Elisabeth Lévy : "La pétition contre Sylvain Tesson montre une haine de la liberté"

  • il y a 8 mois
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-01-22##

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00:00 - Il est 8h13 sur Sud Radio Lévis, sans interdit avec Elisabeth Lévy.
00:04 Bonjour Elisabeth, vous revenez sur une pétition qui dénonce le choix de Sylvain Tesson
00:11 pour parrainer le printemps des poètes. Expliquez-nous.
00:15 - Oui, je vous disais donc Patrick, les rebellocrates, c'est une expression de Philippe Muray,
00:19 ce sont deux sorties, alors ils sont 1200, ils se disent en jargon inclusif bien sûr,
00:24 poétesses et poètes, acteurs et actrices de la scène culturelle française.
00:29 En fait, ce sont les demi-sols, les ratés, les sangrates des arts et des lettres.
00:33 Ils incarnent vraiment la subversion subventionnée. Et que veulent-ils ?
00:37 Eh bien, ils veulent la tête de Sylvain Tesson, parrain de ce mois des poètes,
00:42 qui en plus de célébrer la poésie, prétend assez niaisement d'ailleurs,
00:46 contrer les idées reçues. Eh bien, en matière d'idées reçues,
00:50 nos mutins de panures, chez toujours Muray, sont hors compétition.
00:54 Voyez-vous Patrick, cela va vous étonner, ils sont contre l'extrême droite
00:58 qui selon eux est banalisée par Macron. Et pour eux, la nomination de Sylvain Tesson
01:03 prouve encore la vitalité de la bête immonde d'ailleurs.
01:06 Il n'y a pas de hasard, en 2018, la directrice, la même qui a choisi l'écrivain cette année,
01:12 avait inauguré le printemps des poètes, devinez quoi, par un défilé de la garde républicaine.
01:17 C'est pas du fascisme, ça ?
01:19 - Alors qu'est-ce qu'ils reprochent à Sylvain Tesson ?
01:22 - Oui, ils lui reprochent d'être une icône réactionnaire, icône,
01:25 et ça doit les rendre jaloux. Et alors d'ailleurs, même s'il était réactionnaire,
01:29 même si c'était vrai, et bien voilà, cela s'est interdit par le 11e commandement,
01:34 "artiste de gauche, tu le sauras". Et ils revendiquent bien sûr leur méthode policière,
01:39 on l'a vu avec Machin, ils parlent avec Bidule.
01:42 Ça rappelle, vous savez, en 2014, la tentative d'empêcher une conférence de Marcel Gaucher
01:48 sur la rébellion, parce qu'il avait critiqué des années avant, et vivement, Michel Foucault.
01:53 Bon, tout ça, c'est une vieille affaire. En 1998, Jean Baudrillard dénonçait déjà
01:59 la mutation de la gauche en juridiction morale, qui peut, dit-il, demander des comptes à tout le monde
02:04 sans en rendre à personne. Et voilà ce qu'il écrivait.
02:07 "Pourquoi tout ce qui est moral conforme et conformiste est-il passé à gauche ?
02:12 Ne peut-on plus proférer quoi que ce soit d'insolite, d'insolente, d'hétérodoxe ou de paradoxal
02:18 sans être automatiquement classé d'extrême droite ?" Eh bien non.
02:21 Sylvain Tesson, donc, admire Jean Raspail et d'autres auteurs infréquentables.
02:26 Il méprise le progressisme marchand, sans oublier ce méchant penchant pour le passé.
02:32 Voilà ce qu'il écrivait. "Je ne veux pas être émancipé de mes aïeux, ni de mon passé,
02:36 ni de mon sexe, ni de mon héritage culturel, ni de ma langue. Crimes multiples caractérisés.
02:43 Pourtant, même France Inter lui avait commandé un magnifique été avec Rimbaud, que je vous recommande."
02:48 Alors, c'est Buthor en réalité attaque le plus poétique de nos écrivains.
02:54 Comme le dit Jean-Christophe Buisson, Sylvain Tesson, comme Novali, sait se mettre en état de poésie.
03:00 "Cet homme des confins du monde semble avoir un pacte secret avec les vérités cachées dans la danse des mots.
03:06 La poésie est une parole libre et multiple, écrivent les pétitionnaires."
03:11 En réalité, il montre surtout une haine du pluralisme, une haine de la singularité.
03:17 Et surtout, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il déteste vraiment Sylvain Tesson,
03:22 une terrifiante haine de la liberté.
03:24 - Merci Élisabeth Lévy.
03:26 - Élisabeth, donc réaction avec vous, Éric Revelle et puis Arlette Chabot, dites-le, franchement, de quoi s'agit-il quand même ?
03:39 - On dit que Sylvain Tesson, le fils de son père, Philippe, qui avait fondé le quotidien de Paris,
03:45 qui est un journaliste de droite, Sylvain Tesson, c'est une sorte d'icône réactionnaire.
03:50 Pour ces gens-là, pour ceux qui signent cette pétition.
03:53 Alors je vais vous le garder dans le détail parce que ça m'a beaucoup fait rire.
03:55 J'ai mis le mot réactionnaire et puis écrivain.
03:58 Vous savez, Julien Graque, par exemple, disait de Châteaubriand que c'était un réactionnaire de charme.
04:02 Balzac, lui, Balzac, il écrivait à la lueur de deux vérités éternelles pour lui, la religion et la monarchie.
04:08 Flaubert avait raillé la révolution de 1848.
04:12 Donc ce que je conseille à ces gens qui signent des pétitions pour interdire,
04:15 soit disant, une icône réactionnaire de devenir président d'un jury,
04:18 c'est d'interdire Flaubert, c'est d'interdire Balzac, c'est d'interdire Châteaubriand.
04:22 Parce que ce sont des... Ils ont été identifiés aussi parfois comme des écrivains réactionnaires.
04:27 Non, si on met le doigt là-dedans, je vais vous dire, et on a déjà mis la main et le poignet,
04:32 en fait, on est devant des sujets culturels et sociétaux qui sont dramatiques.
04:38 Pardonnez-moi, mais si on commence à vouloir, au nom de je ne sais quelle objectivité,
04:43 séparer, livrer du bon grain de ce qui est acceptable pour ces gens-là et ne pas acceptable,
04:50 mais en fait, on va non seulement détruire une partie de la création,
04:53 mais en plus, on va censurer ceux qui pensent différemment.
04:56 - Alors sur un plan politique, Arlette Chabot, il y a eu Bruno Le Maire, Rachida Dati notamment,
05:01 qui ont apporté ce week-end leur soutien. - Oui, Luc Ferry aussi.
05:03 - Luc Ferry aussi, il n'est pas au gouvernement, mais bon, il est politique.
05:06 - Il a des personnalités, mais je trouve ça incroyable, c'est-à-dire que la gauche politique est malade,
05:10 et la gauche intellectuelle, alors là, elle est en train, enfin, une partie intellectuelle,
05:14 c'est peut-être un bien grand mot, de qualité intellectuelle,
05:17 je trouve que franchement, c'est absolument pathétique, quoi.
05:21 Voilà, Sylvain Tesson est un écrivain, très bon écrivain, moi je trouve, j'aime beaucoup...
05:27 - Écrivain-voyageur aussi, parce qu'il nous raconte des récits exceptionnels.
05:31 - Écrivain-voyageur des récits, et franchement, alors là, je vais être encore plus réactionnaire qu'Elisabeth,
05:38 qualifiée de réactionnaire, mais franchement, Sylvain Tesson a le droit d'être de droite, quoi,
05:43 il n'y a plus d'écrivain de droite qui peut exister dans ce pays,
05:46 je trouve que la gauche est en train de se fourvoyer, ça me rappelle un peu,
05:49 vous savez, les réactions qu'on a entendues dans les milieux, effectivement, intellectuels,
05:54 quand Rachida Dati a été nommée au ministère de la Culture.
05:57 Ah non, mais c'est pas vrai, c'est horrible !
05:59 Elle a raison de dire qu'il y a une réaction de classe, je pense que c'était juste pour Rachida Dati,
06:04 on peut l'aimer ou pas l'aimer, c'est un autre sujet.
06:06 En ce qui concerne Sylvain Tesson, c'est pas parce qu'effectivement il fait la une du Figaro Magazine qu'il faut le détester.
06:12 - Oui, Elisabeth Lévy, un mot de conclusion ?
06:14 - Ecoutez, d'abord c'est une vieille affaire, la gauche qui le conduit bien,
06:18 j'ai rappelé Marcel Gauchet en 2014 pour les rencontres de Blois,
06:23 s'il vous plaît, il ne devait pas faire cette conférence, ça c'était la bande de la gannerie,
06:27 et qu'on sort, la gannerie qui d'ailleurs dit que les gens de droite, il ne faut pas leur parler,
06:32 donc s'il vous plaît, il y a cette idée très forte, la culture, la littérature, c'est de gauche.
06:37 Et c'est précisément, je rejoins Éric, la raison pour laquelle, s'il vous plaît,
06:41 il y avait peut-être une littérature qu'on aurait pu dire de gauche,
06:44 s'il vous plaît, entre guillemets, quand l'Église avait son pouvoir sur les esprits,
06:49 quand les conservateurs, s'il vous plaît, gouvernaient la France et essayaient de gouverner les esprits.
06:55 Aujourd'hui, si vous voulez, où la gauche est triomphante d'un point de vue culturel,
06:59 cette posture de résistance, de subversif, est complètement idiote,
07:05 et en réalité, tout ce qui est intéressant littérairement aujourd'hui,
07:08 je ne dirais pas que c'est de droite, mais c'est pas de gauche, c'est pas moralement édifiant,
07:13 c'est pas, si vous voulez, l'art ne peut pas être soumis à ses contraintes idéologiques.
07:19 - Oui, oui, oui.
07:20 - Et Eric a cité une liste qu'on pourrait allonger, mais vous avez raison.
07:25 J'en profite pour dire que votre chronique était très intéressante.
07:29 - Merci.
07:30 - Sur les congés payés et les arrêts maladie, oui, avec cette direction.
07:34 On va y revenir dans un instant, il est 8h21,
07:37 on y revient dans un instant avec Eric Revelle, Arlette Chabot,
07:40 et vous, évidemment, vous pouvez réagir, bien sûr, rappelez aux 0826-300-300 et tout à l'heure à 9h,
07:46 après l'interview de Sandrine Rousseau par Jean-Jacques Bordin, vous pourrez réagir largement.
07:52 On va parler dans un instant de cette histoire, qui est quand même assez incroyable,
07:56 des congés payés maintenant, enfin des arrêts maladie qui se transforment en congés payés,
08:01 et puis est-ce qu'il y a le feu ?
08:02 Est-ce qu'il y a le feu dans les campagnes ?
08:04 Et jusqu'à Matignon avec Gabriel Attal, qui reçoit ce soir les agriculteurs.

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