• il y a 11 mois
Christophe Marchand, le président de la Fédération du bâtiment, invité de France Bleu Mayenne

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Transcription
00:00 Le bâtiment va, tout va, on entend souvent dire ça car le bâtiment est le moteur de la croissance économique.
00:06 Mais voilà, l'année 2024 s'annonce bien compliquée pour les professionnels du secteur car les chiffres ne sont pas bons.
00:12 Stéphanie Deneuveau, vous êtes avec Christophe Marchand, le président de la Fédération du bâtiment en Mayenne.
00:18 Bonjour. Bonjour.
00:19 Le nombre de permis de construire pour des pavillons a baissé de près de 28% en un an en Mayenne.
00:25 Comment vous expliquez ce très net recul ?
00:28 Il y a plusieurs effets de conjoncture et de loi qui ont provoqué cette situation.
00:34 Les taux d'intérêt sont devenus particulièrement élevés.
00:37 Donc difficile d'avoir un crédit ?
00:39 Difficile d'avoir un crédit avec des conditions bancaires qui se sont resserrées.
00:43 Et le coût du bâtiment aussi a subi l'inflation.
00:46 Tout ça fait des montages beaucoup plus compliqués qu'avant.
00:50 Et on a globalement moins de... Notamment les primo-accédants, c'est-à-dire les jeunes couples qui achètent leur première maison
00:56 qui aujourd'hui ont du mal à avoir leur crédit pour lancer leur projet.
01:00 Donc ils se tournent vers la location et ce marché-là explose en fait, le marché de la location.
01:05 Vous avez tout à fait raison. Il est aujourd'hui difficile de trouver des appartements à louer, des maisons à louer en Mayenne.
01:12 Tout le marché se resserre. On a globalement une baisse de la construction neuve
01:16 qui occasionne une inflation aussi sur le marché de la location.
01:20 C'est pour ça qu'en revanche, la construction de logements collectifs est en hausse de plus de 25%.
01:28 C'est-à-dire que les immeubles eux poussent pour justement permettre la location.
01:34 Ce n'est pas directement lié. On va dire que la Mayenne avait beaucoup de retard.
01:38 Il y avait eu peu de promotion immobilière sur des logements collectifs ces 15 dernières années.
01:43 Et aujourd'hui, ça pousse un peu partout. Vous pouvez voir des grues à Laval un peu partout, sur Mayenne aussi.
01:49 C'est une particularité mayennaise puisque c'est aussi un secteur qui s'écroule au niveau national
01:54 mais qui a la particularité de rester assez fort en Mayenne probablement parce que
01:58 certains promoteurs immobiliers nationaux comme Bouygues Immobilier ou Nexity
02:04 avaient moins de projets sur les grandes métropoles de la région
02:08 et se sont repliés depuis quelque temps sur notre département.
02:12 Ça veut dire qu'on ne peut plus construire par exemple à Rennes ou à Nantes, il n'y a plus de place alors qu'en Mayenne, il y en a ?
02:17 Ça veut dire surtout que c'était des marchés qui étaient très très dynamiques dans les métropoles
02:22 et qu'ils ont aussi une forte baisse. Donc les promoteurs cherchent de nouveaux endroits pour maintenir leur niveau d'activité.
02:27 Christophe Marchand, vous êtes le président de la Fédération du bâtiment en Mayenne.
02:32 Le bâtiment, chez nous, ça représente 4 500 emplois. Quelles sont les perspectives pour cette année ?
02:39 Comment se portent les entreprises du bâtiment mayennaise ?
02:43 Alors quand on parle beaucoup de la crise du bâtiment dans les médias, en fait on parle de 25% de l'activité.
02:48 Les entreprises qui sont sur ce secteur du pavillon 9 ne vont pas bien, mais on ne parle pas de la majorité des entreprises.
02:55 Donc c'est important de dire aussi ce matin qu'il y a péril pour une partie de nos entreprises spécialisées dans les pavillons 9.
03:02 Qui pourraient mettre la clé sous la porte ou pas ?
03:04 Bien sûr, certaines, oui. Il y a déjà eu quelques difficultés rencontrées par quelques entreprises, ce n'est que le début.
03:11 Par contre, il faut bien dire qu'il y a la grande majorité qui aujourd'hui a du travail, peine à recruter.
03:17 Il y a tout un tas de métiers qui sont dans la construction, qui aujourd'hui cherchent à recruter et qui ont besoin.
03:27 Donc il faut toujours quand même tenir ce discours. Nous avons besoin, nous avons une activité dynamique et nous avons besoin de recruter.
03:33 Qu'est-ce que vous mettez en place la Fédération française du bâtiment en Mayenne pour aider les entreprises qui sont à la peine ?
03:42 Alors nous sommes une fédération d'entreprises. Il y a un dispositif qui s'appelle "Casque bleu",
03:48 qui est un dispositif, je ne le dis pas parce que je suis sur France Bleu Mayenne, c'est le nom qu'on a choisi il y a déjà des années de ça,
03:54 qui est tout simplement un dispositif d'écoute et d'orientation des chefs d'entreprise en difficulté.
04:00 Mais nous sommes aussi là toute l'année en permanence pour former les artisans, former les chefs d'entreprise, former leurs salariés,
04:07 les orienter vers les nouvelles opportunités de marché qui se présentent. On peut en parler comme la rénovation énergétique ou les nouveaux métiers,
04:18 les panneaux photovoltaïques, etc. On est là aussi pour aider nos entreprises à évoluer, à réorienter leur stratégie.
04:26 Donc tous ces dispositifs, la fédération du bâtiment est là pour aider les entreprises à toujours prendre les bonnes décisions.
04:32 Alors le gouvernement a changé, nouveau Premier ministre, nouveau ministre, qu'est-ce que vous attendez du futur ministre du logement ?
04:42 Eh bien en fait on attend surtout qu'il revienne sur deux dispositifs qu'ils ont arrêtés, qui sont le Préatozéro,
04:48 qui est aujourd'hui supprimé de 93% du territoire, dont la Mayenne. Ce Préatozéro en fait servait d'apport pour les jeunes qui empruntaient
04:58 pour la première fois pour leur première maison et c'était considéré par les banques comme un apport, donc ça permettait à l'ensemble de leur dossier de passer.
05:07 Aujourd'hui on va dire que ça affecte 25% du marché de la construction, mais on ne peut pas être uniquement égocentré.
05:15 Je pense que ça provoque aussi une casse d'une promesse sociale qui est de se dire que des gens qui travaillent peuvent aujourd'hui emprunter
05:22 et devenir progressivement propriétaires de leur maison. Et aujourd'hui c'est cette promesse sociale qu'on est en train de casser.
05:28 Donc voilà, rétablir le Préatozéro, je pense que c'est une mesure, au-delà du bâtiment, c'est une mesure qui est socialement nécessaire.
05:35 Et puis après il y a le PINEL qui est supprimé, qui est un dispositif qui aidait les personnes à investir pour de l'immobilier en location.
05:45 Eh bien mine de rien, toutes ces locations qui étaient proposées par des cas particuliers venaient en complément de ce qui était proposé par les HLM, les bailleurs sociaux.
05:53 Et aujourd'hui tous ces dispositifs qui s'arrêtent, vous le disiez tout à l'heure, c'est compliqué de se loger, c'est compliqué de trouver des appartements en location.
06:01 Donc on veut que le ministre réagisse, non pas uniquement pour le bâtiment, mais parce que socialement on risque de provoquer finalement une grogne sociale
06:10 sur ces dispositifs qui étaient là pour faire des économies budgétaires mais qui n'en sont pas.
06:14 Alors ministre, il n'y en a pas en fait, pour l'instant il n'y a pas de ministre du logement grand oublié de ce nouvel gouvernement.
06:22 Merci Christophe Marchand d'avoir été l'invité du 6/9 de France Bleu Mayenne et France 3 Pays de la Loire.
06:29 Et on vous donne la parole Gauthier, justement on reste sur cette question du bâtiment.

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