Jean-Philippe Tanguy, député “Rassemblement National” de la Somme, était l’invité de “Julie jusqu’à minuit” pour évoquer la poursuite de la mobilisation des agriculteurs, après la réception de la FNSEA, premier syndicat agricole français, et des "Jeunes agriculteurs" à Matignon
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00:00 J'accueille sur ce plateau Jean-Philippe Tanguy, député Rassemblement National de la Somme.
00:04 Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:06 Vous les appelez à poursuivre la mobilisation ?
00:08 Oui, bien sûr.
00:09 Les agriculteurs, par leur action, ont réussi enfin à tirer l'attention des pouvoirs publics.
00:14 Ça faisait des mois que, contre leur syndicat majoritaire,
00:17 ils alertaient notamment sur la hausse de la taxation du gazole non routier
00:21 qui leur sert à faire fonctionner leur engin.
00:23 Une taxation injuste qui avait été imposée cet été, il faut bien dire,
00:27 dans le sillon général, à part du Rassemblement National,
00:30 puisqu'on a été le seul parti à négocier avec Bruno Le Maire
00:33 sur la loi de programmation des finances publiques pour retirer cette mesure.
00:36 À l'époque, on me regardait avec des grands yeux dans tout Paris en me disant
00:38 "Mais qu'est-ce que c'est que cette demande du Rassemblement National
00:41 qui lit son vote sur la loi de programmation des finances pendant trois ans
00:44 sur une seule mesure sur l'agriculture ?"
00:46 C'est qu'on avait senti, avec Marine Le Pen, que c'était une mesure
00:49 au-delà de la charge financière qu'elle portait sur les agriculteurs,
00:52 symbolique d'une énième charge, d'une énième norme
00:55 et d'une énième culpabilisation du monde agricole.
00:57 Est-ce que là, quand vous voyez les actions menées par le gouvernement
01:00 depuis plusieurs jours, le week-end, tout week-end,
01:03 le gouvernement mobilisé sur le terrain,
01:05 Gabriel Attal qui invite la FNSEA notamment et les jeunes agriculteurs
01:08 à venir ce soir à Matignon, qui dit qu'il y aura des réponses
01:12 dans les tout prochains jours, et il parle vraiment de jours,
01:14 le gouvernement a compris l'urgence malgré tout ?
01:17 Je ne sais pas, je n'ai pas de procès d'attention à faire.
01:19 Moi je suis très étonné, si vous voulez, que le Premier ministre de la France
01:22 ait besoin de temps pour savoir comment fonctionne l'agriculture en France
01:25 et ses problèmes. Les couloirs de Bercy et du ministère de l'Agriculture
01:29 sont pleins de rapports sur la situation des agriculteurs.
01:32 On a voté loi EGalim 1, loi EGalim 2, qui a fait le point, le diagnostic sur cela.
01:37 Il y avait une loi qui était prévue de progression agricole.
01:39 Pour protéger la loi EGalim, c'est ce qui protège les agriculteurs
01:43 de la hausse des coûts de production notamment ?
01:45 Oui, non, parce qu'en fait dans la loi EGalim 1 et 2,
01:48 il y avait une première partie, disons pour garantir les recettes,
01:50 mais seulement sur un cinquième de la recette,
01:52 et il y avait une partie 2 qui mettait une charge conséquente
01:55 avec des nouvelles réglementations et de nouvelles contraintes.
01:57 Donc non, ça n'a pas protégé leurs revenus et de toute façon,
02:00 ça n'a pas résolu le problème.
02:01 Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a eu ces deux lois,
02:02 il y avait la loi de programmation agricole qui était prévue pour la rentrée,
02:05 donc en fait le gouvernement a les éléments,
02:07 le Premier ministre Matignon a les éléments,
02:09 il sait très bien ce qu'il en est, il gagne du temps sur ce sujet comme un autre.
02:12 Par ailleurs, je rappelle qu'il n'y a pas un seul syndicat en France,
02:15 de toute façon la direction de la FNSEA a aussi des responsabilités
02:17 dans cette crise depuis des années.
02:19 Il y a la coordination rurale, la confédération paysanne,
02:21 même s'ils ne partagent pas leur point de vue,
02:23 il y a surtout tous les agriculteurs qui ne sont pas syndiqués
02:26 et on ne peut pas seulement négocier avec eux.
02:28 Laurent Neman ?
02:29 Oui, je vois bien le constat et très honnêtement,
02:32 le constat que vous faites, c'est celui que font les agriculteurs,
02:35 c'est ce que font d'ailleurs à peu près tous les responsables politiques.
02:38 Mais vous concrètement, vous proposez quoi ?
02:40 Parce que vous preniez l'exemple du gazole non routier,
02:42 mais pardon, vous n'étiez pas les seuls à contester cette mesure.
02:45 La gauche l'a contestée aussi.
02:46 Non, vous n'étiez pas les seuls.
02:48 Et d'ailleurs, ça a été négocié entre le gouvernement et la FNSE,
02:51 alors que vous n'aviez pas parlé là-dedans.
02:53 Ce sont eux qui ont résolu le problème.
02:55 Et d'où ma question, qu'est-ce que vous proposez concrètement
02:58 pour sortir les agriculteurs de cette situation ?
03:01 Les propositions du Rassemblement National sur l'Agriculture,
03:05 elles sont anciennes.
03:06 Nous voulons remettre la répartition de la valeur ajoutée
03:11 sur la table de manière concrète.
03:13 Nous voulons que les agriculteurs aient des prix justes
03:15 et que le système d'agriculture français et européen
03:18 ne soit plus fondé sur un thème de subventionnement.
03:20 Et comment vous faites alors ?
03:21 Vous décidez de répartir la valeur autrement,
03:22 vous fixez des prix, c'est dans le programme de Marine Le Pen,
03:24 il y a un livret dédié qui est très précis.
03:26 Vous fixez chaque année, selon les réalités économiques,
03:29 les fondamentaux économiques de l'agriculture française et européenne,
03:31 des prix planchés.
03:33 C'est-à-dire que les prix ne peuvent plus descendre à une certaine limite
03:36 et à partir de ces prix planchés, les négociations se font,
03:38 mais on ne fait plus confiance au marché.
03:40 Nous sommes, les souverainistes ont toujours été,
03:42 pour l'exception agriculturelle,
03:43 c'est-à-dire sortir des règles du marché...
03:45 Comme l'exception culturelle ?
03:47 Absolument, sortir exactement de la même manière qu'il y a la culture,
03:50 on pensait aussi qu'il y avait l'énergie, on pourrait y venir,
03:52 parce qu'en fait les deux sont liés,
03:53 et il y a l'agriculture.
03:55 Nous avons toujours voulu les sortir des règles du marché.
03:57 Donc sortir des accords de libre-échange,
03:59 passer à l'Union Européenne ?
04:01 Évidemment les accords de libre-échange.
04:03 Et donc sortir de l'accès à l'éducation ?
04:04 Ça veut dire que vous vous exposez à des mesures de restauration,
04:07 et ça énormément d'agriculteurs qui vivent des exports.
04:10 Tous les ans, on en voit plus d'un million de bovins
04:14 se faire engraisser en Espagne, en Italie.
04:16 Ça, ce n'est pas une nécessité.
04:17 Il y a des cultures exportatrices.
04:19 Vous le savez très bien, vous l'avez dit,
04:20 la FAO dit très bien qu'on a besoin de plus en plus de céréales.
04:23 Le monde a besoin des céréales françaises,
04:26 le monde est demandeur de produits de qualité.
04:28 Le Maghreb notamment ne peut pas vivre sans la céréale française.
04:30 Oui, donc il n'y aura pas de mesures de rétorsion
04:32 contre les principales exportations françaises.
04:35 La plupart des exportations françaises agricoles
04:37 sont nécessaires à l'équilibre des marchés.
04:39 On l'a vu avec le conflit en Ukraine.
04:41 Donc en fait, les mesures de rétorsion qu'on agite
04:43 pour faire peur aux Français depuis des années
04:44 n'existent pas sur la culture française.
04:47 Non, mais ça serait une perte énorme pour les Français
04:49 si on ne peut plus exporter de vingt ans de fromage.
04:51 Non, mais il y a un vrai danger.
04:52 Ce sont des produits de qualité.
04:53 Excusez-moi, là, faisons un peu d'économie
04:54 et arrêtons de faire peur aux géants.
04:55 Vous avez deux types de produits dans l'agriculture française.
04:57 Vous avez des produits de base, le fromage bas de gamme.
04:59 Ce n'est pas ça que la France exporte.
05:01 Les géants, ils achètent du fromage français de qualité.
05:03 Ils achètent des vins français de qualité.
05:05 Ils achètent des vins qui sont réputés dans le monde.
05:07 Sinon, on ne ferait pas face aux vins espagnols et italiens.
05:09 La France fait face avec des vins qui sont reconnus comme tels,
05:12 qui ont une image de marque.
05:13 Évidemment, champagne, évidemment, cognac,
05:14 évidemment, les grands crus.
05:16 La France n'exporte pas du vin de premier prix
05:19 sur lequel elle est en concurrence frontale
05:21 avec les pays du monde.
05:22 Vous le savez très bien.
05:23 Donc en fait, l'agriculture française était d'ailleurs,
05:25 sur l'exportation, c'était la stratégie,
05:26 est partie vers le haut de gamme.
05:28 Mais même sur le marché intérieur ?
05:29 Le moyen bas de gamme.
05:31 Le consommateur français, il réclame
05:33 parce que c'est ce qui peut se payer du bas de gamme.
05:36 Que l'agriculture française ne peut pas lui fournir
05:38 au coût qu'il peut payer.
05:40 Mais parce qu'on ne l'a pas aidé.
05:41 Et vous le savez très bien,
05:42 les élites dirigeantes françaises ont fait le choix
05:44 de spécialiser l'agriculture française
05:46 sur un certain nombre de productions haut de gamme
05:48 dans une stratégie d'export.
05:49 Et ils ont laissé tomber, comme sur l'industrie d'ailleurs,
05:51 même pas le bas de gamme d'ailleurs, parce que c'est pas ça,
05:53 l'entrée de gamme et le moyen de gamme.
05:55 Ils l'ont affaiblie.
05:56 Et dans toute leur logique mondialiste,
05:59 ils ont fait une répartition des productions mondiales
06:01 et ils ont estimé que la France devait abandonner
06:03 les entrées de gamme et les moyens de gamme.
06:05 Ce que les Français réclament.
06:06 Et les agriculteurs, si on les aidait,
06:07 si on les encadrait, si on leur donnait les moyens de faire,
06:09 ils savent très bien produire des produits de qualité.
06:11 - On ne pense pas qu'on pourra produire un poulet
06:13 aussi peu cher qu'un poulet ukrainien ou un poulet polonais.
06:15 - Mais c'est pas vrai.
06:16 C'est pas vrai.
06:17 La valeur ira ailleurs.
06:18 On l'a fait pendant des années et ça se passait très bien.
06:20 Mais il faut aussi, c'est tout le problème,
06:22 qu'on arrête de céder à un certain nombre de lobbys
06:25 qui nous demandent des normes qui sont inapplicables ailleurs.
06:28 Et quand on fait des émeraldes à 20 millions de volailles
06:30 à l'est de l'Europe et qu'on considère qu'en France
06:32 on ne peut pas passer les 20 000 volailles,
06:34 là il y a un problème.
06:35 Ce ne sont pas les agriculteurs français,
06:36 c'est quelques lobbys qui ont bien trop de pouvoir.
06:38 - Justement, la question des normes, elle est centrale.
06:40 C'est l'une des revendications, la réduction des normes.
06:42 C'est ce que veulent les agriculteurs.
06:44 Lisa, il y a bien un écart de normes
06:46 entre les produits agricoles en France et à l'étranger.
06:49 Quelles sont les principales différences ?
06:51 - On sait que globalement, la France est plus sérieuse
06:53 dans son usage de pesticides.
06:55 Et vous voyez derrière moi s'afficher la liste
06:57 des fruits et légumes moins pollués par les pesticides
06:59 en France que partout ailleurs dans le monde.
07:01 Il y a notamment les artichauts, les concombres,
07:03 les courgettes, les poivrons, les salades.
07:04 Je ne vais pas tous vous les dire, mais vous les voyez derrière moi.
07:06 Selon une étude de l'UFC Que Choisir,
07:08 en France, les résidus de pesticides
07:10 sur les fruits et légumes sont présents,
07:12 mais en quantité moins importante
07:14 que sur ceux qui sont cultivés dans d'autres pays.
07:16 Vous voyez plusieurs exemples.
07:18 C'est flagrant sur les courgettes.
07:20 Notamment, 34% de résidus sur les courgettes françaises,
07:23 de résidus de pesticides,
07:25 contre 83% sur les courgettes espagnoles.
07:27 Et plus largement, vous le voyez,
07:29 les Espagnols sont plutôt mauvais élèves.
07:31 Et dans le reste de l'Europe, c'est aussi discutable.
07:33 Sauf qu'utiliser moins de pesticides
07:35 et imposer des normes strictes,
07:37 ça coûte forcément plus cher pour ceux qui produisent
07:39 et pour ceux qui achètent.
07:41 En moyenne, les fruits et les légumes français
07:43 sont 27% plus chers qu'ailleurs.
07:45 Et cette différence de prix s'explique
07:47 aussi par le coût de la main-d'oeuvre
07:49 et les taxes qui sont plus élevées en France
07:51 et moins élevées ailleurs.
07:53 - Et celui de la courgette, je viens de vous le dire,
07:55 elle avait beaucoup moins de résidus de pesticides
07:57 en France qu'en Espagne.
07:59 Et regardez, la courgette produite en Espagne
08:01 coûte en moyenne 2,30€ le kilo,
08:03 3,30€ dans sa version bio.
08:05 Et en France, son prix est d'environ
08:07 2,70€ le kilo
08:09 contre 5€ pour sa version bio.
08:11 - Merci beaucoup, Lisa.
08:13 Donc il y a deux choses.
08:15 A la fois, c'est trop compliqué,
08:17 il faut simplifier tout ça,
08:19 et puis il y a ce sentiment d'injustice.
08:21 Depuis 10 ans,
08:23 depuis même plus de 10 ans, c'est une réalité,
08:25 la France a voulu laver plus blanc
08:27 que blanc, elle surtranspose
08:29 en permanence.
08:31 Et le gouvernement,
08:33 et c'est ce gouvernement, pardon,
08:35 et celui de François Hollande avant lui, a littéralement
08:37 tué des filières entières.
08:39 On parlait tout à l'heure sur ce plateau
08:41 des néonicotinoïdes, la France
08:43 est le seul pays au monde,
08:45 dans le monde entier, à l'avoir
08:47 interdit complètement.
08:49 Donc l'année 2020,
08:51 chute de rendement de 50%,
08:53 ça va faire fermer
08:55 des sucreries, on va perdre
08:57 la betterave insurque alors qu'on était le premier
08:59 producteur européen. - Et en même temps, c'est aussi pour favoriser
09:01 la transition écologique. - Non mais à côté de ça,
09:03 c'est pas une question de transition, d'être pour ou contre la transition,
09:05 c'est qu'à côté, l'Allemagne,
09:07 elle, continue d'utiliser
09:09 des néonicotinoïdes. La Belgique aussi,
09:11 tous les autres, tous les autres européens.
09:13 Donc forcément, là, on tue,
09:15 on se tire dans le pied quand on n'est
09:17 pas suivi par les autres. Aujourd'hui,
09:19 75 molécules
09:21 en France sont sur une liste,
09:23 promises à interdiction
09:25 dans les 5 ans, avait dit
09:27 Elisabeth Borne. On n'a pas encore les alternatives,
09:29 alors on pense qu'elles vont miraculeusement
09:31 apparaître dans les 5 ans. Peut-être !
09:33 Et ce serait souhaitable.
09:35 Mais si ça n'est pas le cas, que fait-on ?
09:37 Et c'est ça que demandent les agriculteurs
09:39 en France, dans le reste de l'Europe.
09:41 J'ajoute quand même qu'en France,
09:43 on est particulièrement
09:45 hypocrite avec eux, parce que
09:47 d'un côté, on leur dit "oui, on vous entend,
09:49 on vous écoute", mais systématiquement,
09:51 ces surtranspositions demeurent, et ça n'est
09:53 pas une nécessité imposée par
09:55 l'Europe. - Jean-Philippe Tanguy,
09:57 soudainement,
09:59 le Rassemblement National se positionne
10:01 sur ces sujets. On est à 5 mois
10:03 des européennes. Jordan Bardella,
10:05 on l'a vu partout ce week-end. La ficelle,
10:07 elle est pas un peu grosse ? - Non, mais, excusez-moi,
10:09 je ne suis pas d'accord, madame. Je vous l'ai dit,
10:11 le Rassemblement National a alerté en juin,
10:13 après les dialogues de Bercy, on a été reçus à l'époque
10:15 par M. Attal sur ces annonces, on a fait des demandes,
10:17 ça n'intéressait pas les journalistes.
10:19 Alors, je vous en fais pas le procès, mais le Rassemblement National
10:21 est sur ces sujets depuis très longtemps.
10:23 - C'est aussi la colère de l'Europe, parce que vous fonctionnez
10:25 très bien dans les campagnes françaises.
10:27 - Non, mais c'est pas si ça te plaît.
10:29 - Non, mais il faut quand même... - Ça n'a pas toujours été le cas.
10:31 - Non, mais aujourd'hui, dans les campagnes,
10:33 beaucoup de gens votent pour,
10:35 aujourd'hui, dans les campagnes,
10:37 pour les Rassemblements Nationals.
10:39 - Bah non, c'est pas un cliché, c'est une réalité.
10:41 - Auprès des agriculteurs, c'est pas un cliché.
10:43 Les agriculteurs, peut-être dans les zones rurales...
10:45 - Le vote LR est passé vers les Rassemblements Nationals.
10:47 - Les agriculteurs ne votent pas
10:49 au Rassemblement National,
10:51 pour une majorité d'entre eux, regarde le détail.
10:53 - Mais regarde, regarde...
10:55 - C'est un cliché, mais désolé de te dire...
10:57 - Monsieur est élu dans...
10:59 - Alors, alors, pas tout en même temps.
11:01 - Ta vision de l'agriculteur qui vote RN
11:03 en buvant son café
11:05 avec un morceau de camembert,
11:07 c'est une version cliché.
11:09 - Excuse-moi, j'en viens.
11:11 - Et alors, ça t'honorise pas ?
11:13 - Il y a des données pour le coup.
11:15 - Je m'en fiche que tu reviennes.
11:17 - Ne vous discutez pas du qu'on sait.
11:19 Il y a des données.
11:21 - Il faut quand même voir ce qu'on vit.
11:23 Enfin, je veux dire,
11:25 on a, Julie, vous avez cité tout à l'heure,
11:27 le chiffre des agriculteurs qui se suicident.
11:29 On a à l'écran cette dame
11:31 qui est veuve à 24 ans
11:33 de son mari agriculteur,
11:35 qui explique que c'est à cause
11:37 d'un surcroît administratif
11:39 qu'ils avaient sur la gueule, notamment,
11:41 et qui a fait qu'à un moment donné,
11:43 son mari, il a craqué.
11:45 On vient ensuite nous donner des clichés
11:47 sur les agriculteurs qui votent RN,
11:49 et donc le RN qui viendrait.
11:51 - Non, mais c'est pas un cliché.
11:53 - Arrêtons de les faire plus,
11:55 de les caricaturer.
11:57 Qui est caricatural dans l'histoire ?
11:59 Moi, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt
12:01 les différentes publications qui sont sorties,
12:03 notamment le plan européen porté
12:05 avec beaucoup d'énergie,
12:07 notamment par les députés européens macronistes,
12:09 donc l'arme de crocodile,
12:11 il faut les ausculter
12:13 à cette aune, qui s'appelle
12:15 "Farm to Fork",
12:17 qui était le...
12:19 - C'est le Green Deal, les personnes européennes.
12:21 - Alors qu'est-ce que c'est ?
12:23 C'est une série de normes
12:25 européennes, édictées par
12:27 des enténébrés de gauche,
12:29 qui au nom de la transition écologique
12:31 sont prêts à faire absolument n'importe quoi.
12:33 - On est d'accord. - Comme ils avaient fait n'importe quoi
12:35 sur le nucléaire
12:37 en nous conduisant à sortir
12:39 ou en tout cas à commencer à sortir du nucléaire
12:41 avant de se rendre compte qu'en fait, il fallait au contraire
12:43 investir dedans,
12:45 ce qui fait qu'aujourd'hui, on a une électricité
12:47 extrêmement chère, et bien,
12:49 ils ont édicté des normes
12:51 qui entraînent des baisses
12:53 de production. Baisses de production telles,
12:55 j'ai noté les chiffres, c'est 13%
12:57 d'ici à 2030, c'est énorme,
12:59 ça entraîne une baisse de 16%
13:01 du salaire des agriculteurs qui n'étaient déjà pas bien hauts,
13:03 c'est énorme aussi, et ça entraîne aussi,
13:05 puisque donc on exporte aussi à l'étranger
13:07 et notamment en Afrique,
13:09 ce qu'ils appellent pudiquement, et je trouve que ça
13:11 signe bien leur esprit,
13:13 des situations d'insécurité alimentaire,
13:15 insécurité alimentaire pour
13:17 22 millions de personnes en Afrique, c'est-à-dire en fait des famines.
13:19 Donc où mène
13:21 l'idéologie et l'incompétence
13:23 de cette gauche
13:25 enténébrée qui refuse de voir
13:27 ce qu'est vraiment un agriculteur,
13:29 un éleveur, c'est-à-dire des gens absolument
13:31 admirables, auxquels il ne faudrait pas,
13:33 sur lesquels il ne faudrait pas s'acharner,
13:35 bien au contraire. Donc voilà, moi ce que je veux dire simplement,
13:37 c'est qu'il faudrait aussi que la
13:39 majorité balaye un peu
13:41 devant sa porte et regarde sa part de responsabilité
13:43 dans cette histoire. - Quelle est la part de responsabilité
13:45 de l'Union Européenne ? Est-ce que vous
13:47 dites aussi que l'Union Européenne
13:49 a une grosse part de responsabilité
13:51 dans la situation des agriculteurs aujourd'hui ?
13:53 - Bien sûr, l'Union Européenne
13:55 jusqu'à présent, moi j'ai cru qu'avec le Covid,
13:57 on allait peut-être enfin changer de monde, que l'Union Européenne
13:59 allait comprendre, comme l'avait d'ailleurs dit
14:01 Emmanuel Macron à l'époque, qu'on ne pouvait pas
14:03 déléguer la production de nourriture
14:05 mais de pêcheurs aussi, puisqu'on peut aussi parler d'eux,
14:07 il y a aussi des problèmes, à des pays étrangers
14:09 et qu'on devrait relocaliser
14:11 et renationaliser, ou au moins
14:13 recontenaliser l'agriculture
14:15 essentielle. Non, on a
14:17 continué comme avant, donc on a continué les accords de libre-échange,
14:19 encore un avec la Nouvelle-Zélande
14:21 sur la viande ou le lait, qui va
14:23 produire à l'autre bout du monde des produits qu'on est
14:25 très bien capables de faire ici. L'Union Européenne,
14:27 ça a été dit, a imposé cette doctrine
14:29 et ce n'est pas que les macronistes, c'est une alliance
14:31 entre toutes les gauches, Mme Verdeleyenne
14:33 la droite qui dirige la commission
14:35 et donc en fait c'est une co-construction
14:37 du système de l'Union Européenne pour
14:39 imposer à tous ceux qui produisent et en particulier
14:41 aux agriculteurs, des normes qui sont
14:43 complètement en dehors des réalités du monde, des besoins
14:45 de nos agriculteurs, de leur volonté de faire leur travail,
14:47 de leur volonté d'être payé pour ce travail,
14:49 de transmettre leur... - 30% du budget
14:51 européen est dédié à l'agriculture.
14:53 - Je veux rien dire de ça. - Ça veut rien dire, si,
14:55 c'est beaucoup d'argent dédié à l'agriculture
14:57 et qui aide les agriculteurs français. - Non, excusez-moi.
14:59 C'est facile d'acheter pour essayer de
15:01 réparer ce qu'ils cassent. Pourquoi est-ce que les agriculteurs
15:03 seraient la seule profession au monde qui ne peut pas
15:05 vivre de son travail et qui aurait besoin de subventions ?
15:07 Voilà, c'est une anormalité et on dit aux agriculteurs
15:09 parce qu'en fait on veut les tenir comme ça,
15:11 et la FNEC a maille à partir là-dedans,
15:13 que taisez-vous parce que vous avez des subventions.
15:15 Ben non, les agriculteurs, ils veulent vivre
15:17 sans subventions. Tant que les dirigeants français et européens
15:19 n'auront pas compris cela, eh bien on n'arrivera pas.
15:21 Il faut qu'ils vivent de leur travail. - Là, pour le coup,
15:23 là, pour le coup, pardon, mais c'est vous qui êtes
15:25 pris en flagrant délit de faire de l'idéologie.
15:27 Vous ciblez l'Union européenne. Pardon,
15:29 pardon, toutes les transpositions
15:31 de normes que vous regrettez,
15:33 que Charles regrette, et je les regrette
15:35 aussi. C'est de la faute de qui ?
15:37 Pas de l'Europe.
15:39 C'est notre administration, et pire,
15:41 notre législateur,
15:43 à nous, à nous, français,
15:45 qui transpose ces normes-là. Je vais vous prendre un exemple.
15:47 On prenait l'exemple des néonicotinoïdes.
15:49 - Barbara Pompili. - Les pommes.
15:51 Les pommes. Pourquoi une pomme française
15:53 coûte 1,20€ quand une pomme polonaise
15:55 coûte 50 centimes ?
15:57 Parce que nos agriculteurs, à nous,
15:59 ne peuvent pas utiliser les mêmes molécules.
16:01 Et pourtant, pour traiter les maladies de la pomme.
16:03 Le problème, pardon,
16:05 c'est que la directive européenne, elle est la même.
16:07 Elle est la même pour toute l'Europe.
16:09 Sauf que l'application en France n'est pas la même
16:11 qu'en Pologne. - Elle est faite avec zèle, j'ai vu.
16:13 - Vous pouvez idéologiquement
16:15 taper un bras raccourci sur l'Union européenne,
16:17 il se trouve que c'est la faute de notre
16:19 législateur et de notre
16:21 administration. - Il y a deux choses.
16:23 - Je prendrais un exemple concret.
16:25 - Excusez-moi, il y a deux choses différentes.
16:27 La question porte sur l'Union européenne, je réponds sur l'Union européenne.
16:29 - Moi aussi, je vous réponds. Mais vous l'attaquez
16:31 sur de mauvaises raisons. - Pas du tout. L'Union européenne,
16:33 et idéologiquement, ça a été montré et démontré,
16:35 l'Union européenne a
16:37 une compétence agricole très forte,
16:39 a appliqué des dommes qui se sont effondrées
16:41 et qui ont emporté avec la France par ailleurs.
16:43 - Pourquoi ça ne se leur pose pas de problème aux polonaises ?
16:45 - Ça ne se leur pose pas de problème, il y a eu des manifestations.
16:47 - L'Allemagne, il n'y a pas de manifestation,
16:49 les Pays-Bas, il n'y a pas de manifestation. - Pour d'autres raisons.
16:51 - Mais pas du tout. - Pour d'autres raisons. - Mais excusez-moi,
16:53 là, vous confondez tout.
16:55 La Pologne, la campagne électorale polonaise,
16:57 c'est aussi faite sur l'agriculture. - Eh ben non, en Pologne,
16:59 c'est les céréales ukrainiennes, ça n'a rien à voir avec l'Union européenne.
17:01 - Si, c'est l'Union européenne qui a autorisé l'inventation des céréales ukrainiennes.
17:03 - Non, non, non, c'est un problème de dérèglement à cause de la guerre en Russie.
17:05 - Non mais excusez-moi, là, vous voulez rentrer...
17:07 - Mais vous devriez dire que le responsable, c'est la Russie,
17:09 pas l'Union européenne.
17:11 - Mais de toute façon, l'Union européenne
17:13 et le gouvernement macroniste ou Hollande avant
17:15 ou l'UMP avant, l'UMPS,
17:17 c'est la face de la même médaille.
17:19 C'est le même système, d'ailleurs, ce sont eux qui décident
17:21 à l'Union européenne. - Mais que je sois alors un des Green Deal ?
17:23 - C'est le même système.
17:25 - Mais vous ne voulez pas le céréal ukrainien ?
17:27 - Excusez-moi, c'est le même système qui écrase
17:29 tous ceux qui veulent produire en France.
17:31 Nous sommes dirigés par des gens complètement dingues
17:33 qui pensent qu'on peut faire un pays riche, un pays prospère,
17:35 sans producteurs,
17:37 sans outils de production,
17:39 qu'on peut vivre dans un monde éthéré,
17:41 où on ne produira plus rien et où on importe tout le reste,
17:43 et où on devient un grand Disneyland ou un grand Jardiland,
17:45 où on fait du jardinage et on fait devenir des touristes
17:47 et on serait censés vivre avec ça.
17:49 - Merci.