Sophie Randuineau, directrice SIAO 35, service qui gère le 115, invitée de France Bleu Armorique, ce vendredi 19 janvier.
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00:00 On le ressent au réveil, cette nuit les températures ont à nouveau été largement négatives et celles et ceux qui en soufflent le plus, Valentin,
00:06 ce sont bien sûr les personnes sans domicile qui vivent dehors.
00:09 Face à l'épisode de froid, la préfecture d'Ille-et-Vilaine d'ailleurs renforce depuis une dizaine de jours les mesures d'accompagnement
00:15 et de prise en charge des sans-abri dans le département. On en parle ce matin avec la directrice du SIAO 35, le service intégré d'accueil et d'orientation
00:22 qui gère notamment le 115. Bonjour Sanphia Randuino.
00:25 Bonjour.
00:26 Sont-elles suffisantes justement ces mesures pour aider les sans-abri ? Est-ce qu'on peut trouver toujours une réponse positive
00:32 lorsque l'on compose le 115 en ce moment ?
00:34 Déjà il n'y a pas que le 115, il y a toutes les autres mesures, le renforcement des maraux, le renforcement
00:39 des accueils de jour, des accueils de nuit et il y a effectivement quelques solutions supplémentaires d'hébergement qui ont été
00:45 déclenchées par la préfecture, notamment des nuités hôtelières pour les familles, mais évidemment ce n'est pas suffisant.
00:50 On reste à un taux de réponse positive qui est extrêmement faible au 115 puisqu'il n'y a pas de
00:55 solutions autres en fait qui ont été trouvées pour l'ensemble depuis déjà une dizaine de nuits.
01:00 Il vous faut refuser chaque jour des appels, des demandes, on peut les estimer à combien ces refus ?
01:05 Bien sûr, on est sur une centaine de demandes tous les jours.
01:07 Ça ne veut pas dire que c'est 100 personnes qui dorment dehors, mais ce sont 100 personnes qui sont quand même en détresse
01:12 en situation de mallogement.
01:13 C'est une difficulté pour vos équipes également de devoir refuser des appels des personnes en détresse ?
01:19 Bien sûr, c'est une difficulté pour toutes les personnes qui sont engagées auprès des sans-abri, les professionnels bien sûr du 115, les professionnels des accueils de jour,
01:26 des accueils de nuit et aussi tous les bénévoles qui sont engagés notamment sur les tournées de rue, que ce soit à Rennes mais aussi sur les
01:32 autres villes du département.
01:33 Comment faites-vous,
01:35 c'est grossi de dire ça, mais le tri entre les acceptations et les refus,
01:39 quelles sont les priorités pour un hébergement d'urgence en ce moment ?
01:42 On essaye bien sûr de prioriser les enfants, ça reste puisqu'il y a encore des enfants qui souffrent et qui vivent dans
01:48 des conditions indignes aujourd'hui, dans des tentes aujourd'hui à Rennes.
01:52 Les familles ne sont pas prioritaires ?
01:54 Les enfants sont les prioritaires ?
01:56 Les familles sont prioritaires mais malheureusement il n'y a pas encore assez de places pour héberger tout le monde en fait.
02:02 Donc bien sûr les enfants, les personnes avec des souffrances
02:06 de santé en fait aussi ou avec des âges aussi avancés, on a des personnes de plus en plus âgées à la rue,
02:13 donc on voit en fonction des places disponibles comment on gère les vulnérabilités qu'il faut malheureusement prioriser.
02:20 Sophie Randuino qui est avec nous ce matin sur France Bleu Armorique,
02:24 directrice du service intégré d'accueil et d'orientation qui gère notamment le 115 en Ile-et-Vilaine.
02:29 Pour les familles qui ont un hébergement d'urgence, elles bénéficient de mesures spécifiques en cette période ?
02:34 Aujourd'hui en fait elles peuvent rester déjà dans l'hébergement, on ne les fait plus sortir.
02:39 Contrairement au reste de l'année ?
02:41 Exactement, le reste de l'année très souvent au moins les personnes seules,
02:44 les hommes seuls, les femmes seules doivent sortir à peu près toutes les semaines, tous les jours
02:48 et aujourd'hui elles sont stabilisées.
02:50 Mais c'est vrai que du coup ça fait encore moins de places disponibles pour ceux qui sont à la rue qui restent du coup plus longtemps.
02:56 Et nous c'est vrai qu'on plaide pour l'ouverture de lieux de répit dans chaque grande ville en fait du département,
03:01 pas que à Rennes mais sur les autres aussi, des lieux un peu inconditionnels
03:04 où on peut au moins juste être au chaud et avoir une soupe,
03:07 au moins pour les périodes de grand froid comme on le vit aujourd'hui.
03:10 Il faut que l'État et les collectivités travaillent davantage de manière rapprochée.
03:13 Quels pourraient être ces lieux justement ? Vous parlez de gymnases, d'écoles, de ce genre de choses ?
03:17 Pas forcément des écoles puisqu'on a aussi besoin d'elles bien sûr au quotidien
03:22 mais effectivement des gymnases, des salles communales qui ne sont pas forcément utilisées
03:25 et puis elles doivent être identifiées en priorité.
03:28 Il y a une question de sécurité et il y a un risque vital pour les sans-abri.
03:32 Il n'y a pas assez de places pour répondre à toutes les demandes, on en parlait,
03:35 mais si l'on croise quelqu'un qui dort dans la rue ce matin en partant au travail par exemple,
03:39 est-ce qu'on peut appeler le 115 ou ça sert à rien ?
03:40 Vous pouvez appeler le 115 24 heures sur 24 au moins pour le signaler.
03:44 À défaut de places disponibles on pourra aussi envoyer une maraude
03:47 pour voir si la personne va bien, s'il ne faut pas l'emmener à l'hôpital,
03:50 s'il a besoin d'une couverture, d'un duvet, d'un café, etc.
03:53 Donc il n'est jamais vain de porter secours aux personnes dans la rue,
03:57 c'est important de le rappeler en ces périodes de grand froid.
03:59 Merci beaucoup Sophie Randuino, directrice du service intégré d'accueil et d'orientation
04:04 qui gère notamment le 115 en Ile-et-Vilaine. Bonne journée à vous.