Des dizaines de journalistes en activité ou à la retraite ont rejoint le cortège du 13 janvier 2024, à l’appel du collectif «Reporters solidaires» et de plusieurs syndicats de la profession.
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00:00 C'est fondamental de venir aujourd'hui manifester en solidarité
00:04 avec ce qui se passe à Gaza, avec le massacre des civils,
00:08 mais ce qui est complètement inédit à mon sens,
00:11 c'est le massacre ciblé des journalistes.
00:14 Comme des milliers de manifestants ce samedi 13 janvier à Paris,
00:17 plusieurs journalistes sont venus marcher pour rendre hommage
00:19 à leurs nombreux confrères et consoeurs palestiniens
00:21 tués dans des bombardements israéliens depuis maintenant 100 jours.
00:24 J'ai beaucoup travaillé en Palestine,
00:26 donc forcément ce qui se passe actuellement ça me touche énormément.
00:30 J'ai fait beaucoup de sujets, notamment sur Gaza.
00:34 On en est déjà à 117 journalistes et travailleurs,
00:37 travailleuses des médias tués, donc c'est 100 précédents.
00:41 On pense évidemment aux 25 000 morts qu'il y a à Gaza.
00:44 Les 100 journalistes c'est numériquement peu,
00:46 mais pour nous c'est important.
00:48 La guerre c'est aussi la guerre de l'information.
00:50 C'est volontairement qu'on essaye de briser le flux d'informations
00:54 qu'on peut avoir de Gaza.
00:55 En tant que journaliste, je ne me vois pas de continuer mon métier
00:59 sans justement lutter pour ses valeurs.
01:02 Pour moi c'est un sens d'être journaliste.
01:04 Aucun journaliste étranger ne peut rentrer à Gaza
01:07 et ne peut montrer ce qui se passe, et ça c'est grave.
01:11 Il y a à peu près un journaliste par jour qui est assassiné.
01:14 En gros c'est le conflit le plus important du XXe siècle.
01:18 Il n'y a jamais eu autant de morts durant un conflit que durant ce conflit-là.
01:21 Avec une moyenne de 250 morts par jour selon l'ONG Oxfam France,
01:25 le taux de mortalité dans la bande de Gaza est plus élevé
01:28 que dans tout autre conflit du XXIe siècle.
01:29 Et les journalistes et leurs familles en font partie aussi.
01:32 Selon différents décomptes, entre 95 et 117 journalistes
01:35 et collaborateurs pour des médias ont été tués depuis le 7 octobre.
01:38 À titre de comparaison, depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022,
01:42 une dizaine de journalistes sont morts.
01:44 Il y a un journaliste qui travaille pour l'AFP
01:46 qui a été assassiné, ciblé par des tirs de mortiers israéliens.
01:52 Et ça c'est tout à fait inacceptable et c'est pour ça qu'on est là.
01:56 Mon cœur et mes pensées vont avec les photographes que je connais à Gaza
02:01 qui sont actuellement menacés de mort et qui risquent de perdre la vie.
02:05 Donc tous les matins je regarde mon téléphone
02:09 en me demandant si je vais pas avoir de mauvaises nouvelles.
02:13 Et si Gaza était ouverte demain,
02:17 j'essaierais bien sûr d'y aller en tant que journaliste.
02:19 Parce que vous imaginez bien que si c'était 117 journalistes internationaux
02:24 qui avaient été tués, les médias et le monde réagiraient d'une manière beaucoup plus forte.
02:30 Je n'ai jamais manifesté spécialement pour les journalistes,
02:33 c'est un métier à risque.
02:35 À mon sens, je n'ai jamais entendu parler dans une guerre,
02:39 ce qu'on appelle une guerre, mais là c'est un massacre,
02:42 du ciblage de journalistes directement par des bombes.
02:48 Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il y a des journalistes qui meurent sur le terrain
02:51 dans l'exercice de leur fonction.
02:52 Mais là c'est l'État qui les tue.
02:55 Là c'est complètement inédit.
02:56 (Bruits de la foule)