Une entorse du genou et 45 jours d'ITT pour le maire de Firminy dans la Loire, agressé par un habitant, le weekend dernier, dans un quartier populaire.
Agression physique et verbale alors que Julien Luya tentait d'immobiliser une moto après un rodéo.
Agression physique et verbale alors que Julien Luya tentait d'immobiliser une moto après un rodéo.
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00:00 7h45, David, c'est une nouvelle agression d'un maire de la Loire qui fait donc l'actu ce matin.
00:06 Nous sommes avec Julien Lhuia, le maire de Firmini.
00:08 Bonjour Julien Lhuia.
00:09 Bonjour.
00:10 Vous avez été agressé dimanche dans le quartier de Firmini-Vert.
00:12 45 jours d'ITT prescrit par le médecin en torse du genou, c'est ça ?
00:16 En torse du genou, quelques petites égratignures, un peu de bobologie aussi,
00:20 mais bon oui, principalement l'entorse du genou qui me fait un peu souffrir.
00:23 On est dimanche, il y a un rodéo dans le quartier de Firmini-Vert, vous essayez d'intervenir, qu'est-ce qui se passe ensuite ?
00:29 Oui, on est dimanche, je me rends à une fête senior dans une de nos résidences qui accueille les personnes âgées au sein de la ville.
00:37 Et puis là, on me signifie, on me fait remarquer cette moto qui visiblement tourne depuis un moment autour de la résidence,
00:43 embête tout le monde et puis en plus voilà ce sentiment d'impunité que crée ces rodéos.
00:48 Et puis là, je vois cette moto qui est de l'autre côté de la baie vitrée du bâtiment,
00:52 qui est à l'arrêt au moment où moi on me la montre, on me la désigne.
00:57 Et donc je me dis, c'est une forme d'opportunité de pouvoir la stopper, l'enlever de l'espace public de la ville.
01:05 Et donc je décide de passer par la porte de secours de la résidence,
01:09 de m'approcher des jeunes gens qui étaient autour de cette moto le plus naturellement possible pour ne pas attirer l'attention.
01:17 Et puis, arrivé à hauteur de la moto, je la saisis et le dialogue s'instaure avec les jeunes de manière plutôt sereine et plutôt apaisée.
01:25 Et malheureusement, c'est le père du propriétaire de la moto qui ne supporte pas que je puisse faire preuve d'un acte d'autorité,
01:33 de contradiction par rapport à son cheminement personnel, par rapport à ses intérêts,
01:38 qui sont visiblement les seuls qui suivent à peu près,
01:41 parce que les règles de la vie commune non si c'est pas quelque chose qui avait l'air de beaucoup intéresser ce monsieur.
01:46 Et donc voilà tout de suite, c'est un peu cette violence ordinaire de celui qui va agresser la prof
01:52 parce qu'il n'est pas content qu'il ait pu mettre une mauvaise note à son enfant.
01:57 Ou celui qui va agresser le pompier parce qu'il trouve qu'il a mis trop de temps à arriver sur les lieux d'un accident.
02:02 Celui qui va agresser l'infirmière parce qu'elle aurait prodigué un mauvais soin à quelqu'un de sa famille qui serait hospitalisé.
02:09 Voilà, c'est cette violence-là qu'on retrouve auprès des dépositeurs de l'autorité publique et de la puissance publique.
02:14 C'est la seconde fois que vous êtes agressé par des habitants voulant faire respecter cet ordre public.
02:19 Fin janvier, ça avait déjà été le cas en 2023.
02:23 Alors fin janvier, excusez-moi, c'était un peu différent.
02:25 J'intervenais sur un... vraiment là c'était plus dans un cadre de délinquance où c'était un point de deal.
02:30 Il y avait des jeunes qui avaient allumé un braséro, vous leur avez dit de l'éteindre.
02:34 Mais là c'était vraiment des jeunes négativement connus qui participaient au trafic sur le quartier.
02:39 Alors que là c'est des gens totalement ordinaires avec un gamin qui est même plutôt, d'après mes renseignements, un bon élève.
02:48 Un gamin qui ne fait pas parler de lui et une famille qui ne fait pas tellement parler d'elle non plus.
02:52 Mais qui ne supportent pas qu'un maire puisse leur dire quoi faire.
02:56 Et qui ne supportent pas qu'autour des droits, il y a aussi des devoirs et il y a aussi des règles à respecter.
03:05 - Julien Lhuia, vous êtes blessé physiquement. Est-ce que vous allez être aussi psychologiquement ?
03:08 Comment vous allez en ce mercredi matin ?
03:10 - Je vous avoue que les deux trois nuits qui ont suivi, elles ont été un peu difficiles.
03:14 Parce que moi je suis quelqu'un de plutôt pacifiste, quelqu'un comme tout le monde.
03:19 Qui adore le lien social, qui adore le lien humain, qui adore la discussion, l'échange.
03:24 Et forcément de se retrouver les fesses par terre et les quatre fers en l'air, c'est quelque chose qui vous perturbe un petit peu.
03:30 Et puis voilà, un peu de bobo, la famille qui s'inquiète et qui vient.
03:34 Moi j'ai des enfants encore petits.
03:37 Et donc du coup, si tout le monde me regarde d'un oeil interrogateur.
03:42 Et donc du coup, oui effectivement psychologiquement ça affecte un peu.
03:45 Mais bon, c'est pas ça qui va me faire baisser les bras.
03:48 Et puis c'est ce que je disais, c'est que là on est...
03:50 Voilà, si j'avais participé à la journée de fête autour des seigneurs de la ville.
03:55 Aujourd'hui je serais pas devant vous à vous parler de problématiques d'agression, d'altercation.
04:02 C'est que aussi je suis un maire qui va au contact, je suis un maire de terrain.
04:06 Et je sais que je recommencerai.
04:08 Parce que souvent on me dit "oui mais attention Julien, il faut savoir préserver".
04:12 Mais je sais, moi je supporte plus ceux qui nient les autres.
04:15 Ceux qui nient les intérêts communs, ceux qui nient se vivre ensemble.
04:22 Ce lien social qui nous unisse tous.
04:24 Ceux qui vivent que selon leurs propres règles.
04:26 Et ça je les supporte plus.
04:27 Et je sais que j'interviendrai aussi la prochaine fois si ça se représente.
04:30 7h49, Julien Luia, le maire de Firminier est notre invité.
04:33 Si vous habitez la commune, appelez-nous si vous avez un mot à dire au maire de Firminier.
04:37 Et d'une manière générale, que vous soyez citoyen ou maire d'une ville, de Loire ou de Nottleur.
04:41 Vous pouvez nous passer un coup de fil maintenant.
04:43 04 77 10 0010
04:45 Et vous avez forcément reçu beaucoup de messages de soutien.
04:47 On l'imagine ces derniers jours.
04:48 J'en cite deux sur les réseaux sociaux.
04:50 David Coffert, maire de Saint-Romain-les-Ateux, qui vous apporte un soutien total.
04:54 Laura Signieri, conseillère municipale à Saint-Etienne sur Facebook.
04:58 Qui vous soutient face à cette lâche agression.
05:02 Et qui vous souhaite un prompt rétablissement.
05:04 Vous l'avez dit, vous allez continuer d'aller au contact.
05:07 Est-ce que les maires allaient moins au contact avant, finalement, Julien Luia ?
05:11 Aujourd'hui, ils s'exposent peut-être un petit peu plus.
05:13 Ça fait partie du job d'y aller, d'oser y aller ?
05:16 Alors ça, c'est ma conception des choses que vous venez de résumer, effectivement.
05:19 Moi, je considère que ça fait partie de mon travail.
05:22 Et c'est pour ça que je n'en fais pas non plus une histoire.
05:26 Et c'est pour ça, d'ailleurs, vous imaginez le nombre de sollicitations que j'ai reçues des médias.
05:30 J'ai choisi de répondre qu'à deux médias.
05:32 J'ai choisi un média national, parce que c'est un privilège.
05:36 Parce qu'habituellement, les médias nationaux se préoccupent assez peu de ce qui se passe à Firmini.
05:39 Et un média local avec qui on a une habitude de travail assez intéressante.
05:44 Et puis j'aime vos émissions, j'aime les écouter.
05:46 Et parfois même les regarder.
05:48 Et après, stop. Je continue mon travail.
05:51 Je reprends mes activités.
05:53 Ce soir, on a les voeux de la ville.
05:56 On a dû réduire la partie présentation-projet tellement il y en a.
06:01 Donc je préfère me concentrer là-dessus.
06:03 Et oui, effectivement, politiquement, on voit que parfois, moi j'ai des échanges avec des maires locaux,
06:08 parfois d'un peu plus loin, qui me disent
06:11 "La sécurité c'est une mission régalienne de l'État, nous on n'a pas trop grand-chose à y faire."
06:16 Et moi je considère que non, puisque si on a un problème, il faut qu'on essaye de le résoudre tous ensemble.
06:21 Et je considère que le maire doit venir en appui de la police nationale, de la justice.
06:26 On fait partie de cette équation.
06:27 - Et justement, dans quelques jours, vous avez rendez-vous avec le cabinet du ministère de l'Intérieur.
06:31 On va préciser que c'est un rendez-vous qui avait été pris avant ce que vous avez vécu ce week-end.
06:35 Vous allez demander quoi ? De nouveau des effectifs de police supplémentaires dans Londèles ?
06:39 On sait que c'est vraiment un problème récurrent depuis des années et des années.
06:42 - Oui, oui, on va essayer de se battre, effectivement, pour avoir des effectifs supplémentaires, des moyens supplémentaires.
06:47 Voir comment le fait qu'on soit parvenu à faire reclasser deux quartiers de notre ville en quartier prioritaire,
06:53 ces fameux QPV, donc voir un peu ce que ça peut avoir comme répercussions sur l'aspect sécurité, médiation, sociale.
07:00 Parce qu'effectivement, une politique sécuritaire, ce n'est pas qu'une politique de répression.
07:05 Il faut aussi avoir un volet social et un volet de médiation.
07:08 Et donc, on va essayer de travailler sur ces éléments-là.
07:12 Et surtout aussi, essayer de demander la mise en place de tout un tas d'infrastructures,
07:16 souvent un peu administratives, mais qui permettent de travailler aussi ensemble sur ces aspects-là,
07:21 avec les bailleurs sociaux, avec la STAS, avec Saint-Etienne-Métropole, avec la justice, la police.
07:27 Et essayer de se réunir autour d'instances pour travailler.
07:30 - Ça peut être déterminant par rapport à ce que vous avez vécu ?
07:32 - Oui, oui, tout peut être déterminant pour essayer de faire reprendre raison à une partie de notre population
07:39 qui s'est un peu détournée de notre vie sociale, de notre vie commune.
07:43 Il faut que, voilà, on réaffirme bien que les libertés individuelles sont importantes,
07:48 mais elles n'ont de sens que si elles sont encadrées dans une organisation commune
07:52 et dans un socle de règles qui nous unissent tous aux uns aux autres.
07:55 Sinon, on va sur une situation qui me paraît vraiment, vraiment difficile.
07:59 - Merci Julien Lhuia, maire de Firmini, de nous avoir accordé ces mots ce matin.
08:04 On vous souhaite un prompt rétablissement naturellement.
08:06 Et merci d'avoir été sur France Bleu. Merci.
08:08 - 7h53.