• il y a 11 mois
Transcription
00:00 Mes 7 ans, j'ai commencé à avoir des tics au niveau des yeux.
00:03 Ça a commencé à s'aggraver de plus en plus.
00:06 J'ai mis un karaoké pour la première fois de ma vie.
00:08 J'ai commencé à chanter.
00:09 Et en fait, je me suis rendu compte que tous mes tics avaient disparu
00:11 et que j'étais entre guillemets devenue quelqu'un de normal le temps de la chanson.
00:15 On a décidé d'aller voir un neurologue qui m'a dit
00:20 "Bah écoute, t'as la syndrome de la tourette."
00:22 Déjà, premièrement, je n'insulte personne.
00:24 C'est une minorité de malades.
00:25 Je crois que c'est même pas 1% des gens qui ont le syndrome de la tourette.
00:28 Quand vous faites un mouvement, genre ça,
00:30 votre cerveau reçoit l'information qu'il faut faire ça.
00:33 Et moi, sur certaines choses,
00:35 que ce soit la parole, les mouvements, les gestes, ou même les clins d'œil,
00:39 l'information, il va y avoir un bug dans mon cerveau
00:42 et elle va se répéter, se répéter, ce qu'on appelle des tics.
00:45 Après, il y a plein d'autres choses qu'on ne voit pas,
00:46 genre insomnie, crise d'angoisse,
00:49 du mal à gérer mes émotions, ça c'est une horreur,
00:52 et encore j'arrive mieux à les gérer maintenant,
00:54 mais avant c'était complètement dingue.
00:56 Physiquement, c'est super douloureux.
00:57 Mon corps se contracte toutes les 0,3 centièmes de secondes.
01:01 Mon cœur, il va à 120 au repos,
01:04 parce qu'en fait il n'est jamais en repos.
01:06 Donc j'ai un bon cardio, entre guillemets.
01:08 Des fois, ça me fait des tendinites,
01:09 des fois j'ai des crampes, j'ai des courbatures.
01:11 Ils m'ont mis sous traitement.
01:13 C'était pas un traitement qui te guérit,
01:15 c'est plus un traitement qui va t'aider à gérer tes tics,
01:19 qui te shoot un peu.
01:20 Et le médecin m'avait dit "écoute, tu risques de faire des malaises,
01:23 de prendre du poids, ça va jouer sur tes émotions".
01:25 Et donc on l'a pris, et là ça a été le début de ma chute en enfer.
01:30 J'ai eu phobie scolaire,
01:32 mes notes étaient en chute libre,
01:34 je voulais plus aller à l'école, je voulais plus rien faire en fait.
01:37 Les gens, quand je les approchais,
01:38 ils se mettaient à courir en disant que j'étais un monstre.
01:41 Ensuite au collège, je me rappelle d'un jour où ça allait vraiment pas,
01:44 et j'en avais beaucoup plus.
01:45 Et une prof, elle a commencé à me hurler dessus en me disant
01:47 "il faut que t'arrêtes de faire ça et tout, tu me saoules".
01:50 Elle me mettait des heures de colle et tout.
01:51 Genre ma mère me dit "mais pourquoi t'as des heures de colle ?"
01:53 Je dis "mais parce qu'en fait elle ne me supporte pas".
01:55 Et je lui avais dit que c'était dur pour moi.
01:57 Elle m'avait dit "ouais mais moi ce qui est dur c'est de t'avoir dans mes cours".
01:59 J'avais été voir la directrice qui m'avait dit
02:01 "bah c'est de ta pote, t'as qu'à te faire soigner".
02:03 Alors que la maladie ne se soigne pas,
02:05 j'ai vu un psychiatre,
02:06 il m'a mis sous antidépresseur, anti-anxiolytique et tout.
02:09 Et bah ça m'a aggravée encore plus le truc.
02:11 J'avais cette envie de ne plus vivre en fait.
02:14 Puis un jour, je suis passée à l'acte et j'ai essayé de die, tu vois.
02:19 Et ça a été très dur.
02:23 Je l'ai fait une deuxième fois.
02:24 Et là mon père il m'a attrapée, il m'a dit "écoute-moi bien,
02:28 t'as deux solutions.
02:29 Soit t'es forte et tu vas arrêter de t'apitoyer sur ton sort
02:33 parce que tu ne peux pas faire de chirurgie, ça ne s'enlève pas.
02:36 Donc tu vas apprendre à vivre et à t'aimer et à t'accepter".
02:41 Il me dit "soit t'es une faible et tu continues de t'apitoyer sur ton sort,
02:45 tu continues d'être triste,
02:46 tu continues de ne plus vouloir vivre et tout".
02:49 À ce moment-là, j'étais en mode "bon papa, tu ne comprends rien, nia nia nia nia nia nia".
02:53 Et puis le soir, je venais de finir la série 13 Reasons Why.
02:56 J'avais vu le passage de Anna qui est en train de die
02:59 et j'avais vu la douleur de ses parents.
03:01 Et en fait, en finissant cette série, je me suis mise devant mon miroir.
03:04 Je me suis mis une énorme gifle dans la tête.
03:06 Je parlais à ma maladie.
03:08 Je lui ai dit "écoute-moi bien, gilou.
03:09 Si là, on ne s'aime pas, toi et moi on va mourir.
03:12 Et ce n'est pas le but.
03:13 Donc toi et moi, on va trouver un terrain d'entente pour cohabiter ensemble
03:17 et puis on va s'en sortir".
03:18 Du jour au lendemain, j'ai tout arrêté.
03:20 J'ai arrêté tous mes médicaments.
03:21 Je n'en ai plus jamais repris.
03:23 Et à partir de ce moment-là, ma vie, elle a fait "ouh ouh ouh".
03:25 Tous les jours, j'étais devant le miroir.
03:27 Il y avait l'ange et il y avait le démon.
03:29 Donc il y avait le démon qui me disait "non, mais de toute façon, tu ne vas jamais t'aimer"
03:31 et l'ange qui disait "tais-toi, tu vas y arriver, dis-toi que tu es belle".
03:34 L'ange a pris le dessus sur le petit démon.
03:36 Ce qu'il faut savoir, c'est qu'avant tout ça, ça faisait 6 ans que je m'inscrivais à The Voice.
03:40 Je n'avais pas de réponse, machin et tout.
03:41 Là, je reçois un mail pour le Dalida Institute.
03:44 "50 places pour 1505 candidatures".
03:47 Moi, à ce moment-là, je suis sérieuse.
03:48 Je n'ai presque jamais chanté devant des gens.
03:50 Une semaine après, il m'appelle en mode "Salut Esmée, tu veux faire la Dalida ?"
03:54 "Voilà, on t'a kiffé, donc t'es prise".
03:56 Deux jours après ça, j'étais en train de regarder One Piece.
03:59 J'étais en train de pleurer devant One Piece.
04:01 Et juste avant, il y avait un numéro qui m'appelle et tout.
04:03 Je réponds et là, ils me disent "Salut, c'est Marc de The Voice".
04:06 En vrai, j'ai encore du mal à débriefer mes auditions à l'aveugle.
04:10 À partir du moment où tu es sur la scène, ton cerveau est en mode survie et il se déconnecte de tout.
04:15 Moi, je suis partie au battle face à Max Novy.
04:17 Du coup, j'ai continué ma vie au Dalida Institute.
04:20 En mars, je fais un concert au Dalida.
04:23 Et il y a Slimane et Clodio Capeo qui sont là.
04:26 Et là, ils ont dit "Ok, on ne peut pas te laisser comme ça.
04:28 Il faut qu'on parle de toi, nos producteurs et tout, machin".
04:31 Du coup, ils ont envoyé ma vidéo au producteur de Clodio
04:35 en lui disant "Il faut que tu la signes, il faut que tu t'intéresses à elle".
04:39 Et puis en fait, ça s'est grave enchaîné.
04:41 Ça, c'était en vendredi.
04:42 Le lundi, je reviens à l'école, on me dit "Il faut que tu fasses une maquette de ta chanson Echo".
04:46 Le lundi, je suis en studio.
04:47 Le mardi, ils ont fait le mixage et tout.
04:49 Mercredi, ils l'ont envoyée.
04:50 Le vendredi, t'as Sébastien Sausset qui m'appelle qui me dit
04:55 "Ecoute Esmé, il faut que tu montes à Paris, il faut que je te rencontre et tout".
04:58 Le lundi, mes petites fesses dans le train.
05:00 Donc on a signé pour deux singles, donc "Echo" et "Memento".
05:04 Aimez-vous, aimez votre gilou parce qu'en fait,
05:06 si vous le voyez comme votre pire ennemi, ce sera votre pire ennemi.
05:09 Mais si vous le voyez comme juste votre différence, votre force,
05:13 genre c'est votre meilleur ami, moi je suis jamais seule.
05:15 Comment tu veux que je sois seule ? J'ai toujours Gilou avec moi.
05:17 Tu vois, je ne peux pas être juste moi, c'est moi et Gilou.
05:20 Ma mère, elle me répétait toujours tout ça, genre c'est juste une passe.
05:23 Plus tard, ça ira mieux.
05:24 Et la première chose à savoir, c'est que, je pense la plus importante,
05:28 c'est que personne ne pourra vous sauver.
05:30 Moi, je ne voulais pas être sauvée et personne n'a réussi à me sauver.
05:32 Et un jour, je me suis dit "OK, je n'ai pas envie de mourir et j'ai envie d'aller mieux,
05:34 j'ai envie de m'accepter, j'ai envie de tout ça".
05:36 Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à guérir.
05:38 *BIP*

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