Le 11 juin 2021, Kévin a abattu Angélique sur un parking de Monéteau dans l'Yonne, au fusil de chasse, devant les yeux de leur fils. Face à l’amnésie de l’accusé, les jurés l’ont finalement condamné à 27 ans de prison par la cour d’assise de l’Yonne.
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00:00 Bienvenue dans les enquêtes du nouveau détective.
00:04 Le nouveau détective premier magazine d'enquête sur les grands faits d'hiver et Engel présente
00:10 27 ans de prison pour l'assassinat d'Angélique.
00:13 Une enquête de Christophe Guérat.
00:16 Cet après midi du 11 juin 2021, le soleil brille sur Monéto dans Lyon.
00:27 Vêtue d'une petite robe à fleurs, Angélique Clair, une auxiliaire de crèche de 32 ans,
00:32 se dirige vers le parking de la poste où sa voiture est garée.
00:36 C'est une très jolie brune aux yeux noisettes.
00:38 Elle tient par la main son fils de deux ans, Romain, qu'elle installe à l'arrière de sa Peugeot 308
00:45 et en referme la portière.
00:47 Un homme se dirige tout droit sur elle, armé d'un fusil de chasse.
00:52 C'est Kevin Pourret, son ex.
00:55 A-t-elle le temps de se retourner vers lui, de prononcer un seul mot ?
00:58 On l'ignore.
00:59 Un coup de feu claque.
01:01 Angélique s'effondre sur le bitume, touchée au bras.
01:06 Puis un second tir retentit.
01:09 Cette fois, en pleine tête.
01:12 Les détonations ont alerté deux policiers municipaux qui patrouillaient dans le secteur.
01:23 Ils découvrent une femme gisant dans une mare de sang.
01:26 Quant au tireur, il est là, devant eux, qui hoche la tête d'un air satisfait.
01:31 C'est moi qui l'ai tuée, cette pute !
01:33 Deux ans et demi sont passés.
01:38 Kevin compare aujourd'hui devant la cour d'assises d'Osser pour le meurtre de sa compagne.
01:44 Crâne rasée et tête baissée, il ne joue plus les fanfarons et semble vouloir attirer la compassion.
01:51 Aujourd'hui, je n'ai plus personne.
01:53 La seule chose qui me fait tenir, ce sont mes enfants.
01:56 Mais je n'ai pas fait tout ça pour faire du mal aux personnes que j'aime.
01:59 L'accusé n'est pas fou.
02:01 Il sait qu'il risque gros si la préméditation est retenue.
02:05 Comment ne le serait-elle pas ?
02:07 Appelé à la barre, l'enquêtrice de personnalité rappelle son parcours.
02:12 Kevin Pourret est un passionné de chasse.
02:16 Il a travaillé dans les vignes de Chablis, puis comme commercial dans une boîte d'engrais.
02:22 Elle s'empresse de préciser que Kevin a été victime l'année de son bac d'une agression au couteau qui l'a laissé presque mort.
02:29 Il en garde un profond traumatisme.
02:32 En 2012, il rencontre Angélique Clair.
02:36 Ils ont alors la vingtaine, sont amoureux et emménagent dans une grande maison en bordure de la National 77,
02:42 au lieu dit Les Archis, à 3 km de Monétaux.
02:45 Quatre années de bonheur suivent couronnées par la naissance d'une petite fille.
02:51 Mais le couple commence à battre de l'aile, miné par la violence et la jalousie maladives de Kevin.
02:56 Il est persuadé qu'Angélique le trompe.
02:59 Ses soupçons tournent à l'obsession et la naissance d'un deuxième enfant, Romain, ne réussit pas à les rapprocher.
03:05 Au contraire.
03:07 Appelé à la barre, le juge lui demande de s'expliquer sur un événement violent qui est arrivé quelques mois avant le drame.
03:18 Oui, je me souviens. Je me suis réveillé en pleine nuit en tremblant.
03:21 J'ai pris son portable, mais Angélique n'a pas voulu que je regarde ses messages.
03:25 Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais quand on fait ça, c'est qu'on a quelque chose à cacher.
03:30 Cette nuit-là, fou de rage, il tabasse sa femme à coups de pied et la traîne sur le sol par les cheveux.
03:38 Appelé à témoigner, le père de l'accusé tente de justifier le geste de son fils.
03:44 Kevin est tombé sur un échange entre Angélique et son amant.
03:47 Il était convaincu que son fils n'était pas lui.
03:49 Questionné par le président, l'intéressé confirme.
03:53 Aujourd'hui encore, il n'est pas convaincu d'être le père de ses enfants.
03:57 Le juge lui demande alors s'il a pensé à faire un test de paternité.
04:02 J'y ai pensé, mais ça aurait changé quoi ?
04:04 Si j'ai raison, ça va me retourner le cerveau, et dans le cas contraire, il va falloir que je m'excuse.
04:09 Et les excuses, visiblement, ce n'est pas son truc.
04:12 Kevin pourrait préférer frapper, insulter, menacer.
04:17 Quelques mois après la naissance de Romain, Angélique jette l'éponge.
04:21 Elle claque la porte et s'installe avec ses deux enfants rue de l'Abreuvoir, dans le centre de Monétaux.
04:27 Elle obtient la garde des enfants et leur père a le droit de les prendre un week-end sur deux.
04:32 Tout cela ressemble à une séparation à l'amiable. En apparence, oui.
04:36 Mais pour Kevin, c'est le début d'une lente dégringolade.
04:39 Il boit, perd son travail durant le confinement et se fait dégager.
04:45 Sa mère, également appelée à témoigner, tente de décrire la détresse de son fils.
04:49 Après la séparation, il a perdu près de 10 kilos.
04:52 Il n'ouvrait plus son courrier, disait qu'il allait se reprendre en main, chercher du travail,
04:56 mais je le voyais bien sombrer dans une profonde dépression.
04:58 Il s'était mis en tête que son fils n'était pas de lui. Il le répétait sans arrêt.
05:02 Maître Florent Grigy, l'avocat de la victime, se lève alors de sa chaise et intervient.
05:07 Je peux vous dire que physiquement, le petit a son portrait craché.
05:10 Il suffit de regarder une photo.
05:12 Sa jalousie est totalement irrationnelle et fantasmée et met en évidence son profil paranoïaque.
05:16 Mais je profite de cette intervention pour évoquer un autre incident survenu
05:20 lors de ma première rencontre avec l'accusé devant un juge des affaires familiales.
05:23 Ce jour-là, parce que je représentais sa femme, il n'a pas hésité à me menacer.
05:27 Imaginez ce que peut faire quelqu'un qui menace un avocat.
05:30 Pour l'experte psychiatre qui a pu s'entretenir avec lui après son incarcération,
05:34 Kevin tenait son ex-compagne pour responsable de leur séparation.
05:38 Il l'accusait d'adultère tout en reconnaissant l'avoir lui-même trompé.
05:42 Entre 2019 et 2021, Angélique Clair dépose plainte à six reprises
05:47 pour coups et blessures et menaces de mort.
05:50 On interdit à son ex de l'approcher, mais ça ne l'empêche pas de nuire.
05:54 Une nuit, il incendie sa voiture.
05:57 La femme n'a pas de preuves, mais elle sait que c'est lui.
06:01 Le juge a donc décidé de le faire.
06:04 La femme n'a pas de preuves, mais elle sait que c'est lui.
06:08 Le 10 juin 2021 au soir, Kevin lui envoie des textos d'insultes et de menaces.
06:14 Angélique alerte son ex-belle-mère par SMS.
06:17 Kevin ne va pas bien. Je ne suis pas la bonne personne pour l'aider.
06:22 Trop tard. Le lendemain, il passe à l'action.
06:27 Ce jour-là, le 11 juin, Kevin envoie un message "on ne peut plus" alarmant à sa mère.
06:33 "La vie est fichue. Va récupérer les petits à l'école."
06:36 Puis il se rend sur le parking du centre-ville où il guette Angélique.
06:40 On connaît la sinistre suite.
06:43 La policière qui s'est trouvée la première sur les lieux raconte.
06:47 Quand on arrive sur les lieux, mon collègue et moi, il y a une personne à terre, dans une mare de sang.
06:53 Le canon d'un fusil posé sur la tête.
06:56 Comme c'était la sortie de l'école, j'ai d'abord pensé à un attentat.
07:01 Puis on a vu le mise en cause avec son arme dans la main.
07:04 Il avait l'air content de lui.
07:06 C'est là que Kevin revendique avoir tué sa compagne.
07:09 La brigadière-chef sort son arme de service, met le suspect en joue et tente de négocier.
07:15 Et c'est à ce moment-là qu'il retourne l'arme contre lui.
07:18 On entend un clic, le coup part pas.
07:21 Alors il appuie à nouveau sur la gâchette et cette fois, il y a la détonation.
07:26 Le type tombe. Mais c'est manqué.
07:30 Et là, il dit "quel con, je me suis raté".
07:34 Malheureusement, Kevin n'a pas raté Angélique.
07:37 Il ne lui a même laissé aucune chance.
07:40 Un tir dans le bras, puis un tir en pleine tête, à bout touchant.
07:45 Le médecin légiste confirmera la scène du crime.
07:48 On a relevé des dépôts de poudre sur la partie externe de la boîte crânienne.
07:52 La victime présentait une fracture complète du crâne.
07:55 Le cerveau était trouvé dans la housse mortuaire à l'ouverture.
07:59 Frissons d'effroi dans l'assistance.
08:02 L'accusé pleure dans son box.
08:05 Va-t-il enfin assumer son crime ?
08:09 Insensible à ses plaintes, la présidente du tribunal l'interpelle.
08:13 "Pourquoi aviez-vous un fusil chargé dans votre voiture ?"
08:16 "J'avais toujours peur qu'on m'agresse dans la rue.
08:19 Alors oui, c'est vrai, parfois, je laissais mon fusil dans la voiture."
08:23 La présidente le relance sur les menaces adressées à la victime dans les heures précédant le drame.
08:28 "Non, non, en fait, je me souviens pas."
08:31 Et du crime lui-même.
08:33 Kevin garde-t-il les souvenirs ?
08:35 "Je me revois arriver vers Angélique.
08:37 Mais ensuite, je sais pas ce qui se passe en moi.
08:40 Quand j'ai repris conscience, j'étais menotté."
08:44 L'avocate générale, Anne-Laurence Fouché, ne peut s'empêcher de réagir.
08:48 "Vous ne savez plus ce qui s'est passé ?
08:50 Eh bien, je vais vous le rappeler, moi.
08:52 Comme par hasard, cet après-midi-là,
08:54 vous avez ressenti le besoin urgent d'aller à l'armurerie faire réviser votre fusil.
08:58 Et puis vous allez vous garer juste à l'endroit où vous étiez sûr de croiser Angélique,
09:02 en face de chez elle, sur le parking de la poste.
09:05 Dans vos premières déclarations, vous avez parlé de coïncidence pour évoquer cette rencontre.
09:09 Mais en réalité, vous l'attendiez à l'affût, comme un chasseur.
09:13 Vous aviez décidé de la tuer."
09:15 Kevin pourrait hausse la voix, en larmes.
09:18 "Non, je n'ai jamais voulu faire de mal à la mère de mes enfants.
09:21 Je vous le dis dans les yeux.
09:23 Je ne sais pas ce qui s'est passé.
09:25 Si je prends 30 ans, si je crève en prison,
09:27 eh bien, c'est normal.
09:29 Je veux tout assumer."
09:30 Tout assumer, sauf l'essentiel.
09:33 La vérité.
09:35 L'une des sœurs d'Angélique prend la parole à son tour.
09:39 Elle fixe l'accusée d'un regard dur.
09:43 "En vérité, il ne supportait pas ses gosses, surtout son fils, qu'il traitait de bâtard.
09:48 Un soir, il a écrit à ma sœur,
09:50 "Viens chercher tes enfants, sale pute, je vais les encastrer.
09:53 J'espère qu'il souffrira de nombreuses années en prison
09:55 et qu'il mourra avant la fin de sa détention."
09:57 Elle toise l'homme qui fuit son regard dans le boxe, la tête entre ses mains.
10:02 C'est l'heure des plaidoiries.
10:04 Maître Florian Grigy, pour les partis civils, déplore la prétendue amnésie de l'accusé.
10:10 "Nous sommes confrontés à un silence assourdissant,
10:12 aussi brillant que des coups de canon.
10:14 Kevin a condamné ses enfants à perpétuité en enterrant leur mère
10:17 et en se rayant de leur vie.
10:19 Ils vont porter en eau le souvenir de cette souffrance perpétuelle."
10:22 Avant que le jury se retire pour délibérer,
10:25 Kevin, en larmes, présente une dernière fois ses excuses à la famille d'Angélique.
10:30 En vain.
10:32 Les jurés n'ont cru ni à son repentir, ni à son amnésie,
10:36 ni même à l'aliénation de son discernement au moment du crime.
10:40 Ils ont retenu la préméditation
10:42 et condamné Kevin Pourret à 27 ans de réclusion criminelle,
10:46 ainsi qu'au retrait total de son autorité parentale sur ses deux enfants.
10:50 En souffrira-t-il ?
10:52 Après son crime, on a trouvé sur l'un des murs de sa maison
10:56 cette inscription rageuse et terrible à l'attention de son fils romain.
11:01 "Roro, fils de pute, je ne t'ai jamais aimé."
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11:19 Si l'affaire n'a pas encore été jugée ou venait à passer en appel,
11:22 nous rappelons que les protagonistes bénéficient toujours de la présomption d'innocence.
11:26 Les noms et prénoms de certains personnages sont susceptibles d'avoir été modifiés.