ÉDITO - Colère des agriculteurs: "Il y a tous les ingrédients pour que ce mouvement pète à la figure du gouvernement"

  • il y a 9 mois
Les représentants de la FNSEA et des Jeunes Agriclteurs sont reçus ce lundi soir à Matignon. Une rencontre qui fait suite à un mouvement de colère des agriculteurs, dont les revendications sont multiples:  charges sur leurs exploitations, normes environnementales, sentiment d'abandon...

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Transcription
00:00 La politique, Mathieu Croissando, avec un rendez-vous important pour les agriculteurs, en tous les cas, leurs représentants de la FNSA et des jeunes agriculteurs
00:07 qui sont reçus ce soir à Matignon par Gabriel Attal. Je vous dis qu'on jette un coup d'œil sur ces images de ce point de blocage qui est devenu symbolique
00:15 depuis la semaine dernière sur la 64. Vous savez que les agriculteurs en colère avaient érigé un mur de paille et ce mur de paille a pris feu ce matin.
00:22 C'est de toute évidence un incendie d'origine accidentelle et les pompiers sont sur place pour lutter contre ce feu.
00:28 Est-ce que le fait que le Premier ministre reçoive ce soir les représentants des agriculteurs est le signe que cette crise inquiète le pouvoir ?
00:38 Oui, ça les inquiète. Emmanuel Macron en avait parlé au Conseil des ministres la semaine dernière. Gabriel Attal, le Premier ministre les reçoit en opération
00:44 déminage dès ce soir. Il est allé à la rencontre des profs, il est allé à la rencontre des policiers. Il aurait peut-être pu venir rencontrer les agriculteurs.
00:52 C'est ce qu'il demande toujours. Il reçoit des représentants syndicaux qui sont le patron de la puissante FNSEA mais qui n'est pas franchement un petit agriculteur.
01:03 C'est le PDG du groupe Avril, le géant des oléagineux. Il n'est pas forcément emblématique même s'il défend la cause de ses mandants.
01:10 Il y a tous les ingrédients pour que ce mouvement pète à la figure du gouvernement. D'abord, des gens qui n'ont plus rien à perdre.
01:16 Les agriculteurs sont dans une situation qui est désespérée. Imaginez quand même que depuis 30 ans, le revenu agricole s'est effondré de 40%.
01:23 Vous en connaissez beaucoup de profession, des gens autour de cette table dont les revenus se sont effondrés de 40% depuis 30 ans.
01:28 Non, le nombre d'exploitation a baissé de 60%. Bref, ils n'ont plus rien à perdre. Deuxième chose, leurs revendications sont multiples. Elles sont disparates.
01:36 Ils protestent évidemment contre les charges qui pèsent sur leurs exploitations agricoles. Il y a un problème de survie économique.
01:44 Ils en ont ras-le-bol des normes, notamment environnementales qui sont fixées par la France mais aussi parfois par Bruxelles.
01:51 Ils ont un sentiment d'abandon parce qu'on leur fait porter deux chantiers très lourds, celui du pouvoir d'achat, qu'on dit "baissez vos prix, baissez vos prix"
01:59 et en même temps, il faut bien qu'ils en vivent et en même temps, on importe des quantités de nourriture et de produits agricoles qui, eux, ne respectent pas l'énorme environnementale.
02:07 Donc, vous imaginez un peu le bazar. Et puis enfin, c'est un enjeu populaire. Les agriculteurs sont aussi les porte-voix de la ruralité, d'un certain nombre de territoires
02:14 qui ont un sentiment d'abandon, de relégation. Il y a leur slogan et d'ailleurs très révélateur "On marche sur la tête". Voilà ce que disent les agriculteurs aujourd'hui.
02:22 Qu'est-ce que Gabriel Attal peut leur répondre ?
02:24 La réponse politique n'est pas évidente quand vous avez tout ça. D'abord, est-ce qu'il faut de l'argent ? De l'argent, oui, toujours, mais il y en a déjà eu.
02:29 Le budget de l'agriculture a augmenté. Il y a eu des renoncements à certaines hausses de taxes, notamment en décembre dernier, quand Elisabeth Borne était encore la tête du gouvernement.
02:36 Et puis surtout, de l'argent, il n'y en a plus. Vous avez écouté Énie Nicolado tout à l'heure. Il l'a dit et Bruno Le Maire l'a répété hier sur le plateau du journal de TF1.
02:43 C'est la fin du "quoi qu'il en coûte". Alors, est-ce qu'il faut des mesures ? Emmanuel Macron avait promis un projet de loi d'orientation agricole.
02:49 Ça, c'était à l'automne 2022. Et puis ce projet de loi, il a été systématiquement repoussé. Ah bah oui, il y avait les retraites. Ah bah oui, il y avait l'immigration.
02:55 Et puis ce projet de loi, il l'avait même rétréci. C'était juste un projet de loi sur l'installation et le renouvellement des exploitations agricoles que devait porter le ministre de l'Agriculture.
03:03 Qu'est-ce qu'il a fait le ministre de l'Agriculture hier ? Il annonçait que le projet de loi a été encore reporté pour y ajouter sans doute de nouvelles mesures.
03:09 La seule piste qu'avait évoquée le président dans son allocution, dans son interview, dans sa conférence de presse plutôt la semaine dernière, vous vous souvenez ?
03:15 La France du bon sens contre la France des tracas. Donc essayer d'en finir avec les normes, mais plus facile à dire qu'à faire.
03:21 Mathieu, ce sont les agriculteurs européens qui sont en colère. On a vu des manifestations partout et notamment en Allemagne.
03:26 Est-ce qu'il y a un risque d'extension du conflit ? J'allais dire un phénomène gilet jaune ou gilet vert.
03:32 Gilet jaune, gilet vert, oui, en tout cas, il y a un risque puisque justement les revendications qui sont portées reflètent le sentiment d'abandon dans les territoires.
03:39 Ça peut monter. Et puis ce contexte européen, vous l'avez rappelé, Christophe, il y a une atmosphère de révolte agricole dans toute l'Europe.
03:45 En Allemagne, on a vu des manifestations monstres. On va les voir sur ces images et où les syndicats étaient débordés d'ailleurs en Allemagne.
03:52 C'est-à-dire que les représentants du monde agricole se sont fait déborder par la colère des agriculteurs. L'an dernier, c'était aux Pays-Bas.
03:58 Aux Pays-Bas, il y a même un parti politique qui s'est créé, le BBB, qui était un parti agrarien, on dit, d'agriculteurs, qui en avait ras-le-bol.
04:05 Eux, la décision, c'était des normes. On disait qu'il fallait réduire la taille des cheptels parce que ça fait trop d'émissions de gaz, d'effets de serre.
04:11 Mais qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ce parti BBB, il est arrivé en tête aux élections provinciales. C'était en mars dernier aux Pays-Bas.
04:18 Et donc là, on le voit, c'est évidemment un sujet très inflammable. Les partis d'opposition soufflent sur les braises, notamment le Rassemblement national.
04:24 Et n'oubliez pas que dans moins de six mois, élections européennes.
04:28 Merci Mathieu. On suivra bien sûr la rencontre tout à l'heure.

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