier, voilà, de bien s'entraîner,
05:48 bien jouer en match et surtout, arriver à bien récupérer.
05:51 Donc, ça prend un petit peu plus de temps avec un peu plus d'âge.
05:57 - Si on inversait les rôles et que tu te mettais ici à la place d'un journaliste,
06:02 comment tu te projeterais dans ce tournoi avec Djoko qui brigue un 25ème Grand Chelem,
06:09 un 11ème titre ici, qui semble toujours intouchable ?
06:13 C'est quoi ta vision de ce joueur et de cette saison qui s'annonce
06:18 où on a l'impression qu'il est presque seul sur la planète ?
06:22 Est-ce que c'est ta vision aussi ou c'est un peu caricatural ?
06:25 - Moi, je pense que... Alors, je n'irai pas à l'extrême comme ça,
06:31 mais je pense que ce qu'il fait, c'est exceptionnel de toute façon.
06:36 Il a toujours été exceptionnel.
06:38 Et en entame de cette saison, c'est sûr que j'aurais...
06:49 En fait, quand je dirais, j'aurais beaucoup de questions,
06:52 pas forcément envers lui, mais beaucoup de questions un petit peu
06:54 par rapport à comment il va gérer cette saison.
06:58 Comment il va gérer cette saison ?
07:02 Comment il va réagir dans ses hauts et dans ses bas ?
07:11 Par rapport à ses objectifs ?
07:15 Parce que lui, il peut dire un peu vraiment ses objectifs,
07:18 vraiment essayer de comprendre ses objectifs,
07:19 essayer de comprendre comment...
07:23 Comment cette année, en fait, c'est quoi son objectif principal ?
07:26 Est-ce que c'est vraiment le grand chelem ? Est-ce que ce n'est pas la médaille aux JO ?
07:31 Est-ce que c'est un grand chelem, une médaille aux JO ?
07:33 Est-ce que c'est faire le grand chelem, le fameux grand chelem ?
07:37 Moi, je pense que j'essaierai d'analyser plus ça.
07:40 Et surtout, de faire un vôtre place,
07:49 de voir comment un athlète de sa trempe brille toujours dans son sport,
07:59 avec une carrière aussi longue.
08:01 Et forcément, j'aime bien voir dans les autres sports comment c'est.
08:06 Et que finalement, je pense que c'est un des sportifs...
08:12 Il y en a peu, mais c'est un des sportifs, je pense, peut-être dans un top 5,
08:17 qui brille toujours avec une aussi longue carrière et toujours au top.
08:23 Si tu avais une chose à prendre chez lui, ce serait quoi ?
08:25 Une chose à prendre ?
08:28 Tu ne sens pas le marais, c'est que c'est l'un de ses trucs.
08:30 Je vais te dire...
08:35 Tu sais, c'est bizarre ce que je vais te dire, mais tout.
08:40 Parce que c'est le plus fort, tu vois.
08:44 Tout, comme ça, c'est général, donc je prends tout, tu vois ce que je veux dire.
08:46 Donc non, tout, forcément, tu parles du mec le meilleur,
08:51 donc tu prendrais tout, forcément.
08:54 Mais après, qu'est-ce que je ne prendrais pas ?
08:58 Qu'est-ce que je prendrais ?
08:59 Tout, forcément, dans son savoir.
09:03 Après, il y a plein de choses, forcément, que je ne prendrais pas,
09:05 parce que ça ne m'intéresserait pas forcément non plus.
09:11 - Petite dernière question.
09:12 - Elina a très bien démarré la saison. - Très bien.
09:16 - Ça fait partie aussi de la motivation du groupe, de la famille, là.
09:22 De démarrer une saison comme ça, ça donne du zèle ?
09:24 - Oui, pour elle, c'est important, je pensais.
09:27 Pour elle, c'est important.
09:31 On essaye surtout, je sais que dans tout ce que je fais,
09:36 et de plus, de la prioritiser aussi un petit peu plus, vraiment.
09:41 Elle se sent un peu mieux quand même que moi.
09:47 Et du coup, qu'elle ait pu tout de suite bien jouer,
09:51 ça fait plaisir, je pense, même par son équipe, à elle.
09:55 Elle a eu des petits pépins physiques en fin de saison dernière.
10:00 Le pied.
10:02 Donc du coup, ça l'a remis dans une bonne dynamique.
10:13 Après, nous, si on parle vraiment de famille, c'est trouver le bon équilibre, en fait.
10:25 C'est ça qui est le plus dur, c'est trouver le bon équilibre
10:28 entre notre métier, notre vie de famille.
10:33 Et c'est ce qui est un peu le plus challenging.
10:37 Mais toujours, je sais que de mon côté,
10:41 de la mettre toujours un petit peu plus devant quand même,
10:44 de la protéger plus que moi, parce qu'elle est plus jeune quand même.
10:49 - Il y a de plus en plus de joueuses qui reviennent sur le circuit après être devenues maires.
10:54 Quel regard, toi, tu portes là-dessus ?
10:56 - Moi, je trouve ça génial. Je trouve ça génial.
10:59 Après, c'est plus que du sport, en fait. Je pense que ça dépasse le sport.
11:08 Et ça, au contraire, j'espère que ça montre aussi, autre que le sport,
11:12 que voilà, une femme peut être carriériste et avoir des enfants.
11:24 Et que ça se passe bien. Et que surtout, c'est qu'elle revienne bien.
11:30 Et que ça n'entache pas. Et voilà, je pense que de temps en temps,
11:37 il y a certains endroits où il y a des craintes et tout ça.
11:40 Et je trouve que les sportives qui le montrent, je trouve que c'est un bon exemple.
11:45 - Une question qu'on va peut-être beaucoup te poser cette année, mais c'est normal,
11:48 parce que l'âge aidant, on arrive dans une forme de projection.
11:54 Richard a dit hier, parce qu'il va redescendre au-delà des 100,
11:56 qu'il allait faire tout pour se remettre, revenir dans les 100.
12:00 Et puis que s'il n'y arrivait pas, il dirait ciao au cours de la saison.
12:04 Toi, quel est ton... Est-ce que tu te projettes en me disant,
12:08 si je descends au-delà de Basta ou...
12:11 - Tu sais, ça fait tellement d'années que j'ai envie d'arrêter déjà.
12:16 Moi, Covid, j'étais déjà dans le top 10. Je voulais déjà arrêter avec le Covid.
12:19 Donc non... Tu sais... - Tu kiffes cette vie, quand même ?
12:26 - En fait, tu vois, c'est une bonne réflexion que t'as dit, tu vois.
12:32 Je kiffe mon sport. C'est pas ma vie. Et ça, les gens, ils oublient.
12:37 Tu vois, c'est pas ma vie. Ma vie, justement, ma vie, c'est d'être papa.
12:41 Tu vois, ça, c'est ma vie, tu vois. Je kiffe mon sport qui me permet de vivre un moment différent dans ma vie.
12:53 Tu vois, j'essaie de bien structurer, tu vois, ça, parce que...
12:56 Et c'est justement... C'est-à-dire que... Non, il y a plein de trucs que je kiffe pas dans ma vie.
13:00 Et tu vois, je te le dis, il y a plein de trucs que je kiffe pas,
13:02 parce qu'en fait, les gens, ils associent notre vie à rémunération, plaisir et un peu de travail.
13:14 Les gens, ils savent très bien qu'on travaille, mais tu vois ce que je veux dire.
13:16 Mais il y a plein de trucs qui balayent, en fait. Et donc c'est pour ça que je te dis...
13:22 Oh, je kiffe mon sport, tu vois. Ça m'apporte monstrueux.
13:25 Je découvre des trucs exceptionnels. J'ai des portes exceptionnelles qui s'ouvrent.
13:30 Mais c'est pas ma vie. Ma vie, ça reste, tu vois, comme la tienne, tu vois.
13:37 C'est-à-dire que je pense que, oui, notre travail fait partie, entre guillemets, de notre vie, mais c'est pas...
13:43 Tu vois, et donc j'aime beaucoup de choses, mais il y a beaucoup de choses, forcément, en grandissant,
13:52 que j'ai envie de faire mieux, tu vois, de faire mieux. Et pour être complètement honnête, simplement l'éducation de mon enfant.
14:04 Tu vois, je suis content, tu vois. C'est bien, tu vois, on voyage et tout, mais j'aime bien quand ma fille, elle est à la maison.
14:12 Elle est stable, posée à la maison. Les gens, ils sont là. Et oui, on voyage dans des bonnes conditions,
14:19 mais c'est quand même pas un voyage facile. Et je pense que les parents, ils le savent. C'est pas un voyage facile.
14:29 Je préférais passer un peu plus de temps comme avec. Alors oui, c'est sûr, mais je passe quand même moins de temps.
14:37 Il y a plein de choses qui font que quand même ce moment et ce chapitre de ma vie, je l'aurais quand même bien goûté,
14:51 je l'aurais bien profité et je vais bien le remercier. Mais quand il sera fermé, je serai pas non plus mécontent parce que justement,
15:01 tu vois, j'aurais fait de très jeune à un peu plus âgé. On va dire j'ai eu la chance, entre guillemets, peut être de jouer un petit peu plus
15:09 que certaines personnes qui sont arrêtées peut être un peu trop tôt. Et justement, je pense que c'est peut être ça.
15:14 J'ai vraiment la chance de me dire tant que je peux jouer et que je sens l'envie de jouer, de kiffer ce sport, de kiffer ces moments.
15:25 Mais je vais essayer de le faire. Je ne vais pas forcément me mettre une date. Une date 100% parce que c'est parce que finalement,
15:37 quand Richard te dit tu sais, si je veux de la descente, c'est plus le niveau.
15:42 Il faut dire un mot, c'est si tu as toujours le niveau, mais après, c'est quel niveau que tu veux que tu veux avoir?
15:50 Est ce que tu as envie de faire une année de challenger? Est ce que tu as envie de faire? C'est toujours ça.
15:57 C'est tant qu'à un certain niveau, tu penses que tu peux faire ces sacrifices. Tu continueras à jouer.
16:10 Tu vois, l'année dernière, j'étais pas non plus. J'étais pas dans les 100. J'étais quand même très loin.
16:16 J'étais pas loin. J'étais pas loin d'être 400 un moment. J'étais pas loin de 400.
16:21 Donc, en très peu de temps d'avoir réussi à rentrer dans les 100. Franchement, je miracle et très content.
16:28 Mais je ne sais plus si je t'avais dit, mais j'ai senti quand même qu'à un moment, tu vois, quand je suis arrivé aux Etats-Unis,
16:36 que j'avais toujours un peu ce niveau là. J'avais toujours le niveau qui permettait que si je continue à faire le sacrifice,
16:42 alors je ne dis pas le niveau de gagner des grands chelèmes et tout ça, mais le niveau, par contre, d'inquiéter un peu les meilleurs,
16:50 de pouvoir enchaîner et tout. Finalement, tu fais les sacrifices. J'ai eu de la réussite.
16:54 Boum, je suis rentré dans les 100 assez rapidement. Donc tu vois, tant que je pense que j'ai un niveau qui permet que je joue correct
17:03 et que je me fasse plaisir et que j'arrive à faire plaisir aussi aux gens qui me suivent.
17:10 J'irai, quoi.
17:11 Ça va être ça, quoi.
17:12 Merci.