Les astronautes aujourd'hui peuvent perdre jusqu'à 20% de masse musculaires, malgré la présence d'équipements sportifs et le suivi de protocoles stricts à bord de la Station spatiale internationale. Les étonnantes capacités physiques de l’ours inspirent la recherche médicale. Comment l’animal peut-il rester sans bouger durant six mois sans développer de problèmes cardiaques, rénaux, osseux ou musculaires ? Des scientifiques mènent l’enquête entre laboratoires et forêts. Ces recherches prometteuses intéressent la médecine spatiale pour améliorer la santé des astronautes après leurs séjours dans l’espace et lors des futurs vols habités. Avec : Fabrice Bertile, biologiste, chercheur à l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien à Strasbourg Etienne Lefai, biologiste, directeur de recherche à l’INRAE Guillemette Gauquelin-Koch, responsable des Sciences de la Vie au CNES Romain Charles, ingénieur ESA (sous réserve) Rémy Marion, réalisateur Séance animée par Gilles Dawidowicz, vice-président de la Société astronomique de France.
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00:00:00 -Je reviens sur scène pour remettre dans le contexte,
00:00:03 puisque à partir de maintenant, la présentation va être filmée.
00:00:07 Je représente nos invités.
00:00:09 Je suis Gilles Davidovitch,
00:00:11 vice-président de la Société Astromérique de France.
00:00:14 Nous avons aujourd'hui, comme invité pour cette projection débat,
00:00:18 quatre personnalités qui sont des experts de l'ours
00:00:23 ou de la physique,
00:00:25 des astronautes et des humains.
00:00:30 Je vais vous demander de venir me rejoindre.
00:00:32 Fabrice Bertil, biologiste,
00:00:35 chercheur à l'Institut pluridisciplinaire ubercurien,
00:00:39 à Strasbourg. Bonjour, Fabrice.
00:00:41 Merci et bravo.
00:00:43 Bravo pour oser taquiner l'ours dans son sommeil.
00:00:47 Etienne Lefecq, vous pouvez applaudir également,
00:00:50 biologiste, mais directeur de l'Institut pluridisciplinaire,
00:00:54 biologiste, mais directeur de recherche à l'Inrae.
00:00:57 Bienvenue.
00:00:58 Bravo aussi.
00:00:59 Le compliment vaut pour vous,
00:01:01 puisqu'il faut être gonflé, si vous me permettez l'expression,
00:01:05 pour réveiller un ours qui dort.
00:01:07 Guillemette Gauquelin-Corche, que vous pouvez applaudir aussi,
00:01:12 qui est responsable...
00:01:13 Docteur en médecine spatiale et responsable des sciences de la vie
00:01:17 au CNES, le Centre national d'études spatiales.
00:01:21 Vous, vous réveillez plutôt les astronautes.
00:01:23 On va en reparler, que les ours, mais parfois...
00:01:26 -C'est moins effrayant. -C'est moins effrayant.
00:01:29 Prenez les micros.
00:01:30 Et enfin, mon ami Rémi Marion, réalisateur de ce documentaire,
00:01:34 parmi bien d'autres.
00:01:35 Vous pouvez applaudir,
00:01:36 qui est un célèbre photographe animalier et naturaliste.
00:01:40 On se connaît depuis bientôt 25 ans avec Rémi.
00:01:43 C'est lui qui a réalisé ce film.
00:01:48 Et puis son fils, on va mentionner le droniste de la famille,
00:01:53 Guillaume Marion,
00:01:54 qui a fait les extraordinaires vues en drone de toute cette aventure.
00:01:58 Merci à tous les quatre de nous rejoindre aujourd'hui.
00:02:02 J'ai plein de questions.
00:02:03 Le public aura aussi beaucoup de questions.
00:02:06 On va pouvoir échanger tous ensemble.
00:02:08 On va commencer par Rémi.
00:02:11 Est-ce que tu peux nous remettre dans le contexte...
00:02:14 Tu es un spécialiste des milieux polaires,
00:02:16 un naturaliste, je l'ai dit.
00:02:18 Tu fais beaucoup de photos, beaucoup de vidéos.
00:02:21 Est-ce que tu peux nous remettre dans le contexte
00:02:23 de ce film documentaire qui a cinq ans ?
00:02:26 -Oui.
00:02:27 Je taquine les ours, comme tu le disais, depuis bientôt 35 ans.
00:02:31 Surtout les ours polaires, beaucoup les ours bruns.
00:02:33 Il y a des images qui ont été faites dans ce film,
00:02:36 qui sont de mes archives, faites au Kamchatka et en Finlande,
00:02:39 d'autres en Alaska aussi,
00:02:41 qui ont servi de base naturaliste au film.
00:02:44 C'est en voyant une vidéo que Fabrice avait faite
00:02:47 pour la Cité des sciences,
00:02:49 une petite vidéo de une dizaine de minutes,
00:02:52 qui m'avait intrigué sur les débuts des études.
00:02:55 C'était déjà il y a quelques années.
00:02:57 J'ai pris contact avec Yvon Lemahaut,
00:03:00 spécialiste des régions polaires,
00:03:01 l'ancien patron de Fabrice,
00:03:05 qui nous a mis en relation.
00:03:07 Fabrice m'a dit qu'il y en avait d'autres dans d'autres pays,
00:03:12 et qu'il y avait un programme de recherche en Suède.
00:03:14 Ce programme n'avait jamais été filmé.
00:03:17 On pourra peut-être en parler,
00:03:19 c'est peut-être un peu délicat d'aller taquiner les ours,
00:03:22 de les réveiller, de les analyser.
00:03:24 L'équipe n'avait jamais ouvert une équipe de tournage.
00:03:29 J'ai fait valoir mes années avec les ours
00:03:32 pour pousser un peu la porte.
00:03:35 On a pu faire ce film et on est vraiment très contents.
00:03:38 On continue à le projeter régulièrement,
00:03:41 avec Étienne, avec Fabrice.
00:03:43 On tourne un peu partout avec ce film,
00:03:45 parce qu'au-delà même du film qui a été projeté sur Arte,
00:03:48 il y a déjà cinq ans, comme tu le disais,
00:03:50 il a une vie aussi.
00:03:52 C'est fantastique de faire un documentaire
00:03:54 qui, en plus, a une vie pédagogique
00:03:56 et qui continue à vivre, comme aujourd'hui.
00:03:58 C'est génial d'avoir fait un film
00:04:00 qui n'est pas simplement pour les centaines de milliers de personnes.
00:04:03 Il est projeté dans le monde entier,
00:04:04 je crois qu'il a été projeté dans 20 ou 25 pays.
00:04:07 Mais voilà, c'est une très belle aventure,
00:04:10 audiovisuelle, mais aussi humaine.
00:04:13 Et ça, c'était vraiment très important.
00:04:15 -Les images sont remarquables.
00:04:17 On comprend aussi qu'il y a toute une continuité,
00:04:21 année après année, probablement.
00:04:23 Peut-être qu'on va passer,
00:04:26 on va aller de sujet en sujet,
00:04:29 parce que c'est extrêmement vaste.
00:04:30 L'ensemble de ces sujets sont très vastes,
00:04:33 des astronautes jusqu'aux hommes et aux femmes de la rue,
00:04:37 que nous sommes tous,
00:04:39 potentiellement confrontés à ces sujets de santé,
00:04:43 de physiologie humaine et animale,
00:04:46 puisque nous sommes aussi des animaux.
00:04:47 On a tous des problèmes cardiaques, osseux, musculaires.
00:04:51 On va voir un peu tout ça ensemble.
00:04:54 Ça fait cinq ans, en fait.
00:04:56 Etienne, j'ai envie de vous poser la première question,
00:05:00 parce que vous terminez sur une note extraordinaire, évidemment.
00:05:05 On sait que le sang est une matière très complexe,
00:05:09 le sang humain, mais aussi...
00:05:11 Là, on découvre que le sang animal, notamment le sang de l'ours,
00:05:14 peut être aussi extrêmement complexe,
00:05:16 avec ce fameux plasma,
00:05:19 qui semble être une piste extraordinaire, parmi d'autres,
00:05:23 à explorer.
00:05:24 Il y a peut-être la piste génétique, on y reviendra.
00:05:26 Il y a sûrement plein d'autres facteurs.
00:05:28 Est-ce qu'en cinq ans,
00:05:30 vous avez réussi à trouver cette petite partie dans le plasma
00:05:35 qui serait l'ingrédient miracle ?
00:05:38 -En cinq ans, il s'est passé des choses.
00:05:40 Notamment, on a eu une épidémie mondiale.
00:05:44 Juste pour mettre en contexte,
00:05:46 la recherche scientifique s'est beaucoup intéressée
00:05:48 à d'autres problématiques, à juste titre que la nôtre.
00:05:52 Les voyages internationaux ont été arrêtés.
00:05:55 Ce qui fait que tout ce que vous avez pu voir dans le documentaire,
00:05:58 le déplacement de scientifiques à travers toute l'Europe,
00:06:00 a été arrêté.
00:06:02 On a eu quasiment deux ans d'interruption du programme
00:06:05 sans échantillon.
00:06:07 Ça a beaucoup ralenti le processus,
00:06:10 qui est revenu à une vitesse de croisière
00:06:12 depuis l'année dernière seulement.
00:06:14 Pour répondre à votre question
00:06:19 sur ce qu'il y a dans le sang de l'ours en hiver qui agit,
00:06:23 on est toujours sur la question.
00:06:25 On a plus de pistes que ce qu'on avait à l'époque,
00:06:28 on a plus d'idées.
00:06:30 On continue à fouiller, mais ça reste encore très compliqué.
00:06:33 -Encore mystérieux. -Oui.
00:06:36 -D'accord. Extraordinaire.
00:06:37 C'est vraiment incroyable, cette histoire,
00:06:41 et finalement, exaltante.
00:06:43 -On a été assez surpris, à Paris,
00:06:46 de se dire que ce qu'il y a dans le sérum d'eau
00:06:49 peut passer de la barrière des espèces
00:06:51 et avoir un effet sur une autre espèce.
00:06:53 Le fait que ça ait un effet bénéfique,
00:06:56 ça a été une vraie découverte,
00:06:58 et c'est ça qui est porteur d'espoir.
00:07:00 On peut potentiellement découvrir des mécanismes qui peuvent fonctionner.
00:07:05 -Je ne sais pas si vous allez mériter le prix Nobel de médecine,
00:07:09 mais ça pourrait être extraordinaire.
00:07:12 Passons, parce qu'on est là pour parler des astronautes qui sont,
00:07:16 un petit échantillon d'humains.
00:07:19 J'ai quand même tendance à le dire et à croire, à penser,
00:07:23 pour connaître nos dix astronautes français,
00:07:26 et côtoyer un certain nombre assez régulièrement,
00:07:28 qui sont un peu particuliers.
00:07:30 Ce n'est pas tout à fait monsieur et madame de la rue.
00:07:33 Pour être très honnête, ils sont quand même très particuliers.
00:07:37 Est-ce qu'on peut se projeter,
00:07:40 et d'abord, avant de penser à endormir les astronautes
00:07:44 pour des voyages lointains,
00:07:46 qui restent encore soit de l'anticipation
00:07:48 soit carrément de la science-fiction,
00:07:50 simplement déjà tester ce genre de sérum, pourquoi pas,
00:07:55 sur un astronaute tel qu'un Thomas Pesquet ?
00:07:58 Vous avez, comme je l'ai dit tout à l'heure,
00:08:00 encadré les sciences de la vie des dix astronautes
00:08:03 depuis Jean-Loup Chrétien, 1982, jusqu'à Thomas, très récemment,
00:08:06 pour le CNES.
00:08:08 Ce sont des cobayes, déjà.
00:08:10 Est-ce qu'on pourrait imaginer tester ce genre de sérum
00:08:15 de molécules sanguines sur un astronaute
00:08:18 pour voir si ça a un effet ou pas sur sa physiologie ?
00:08:22 -Non, je pense que pour l'instant,
00:08:24 on n'a pas encore testé sur l'homme entier ce genre de technique.
00:08:30 Vous dites qu'un astronaute est quelqu'un d'un peu particulier,
00:08:34 mais est-ce bon qu'il soit si particulier que ça ?
00:08:37 On se rend compte que plus vous êtes entraîné
00:08:40 et plus vous vous désentraînez en étant dans l'espace,
00:08:43 et ces astronautes sont des gens très entraînés,
00:08:46 on se rend compte que quelqu'un qui n'est pas grand sportif
00:08:49 subira moins d'effets sur son corps
00:08:52 s'il reste halité pendant longtemps qu'un grand sportif.
00:08:55 Il perdra moins de masse musculaire en étant pas un grand sportif.
00:08:58 Est-ce une bonne population ? C'est pas sûr.
00:09:00 C'est le problème des astronautes, ils sont sédentaires
00:09:04 et sans aucun exercice musculaire.
00:09:08 Deux heures par jour de vélo,
00:09:10 c'est comme si vous restiez couché pendant 22 heures par jour.
00:09:13 Le problème des astronautes...
00:09:15 L'astronaute est un peu particulier,
00:09:17 c'est un corps qui vieillit très vite,
00:09:20 mais c'est réversible.
00:09:22 Tous les problèmes physiologiques qu'ont les astronautes dans l'espace
00:09:25 reviennent à la valeur normale au bout de 6 mois à 1 an après le vol.
00:09:31 Pour les autres, un peu moins vite, pour le reste, c'est 6 mois.
00:09:35 -Je m'intéresse depuis très longtemps
00:09:38 au sein de l'Association Aéryste de France,
00:09:40 avec toutes nos commissions,
00:09:41 Astronautique et Technique Spatiale.
00:09:43 Est-ce que vous pouvez nous rappeler, j'ai la liste,
00:09:46 des modifications physiologiques
00:09:51 qu'un astronaute, pour un séjour de longue durée,
00:09:54 pas une ou deux semaines, mais plutôt 6 mois,
00:09:56 subit dans son corps ?
00:09:59 Lesquelles sont réversibles complètement
00:10:01 et lesquelles ont peut-être quelques séquelles ?
00:10:04 Globalement, on découvre dans le documentaire
00:10:08 que l'ours en hibernation
00:10:10 partage un certain nombre de ses transformations physiologiques.
00:10:14 -En résumé, je vous ai dit que c'était un organisme vieillissant.
00:10:18 C'est quoi, l'vieillissement de l'homme ?
00:10:21 -C'est des problèmes cardiaques.
00:10:23 Dans l'espace, le cœur,
00:10:25 qu'on pensait être le plus sensible à l'apesanteur,
00:10:28 se comporte très bien.
00:10:29 Il se déconditionne.
00:10:31 Il ne peut plus faire rien, car le cœur est un muscle.
00:10:34 Il faut qu'il pompe le sein.
00:10:35 Comme les muscles et les os ne travaillent plus,
00:10:38 le cœur se déconditionne.
00:10:39 Il se passe la même chose que les gens à 70 ou 75 ans,
00:10:43 un épaississement des ventricules, etc.
00:10:45 Au niveau des os, l'astronaute perd des os,
00:10:48 mais pas 30 % d'os.
00:10:50 En six mois de vieillissement, il perd entre 3 et 10 %.
00:10:53 C'est très variable d'un astronaute à l'autre.
00:10:56 On pense qu'il y a une cause génétique.
00:10:58 Est-ce qu'on pourra, après,
00:11:00 sélectionner les astronautes en fonction de leur gène ?
00:11:03 C'est une question éthique qui n'est pas encore résolue.
00:11:06 Beaucoup de problèmes physiologiques sont liés au gène que vous avez au départ.
00:11:10 Il perd également des muscles.
00:11:12 Ils ont une modification métabolique,
00:11:14 comme vous, quand vous ne faites pas de sport,
00:11:16 quand vous restez au lit, etc.
00:11:19 C'est le diabète, etc.
00:11:21 L'astronaute qui monte dans la station,
00:11:25 six mois après, il a un tout petit début de diabète.
00:11:28 C'est réversible parce qu'on le traite immédiatement en retour.
00:11:32 Il refait des exercices, etc.
00:11:34 Quand vous êtes diabétique, vous allez voir le médecin au bout de 10 ans,
00:11:38 donc vous avez plus de mal à vous y reprendre.
00:11:41 Il y a quelques problèmes immunologiques.
00:11:43 On considère que les astronautes ont plus facilement des infections
00:11:48 dans la station et au retour au vol, au sol.
00:11:51 En gros, ce sont les modifications physiologiques.
00:11:53 Quelles sont celles qui sont réversibles et celles qui ne le sont pas ?
00:11:57 Le cœur se remet assez rapidement de ces modifications.
00:12:01 Qu'est-ce qui se passe pour le cœur dans la station ?
00:12:05 Le sang, qui est dans la partie inférieure du corps,
00:12:07 monte dans la partie supérieure,
00:12:09 car vous n'avez plus besoin de sang dans les jambes.
00:12:11 Vous avez une hypervolume du central,
00:12:14 ce qui provoque quelques problèmes au niveau du cerveau, de l'oreille interne, etc.
00:12:19 Quand vous redescendez,
00:12:21 ce sang redescend immédiatement dans la partie inférieure du corps,
00:12:23 ce qui vous provoque une hypotension orthostatique.
00:12:25 Comme les personnes âgées, quand vous vous levez le matin,
00:12:28 la tête tourne un peu, c'est simplement de l'hypotension orthostatique.
00:12:31 L'astronaute, exactement la même chose.
00:12:33 Au niveau osseux, c'est plus compliqué.
00:12:35 On s'est rendu compte, on fait des études,
00:12:38 pour un vol de 6 mois, un an après le vol,
00:12:41 que tout l'os ne l'avait pas récupéré.
00:12:44 L'astronaute n'a pas récupéré tous ses os.
00:12:45 Actuellement, on fait des études entre 18 mois et 2 ans après le vol.
00:12:49 Même après 18 mois, il n'a pas complètement récupéré ses os.
00:12:52 C'est quelqu'un qui a un état osseux fragile, on va dire,
00:12:58 plus facilement des calculs rénaux, des chutes, etc.,
00:13:02 quand il revient sur Terre.
00:13:05 Je pense qu'honnêtement, les vols de très longue durée,
00:13:10 les problèmes, par exemple pour Mars, pour la Lune, etc.,
00:13:14 ce sera les os, la psycho et la radiation.
00:13:16 L'os n'est pas encore résolu.
00:13:18 On leur donne des biophosphonates, plein de choses,
00:13:21 mais pour l'instant, ce n'est pas résolu.
00:13:22 C'est pour ça qu'on fait beaucoup d'expériences au sol,
00:13:24 en allitant les gens pour voir la progression des maladies.
00:13:29 -Fabrice, quand on regarde ce tableau clinique de l'astronaute longue durée,
00:13:34 l'ours coche quasiment toutes les fonctions physiologiques majeures.
00:13:41 -Oui, je suis finalement là. Bonjour à tous.
00:13:44 Un ours en hibernation présente une insuffisance cardiaque,
00:13:48 d'aspect, une insuffisance rénale,
00:13:52 il perd quand même un tout petit peu de muscles, par exemple,
00:13:55 a priori pas tellement d'os.
00:13:58 La différence se fait dans le fait que ces défauts seront limités
00:14:02 et seront surtout restaurés pour réveiller en quelques semaines.
00:14:07 -En quelques semaines. -Pour les plus longs.
00:14:09 C'est là que se fait la plus grande différence.
00:14:12 -On a quand même beaucoup moins de problèmes de modification cardiaque que l'ours.
00:14:17 L'ours a vraiment de très grandes modifications cardiaques.
00:14:20 Chez l'homme, il maintient sa fréquence cardiaque normale,
00:14:23 sa pression intérieure normale, etc.
00:14:25 -Chez l'ours, il n'y a pas de différence en termes de propriété physique,
00:14:30 épaisseur des ventricules, etc.
00:14:32 Il y a cette différence en termes de fréquence très ralentie.
00:14:38 On nous parle de pause de 19 secondes.
00:14:42 Aujourd'hui, on sait que ça peut monter chez un ours.
00:14:44 Il y a une pause de plus de 40 secondes qui a été enregistrée.
00:14:48 Mais au réveil, le cœur est normal.
00:14:52 -Dans le film, on sous-entend, c'est peut-être une autre équipe,
00:14:58 qu'il y a des pauses d'instrumentation à plus long terme,
00:15:02 sur des mesures qui sont faites sur l'ours,
00:15:07 pas simplement durant vos campagnes,
00:15:11 mais peut-être un monitoring ?
00:15:13 Vous équipez certains ours,
00:15:14 ou vos collègues équipent des ours sur un monitoring plus long ?
00:15:18 -Ces ours, qui sont suivis par le Scandinavian Boundary Group,
00:15:23 sont suivis toute leur vie.
00:15:24 Ils sont équipés de colliers avec des batteries.
00:15:27 La majorité, c'est une batterie.
00:15:29 Ils sont équipés de traceurs GPS qui suivent leur localisation.
00:15:33 Ça permet à d'autres équipes de suivre la biologie des espèces ours,
00:15:38 leur reproduction, leur territoire, la descendance, la génétique.
00:15:42 Et nous, on a eu l'occasion, dans ces campagnes,
00:15:46 d'installer des biologues chez certains animaux,
00:15:49 qui sont des petits dispositifs
00:15:52 qui sont disposés sous cutanée ou à l'intérieur du corps
00:15:56 et qui permettent de suivre des données comme la fréquence cardiaque,
00:15:59 la température des organes, etc.
00:16:01 On a des enregistrements aussi,
00:16:04 de l'activité comme ce qu'il y a dans nos téléphones
00:16:08 pour suivre les accéléromètres, l'activité des animaux.
00:16:13 -En préparant ça,
00:16:15 je suis les activités de Rémy depuis 25 ans bientôt,
00:16:19 comme je vous le disais.
00:16:20 On se rend compte qu'il y a plusieurs sortes d'ours,
00:16:24 plein d'espèces d'ours dans le monde.
00:16:26 Il y en a qui vivent au Kamchatka, en Alaska, en Slovénie,
00:16:30 dans les Pyrénées, au Japon, en Russie, en Sibérie.
00:16:35 Ce ne sont pas tous les mêmes ours.
00:16:36 Il y a les ours bruns, les noirs, les blancs.
00:16:38 D'un seul coup, je me dis que tous les ours n'hibernent pas.
00:16:43 Toi qui es naturaliste,
00:16:46 il y a des ours qui n'hibernent pas, notamment l'ours blanc.
00:16:49 -C'est un peu plus compliqué que ça.
00:16:51 Il y a huit espèces d'ours dans le monde.
00:16:53 Entre autres, le grand panda, qui est un des huit.
00:16:56 Il y a l'ours à lunettes qui vit en Amérique du Sud,
00:16:59 l'ours écocotier qui vit en Malaisie,
00:17:00 l'ours lipu qui vit au nord de l'Inde,
00:17:03 l'ours noir asiatique, l'ours noir américain,
00:17:05 l'ours brun et l'ours polaire.
00:17:07 L'ours polaire est un cousin très proche de l'ours brun.
00:17:11 Seules les femelles ours polaires qui sont gravides,
00:17:15 qui vont mettre au monde des petits,
00:17:17 passent l'hiver dans une tanière.
00:17:18 Les ours polaires ont de la banquise l'hiver.
00:17:21 Ils vont les chasser.
00:17:23 Ils ne vont pas passer l'hiver dans la tanière.
00:17:25 Par contre, l'été, quand il n'y a plus de banquise,
00:17:28 les ours polaires ne vont pas hiberner,
00:17:29 mais rentrer dans un système de léthargie,
00:17:32 d'économie d'énergie.
00:17:34 On sait qu'après un certain temps de jeûne,
00:17:38 ils vont vraiment passer dans un régime très drastique
00:17:41 d'économie.
00:17:43 Est-ce qu'ils sont dans un régime identique à nos ours bruns
00:17:46 qui hibernent en Europe,
00:17:48 ou aux ours noirs qui hibernent ?
00:17:50 On n'en sait rien.
00:17:52 Étudier les ours polaires, c'est encore plus compliqué
00:17:55 qu'étudier les ours bruns.
00:17:57 Il y en a beaucoup moins, le territoire est gigantesque.
00:18:00 Les gens qui étudient les ours polaires,
00:18:03 ils sont dans le collimateur,
00:18:05 parce que c'est une espèce menacée.
00:18:08 C'est très compliqué de faire le parallèle,
00:18:12 même si on sait que les deux espèces sont très proches génétiquement,
00:18:15 qu'elles peuvent s'hybrider, que les hybrides sont fertiles.
00:18:19 On sait qu'ils sont très proches.
00:18:21 Mais est-ce qu'on peut extrapoler les adaptations de l'ours brun à l'ours polaire ?
00:18:28 On n'en sait rien.
00:18:29 -Sur le sang, on ne sait pas s'ils partagent cette faculté,
00:18:33 si leur sang ou leur plasma seraient proches ou similaires.
00:18:38 -C'est une très bonne question.
00:18:39 C'est aussi là-dessus sur quoi on travaille avec Fabrice.
00:18:43 Cette question de libernation,
00:18:46 c'est-à-dire cet état biologique, qui ne concerne pas tous les ours,
00:18:51 mais qui concerne d'autres espèces animales.
00:18:53 -On y vient.
00:18:54 -La question, est-ce que ces molécules sont capables d'avoir un action ?
00:18:59 Ce sont des molécules spécifiques à l'ours ou à l'hibernation ?
00:19:04 Est-ce qu'on va retrouver ces molécules chez d'autres ours,
00:19:07 même ceux qui n'hybernent pas,
00:19:09 ou chez d'autres animaux qui ne sont pas des ours mais qui hibernent ?
00:19:13 C'est une partie de mon projet.
00:19:15 -Je me suis évidemment renseigné.
00:19:17 Il y a quand même pas mal d'animaux qui hibernent.
00:19:21 Et dans ces familles d'animaux, il y en a qui n'hibernent pas.
00:19:25 C'est assez complexe.
00:19:27 Rémi rappelait qu'il y a des ours qui n'hibernent pas.
00:19:30 Chez les mammifères, il y a les marmottes qui hibernent,
00:19:34 qui entrent en hibernation.
00:19:35 Dans les petits mammifères, il y a le hérisson, le loir.
00:19:38 Les reptiles, la tortue.
00:19:40 On connaît la tortue Hermann qui hiberne,
00:19:42 encore que toutes les tortues Hermann et les petits n'hibernent pas.
00:19:47 Les amphibiens, les grenouilles.
00:19:50 Chez les insectes, la coccinelle et le bourdon.
00:19:52 Chez les chauves-souris, certaines entrent en hibernation
00:19:55 pendant les mois les plus froids.
00:19:56 -Il y a même un oiseau.
00:19:59 -Il y a même un oiseau qui hiberne.
00:20:01 -C'est l'engoulevant de Nutelle.
00:20:04 -Un engoulevant hiberne.
00:20:05 -L'engoulevant de Nutelle.
00:20:07 -Un engoulevant.
00:20:08 -C'est comme chez les ours, les chauves-souris, les petits rongeurs.
00:20:13 -Chacun s'adapte.
00:20:14 -La question biologique, c'est à quoi sert l'hibernation ?
00:20:18 Pourquoi certains animaux ont adopté cette stratégie ?
00:20:22 On peut imaginer que c'est en réponse à un manque de substrats,
00:20:28 notamment de nourriture.
00:20:30 Quand vous faites face à une situation
00:20:32 où il n'y a pas de nourriture,
00:20:35 parmi les stratégies que la nature a trouvées,
00:20:37 la première, c'est la migration.
00:20:39 Ce sont des animaux qui vont changer de territoire.
00:20:42 Ou alors, vous avez une possibilité, c'est d'hiberner.
00:20:46 Ça peut concerner certaines espèces à l'intérieur,
00:20:50 même d'une même famille animale.
00:20:52 Et pas d'autres qui ont choisi d'autres stratégies.
00:20:55 -Pourquoi ces questions-là ?
00:20:56 Quand on parle à nouveau des astronautes ou encore plus loin...
00:21:01 Ici, on a déjà, l'année dernière et les années précédentes,
00:21:06 beaucoup parlé d'exobiologie,
00:21:09 d'essayer de travailler sur la recherche de la vie ailleurs
00:21:14 que dans le système solaire.
00:21:15 On sait que dans le système solaire, cette recherche est plutôt vaine.
00:21:18 Mais ailleurs, pourquoi pas ?
00:21:20 On en parlait avec Nathalie Cabrol quand elle est venue en France,
00:21:24 avec Marcello Fucignoni,
00:21:26 des spécialistes de l'Observatoire de Paris
00:21:30 ou d'autres organismes scientifiques.
00:21:32 On parle de plus en plus de cette notion de coévolution.
00:21:37 Pouvez-vous nous rappeler la coévolution ?
00:21:42 Qu'est-ce que c'est, cette capacité de s'adapter à son environnement ?
00:21:45 Évidemment, pour un astronaute,
00:21:48 si on lui dit que le frigo est plein, ça ne va pas changer grand-chose,
00:21:51 ça ne va pas influencer son état physiologique.
00:21:56 Même six mois pour aller sur Mars, ce n'est pas très long.
00:22:00 On n'est pas obligé...
00:22:01 On reviendra sur les différentes définitions,
00:22:04 il n'y a pas que l'hibernation, il y a l'hypométabolisme.
00:22:07 On va voir les différences.
00:22:09 Pouvez-vous rappeler la coévolution d'un organisme vivant
00:22:14 avec son environnement ?
00:22:16 Est-ce qu'on sait pourquoi la vie s'adapte comme ça,
00:22:22 finalement, parfois, à un écosystème plutôt hostile ?
00:22:27 -On peut parler de coévolution avec l'environnement,
00:22:31 mais on peut aussi parler d'évolution.
00:22:33 L'évolution a eu des millions d'années
00:22:36 pour tester toutes les stratégies possibles et imaginables.
00:22:39 Celles qu'on retrouve aujourd'hui fonctionnent,
00:22:41 elles ont été sélectionnées.
00:22:43 Il y a sans doute beaucoup d'animaux
00:22:48 qui ont, par leur propre évolution,
00:22:51 testé d'autres stratégies pour lutter contre les rigueurs de ces environnements,
00:22:55 stratégies qui n'ont pas fonctionné sur le long terme
00:22:58 et des espèces qui ont disparu.
00:23:00 -Donc la question, ça va être,
00:23:04 est-ce que ces animaux, dans des milieux fragiles,
00:23:08 comme les milieux polaires,
00:23:09 vont être capables de s'adapter à un changement climatique
00:23:13 assez rapidement, aussi rapidement que le changement lui-même ?
00:23:16 -Rapidement, non.
00:23:17 -Rapidement, non.
00:23:19 -Aussi rapidement, non.
00:23:21 Pour le cycle lourdes polaires,
00:23:22 c'est détaché de l'ours brun très rapidement.
00:23:25 C'est un exemple d'école.
00:23:27 En quelques centaines de milliers d'années,
00:23:30 peut-être moins, les deux espèces ont été distinctes.
00:23:33 D'ailleurs, ça pose un problème,
00:23:34 parce qu'on se dit que l'évolution en tant que telle
00:23:37 ne suffit pas à imaginer que ces deux espèces se soient...
00:23:40 On parle maintenant d'effets génétiques.
00:23:42 Peut-être que ça a été plus vite que ce qu'on peut imaginer
00:23:45 avec l'évolution "normale".
00:23:48 Entre autres, ce qui a poussé certains ours bruns
00:23:51 ou ancêtres de l'ours brun à devenir des ours polaires,
00:23:54 ou à pousser vers l'ours polaire,
00:23:56 c'est le changement d'alimentation.
00:23:58 En particulier, d'avoir une alimentation 100 % carnée,
00:24:03 vous l'avez vu, l'ours brun a plutôt une alimentation à 80 %,
00:24:06 voire plus, qui est végétale,
00:24:08 voire avec des petits animaux,
00:24:10 mais ce n'est pas du phoque, par exemple,
00:24:11 comme l'ours polaire, qui est à 90 % carnivore,
00:24:15 et ne mange que du phoque.
00:24:16 C'est vraiment ce qui a été le moteur
00:24:19 de cette évolution très rapide d'un ours brun,
00:24:22 ou un cousin de l'ours brun omnivore,
00:24:24 vers un ours polaire exclusivement carnivore.
00:24:26 C'est vraiment ce changement de régime alimentaire,
00:24:28 et la génétique le prouve maintenant,
00:24:30 que c'est ce changement de régime alimentaire
00:24:32 qui a été le moteur principal de cette évolution.
00:24:35 -Si je peux compléter sur votre question,
00:24:39 est-ce que les animaux hibernants vont être capables
00:24:42 de répondre facilement, rapidement,
00:24:44 aux changements climatiques qui s'annoncent ?
00:24:46 La réponse est non, clairement.
00:24:48 Ils ne vont pas être capables, c'est le résultat
00:24:50 de milliers et de millions d'années d'évolution,
00:24:53 leur capacité.
00:24:54 Il y a déjà des études extrêmement nombreuses
00:24:57 qui montrent que chez tous les hibernants,
00:25:00 y compris tous les ours hibernants,
00:25:02 les changements climatiques qu'on a déjà aujourd'hui
00:25:05 ont un impact sur la phénologie de l'hibernation
00:25:07 et sur la physiologie des animaux hibernants.
00:25:09 On pense que ceux qui vont réellement réussir
00:25:13 à faire face aux changements climatiques,
00:25:15 ce sont, parmi les hibernants,
00:25:17 ceux qui sont capables de déclencher cet état léthargique
00:25:20 en réponse à des accidents météorologiques,
00:25:22 en réponse à des tempêtes, en réponse à des feux.
00:25:25 Parmi les hibernants,
00:25:26 il y en a qui sont capables de déclencher
00:25:28 l'état léthargique qu'on appelle la torpeur,
00:25:31 de manière spontanée dans ces cas-là.
00:25:33 Eux, ils réussiront probablement plus rapidement à s'adapter.
00:25:37 -Etienne, allez-y.
00:25:39 -Il y a aussi une notion de plasticité.
00:25:41 Il y a des choses qui sont obligatoires dans la nature
00:25:44 pour certains animaux.
00:25:45 Le panda, une famille d'ours qui n'hiberne pas,
00:25:48 parce qu'il a de la nourriture à disposition toute l'année,
00:25:51 ça n'a aucun intérêt.
00:25:53 L'ours brun, quand il hiberne, il a une plasticité.
00:25:59 S'il habite très au nord, dans l'Anaska,
00:26:03 il va passer six mois,
00:26:05 voire six mois et demi, sept mois d'hibernation.
00:26:08 S'il habite, comme ce qu'on a vu avec Fabrice,
00:26:11 au nord de Thessalonique, dans la Grèce,
00:26:13 à la limite de la Haute-Macedoine,
00:26:15 il va passer 15 jours peinards dans un petit terrier,
00:26:19 trois semaines un peu en léthargie.
00:26:22 Mais c'est génétiquement le même animal.
00:26:25 Ils sont capables, les deux, de fonder une famille.
00:26:29 On est d'accord.
00:26:30 -Et si on en transplantait un un peu sournoisement ?
00:26:34 Ma grand-mère aurait dit...
00:26:36 -De Slovénie en Pyrénées, ça marche très bien.
00:26:38 -Ça marche très bien. -C'est ça.
00:26:40 -C'est la question.
00:26:42 Il y a une plasticité de ces animaux.
00:26:45 On a beaucoup pensé qu'il y avait un lien
00:26:49 sur la capacité d'hibernation avec leur régime alimentaire.
00:26:52 Il y a des ours qui ne verront jamais un saumon de leur vie.
00:26:55 -Ou une mirtille. -Ou une mirtille.
00:26:57 -Ça veut dire qu'ils ont une forme de plasticité.
00:27:02 Il y a une zone de fonctionnement.
00:27:06 -Pour compléter cette plasticité,
00:27:08 on le voit très bien dans une région que je fréquente,
00:27:11 c'est mieux pour mon bilan carbone.
00:27:13 C'est le nord de l'Espagne,
00:27:15 où il y a une grosse population d'ours bruns.
00:27:17 Dans les Asturies, où il y a 300 ours bruns,
00:27:20 qui vivent très bien au contact des humains.
00:27:23 Là, avec le réchauffement climatique,
00:27:26 c'est l'instabilité.
00:27:27 Comme le dit Étienne, la plasticité va être importante.
00:27:30 Il y a une année où il va faire très froid,
00:27:32 il y aura 2 m de neige.
00:27:33 L'année suivante, il va faire très doux
00:27:35 et il y aura de la nourriture en permanence.
00:27:37 On le voit dans les Asturies.
00:27:39 Il peut y avoir des femelles qui vont passer 3 semaines, 1 mois,
00:27:41 à l'abri dans un tas de bois, pas loin.
00:27:44 L'année d'après, ils vont passer 3 mois dans une tanière.
00:27:47 C'est cette plasticité qui va être la clé
00:27:50 de la survie de ces espèces.
00:27:52 -Incroyable.
00:27:56 Avant de passer aux définitions,
00:27:58 avec guillemette,
00:27:59 Étienne, vous m'avez dit, tout à l'heure en discutant,
00:28:03 que quand bien même l'ours brun est dans sa tanière en train d'hiberner,
00:28:11 il ne hiberne que d'un œil, si je puis dire.
00:28:14 Parce que parfois, il peut vous entendre arriver à 100 m de distance,
00:28:19 et puis d'étaler, sortir de son terrier et s'enfuir.
00:28:22 Racontez-nous ça.
00:28:24 -On va rentrer dans plusieurs choses.
00:28:27 D'abord, l'hibernation dans le monde animal.
00:28:30 Chaque espèce a sa façon d'hiberner.
00:28:33 Ça peut concerner son rythme cardiaque, sa température corporelle,
00:28:38 son cycle circadien pendant la phase d'hibernation.
00:28:44 Les ours ne hibernent pas comme les écureuils, les loirs, les marmottes.
00:28:50 Par exemple, l'ours garde quasiment sa température corporelle.
00:28:53 C'est pour ça que ça nous intéresse au médecine humaine
00:28:55 et en rapport avec le spatial.
00:28:57 Parce que le modèle ours, dans son modèle biologique,
00:29:02 a des caractéristiques de poids, de taille, de corpulence,
00:29:07 de régime alimentaire plus proche de l'humain que des écureuils.
00:29:13 Sa température corporelle descend de quelques degrés anniversairement,
00:29:18 ce qui n'est pas le cas des petits rongeurs.
00:29:20 Oui, il a une forme de vigilance, heureusement.
00:29:24 Pendant qu'il est en hibernation, il est réellement en léthargie.
00:29:28 Il est complètement inactif.
00:29:31 -Il peut toquer à la porte du terrier.
00:29:34 -Par contre, il a quand même une forme de vigilance.
00:29:38 Il est sensible au son.
00:29:40 Ça a été mesuré sur des caméras installées dans des tanières,
00:29:44 par exemple d'ours en Alaska, à côté de Fairbanks.
00:29:48 On enregistre pour regarder ce qui se passe.
00:29:51 L'ours ne fait rien.
00:29:53 Il se retourne tous les deux ou trois jours.
00:29:55 -Il rêve ? Est-ce qu'il rêve ?
00:29:57 -Il y a eu une grande campagne d'essais d'enregistrement cérébraux chez l'ours,
00:30:03 qui a échoué complètement.
00:30:06 Ça a été fait aussi en Alaska, sur le groupe de Fairbanks.
00:30:09 Mais ils ont des enregistrements de caméras d'ours dans les tanières artificielles.
00:30:14 Il ne bouge absolument pas. C'est de la torpeur.
00:30:16 Il se retourne tous les deux ou trois jours.
00:30:19 Par contre, à un moment, on entend l'ours qui grogne, etc.
00:30:22 Quand on couple ça avec la bande sonore,
00:30:25 c'est au passage du Nouvel An, sur la ville de Fairbanks,
00:30:29 on entend les pétards de feu d'artifice.
00:30:32 Il grogne, il bouge un peu.
00:30:35 Donc, il entend le son. Il est sensible à ça.
00:30:40 Quand on va sur place, vous avez vu dans le film,
00:30:43 il y avait pas mal de neige.
00:30:45 On peut arriver de façon discrète et sans faire de bruit.
00:30:49 Personne ne parle, on évite les bruits au maximum.
00:30:52 Si il y a très peu de neige,
00:30:54 ou la couverture au-dessus de la tanière est nulle,
00:30:57 ils ont presque la truffe à l'air, on arrive à 30, 40, 50 mètres,
00:31:02 ils entendent des bruits, des sacrices, et ils partent en détalons.
00:31:08 -Rémi, je sais que tu es rentré dans les tanières d'ours.
00:31:11 Je ne sais pas s'ils étaient là ou pas.
00:31:13 C'est quelle profondeur ?
00:31:14 -Ce n'est pas très profond. Les tanières d'ours brun, c'est pas très profond.
00:31:18 C'est vraiment un petit terrier.
00:31:20 -Ce n'est pas du tout Disney.
00:31:22 Ce n'est pas une caverne avec des ramifications.
00:31:24 -Non, pas du tout.
00:31:26 C'est vraiment une petite casemate qui ne ressemble à rien.
00:31:29 -C'est de la taille de l'animal.
00:31:31 -Il faut vraiment, au niveau de la température...
00:31:33 -C'est lui qui l'a creusé.
00:31:34 -Oui, ou il peut utiliser des cavités,
00:31:38 il peut mettre des brindilles dedans, il peut la rendre confortable.
00:31:42 Il ne faut surtout pas d'humidité.
00:31:44 -Il n'a pas d'escar.
00:31:47 L'ours n'a pas d'escar.
00:31:49 -Non, non plus.
00:31:51 C'est vrai qu'il changement.
00:31:53 -Sur les enregistrements vidéo dont parlait Étienne,
00:31:57 on le voit qu'il se retourne tous les 2-3 jours.
00:31:59 -C'est ce qui m'a fait penser à l'escar.
00:32:01 -Il a de la fourrure, pas la peau.
00:32:03 -Il a aussi une énorme couche de gorge.
00:32:07 -Il a une couche de gorge.
00:32:08 Revenons avec cette histoire de définition.
00:32:12 Vous m'avez parlé, quand on a préparé, d'hypométabolisme.
00:32:17 J'ai recherché, j'ai trouvé cryptobiose.
00:32:20 Ce ne sont pas exactement des synonymes avec hibernation,
00:32:24 avec hivernation, même en réalité, ce n'est pas la même chose.
00:32:28 Pouvez-vous nous repréciser un certain nombre de ces éléments,
00:32:32 presque de définition ?
00:32:35 -Ce que je voulais vous dire, c'est que chez l'homme,
00:32:38 on sait que l'homme ne pourra pas hiberner.
00:32:40 Hiberner, c'est le métabolisme le plus bas possible.
00:32:43 On ne peut pas descendre le métabolisme de l'homme aussi bas,
00:32:45 descendre sa température, etc.
00:32:47 Quand il va se remettre d'aplomb, il va y avoir du stress oxydant,
00:32:52 il y aura énormément de problèmes.
00:32:53 On sait que l'homme ne pourra pas hiberner complètement.
00:32:56 Je parle d'hypométabolisme,
00:32:58 c'est-à-dire qu'on peut essayer de faire diminuer le métabolisme de l'homme.
00:33:04 Il y a des expériences qui vont être faites en Chine bientôt.
00:33:07 On va essayer de mettre des hommes pendant 8 à 10 jours
00:33:11 avec à peu près 250 kcal par jour, ce n'est pas beaucoup, et de l'eau.
00:33:15 Ils auront un minimum.
00:33:18 On ne peut pas laisser un homme pendant 8 jours sans boire ni manger.
00:33:23 Même les souris, au bout de 5 jours, c'est fini.
00:33:27 Une souris, au bout de 5 jours, elle meurt si on la laisse sans nourriture.
00:33:31 Un homme, ça peut donner.
00:33:33 C'est pour ça que je dis de l'hypométabolisme,
00:33:35 c'est-à-dire de baisser le métabolisme de base de l'homme autour de 1 200 à 1 400 kcal par jour.
00:33:41 -Vous m'avez dit que vous n'étiez pas une spécialiste de science-fiction,
00:33:46 mais nous, on aime bien la science-fiction.
00:33:48 On a tous en tête Alien, ces grands vaisseaux spatiaux
00:33:53 où les astronautes sont congelés,
00:33:55 astronautes ou passagers, parfois passagers clandestins, comme dans Alien.
00:33:59 On a tous cette vision de la congélation, on va dire,
00:34:04 et de cette hibernation froide.
00:34:07 En science-fiction, c'est souvent froid.
00:34:10 -Alien, ils ne sont pas congelés.
00:34:14 Ils ne sont pas que ripplés. -Non.
00:34:16 On a quand même l'impression... Il faudra en regarder.
00:34:20 Peut-être qu'on a des spécialistes.
00:34:22 On a cette image de l'astronaute mis en léthargie,
00:34:27 en sommeil profond,
00:34:29 pour un long voyage.
00:34:31 -C'est de la science-fiction.
00:34:33 On ne peut pas baisser la température de l'homme
00:34:35 en dessous d'une certaine température.
00:34:37 La température est autour de 37 degrés.
00:34:39 Quand on descend à 32, ça peut être que pour quelques heures.
00:34:42 C'est bon en cas de problème cardiaque, de surgique cardiaque, etc.
00:34:46 On ne peut pas baisser la température d'un homme
00:34:48 en dessous de certaines températures pendant plusieurs jours.
00:34:51 Si on hiberne, on sera obligé de baisser la température.
00:34:54 Si on congèle encore plus...
00:34:56 -Emile ? -Il faut bien voir que dans une tanière d'ours,
00:34:59 il ne fait pas froid.
00:35:00 Du tout.
00:35:01 J'ai pu rentrer dans une tanière d'ours,
00:35:03 j'ai vu une femelle d'ours polaire partir.
00:35:05 Je suis rentré dans la tanière.
00:35:07 Ça faisait quasiment six mois qu'elle était dedans.
00:35:10 C'est presque une chaleur moite qui est à l'intérieur.
00:35:14 En plus, il y a la couche de neige qui sert d'isolant.
00:35:17 -Ça transpire, forcément.
00:35:19 -Forcément.
00:35:20 -La température par rapport à elle doit pas beaucoup baisser.
00:35:22 -Très peu, ça transpire.
00:35:24 Si vous commencez à perdre de l'eau...
00:35:26 -Au moins par la respiration.
00:35:28 -Alors que vous ne buvez pas.
00:35:29 Tout est contrôlé pour limiter au maximum les pertes.
00:35:32 Si vous transpirez, ça ne marche pas.
00:35:34 -Je ne sais pas si ma maîtresse de CP nous entend,
00:35:38 mais si elle nous entend, cette pauvre dame,
00:35:40 son cours de CP sur la vie est complètement à revoir.
00:35:44 -Il transpire, il transpire, il y a une perte d'eau,
00:35:49 mais tout est ralenti et limité au maximum
00:35:51 pour que ça puisse fonctionner.
00:35:53 -C'est pour ça que la température reste relativement élevée
00:35:56 à l'intérieur de la tanière.
00:35:57 C'est pour ça que le volume est restreint
00:35:59 par rapport au volume total de l'animal.
00:36:01 Quand je suis rentré dans des tanières,
00:36:03 j'avais à peine la place de me tourner,
00:36:05 alors qu'il y avait une femelle de 200 kg qui venait d'en sortir.
00:36:08 Mais c'est parce qu'elle occupe au maximum,
00:36:10 c'est une espèce de niche qui fait environ 1 mètre tube
00:36:12 pour un ours polaire,
00:36:14 et puis elle occupe quasiment l'espace complètement.
00:36:16 -Et les petits étaient avec elle.
00:36:17 -Les petits étaient avec elle, oui, tout à fait.
00:36:19 -Et tout le monde s'aligne.
00:36:21 -Et tout le monde s'aligne.
00:36:22 Les petits, eux, ils bougent.
00:36:23 Au bout d'un certain temps, évidemment,
00:36:25 ils commencent à avoir, au bout de trois semaines environ,
00:36:28 quand ils naissent un petit ours polaire ou un petit ours brun,
00:36:31 c'est toute petite chose,
00:36:32 parce que la gestation chez les ours est très réduite,
00:36:35 c'est à peine deux mois.
00:36:37 La croissance de l'embryon chez les ours, c'est deux mois.
00:36:39 Donc le petit ours, un petit ours brun, c'est 300-400 g.
00:36:43 C'est une petite chose qui va se brancher sur des tétines
00:36:46 et là, il va grossir très vite.
00:36:47 Un ours polaire, au bout de trois mois, il fait 12 kg.
00:36:50 Mais à la naissance, il fait 800 g.
00:36:52 Donc, évidemment, ils vont être très actifs.
00:36:54 Au bout d'un certain temps, il va falloir sortir.
00:36:56 C'est comme les gamins au moment du confinement dans un appartement.
00:36:59 À un moment donné, il va falloir ouvrir la porte.
00:37:01 -Je pense qu'ils doivent complètement modifier la thermorégulation,
00:37:03 les ours, quand ils hibernent.
00:37:04 Il y a un certain nombre de neurones dans le cerveau
00:37:06 qui régulent la thermorégulation.
00:37:08 Je pense que ces neurones-là sont soit activés, soit inhibés, etc.
00:37:11 -Les mesures de température qui ont été prises dans des tanières d'ours
00:37:15 révélaient des températures d'environ 10 degrés.
00:37:17 10 degrés pour un ours, c'est la thermoneutralité.
00:37:20 Ils ne dépensent pas d'énergie pour se réchauffer.
00:37:22 -Est-ce qu'il y a des études de métabolisme sérieuses qui sont faites ?
00:37:24 -Les études de métabolisme qui ont été faites chez les ours,
00:37:27 ça a été fait chez les ours noirs, pas chez les ours bruns.
00:37:30 Elles ont montré que le métabolisme de base chute de 75 %,
00:37:34 bien que la température ne tombe que de 4, 5 degrés.
00:37:38 Donc, il y a vraiment, chez l'ours,
00:37:39 par rapport aux petits mammifères hibernants
00:37:40 qui réussissent à faire tomber leur métabolisme,
00:37:43 surtout du fait de la chute de la température corporelle,
00:37:46 et c'est pour ça qu'on voit beaucoup ça dans les films de science-fiction,
00:37:49 chez l'ours, il y a vraiment des mécanismes actifs.
00:37:52 -Beaucoup plus puissants.
00:37:54 -Extraordinaire.
00:37:55 -En plus, les femelles mettent bas,
00:37:57 donc il faut qu'elles nourrissent aussi leurs petits,
00:37:58 qu'elles métabolisent la graisse pour nourrir les petits.
00:38:00 Tout ça, c'est une machine qui fonctionne parfaitement bien
00:38:04 dans des conditions extrêmes.
00:38:06 Et quand ils sortent, la femelle a vu sa vie normalement,
00:38:10 même si elle a passé six mois dans la tanière.
00:38:12 -C'est quand même loin de l'homme.
00:38:13 -Oui, on est bien d'accord.
00:38:14 -Etienne, on parlait tout à l'heure, on a mentionné les pandas.
00:38:18 On a eu la diplomatie du panda en France ces dernières années.
00:38:21 Est-ce que vous avez fait des prélèvements,
00:38:23 vous en avez profité pour aller dans le zoo
00:38:26 récupérer un peu de plasma de panda ?
00:38:28 -Les pandas, c'est très compliqué, pour d'autres raisons.
00:38:32 Par contre, pour les programmes chinois,
00:38:35 parce que je suis aussi dans un programme chinois,
00:38:37 et ça revient à ce qu'on disait tout à l'heure,
00:38:39 on étudie maintenant avec Fabrice d'autres animaux hibernants,
00:38:42 notamment des petits écureuils,
00:38:43 qui présentent aussi des caractéristiques semblables,
00:38:45 c'est-à-dire qu'ils sont capables d'hiberner pendant l'hiver
00:38:48 et de devenir très gras pendant l'été.
00:38:50 Ils ont le même phénotype que les ours.
00:38:52 Ils vont diminuer leur température corporelle.
00:38:54 Ils hibernent entre 5 et 10 degrés de température corporelle
00:38:59 pendant qu'ils hibernent.
00:39:01 Et puis, ils ont des cycles très particuliers pendant l'hibernation.
00:39:05 On essaie de regarder les différences et les similitudes
00:39:10 avec le modèle de l'ours,
00:39:11 pour, on va rappeler ce qu'on disait tout à l'heure,
00:39:14 voir si tout ce qu'on observe avec notre ours,
00:39:17 c'est une histoire d'ours ou d'hibernation.
00:39:20 -Incroyable.
00:39:22 La science en marche.
00:39:24 Peut-être que dans le public,
00:39:26 il y a des questions à nos invités, à nos spécialistes.
00:39:32 Ici, une première question.
00:39:34 -Bonsoir.
00:39:35 En ce qui concerne les matières fécales pendant l'hiver,
00:39:39 est-ce que toute la graisse transformée en énergie pendant six mois
00:39:44 pour faire vivre l'ours se transforme aussi en matière fécale ou pas du tout ?
00:39:48 Ça, c'est curieux.
00:39:50 S'il y a quand même des matières fécales,
00:39:54 comment, pendant six mois,
00:39:56 ces matières fécales ne produisent pas d'effet négatif dans le tube digestif ?
00:40:02 Et puis, la deuxième question,
00:40:04 si on transplante un ours de Pyrénées directement en Laponie,
00:40:09 est-ce qu'il peut hiberner d'une année à l'autre ?
00:40:13 Quels sont, dans son corps intérieur, les mécanismes qui lui permettent de faire ça ?
00:40:19 -Bonne question pour les matières fécales.
00:40:22 On en reparlera pour les astronautes, vu qu'ils subissent des lavements avant de partir.
00:40:27 Alors, racontez-nous...
00:40:29 Dites-nous déjà s'il vide son intestin avant d'hiberner
00:40:34 ou s'il conserve le bol alimentaire et le reste dans son intestin pendant l'hibernation.
00:40:40 -Ce qui est admis pour les ours, c'est que pendant leur hibernation,
00:40:44 ils ne défecquent pas, ils n'éliminent pas leurs déchets.
00:40:47 -Il n'y a rien qui rentre, il n'y a rien qui sort.
00:40:50 -D'accord, mais le dernier bol alimentaire...
00:40:53 -On retrouve quand même, parfois, soit des fessesses dans la tanière,
00:40:59 soit des fessesses à l'intérieur de l'animal pendant l'hiver,
00:41:02 parce que tout est ralenti.
00:41:04 Au niveau intestinal, tout s'arrête aussi.
00:41:07 Donc, s'il y a production en cours avant que l'animal soit tombé au bottom
00:41:12 de son état léthargique, la matière fécale va rester présente dans l'animal.
00:41:16 Mais plus rien ne bouge.
00:41:18 -Ils arrêtent de manger quelques semaines, quelques jours, très peu.
00:41:23 Ce n'est pas brutal.
00:41:25 L'entrée en hibernation, ce n'est pas un jour où l'ours se lève et dit
00:41:28 "Ce soir, c'est fini, je coupe le gaz, je ferme les clés, c'est fini."
00:41:32 Ce sont des processus assez lents qui durent plusieurs semaines.
00:41:36 Le rythme cardiaque va descendre progressivement,
00:41:39 la température corporelle aussi, l'activité de l'animal pendant qu'il mange, etc.
00:41:45 -Les ours sont un bouchon fécal.
00:41:47 Il va falloir qu'ils l'éliminent.
00:41:49 À leur mise en service, il faut vider un peu la tuyauterie.
00:41:53 On sait que quand ils sortent, ils ont un certain nombre de plantes
00:41:57 qui vont leur permettre de purger leur système laxatif.
00:42:01 Ils broutent.
00:42:04 Des herbes qui sont bien faites, qui vont être laxatives.
00:42:09 Ce sont les premières plantes que les ours vont trouver.
00:42:12 -La nature est très bien faite.
00:42:13 -C'est le pet de l'ours dans les Pyrénées.
00:42:17 -Au niveau de la physiologie de l'intestin,
00:42:21 il y a une atrophie des vilosités de tout ce qui sert à la captation des aliments
00:42:27 de ce qu'on mange.
00:42:28 Tout ça est atrophié en hiver, il n'y a presque plus de vilosité.
00:42:33 -Les astronautes, on les purge avant pour éviter des contaminations ?
00:42:38 -Non, on les purge avant.
00:42:40 C'est pour le trajet entre la Terre et l'ISS.
00:42:44 Quand c'était dans le Soyouz ou actuellement,
00:42:46 ils peuvent difficilement aller aux toilettes.
00:42:48 On les purge avant pour ça, essentiellement.
00:42:51 Sinon, dans la station, c'est parfait.
00:42:53 -La deuxième question de monsieur.
00:42:55 -Pour compléter la première,
00:42:59 les graisses accumulées pendant des mois avant l'hiver
00:43:04 sont transformées chimiquement en énergie pendant ces six mois.
00:43:08 Elles ne produisent absolument aucune matière fécale.
00:43:11 C'est une transformation à 100 % en énergie.
00:43:15 -C'est ça.
00:43:18 On ne va pas rentrer dans la biochimie des lipides,
00:43:21 mais oui, c'est la matière biologique
00:43:25 qui est capable de condenser le plus d'énergie par gramme de tissu.
00:43:30 -C'est quand même une belle machine.
00:43:32 Déjà, le corps humain est une belle machine chimique, thermique.
00:43:37 Mais là, c'est remarquable aussi. Une belle évolution.
00:43:40 -Du point de vue fécal, il y a eu ces observations dont on parle,
00:43:44 mais rien n'a été quantifié.
00:43:45 Du point de vue urinaire, il y a eu des études plus poussées.
00:43:49 On sait qu'ils n'urinent pas.
00:43:51 Le rein fonctionne au ralenti.
00:43:53 Il y a production d'urine, mais presque rien.
00:43:56 Environ une centaine de millilitres par jour.
00:43:59 Et toute cette urine est réabsorbée au niveau de la paroi de la vessie.
00:44:04 Donc, il n'y a pas d'excrétion.
00:44:07 Il y a du recyclage.
00:44:09 -Ça, ça parle les astronautes, le recyclage.
00:44:12 -Non, mais... -Mais même si on ne boit pas...
00:44:15 -Ils n'ont pas de calculs rénaux ?
00:44:17 Parce que quand le rein ne fonctionne pas pendant 4-5 mois...
00:44:20 -C'est assez étonnant.
00:44:23 -On a vu les personnes qui travaillent sur le rein dans le film.
00:44:29 A ma connaissance, pour l'instant,
00:44:31 ils n'ont pas sorti de nouveaux résultats qui nous amèneraient...
00:44:35 -C'est par mail.
00:44:36 -Quand vous les prenez au mois de février,
00:44:38 ils sont en hibernation depuis combien de temps ?
00:44:41 -Ils sont en hibernation depuis 3 mois, 3 mois et demi.
00:44:44 En général, ils sont au plus bas de leur état léthargique.
00:44:47 -La deuxième question, monsieur.
00:44:51 Si on transplante directement un ours dépéréné du nord de la Laponie,
00:44:55 le premier hiver qui passe, il peut hiberner ?
00:44:58 Qu'est-ce qu'il y a à la réflexe ?
00:45:00 -Il ne faut peut-être pas le mettre en Laponie au mois d'octobre.
00:45:03 Il va falloir quand même qu'il se mette en place dans son environnement.
00:45:08 A priori, je dirais qu'il n'y a aucun problème.
00:45:11 À savoir qu'en Suède,
00:45:13 avant le programme du Brandenburg Project,
00:45:18 il y avait deux populations génétiquement distinctes en Suède,
00:45:21 une au nord, une au sud,
00:45:22 parce qu'à cause de la chasse,
00:45:24 il y avait eu des isolates populations qui s'étaient retrouvées.
00:45:27 Sachant que l'isolate population au sud de la Suède
00:45:29 était très proche des ours, entre autres, des Balkans.
00:45:33 On voit qu'il y a quand même des possibilités,
00:45:36 que les ours sont très proches,
00:45:39 je dirais au moins en Europe occidentale, très proches.
00:45:41 Ce qui est intéressant avec les ours bruns,
00:45:44 c'est qu'il y a une grande variabilité.
00:45:46 On peut avoir des petits ours bruns, comme on a chez nous,
00:45:48 dans les Pyrénées, dans les Asturies, ou même en Suède.
00:45:52 Et puis, chez les ours bruns, la même espèce,
00:45:55 ils pourraient se reproduire ensemble.
00:45:57 Au Kamchatka ou en Alaska,
00:45:59 vous avez des ours qui font quasiment quatre fois la taille
00:46:01 des ours qu'on a en Europe.
00:46:03 C'est aussi très intéressant avec l'ours brun,
00:46:05 de voir cette variabilité en fonction de ce qu'offre le milieu alimentaire.
00:46:10 -Les Russes n'ont jamais trouvé...
00:46:12 On n'a pas d'ours des cavernes congelées dans le permafrost ?
00:46:16 Ça n'existe pas ?
00:46:17 -Sur les ours des cavernes, si.
00:46:19 Il y a eu un ourson, il y a deux ans,
00:46:21 qui a été retrouvé intégralement en entier en Sibérie.
00:46:26 L'ours des cavernes est un sujet intéressant,
00:46:29 parce qu'il a disparu il y a 10-15 000 ans,
00:46:33 donc il n'y a pas très longtemps, à la fin de la glaciation.
00:46:37 Peut-être qu'il n'était pas aussi bien adapté
00:46:39 que son cousin, l'ours brun.
00:46:41 Peut-être, d'ailleurs,
00:46:42 ça pourrait être l'objet de recherches,
00:46:46 mais peut-être qu'il n'avait pas tout le mécanisme
00:46:49 que l'on connaît chez l'ours brun et qu'il n'a pas pu survivre.
00:46:53 Je pense que la comparaison
00:46:55 entre l'ours des cavernes et l'ours brun est assez intéressante.
00:46:59 -Il me semble qu'un ours des cavernes a été retrouvé "intact"
00:47:04 et a été confié aux équipes du muséum, ici à Paris,
00:47:07 pour le naturaliser.
00:47:10 -Parce qu'on a, dans le Jura ou en Suisse,
00:47:15 des squelettes entiers d'ours des cavernes.
00:47:18 -Il y a beaucoup de...
00:47:19 Du même niveau génétique, on connaît beaucoup de choses.
00:47:23 Ce qui est assez surprenant,
00:47:24 quand on regarde les ossements des ours des cavernes,
00:47:27 c'est qu'il y a beaucoup de casses osseuses.
00:47:29 Je ne suis pas biologiste,
00:47:32 mais je pense qu'il y a quelque chose à rechercher.
00:47:34 Entre autres, il y a un os long, le baculum,
00:47:37 l'os peignin, chez les ours,
00:47:39 qui sont souvent retrouvés cassés.
00:47:42 Est-ce que les derniers ours des cavernes
00:47:44 n'étaient pas suffisamment adaptés
00:47:47 à passer de plus en plus longs avec la glaciation ?
00:47:51 Je pense que ça peut être intéressant.
00:47:53 -Y a-t-il d'autres questions ?
00:47:55 Madame, on va vous donner un micro.
00:47:59 -Merci, bonjour.
00:48:07 Je voudrais savoir, comme on a vu,
00:48:09 que l'homme et l'ours sont très différents.
00:48:12 La question s'adresse peut-être à Mme Gauquelin-Cocq.
00:48:14 Est-ce que l'homme-astronaute
00:48:16 va être prêt pour des destinations très lointaines ?
00:48:19 -Est-ce que l'homme-astronaute...
00:48:22 -Est-ce que nous sommes prêts physiologiquement,
00:48:24 et vous l'avez dit, un peu psychologiquement,
00:48:26 à des destinations lointaines ?
00:48:28 Même sans hibernation, du coup.
00:48:31 -C'est un sujet très intéressant
00:48:33 sur lequel on travaille de plus en plus cette année.
00:48:36 Je pense que l'homme pourra arriver à aller sur Mars
00:48:41 d'ici 20 à 30 ans physiologiquement.
00:48:43 Il tiendra le coup.
00:48:44 Il y a certainement, comme je vous l'ai dit,
00:48:46 le problème d'osseux qui n'est pas résolu.
00:48:49 Il y a le problème des radiations.
00:48:52 Pour l'instant, dans l'ISS,
00:48:54 les astronautes ne se ramassent aucun rayonnement.
00:48:57 Sur Mars, il y en aura beaucoup plus.
00:49:00 Et il y a tout ce qui est psychologie.
00:49:02 Si vous voulez être dans l'ISS,
00:49:04 ils sont à 400 km au-dessus de la tête.
00:49:06 Ils redescendent en deux heures.
00:49:08 Sur Mars, il faudra six mois pour redescendre.
00:49:10 Psychologiquement, c'est très différent.
00:49:12 Mais physiologiquement, oui,
00:49:14 je pense que l'homme pourra un jour aller sur Mars.
00:49:16 -Après, plus lointain, pour l'instant, ce n'est pas envisageable.
00:49:21 -Ce ne sera peut-être pas le format de Thomas Pesquet, par contre.
00:49:24 -Quel est, du coup, messieurs,
00:49:26 vous qui connaissez bien les ours,
00:49:30 si on devait faire le profil type de l'astronaute idéal,
00:49:34 si on se base sur la physiologie de l'ours,
00:49:37 ce serait...
00:49:39 -C'est une bête, aussi.
00:49:40 Ce serait quoi, pour essayer d'endurer le mieux possible le voyage spatial ?
00:49:45 -Il faut quelqu'un qui est sans être trop entraîné.
00:49:47 Je vous ai dit que c'était beaucoup plus délétère
00:49:50 si vous étiez un grand sportif et que vous vous couchiez pendant six mois
00:49:53 que si vous êtes le Pékin de base.
00:49:55 Il faut quelqu'un qui ne soit pas très jeune,
00:49:59 autour de 40 ou 50 ans.
00:50:01 Il faut surtout quelqu'un qui sache faire plusieurs choses.
00:50:04 Actuellement, on estime qu'on embarquera
00:50:08 à peu près quatre hommes ou quatre femmes pour Mars.
00:50:12 Il faut des gens qui soient médecins et plombiers, cuisiniers, électriciens, etc.
00:50:16 Il faudra qu'ils fassent tout à quatre personnes.
00:50:19 Ce sera très compliqué.
00:50:21 Le profil idéal, c'est la personne de 50 ans
00:50:24 qui sait faire beaucoup de choses et qui est en bonne santé.
00:50:27 Les astronautes, pour partir dans l'ISS, sont en excellente santé.
00:50:31 Ça ne posera pas de problème.
00:50:33 Voilà.
00:50:34 -Il y a sûrement des candidats ou des candidates dans la salle.
00:50:38 Y a-t-il une autre question ?
00:50:40 Monsieur.
00:50:41 -Juste pour compléter ce que disait Guillaume,
00:50:49 il y a un paramètre qui nous intéresse beaucoup,
00:50:52 c'est la notion de confinement.
00:50:53 Dans l'ISS, il y a encore un peu de mouvement et d'espace,
00:50:57 mais c'est le problème du transfert.
00:51:00 Sur la période, là, il n'y a pas grand-chose à faire.
00:51:04 Vous êtes confiné dans un petit espace.
00:51:07 -L'ISS aussi, mais dans la navette encore plus.
00:51:10 Si on imagine un voyage pour Mars, ça reste le cas.
00:51:13 Donc là, si l'équipage est en sommeil,
00:51:16 on peut imaginer que ça va dépenser moins d'énergie.
00:51:20 S'ils restent en bonne santé pendant qu'ils sont dans un état
00:51:24 sans dépenser trop d'énergie, ça limite les problèmes psychologiques.
00:51:28 -Jean-François Clervoy, un ami astronaute avec qui on discute très souvent,
00:51:33 qui est souvent notre invité ici,
00:51:36 il y a quand même une réserve sur le fait du choc émotionnel
00:51:40 de la personne au réveil.
00:51:42 Si on imagine qu'elle fait réveil dans un environnement complètement différent,
00:51:47 l'ours n'a pas ce choc-là.
00:51:49 Il s'endort et se réveille au même endroit.
00:51:51 Quand bien même, vous le taquinez un peu.
00:51:55 Mais l'astronaute, ça pourrait créer d'autres problèmes psychologiques.
00:52:00 -Tout à fait.
00:52:01 Encore, si c'est dans l'ISS, c'est un choc émotionnel moins,
00:52:05 puisqu'il voit en permanence la Terre.
00:52:07 C'est ce que disent les astronautes.
00:52:09 On voit que Chrétien me disait qu'il voit sa Bretagne 16 fois par jour.
00:52:13 Mais arriver sur Mars, qui est un monde totalement hostile à tout,
00:52:18 il va falloir qu'il puisse arriver sur Mars, marcher sur Mars, etc.
00:52:22 C'est encore un autre problème, car il y a une gravité réduite.
00:52:25 Il faudra s'habituer.
00:52:27 En dehors du stress oxydatif pour les cellules,
00:52:30 il y aura le stress émotionnel qui sera très important.
00:52:33 -Il ne faudrait pas se casser le col du Fémur en débarquant.
00:52:36 -Ce sera dommage, il faut mieux le casser à la sortie qu'à l'entrée.
00:52:39 -Alors, une question.
00:52:41 -Comment ça s'appelle ?
00:52:42 Pour ce qui est de la Station internationale,
00:52:46 vu qu'elle n'est que à 400 km d'altitude,
00:52:49 vous avez dit qu'il n'y avait pas de gros problèmes de radiation.
00:52:53 Mais par contre, dans la future Station lunaire,
00:52:58 ce lunaire Gateway sera dans les environs de la Lune.
00:53:03 Y aura-t-il davantage de problèmes ?
00:53:05 -Il y aura beaucoup plus de problèmes du point de vue de la radiation.
00:53:09 Il y a plusieurs centres de radiation, les protons, les neutrons, etc.
00:53:12 Et également les radiations des protons qui vont faire des trucs secondaires
00:53:21 quand ils vont taper dans le vaisseau spatial.
00:53:25 Ça va atteindre encore les astronautes.
00:53:27 Il y a des gros problèmes au point de vue lunaire.
00:53:30 C'est pour ça que les Américains ont lancé dans Artemis I
00:53:33 deux mannequins avec des capteurs partout.
00:53:42 C'est un mannequin homme et un mannequin femme.
00:53:44 On sait que les organes en fonction des hommes et des femmes
00:53:47 ne seront pas atteints de la même façon.
00:53:48 Pour voir les radiations qu'ils auront.
00:53:51 -Ca va être aussi très dépendant de l'activité solaire
00:53:54 et de l'activité cosmique.
00:53:57 -Bien sûr.
00:53:57 -Il y a deux types de radiation.
00:53:59 -On ne sait jamais ce qui peut arriver.
00:54:02 C'est pour ça que les astronautes qui descendront sur la Lune
00:54:05 seront obligatoirement très encadrés.
00:54:08 Ils ne pourront pas sortir avec n'importe quelle combinaison.
00:54:11 Beaucoup d'études sont faites là-dessus.
00:54:13 -Si on veut reparler de l'hibernation,
00:54:16 il y a des choses qui ont été faites entre 1950 et 1970
00:54:20 au moment du développement de l'industrie nucléaire.
00:54:23 À cette époque, les gens essayaient d'irradier un peu tout et n'importe quoi
00:54:27 pour voir les effets sur les organismes.
00:54:29 Ce qu'ils se sont amusés à irradier,
00:54:31 et je pense qu'ils ont dû irradier des bonhommes, notamment à l'Est,
00:54:35 c'est des écureuils,
00:54:37 quand ils étaient en état d'activité et d'hibernation,
00:54:40 avec des doses d'irradiation forte.
00:54:42 Les animaux qui hibernent ont une forme de radio-résistance supérieure.
00:54:49 -Ils ont les cellules qui sont plus ou moins dormantes.
00:54:52 -Exactement.
00:54:53 -Excusez-moi, j'ai une autre question complètement différente.
00:54:59 C'est vis-à-vis de la gestation d'une ourse.
00:55:02 Vous avez dit que c'était deux mois
00:55:04 et que son petit,
00:55:07 quand elle accouchait,
00:55:10 il allait se fixer à une tétine.
00:55:13 Est-ce qu'il y a un parallèle à faire avec les marsupiaux ?
00:55:20 -Il pourrait y avoir un parallèle à faire.
00:55:22 Les petits naissent pas dans une poche, mais dans une tanière,
00:55:26 à l'abri des événements extérieurs.
00:55:29 Il était assez évident.
00:55:31 La femelle a mis au monde son petit pendant une période de jeûne.
00:55:36 Donc, il faut qu'elle utilise ses réserves
00:55:39 pour faire croître l'embryon au travers du placenta,
00:55:42 ou avec son lait.
00:55:44 Ça a été mis en évidence que l'utilisation de la graisse
00:55:49 a été optimisée si la femelle utilisait le lait
00:55:52 plutôt qu'au travers du placenta.
00:55:54 Dès que le petit est viable,
00:55:56 c'est-à-dire environ 55-60 jours de croissance,
00:55:59 dès que l'embryon arrive à 60 jours,
00:56:01 elle va le mettre au monde
00:56:02 et utiliser son lait pour faire croître le petit.
00:56:06 Ce qui est assez paradoxal,
00:56:09 c'est que chez les ours,
00:56:11 les accouplements ont lieu au mois de mai-juin,
00:56:14 les naissances au mois de décembre.
00:56:16 La croissance de l'embryon n'était que de 60 jours.
00:56:19 Il ne s'est pas compté, mais si.
00:56:20 Il y a une implantation différée.
00:56:23 La croissance de l'embryon ne démarre
00:56:26 que quand l'ours rentre dans sa tanière.
00:56:28 Pendant ce temps-là,
00:56:29 il n'y a pas de croissance de l'embryon après l'accouplement.
00:56:32 -C'est au même moment qu'on hiberne et que la gestation se produit ?
00:56:36 -Sensiblement. -Globalement.
00:56:38 -En tout cas, ça se recoupe.
00:56:40 -Ça fait deux événements majeurs dans la vie de l'animal.
00:56:44 -Ca doit aider à l'adaptation pour après,
00:56:47 l'ours qui puisse hiberner.
00:56:48 Je ne suis pas sûre qu'un ours qui n'a jamais hiberné,
00:56:51 qui est né dans les Pyrénées, puisse facilement hiberner.
00:56:55 On sait qu'un homme qui naîtra sur Mars ne pourra pas revenir sur la Terre.
00:57:00 Il n'aura pas été conçu de la même façon.
00:57:03 On est conçu pour avoir une gravité de 1G.
00:57:06 Notre cœur est conçu pour avoir une gravité de 1G
00:57:09 pour travailler avec les os et les muscles.
00:57:11 Là-haut, il ne sera pas conçu pareil.
00:57:14 -Est-ce que c'est...
00:57:16 -On va revenir là-dessus, parce que c'est une question...
00:57:19 Étienne, vous vouliez réagir ?
00:57:20 -C'était pour compléter, mais Rémi a quasiment tout dit.
00:57:24 Il y a cette période où le développement embryonnaire a stoppé
00:57:28 pendant toute la phase de l'automne.
00:57:30 Le développement embryonnaire, la gestation chez la femelle,
00:57:34 c'est 56 jours.
00:57:35 Chez nos ours, ça a été pas mal mesuré.
00:57:40 Ça reprend plutôt en décembre.
00:57:43 Les naissances ont lieu fin février.
00:57:47 -C'est plutôt tardif. Étonnamment, c'est assez tard.
00:57:50 -La femelle met bas pendant l'hibernation.
00:57:55 Les petits vont têter.
00:57:57 Mais les petits sont tout petits. C'est aussi pour ça que ça marche.
00:58:00 Pour une femelle de 100 ou 150 kg, si elle faisait un petit de 4,5 kg...
00:58:05 -Ça ne marcherait pas bien.
00:58:07 -Ça ne marcherait pas, car la quantité de lait à produire...
00:58:11 Mais avec un petit qui fait 300-400 g, ça fonctionne.
00:58:15 -Il pèse 400 g à la naissance ? -Bien sûr.
00:58:18 Mais le lait, par contre, chez l'ours brun, aux alentours de 20 %...
00:58:22 -Il n'a pas besoin de lait. -25 % de graisse.
00:58:24 Alors que chez la femme, il est de 5 %.
00:58:26 -Il continue à têter une fois que tout le monde est sorti de la caméra.
00:58:30 -Pendant un an.
00:58:31 -Vous avez parlé de la femelle et le mâle.
00:58:33 Il y a les deux. C'est le même système.
00:58:38 Nous, on prend les femelles avant qu'elles soient en âge de...
00:58:42 -Vous n'avez pas testé des femelles qui étaient gravides ?
00:58:45 -Non. -C'est ça.
00:58:47 -Ca aussi... -C'est endormir avec la...
00:58:49 -Il y a plusieurs choses. D'abord, une composante éthique.
00:58:52 Dans tout ce qui est recherche expérimentale...
00:58:55 -On allait y venir pour terminer.
00:58:57 -On s'interdit de déranger des femelles qui attendent des petits.
00:59:03 Et il y a aussi un autre problème, un problème de sécurité.
00:59:07 Travailler avec des animaux qui font plus de 100 kg,
00:59:10 ça peut être problématique pour les gens qui travaillent autour.
00:59:16 Plus des problèmes de logistique, notamment en été,
00:59:19 des animaux qu'il faut récupérer quand ils sont anesthésiés,
00:59:22 qui ont tendance à courir vers un point d'eau pour boire.
00:59:27 Le temps que l'hélico se pose et qu'on arrive,
00:59:30 s'il a une fléchette anesthésiante dans les fesses et la tête dans l'eau...
00:59:34 -Il se noie. -On peut le perdre.
00:59:37 Et sortir un animal de 200 kg d'une rivière, ce n'est pas évident.
00:59:42 -Voilà.
00:59:43 -J'allais vous poser cette question sur l'éthique
00:59:47 et sur la bien-traitance animale.
00:59:50 On voit dans le film que tout ça est précautionneux.
00:59:53 Rémi me disait qu'il préférait être traité par vos soins
00:59:56 plutôt que dans certains hôpitaux.
00:59:59 En tout cas, il n'y a pas de maltraitance animale.
01:00:05 Vous faites attention, il n'y a pas d'animaux...
01:00:07 J'ai demandé naïvement s'il y avait des séquelles.
01:00:11 D'un point de vue scientifique, il y a forcément des séquelles,
01:00:15 stricto sensu, quand on parle.
01:00:17 Mais en réalité, les animaux n'ont pas de douleurs.
01:00:21 Vous faites des points de suture quand vous prélevez des muscles de l'os...
01:00:26 Pas de l'os, mais des muscles de la graisse, de la peau.
01:00:30 Vous prélevez de la peau, c'est bien ça ?
01:00:33 -Pour les procédures chirurgicales, il n'y a aucun souci.
01:00:36 On a beaucoup de chance, on travaille avec les spécialistes
01:00:40 de l'anesthésie et de la chirurgie de la faune sauvage dans le monde.
01:00:45 Par rapport à ça, il n'y a aucun souci.
01:00:47 Après, pas de douleurs, non, on ne peut pas dire ça.
01:00:51 Quiconque a subi une petite biopsie musculaire,
01:00:57 c'est douloureux, quoi qu'il arrive.
01:00:59 -La douleur est supportable pour un homme...
01:01:02 -Maintenant, les ours se remettent très bien.
01:01:05 -Il n'y a pas eu de plainte.
01:01:07 -Les ours se remettent très bien, ils poursuivent leur hibernation.
01:01:10 Il n'y a pas de différence en termes de longévité, maladie,
01:01:15 défauts quelconques, pathologies quelconques.
01:01:18 -Il pourrait y avoir une infection, par exemple dans un terrier.
01:01:21 -Non, il n'y a jamais eu de problème de ce genre-là.
01:01:25 Simplement, les dernières données qui ont été publiées,
01:01:28 et c'est très récent, ça date de un mois,
01:01:31 montrent qu'on savait qu'ils poursuivaient leur activité.
01:01:35 Ce qui a été réussi, c'est à quantifier ça.
01:01:38 Pour se remettre sur pied,
01:01:42 les ours qui ont le plus de mal à se remettre sur pied
01:01:45 après notre intervention y mettent deux semaines.
01:01:48 -D'accord.
01:01:49 Deux semaines de recovery.
01:01:52 OK.
01:01:53 -Pour donner un cadre plus général à cette histoire de l'expérimentation animale,
01:01:59 nous, les scientifiques, et c'est valable partout en Europe,
01:02:02 à partir du moment où vous voulez travailler avec des animaux,
01:02:06 il y a ce qu'on appelle un dépôt de dossiers à un comité d'éthique,
01:02:10 qui peut être en France, en Suède, etc.,
01:02:12 où des spécialistes, mais pas que, des gens des sociétés civiles,
01:02:17 de la protection des animaux, des comités, se réunissent,
01:02:20 examinent, nous, on décrit en détail, point par point,
01:02:24 tout ce qu'on va faire chez les animaux.
01:02:27 Ça doit être validé avant par ces comités d'éthique.
01:02:30 C'est pareil pour les tests sur des médicaments chez les souris
01:02:34 ou pour les procédures qu'on fait chez les animaux.
01:02:36 Avec aussi des points d'arrêt.
01:02:38 Si, par exemple, il se passe ci, si l'animal fait ci, on arrête.
01:02:42 Il y a plusieurs fois où, nous, on a arrêté les expériences.
01:02:46 Je ne sais pas si c'est l'année où vous étiez là,
01:02:49 il a fait très froid.
01:02:50 Il s'est annoncé encore une journée à -30°C.
01:02:55 La décision a été prise, on ne dérange pas les animaux
01:02:58 parce qu'il fait trop froid dehors.
01:03:00 Les programmes scientifiques s'arrêtent dès qu'il y a dépassement
01:03:05 de ce qu'on avait prévu de faire chez l'animal.
01:03:07 -Rémi ? -Ce qu'il faut bien voir,
01:03:10 nous, en tant qu'équipe de tournage, c'était un peu délicat.
01:03:13 C'est une espèce de ballet autour de l'ours.
01:03:16 C'est les vétérinaires qui manipulent les ours.
01:03:18 Etienne et Fabrice, vous me dites si je me trompe,
01:03:21 mais vous, vous ne manipulez pas l'ours, on vous donne les échantillons.
01:03:24 Ce sont vraiment les vétérinaires qui font les prélèvements,
01:03:27 les gens qui sont spécialisés.
01:03:29 Et nous, dans notre cas, aussi bien Thierry Robert,
01:03:32 Guillaume, mon fils, ou moi-même, en tant que caméraman,
01:03:35 il fallait qu'on soit un peu à l'extérieur de ce ballet
01:03:37 parce que tout va relativement vite, tout le monde est bien coordonné.
01:03:41 C'était très intéressant de les voir travailler,
01:03:45 avec quasiment pas de parole.
01:03:47 Tout le monde était vraiment concentré.
01:03:49 Pour le bien-être de l'animal,
01:03:52 on bande les yeux de l'animal
01:03:55 pour ne pas qu'il suppisse avec la lumière des stress trop importants.
01:03:59 Toutes les précautions sont prises au maximum.
01:04:02 Pour compléter ça,
01:04:03 ce que je trouve intéressant dans ces travaux-là,
01:04:06 suite à une autre chose qui s'est passée l'année dernière
01:04:09 sur un ours polaire,
01:04:11 l'ours brun n'est dérangé que deux fois dans sa vie.
01:04:15 Une fois en février, une fois au mois de juin.
01:04:18 Et ça, c'est très bien.
01:04:20 Il y a eu un cas assez grave au Spitzberg l'année dernière
01:04:23 où une femelle d'ours polaire a été endormie,
01:04:27 suivie par des gens qui faisaient des documentaires,
01:04:31 complètement habituée à l'humain.
01:04:32 Ça s'est très mal terminé.
01:04:34 Il y a eu plusieurs morts côté des humains et côté des ours.
01:04:37 Ce qui est bien, c'est qu'on reste quand même en retrait.
01:04:40 Certainement, les ours doivent avoir un peu mal aux fesses à la fin,
01:04:45 mais c'est très transitoire.
01:04:47 Il n'y a pas d'habituation à la présence humaine.
01:04:50 Ça, c'est très bien.
01:04:52 -Ils perdent leur collier GPS ou s'arrêtent ?
01:04:55 -Non.
01:04:56 Ils sont régulièrement étendus pour suivre la croissance de l'animal.
01:05:03 Si jamais ils les perdent, c'est fini.
01:05:08 Mais généralement, ils les suivent assez longtemps.
01:05:11 Quand les animaux sont en croissance,
01:05:14 ils sont suivis régulièrement pour que la taille du collier
01:05:18 soit adaptée à leur morphologie.
01:05:20 Le réglage de la taille du collier doit permettre que le collier tienne bien,
01:05:25 que le collier ne blesse pas l'animal,
01:05:27 mais que s'il se coince dans une branche ou quoi que ce soit,
01:05:32 il puisse, en se débattant, se retirer.
01:05:34 -Il se détache tout seul.
01:05:36 -Il y a des points d'arrêt.
01:05:38 Dans nos procédures chirurgicales,
01:05:42 il y a aussi des antidouleurs, des systèmes de protection.
01:05:46 Si on constate un défaut chez l'animal,
01:05:49 qu'il a un problème qui s'est battu avec un autre,
01:05:52 ou que le collier l'irrite,
01:05:55 on enlève le collier et l'animal repart vivre sa vie.
01:05:59 -Vous avez déjà soigné un animal que vous avez déterré ?
01:06:04 -Il y a des animaux qui ont des signes...
01:06:08 Mais c'est de la nature. La nature, c'est hostile.
01:06:11 -C'est pas les biseaux d'ours.
01:06:12 -C'est un monde terrible, la nature.
01:06:15 Des animaux qui se sont battus, on en a vu.
01:06:17 -On voit des animaux qui se sont battus,
01:06:19 qu'on a capturés en hiver, qu'on ne retrouve pas en été,
01:06:22 mais on va sur le lieu où on détecte le signal du collier
01:06:25 et on s'aperçoit qu'il a été attaqué par un plus gros ours que lui.
01:06:29 -Il est mort.
01:06:31 -Pendant les captures, l'équipe vétérinaire,
01:06:34 avant quelques procédures liées à nos recherches,
01:06:39 fait une inspection de la santé de l'animal.
01:06:41 Les dents, la température, le rythme cardiaque,
01:06:44 les battements respiratoires, toutes les constantes possibles mesurables,
01:06:49 la qualité des griffes, etc.
01:06:52 Et prend toutes les mesures si besoin.
01:06:57 -Et ça s'arrête, dès qu'un critère n'est pas respecté,
01:07:01 pour nous.
01:07:02 C'est la santé et le bien-être de l'animal.
01:07:05 -Y a-t-il une dernière question ?
01:07:06 Deux encore.
01:07:08 Allez, trois dernières questions.
01:07:10 Et moi, une dernière pour Guilhemette.
01:07:12 -Bonjour. Vous parliez de l'éthique.
01:07:14 J'avais une autre question par rapport à ça.
01:07:16 Vous trouviez le principe actif dans le sérum de l'ours
01:07:18 qui donne les propriétés musculaires.
01:07:20 Comment on fait pour être sûr que ce soit un modèle
01:07:22 qu'on n'étudie pas, qu'on rende de l'ours comme un "médicament",
01:07:25 comme le sérum est compatible avec l'humain ?
01:07:28 Et même dans le but de la projection plus générale,
01:07:32 comment on s'assure qu'on reste dans le but
01:07:35 d'aider des patients alités ou des astronautes qui reviennent sur Terre,
01:07:38 et qu'il ne soit pas un dopage musculaire au sens propre,
01:07:42 ou qu'on n'aille pas sur des histoires de longévité humaine,
01:07:45 parce que la vieillesse n'est pas forcément une maladie.
01:07:47 Ces critères éthiques, comment ils sont étudiés dans votre étude ?
01:07:51 -Alors, nous, on s'attache avec notre éthique scientifique.
01:07:58 La science, en France et dans nos pays occidentaux,
01:08:02 est quand même contrôlée par des instituts, par des comités d'éthique.
01:08:06 On ne fait pas ce qu'on veut, on ne fait pas n'importe quoi.
01:08:09 Des sciences en fous, on a eu l'occasion d'en avoir quelques-uns en France.
01:08:13 On se demande si ça serait bien passé.
01:08:15 Non, c'est contrôlé, ce genre de choses.
01:08:18 Après, on n'est pas à l'abri des dérives de l'espèce humaine.
01:08:22 Si un jour, on arrive à sortir quelque chose
01:08:26 qui permette d'améliorer la santé humaine,
01:08:29 qu'il y ait des gens qui soient intéressés pour faire du dopage avec...
01:08:33 -Oui, on y a déjà pensé.
01:08:35 -C'est pour tout rechercher.
01:08:37 -Si jamais, jusqu'où ça peut aller ?
01:08:39 -Pour prolonger la question de madame,
01:08:41 est-ce qu'on peut imaginer un plasmas synthétique,
01:08:44 une fois qu'on a identifié les principes actifs,
01:08:48 pour faire très simple, de ce phénomène,
01:08:52 et que ça puisse intéresser, par exemple, la santé humaine ?
01:08:57 Est-ce qu'on pourrait synthétiser ça de manière artificielle
01:08:59 ou il faudrait faire des élevages d'ours
01:09:01 pour pouvoir collecter du plasma par centaines de litres ?
01:09:05 -Fabriquer un plasma synthétique,
01:09:08 à priori, ça va être compliqué.
01:09:10 Ce qu'il y a dans le plasma,
01:09:12 c'est ce qu'il y a de plus compliqué à analyser dans un corps,
01:09:15 dans un organisme,
01:09:16 c'est des millions et des millions de molécules.
01:09:19 Une équipe aux États-Unis
01:09:21 se lance dans la détermination de la composition du plasma
01:09:25 chez des animaux hibernants, pas chez des ours.
01:09:28 Leur objectif, c'est de créer un liquide nutritif
01:09:31 pour les organes à transplanter,
01:09:33 pour préserver la fonction des organes.
01:09:36 Ce qui nous intéresse,
01:09:38 c'est tous les bienfaits de l'hibernation,
01:09:42 de la composition du sérum ou du plasma
01:09:45 en situation d'hibernation.
01:09:46 On n'a pas besoin de créer un plasma complet,
01:09:51 donc on n'a pas besoin de recréer des fermes à ours
01:09:54 comme dans certains pays pour la bile ou des choses comme ça.
01:09:57 On ne pourrait pas utiliser un plasma complet
01:10:00 car on déclencherait une réaction immunitaire.
01:10:03 Ce serait plutôt contre-productif.
01:10:05 Je pense que les molécules d'intérêt sont extrêmement nombreuses.
01:10:10 Quand on aura mis au jour suffisamment de ces molécules
01:10:16 pour en déterminer un cocktail,
01:10:18 on tombera dans le cas d'Étienne,
01:10:20 où on ne sera pas à l'abri de malhonnêteté
01:10:24 pour recréer de manière synthétique un cocktail.
01:10:26 -On pourrait rester des heures,
01:10:29 car ça me fait venir plein de questions,
01:10:31 notamment sur l'intelligence artificielle.
01:10:33 Il y avait une autre question là-bas, et puis celle de monsieur.
01:10:36 Enfin.
01:10:38 -Bonsoir, assez rapidement.
01:10:39 Qu'est-ce qui déclenche l'hibernation ?
01:10:42 Est-ce qu'on connaît les critères ?
01:10:43 On imagine la baisse de température, la nourriture plus rare.
01:10:47 Est-ce qu'on pourrait créer une hibernation à la demande artificielle ?
01:10:50 Et qu'est-ce qui, à l'inverse, arrête l'hibernation ?
01:10:54 -C'est une grande question qu'on a à chaque fois.
01:11:00 On ne sait pas vraiment.
01:11:02 Ce qui déclenche l'hibernation, c'est les facteurs environnementaux,
01:11:05 la baisse de la température,
01:11:07 la disponibilité alimentaire qui diminue, etc.
01:11:12 Ce sont des déclencheurs.
01:11:13 La photopériode, le rythme jour-nuit qui va changer.
01:11:17 Dans les contrées où on rencontre des hibernants.
01:11:19 Ce sont des déclencheurs, mais on n'a pas tout dit.
01:11:22 Tout ça agit sur l'organisme
01:11:25 qui détecte ses modifications environnementales.
01:11:27 Il y a une cascade d'événements, de réactions chimiques qui se produisent
01:11:32 pour atteindre le fameux état léthargique dont on parle.
01:11:35 On sait un certain nombre de choses, mais pas tellement.
01:11:39 On sait des choses du point de vue du niveau d'activité
01:11:43 de certains systèmes nerveux.
01:11:45 On connaît un certain nombre de molécules dont l'abondance varie
01:11:48 et qui sont impliquées dans le déclenchement de cet état
01:11:54 et sa réversion au moment de la fin de l'hibernation.
01:11:59 Mais on est loin de tout comprendre et de tout savoir.
01:12:02 Réussir à déclencher une hibernation
01:12:05 ou cet état léthargique qu'on appelle torpeur
01:12:07 chez des animaux non-hibernants, on arrive à le faire.
01:12:10 Tout simplement parce qu'on le fait chez des petits animaux
01:12:13 chez qui il suffit de diminuer la température ou l'apport calorique.
01:12:17 On peut le faire en les plaçant dans un environnement froid,
01:12:20 mais on peut le faire aussi chimiquement
01:12:23 en allant inhiber les structures cérébrales,
01:12:26 qui contrôlent la production de chaleur de l'organisme.
01:12:30 En faisant ça, on déclenche cet état de torpeur,
01:12:34 mais malheureusement, c'est un état qui reste artificiel
01:12:38 car on ne peut pas maintenir longtemps les animaux dans cet état-là.
01:12:42 Si on ne les réveille pas suffisamment vite, on les perd.
01:12:45 Donc on n'en est pas encore là.
01:12:47 -Dernière question.
01:12:49 -Comment se fait le renouvellement de l'air
01:12:52 dans une tanière recouverte d'un à deux mètres de neige
01:12:56 par des hivers très rigoureux ?
01:12:58 -Rémi. -La neige est particulièrement poreuse.
01:13:01 Ca fait un bon matelas isolant
01:13:03 car il y a de l'air dedans qui va se réchauffer.
01:13:07 C'est plutôt un autre problème au niveau du renouvellement de l'air.
01:13:11 Même s'il n'y a pas beaucoup de vapeur d'eau dans la respiration,
01:13:15 malgré tout, entre autres chez les ours polaires,
01:13:17 où la tanière peut être complètement enneigée,
01:13:20 vous avez de la condensation qui va geler
01:13:22 et qui va faire une espèce de coque à l'intérieur de la tanière
01:13:25 et donc là, empêcher la ventilation.
01:13:29 On s'aperçoit, on s'est observé,
01:13:31 que la femelle va gratter cette coque,
01:13:35 cette couche de glace qui se forme à l'intérieur de la tanière
01:13:39 pour permettre la perméabilité de la neige.
01:13:42 -Sinon, elle risque l'asphyxie. -Evidemment, elle pourrait l'avoir.
01:13:46 La femelle fait très attention à ça.
01:13:49 A partir d'un certain moment,
01:13:51 où les petits commencent à être très actifs,
01:13:53 la femelle peut commencer à ouvrir une petite cheminée
01:13:56 à l'intérieur du bouchon qui ferme sa tanière.
01:14:00 Grâce à cette cheminée,
01:14:02 il y a de l'air froid qui rentre,
01:14:03 ça va habituer les jeunes à l'air extérieur
01:14:06 et ça augmente la ventilation.
01:14:08 Quand on rentre dans une tanière,
01:14:10 comme moi, qui venait d'être occupée pendant 6 mois,
01:14:13 il n'y a absolument aucune odeur dans cette tanière.
01:14:16 C'est parfaitement propre, vous pourriez y faire la sieste.
01:14:18 Il n'y a aucune déjection, comme on l'a dit,
01:14:20 mais il n'y a aucune odeur et c'est parfaitement propre.
01:14:24 La femelle a gratté, elle a éventuellement enterré
01:14:26 ou aussi consommé les déjections des petits,
01:14:29 parce que les petits, eux, ne libèrent pas,
01:14:32 donc il peut y avoir des déjections,
01:14:33 mais que la femelle peut manger.
01:14:36 Tout le fond de la tanière est parfaitement propre.
01:14:39 -La femelle allaite ses petits dans la tanière en hibernant ?
01:14:43 -Bien sûr. -Donc elle n'hiberne plus ?
01:14:44 -Si.
01:14:45 -La température corporelle de la femelle gestante
01:14:49 va rester à 37 pendant les 56 jours de la gestation.
01:14:52 Dès qu'elle a mis bas, elle redescend à 33-34
01:14:56 pendant qu'elle allaite.
01:14:57 -Incroyable.
01:14:58 -On pourrait rester des heures.
01:15:00 -Les petits sont au service à ce moment-là.
01:15:02 -C'est ça.
01:15:04 -Ils vont se brancher pendant les trois premières semaines
01:15:06 sans vraiment bouger.
01:15:08 Quand je dis "brancher", c'est ça,
01:15:10 parce qu'ils ont une source...
01:15:11 Chez l'ours polaire, c'est 30 à 40 % de matière grasse dans le lait,
01:15:14 à peu près 20 % chez l'ours brun,
01:15:16 donc c'est vraiment du costaud.
01:15:19 Au bout de trois semaines, ils vont commencer à ouvrir les yeux,
01:15:22 avoir le poil qui va pousser, ainsi de suite,
01:15:23 et à commencer leur croissance.
01:15:25 Après, ils vont être actifs au sein de la tanière.
01:15:27 La femelle va les allaiter, mais tout ça au sein de la tanière.
01:15:31 -Ils ont la tête vers la sortie,
01:15:33 pour nos ours bruns.
01:15:35 Ils ont la tête orientée vers la sortie.
01:15:38 La fréquence respiratoire est aussi diminuée.
01:15:40 Ils respirent moins vite, les échanges sont moins importants.
01:15:43 Ça a le temps de passer à travers la couche neigeuse.
01:15:46 -Avant de nous quitter, parce que l'heure tourne,
01:15:50 j'ai deux questions.
01:15:51 La première, c'est pour vous deux.
01:15:54 Travaillez-vous avec de l'intelligence artificielle
01:15:56 pour augmenter les calculs sur ces protéines,
01:16:01 sur ces sujets de plasma, de composition de molécules particulières,
01:16:05 pour vous aider à faire le tri ?
01:16:08 Ou pas encore ?
01:16:09 Est-ce une piste, un futur outil que vous allez utiliser ?
01:16:13 -Pour l'instant, j'en n'utilise pas.
01:16:15 Par contre, pour certaines données qu'on produit et qui sont très massives,
01:16:19 il y a quelques solutions qui commencent à exister
01:16:23 et qu'on va probablement tester dans très peu de temps.
01:16:27 -Dernière question pour Guilhemette, avant de nous quitter.
01:16:31 Vous avez parlé d'une naissance d'un humain sur Mars.
01:16:36 On sait que le cœur, l'ensemble de notre physiologie,
01:16:39 est adapté à notre environnement, la Terre, à une gravité de 1.
01:16:43 On sait que si on allait sur une exoplanète
01:16:47 où la gravité était simplement de 1,5,
01:16:50 on mourrait probablement parce que le cœur ne supporterait pas...
01:16:54 -Quand on fait des hypergravités, le cœur supporte.
01:16:57 Quand on centrifuge les gens, le cœur supporte.
01:17:00 -Oui, mais combien de temps ?
01:17:02 -On s'habituerait, je crois, petit à petit.
01:17:04 -Pourquoi, du coup, un petit homme...
01:17:08 -Parce qu'il serait né là-bas.
01:17:10 -Il serait né là-bas et il ne pourrait pas s'habituer, s'adapter.
01:17:13 -Il n'aurait pas un organisme fait pour s'habituer à un G.
01:17:16 -Alors qu'il aurait tout le patrimoine génétique de son père et de sa mère...
01:17:20 -Ce n'est pas une question de patrimoine génétique,
01:17:22 c'est une question... Le cœur est fait pour pomper,
01:17:26 pour avoir un système de pompe, etc., pour s'occuper des os, etc.
01:17:30 Comme sur Mars, il ne servirait pas de ses os, de ses muscles,
01:17:34 le cœur serait adapté à un système de 1/3 ou 1/6 de gravité.
01:17:38 Il ne pourrait pas descendre à un G.
01:17:40 -Dans un sens, ça fonctionne ?
01:17:42 -Oui, parce que vous êtes fabriqués sur la Terre.
01:17:47 -D'accord.
01:17:48 OK.
01:17:50 -Bon, il va falloir qu'on revienne...
01:17:52 -Je pense.
01:17:54 -Il va falloir revenir, si vous en êtes d'accord.
01:17:56 En tout cas, en attendant de revenir,
01:17:59 je vous propose d'applaudir nos quatre invités,
01:18:01 de les remercier pour leur présence et leurs questions.
01:18:05 Avant de terminer complètement, leur actualité,
01:18:09 Rémi va sortir le 21 février, précisément, un nouveau livre
01:18:15 qui s'appelle "L'ours polaire vagabond des glaces",
01:18:18 aux éditions Actes Sud.
01:18:19 C'est sortie nationale le 21 février, je vous recommande ça.
01:18:23 "L'ours polaire vagabond des glaces".
01:18:25 Guillemet a sorti, il y a deux ans déjà, "L'humain et l'espace".
01:18:29 Un livre que vous pouvez trouver sans difficulté
01:18:33 sur le site Internet, sur Amazon notamment,
01:18:36 mais sûrement ailleurs.
01:18:38 -Et dans les bonnes librairies. -Oui, évidemment.
01:18:41 Si ça vous intéresse, Rémi a le DVD,
01:18:44 quelques exemplaires du DVD "Fort comme un ours" à vendre avec lui,
01:18:48 si vous souhaitez en acheter un tout de suite,
01:18:52 avec peut-être une dédicace derrière.
01:18:55 En tout cas, on peut les remercier à nouveau chaleureusement.
01:18:57 Merci à tous les quatre d'être venus aujourd'hui
01:19:00 nous raconter l'histoire de ces ours forts comme Thomas Pesquet.
01:19:05 -Presque. -Merci, Gilles.
01:19:08 -Merci à vous. A très bientôt.
01:19:09 Et merci à la régie et à mes amis de la régie
01:19:13 du Collège de la Cité des Sciences, que je remercie infiniment.
01:19:17 Sous-titrage ST' 501
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