• il y a 11 mois
« Quand on ne choisit pas l’arrêt de sa carrière, c’est très dur. C’est un deuil à faire. » Tifany Huot-Marchand était patineuse de vitesse professionnelle. Victime d’un grave accident en octobre 2022, elle a été forcée d’arrêter sa carrière. Pour Lou, elle est venue nous raconter son combat. ❄️

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Sport
Transcription
00:00 Je suis quand même plus joyeuse que ça et plus drôle.
00:03 T'inquiète pas.
00:04 Aujourd'hui en plus c'est un jour particulier, c'est le début de la Coupe du Monde de short track.
00:08 Non mais c'est ok, c'est ok.
00:10 Salut Lou, je m'appelle Tiffany Omarchand, je suis patineuse de vitesse,
00:14 mais il y a un an j'ai eu un grave accident qui m'a contrainte à arrêter ma carrière.
00:18 J'arrive sur cette compétition aux Pays-Bas qui servait de sélection pour les Coupes du Monde
00:29 où sur la distance du 1000 mètres j'entame un dépassement
00:33 et malheureusement et involontairement une adversaire m'a fait chuter
00:38 ce qui a fait que j'ai perdu mes appuis et je me suis vraiment très mal réceptionnée dans les protections.
00:43 Et à ce moment là je me suis fracturée et déplacée la cervicale 5
00:47 avec une lésion à la moelle épinère ce qui a fait que je me suis retrouvée tétraplégique.
00:52 J'ai pas perdu connaissance, j'aurais préféré perdre connaissance
00:54 parce que j'ai tout ressenti dans le sens où je ne ressentais plus rien.
00:59 Lorsqu'on se fracture la cervicale 5, on ne peut pas crier et pas pleurer dans un premier temps.
01:05 Après m'avoir évacuée de la glace, mon corps s'est réveillé, les douleurs se sont réveillées.
01:09 J'avais vraiment l'impression que mon corps entier était en train de brûler.
01:12 On m'a transportée au bloc.
01:14 Au moment où je me réveille, forcément ce que tu fais,
01:20 ce que tu essayes de faire, c'est de bouger tes pieds directement.
01:24 Ça ne répond pas. Je me dis "non, ce n'est pas possible".
01:27 Je ne veux pas croire que je vais finir ma vie dans un fauteuil roulant.
01:31 Quand j'étais à l'hôpital aux Pays-Bas, j'ai fait une vidéo.
01:34 Je me suis promis trois choses. Remarcher, recourir et repatiner.
01:39 Tous les jours, je me suis battue. J'ai eu deux moteurs.
01:42 Le premier, c'était ma filleule Charlie, la fille de ma soeur jumelle.
01:47 Je me disais qu'il fallait que je la rattrape.
01:50 Elle mange toute seule, elle court, elle marche, elle fait sa petite vie toute seule.
01:55 Il faut absolument que je la rattrape parce que je veux pouvoir jouer avec elle.
01:58 Je veux pouvoir marcher, courir à ses côtés.
02:01 Mon objectif, c'était de me dire "à Noël, je pourrais la porter et elle sera dans mes bras".
02:06 Le deuxième, c'était bien sûr de pouvoir retrouver les patins.
02:10 La rééducation a débuté. Beaucoup de rééducation,
02:14 pas seulement pour remarcher, mais aussi pour faire les gestes du quotidien.
02:18 J'ai dû réapprendre à manger, à me doucher seule, à écrire.
02:23 Je me disais qu'il fallait se battre parce que ça ne va pas être simple.
02:27 Mais au fur et à mesure, j'ai coché les cases.
02:30 J'ai pu remarcher. Trois mois après, j'ai pu recourir.
02:34 Déjà, ce sont des moments très forts.
02:36 Malheureusement, je n'ai pas pu cocher la dernière case
02:39 parce que ça ne dépendait pas de moi, mais du corps médical et de mon état physique.
02:43 Quand on ne choisit pas l'arrêt de sa carrière, c'est très dur.
02:47 Je ne vais pas mentir. C'est encore dur aujourd'hui.
02:50 Ça va être très long. C'est un deuil à faire.
02:53 Je me suis battue pour retrouver mes patins, pour retrouver mon sport.
02:59 Je ne pense que j'ai jamais été aussi passionnée que par le patin.
03:04 - C'est pas mal, les bâtons.
03:06 ♪ ♪ ♪

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